Bonne et heureuse année 2013 !
Suite
de : 251 Fantasmes culturels
Après avoir exposé mes
fantasmes d’adolescence autour d'une punition pour le port d'un
jeans jeans, voyons d’abord un peu les dessous de telles
constructions.
Dans ma petite enfance
j’étais passionnée par les jeux de déguisement. Derrières les
apparences d’un innocent jeu de petite fille se cache la quête de
l’identité sexuelle. Abordée de manière ludique. Fée, princesse
et j’en passe. Grosso modo des stéréotypes d’une certaine
féminité, vu par un enfant. Il existe un processus analogue pour
les garçons. La question de l’identité
sexuelle (à ne pas confondre avec orientation sexuelle) n’est pas à sous-estimer chez un petit enfant. Elle lui
livre une réponse simple et satisfaisante à la question :
Qui
suis-je ?
Personnellement je pense
pour être bien dans sa peau, il faut d’abord être sûr de son
sexe « dans sa tête ». Ce qui n’est pas du tout
évident. Il existe beaucoup d’écrits de femmes qui tournent
autour du fait qu’elles n’arrivent pas à se sentir femme ou même
« être femme ».
L’importante question de
l’égalité des sexes qui porte en fait sur les mêmes droits dans
la société concerne plutôt les adultes. Cela dépasse la
compréhension d’un petit enfant. Notamment quand les adultes
établissent bien arbitrairement un lien entre égalité des sexes et
indifférenciation des sexes par le biais du vêtement. L’enfant
étant le maillon le plus faible doit s’y faire et cela peut causer
des dégâts.
Dans mon enfance l’unisexe
était bien installé. Il était de bon ton de procéder à
l’indifférenciation des filles et garçons très tôt. Presque au
berceau je dirais. Pour ma part j’ai plutôt vécu une perturbation
de mon processus d’identification sexuelle. Me sentant fille au
plus profond de moi, je ne comprenais pas pourquoi je devais me
déguiser en garçon. Pourquoi je ne pouvais pas porter à longueur
de journée des robes et jupes. Débouchant sur une simple
conclusion.
Quand
je serai grande je ne porterai que des robes et jupes.
Puis vint l’adolescence.
Une phase bien difficile pour beaucoup de personnes. Pour moi il
s’agit avant tout d’établir un bon compromis entre sa propre
individualité et le sens en commun. J’avais l’impression que mes
copines vivaient mieux que moi le contexte de l’indifférenciation.
Visiblement l’envie de se mettre en tenue « typiquement
féminine » ne les travaillait pas. Ou du moins nettement moins
que moi. En moi, il y avait une contradiction. Je n’avais pas le
courage de m’opposer au sens commun. Au détriment de mes propres
désirs.
J’ai
essayé de combattre ce que je voulais être : une femme
féminine. Mais je fus toujours rattrapée par mon désir qui
réclamait en plus des punitions pour ma lâcheté.
Voila donc une explication
rationnelle de ce fantasme. Que j’oppose le port du jeans à ma
conception de la femme féminine est une construction fantasmatique
purement personnelle. Sans jugement de valeur sur la réalité
féminine. Idem de faire intervenir la fessée.Je ne me pose pas la
question si ce genre de fantasme soit répandu ou pas. Mais je sais
par exemple que mon homme partage un fantasme assez analogue. Un
pilier de notre DD qui articule autour de la composante identitaire
masculin/féminin.
Se dévoile ainsi mieux la
charge émoustillante d’une conduite
exemplaire.
Cela se rapporte en grande partie à des artifices qui rendent la
dame plus féminine : sa coiffure, son maquillage, ses
épilations, sa tenue comme les robes, jupes, bas etc. Je serai tentée de dire
qu’une telle DD a des chances de bien marcher à la longue. Si elle
est souhaitée des deux côtés évidement. Car elle tient compte du
véritable désir de la dame. Puis de nos jours, le désir d’être
une femme féminine est socialement compatible à nouveau. On peut
s’afficher en tant que telle sans complexes.
Ceci dit je distingue
entre femme féminine et femme « aguichante ». Je n’ai
rien contre ce dernier aspect, mais il me plaît de le vivre
seulement dans mon intimité. Un monsieur qui voudrait que je me
transforme en créature provocante aux yeux de tout le monde ne me
conviendrait pas. Je suis plus attirée par un homme qui voudrait
garder cette facette de moi « jalousement » pour lui tout
seul.
Cette base de DD me parait
bien différente et surtout plus facile à vivre au quotidien qu’une
DD qui souhaite punir la dame pour ses actes sociaux de l’ordre
généralisé.
Un exemple simple pour
ma distinction: Me prendre une grosse correction parce que je me
promène en ville lors d’une sortie commune avec un bas filé me
semble de bonne guerre…quand j’ai oublié de prévoir un bas
d’échange dans mon sac. Je serai la première à réclamer une
sanction. Par contre de m’en prendre une pour une contravention,
dépasse mon fantasme de DD. Mais habituée à mes propres
irrationalités, je ne critique pas ceux des autres.
Je n’y crois pas dans la
solidité et la réalisation à long terme d’une DD qui dépasse
les fantasmes de la dame. Ceci dit, la charge émoustillante du
fantasme de la femme féminine est donc en grande partie de l’ordre
psychologique. Le non-dit de la fessée y associée va plus loin
qu’un simple prétexte pour un jeu sensuel. L’enjeu inconscient
(comme tout enjeu inconscient d’ailleurs) est bien réel. Et vu que
la mise en pratique de ce fantasme s’accompagne d’une réelle
sublimation de la féminité à mes yeux, le rends pour moi autant
plus attirant.
Chère Isabelle,
RépondreSupprimerJe vous souhaite une bonne et heureuse nouvelle année et vous remercie pour tous ces merveilleux textes que vous nous offrez chaque jour sur votre blog.
Ce dernier me touche particulièrement puisque qu'il est très proche à la fois de mon vécu en tant qu'enfant et de la représentation que je me fais du fantasme de la fessée comme partie intégrante de ma féminité(ce qui explique d'ailleurs sans doute pourquoi je n'arrive pas à me projeter de l'autre côté!).
Encore merci à vous, donc, pour tout cela...
Chère Amandine,
RépondreSupprimerune très heureuse année à vous aussi !
Une de mes motivations majeures pour tenir mon blog régulièrement à jour c'est de faire plaisir à ceux et celles qui aiment me lire, le plus souvent en silence.
En lisant votre commentaire je découvre le détail qui a échappé à ma vigilance. Effectivement pour moi aussi « ma vision de la féminité » semble être la cause que je ne me sens pas tentée par le côté switch. Piste à creuser, donc un grand merci à vous...