mercredi 9 janvier 2013

258 Philosophie hippie et fantasmes cuisants 1

Peut-on concilier une philosophie « hippie » et le fantasme de la fessée ?

Grande question existentialiste ! A l'époque peut-être pas aussi absurde que l’on puisse imaginer de nos jours. Notamment quand on est née comme moi des années après le festival de Woodstock et on en retient seulement de la belle musique, des fleurs dans les cheveux, les longues robes indiennes et des hommes avec un look pas possible. Puis aussi un profond mal être d'une jeunesse qui essaye de soigner les blessures de la guerre du Vietnam par un recours aux paradis artificiels. Refus de la violence, refus de l'autorité, refus de se conformer à une société avec des règles et codes suspects. Phase bien passagère, car le côté rébellion contre la société avait déjà disparu quand j'étais gamine et des nouvelles structures étaient en état d'expérimentation ou de mise en place. Ajoutons à cela que l'éducation ayant recours aux châtiments corporels était devenu malfamée et venait de disparaître des écoles et aussi petit à petit des familles. Notons que je parle de mon vécu en Allemagne.

Ainsi se posait pour une ado se découvrant un penchant pour les activités claquantes un double problème. Non seulement il fallait intégrer dans sa personnalité de futur adulte ce qui était considère encore comme une déviation, mais en plus il fallait faire le tour de la question comment considérer éthiquement un besoin de taper sur les fesses d'autrui. Et cette question a fortement hanté l'esprit de mon homme, née à la fin de années 50, ainsi que quelques autres esprits de sa génération. Chez certaines personnes elle impliquait même la notion du tragique, veut dire : passer sa vie sans pouvoir satisfaire le plus essentiel des désirs, s’accepter soi-même. Entreprise vraiment difficile quand un fantasme impérieux parait contradictoire à la philosophie d’une vie et aux valeurs d’une personne.
Je passerai ici sur la réponse analytique qui semble pointer selon moi vers la formation réactionnelle (= combattre une hostilité inconsciente en essayant à être une personne agréable dans tous ses rapports et de façon générale). Sujet trop complexe à développer pour un petit post. Je resterai dans le « purement humain » en abordant les contradictions entre rêveries récréatives et le contexte social.
Le premier hippie dont parle l’histoire humaine était Diogène de Sinope, célèbre pour sa réplique à Alexandre le Grand :
Ote toi de mon soleil.
Fils d’un banquier grec écroué pour faux monnayage, il cherche son bonheur en renonçant à la société de consommation en vivant nu dans une amphore et en se moquant des bonnes mœurs.
Un jour qu’il se masturbait sur la place publique, il dit : Si seulement en se frottant aussi le ventre, il était possible de calmer sa faim. (Source : l’autre Diogène, celui de Laërce).
Il fonda la philosophie cynique qui est fort intéressante et ceci dit très proche de mes propres opinions sur la vie. Car elle met à nue le caractère purement conventionnel des critères selon lesquels on porte des jugements de valeur. Ce qu’on prend pour absolu n’est qu’opinions, préjugés, conformisme plus ou moins intéressé. (Source : Lucien Jerphagnon ;  Histoire des grandes philosophies).
Je doute que dans leur grande majorité les hippies des années 60 et post hippies des années 70 se basaient sur des idées aussi construites quand - 2300 ans après Diogène - ils tentent de tourner le dos, pour leur part aussi, à la société de leur parents. Il s’agit à ce moment-là moins de l’aspect de consommation, mais de la place de l’être humains dans une structure trop rigide. La recherche se tourne vers d’autres valeur, plus authentiques, plus humaines, plus permissives.
Monsieur, vu son âge a été un « post hippie ». Il me parle souvent de la réalité de cette époque. Il n’est pas mon but de faire de la politique sur mon blog, je reste dans le monde des fantasmes.
Mes considérations concernent encore l’Allemagne, je précise. Monsieur confirme : Faire de l’amour dans un parc public et/ou devant d’autres personnes ne dérangeait pas grand monde de sa génération. En ajoutant : dans certains milieux. Le rapport avec la sexualité était très nature. Un acte comme un autre, comme manger ou boire, sans connotation moraliste. J’ai été élevée d’ailleurs dans le même esprit. Ce n’était pas simplement un choix de mes parents, mais également de l’enseignement scolaire. Toutefois sous une apparence de grande liberté se cachent bon nombre de tabous qui paraissent bien dérisoires de nos jours.
Aimer la lingerie fine par exemple, les bas, guêpières et porte-jarretelles, exposait aux plus grandes critiques d’une « communauté » vêtue en jeans, gros pulls et baskets. Ces vêtements symbolisent le statut d’objet de la femme et présentent une « perversion » non dans le sens pathologique, mais à rapport d'une sexualité authentique. Alors celui qui avait vu disparaître ces habits avec nostalgie et qui frémissait rien qu’à leur évocation, faisait mieux de ses taire en face de ses copains et copines.
Se prononcer en faveur des retouches de la nature comme le maquillage, le vernis à ongles, les épilations etc choquait énormément. L'image de la femme allemande avec des poils de partout ne date pas de si longtemps.
Et l’idée d’apprécier la discipline, peu importe sa forme, ne serait-ce qu'érotisée, provoquait carrément un rejet social. Evidemment personne n’osait se prononcer sur le fantasme de la fessée entre adultes. Je pense que l’on imagine mal de nos jours la solitude fantasmatique qui entourait jadis les amateurs de telles pratiques. D’ailleurs si j’ai bien retenu le résumé de mon homme : avoir des fantasmes tout court, était déjà considéré comme une tare en soi. En bref : L’apologie d’une sexualité sans contexte ni fantasme. Et au milieu de tout cela mon chéri avec ses rêves éducatifs, son amour pour les dames lisses de partout et vêtues de lingerie glamour...
A suivre...

