257 Petits accidents de parcours

Ouf, j'ai échappé belle !

Voila mon profond ressentiment quand pour une raison ou une autre au plein milieu de ma punition arrive subitement l'imprévu. Les lanières du martinet qui se détachent et s'envolent. La main de monsieur qui prend un trop grand élan sans compter sur le mur à côté de lui. La canne qui se brise pendant un « essai à sec » sur le dossier du canapé. La belle mère qui nous rend une visite surprise. Et aussi la chaise qui s'écroule dans le feu de l'action et surtout à cause de mon exubérant gestuel avec mes jambes. A ces moments-là je me sens vraiment comme une ado qui échappe à la « punition paternelle ». Au mieux Monsieur ne revient pas ultérieurement à la charge, au pire j'ai gagné un bon sursis.

Quoiqu'il en soit, l'austère charme de notre rituel se brise aussitôt. Au lieu de bonnes larmes de contrition ou de rage qui m’importent tant, (dues à l’émotion et non à la douleur ; j’insiste sur cette différence), la situation se transforme aussitôt en crise de fou-rire. Sans le moindre doute hystérique. Constat étonnant :

L’effet psychologique et parfois aussi physiologique d’une telle punition ratée, s’apparente assez bien à une de parfaitement réussie.

Il m’est même possible dans un tel contexte de passer des larmes de contrition, après un petit instant de stupeur directement à celles du fou-rire. Il s’agit d’un relâchement de stress particulièrement intense. Nous sommes dans les riches phénomènes de conversion qui expriment un processus psychique particulièrement profond. Il en existe d’innombrables variantes. Comme les cris, pleurs, colères, « rouspétages », le nœud au ventre, l'envie d'aller subitement au petit coin, le silence, le jeu de jambe etc. Certaines manifestations se révèlent facilement. Parce qu’elles sont tellement flagrantes. D’autres plus subtiles demandent un observateur attentif et bien familiarisé en la matière. Et d’autres encore sont très difficilement cernables ou restent incernables. Domaine réservé pour grands spécialistes de la psychologie féminine. Et je reconnais qu’il en existe des messieurs particulièrement doués.

S’adapter correctement à chaque geste, mouvement, soupir ou autre réaction de la dame me parait très important. C’est tenir compte au plus près du désir d’autrui. Qu'il soit conscient ou inconscient. Pas besoin de connaître exactement la nature profonde du processus. Et ceci peu importe si l’enjeu est de nature récréative ou punitive. A mon avis c’est seulement la satisfaction désirée qui diffère. Car bien évidement la punition aussi vise une satisfaction. Seulement elle n'est pas forcement instantanée et/ou physique.

Comme dit parfois mon homme, étonné de mon bon comportement qui perdure :

Ta dernière correction t’a bien réussie isabelle !

Comme il peut dire aussi :

On dirait que tu cherches ta dose isabelle !

Je trouve mon homme très doué pour me mener à la baguette. Ce n'est pas un don de la nature, mais le fruit d'une observation attentive qui révèle de la passion. Mais oui, il s’intéresse vraiment à moi. Aussi peu attiré que moi par l’univers du divin Marquis, nous puisons dans l'univers ségurien, transposé à l’âge adulte et remanié à notre façon.

Savoir s’adapter aux phénomènes de conversion, ne demande pas de connaissance poussée en psychanalyste. Même si cela facilite énormément « la tache de ce qu’on devrait viser ou pas et comment viser au plus juste pour combler la dame ».

Mais rien ne vaut et remplace l'expérience qu'apporte la pratique régulière. Et aussi en prenant soigneusement en compte les réactions de la dame lors d'une punitions ratée...