4 commentaires:

  1. C'est vrai que je ne suis pas de la même génération que votre homme, mais j'ai été élevée par des parents qui avaient vécus en plein ce que j'appellerais la "vague hippie". Se balader nu, ça ne posait aucun souci. Le sexe libre, pas infidèle, mais plutôt quand on en a envie, sans se gêner (avec son ou sa légitime, quand même). Pas évident d'avoir sa pudeur dans un tel contexte! Ma mère m'a déjà suggéré, quand j'étais enfant, de porter une cotte de maille comme Jeanne d'Arc, puisque je voulais tellement me cacher. Je pense qu'elle ne comprenait pas, vu l'éducation que j'avais reçue. Et c'est vrai que je me demandais parfois si j'étais normale. Alors les fantasmes de fessée, par là dessus... Et pour finir, je suis tombée sur un chéri aussi pudique que moi. Donc ça valait le coup d'attendre, puisqu'il est aussi pervers!

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    1. Et on peut aussi être plutôt naturelle et aimer la fessée...
      Pas sûre que le mode de vie, les opinion politiques (même si le nouvel observateur prétend le contraire) ait tant à voir avec le monde des fantasmes.

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    2. J'en suis pas très sûre non plus. Je fais des tas de trucs de hippie, comme mon shampoing maison ou préférer les garçons aux cheveux longs, ou brailler la chanson éponyme de "Hair" quand je me crois seule (je fais exprès d'y aller à fond dans le cliché pour déconner, hein).
      Mais je n'ai jamais empêché personne de se balader à poil si c'était son truc, attention (raison pour laquelle je n'ai eu aucun souci quand le père de Simon a jailli en slip de la salle de bain pour nous signifier que "chlebaaaaa niiieeeeeeee"), simplement, c'est pas le mien. En revanche, intégrer la nudité à des jeux de fessée/ punition, ça c'est poilant!

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  2. @ Constance : Nous avions (avons toujours ; je parle de mes parents) un sauna familial. Pour vous dire. Et je précise que ce n'est pas un « Textilsauna » qualificatif allemand quelque peu méprisant pour un sauna où on garde le maillot de bain. Puis les vacances nudistes. Sans parler comment cela se passait à la maison.

    Votre vécu m'étonne peu. J'avais déjà entendu des récits dans votre sens. Visiblement on peut être pudique avec des parents peu pudiques. Ce qui peut poser problème là dedans ce sont les parents qui ne comprennent pas et qui se montrent insistant, mais en aucun cas il y a « anormalité » chez l'enfant pour moi. Ceci dit la pudeur donne une saveur particulière à la fessée. Même quand on est à priori pas pudique à la base. Disons que la fessée habillée serait nettement moins attirant à mes yeux...

    Ps : Pas dans mes cordes le polonais !

    @Latis : Il m'a bien fallu le Nouvel Observateur pour penser au lien entre opinion politique et fantasmes des fessée. Pour ma part non plus je n'y crois pas dans des stéréotypes en matière de fantasmes. Mais j'aime bien poursuivre les pistes les plus invraisemblables...

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