Doux souvenirs...
Souvenirs
savamment entretenus au Talisker, qu'on trouvait à profusion dans la
maison.
Une découverte, le Talisker. Il n'en avait jamais bu
jusqu'alors. Ah, les riches !...
- Mais je redeviens un instit à
réflexes de syndicaliste !
se dit-il en se tapant sur les
doigts.
Mariette entrait dans la cuisine.
En éclatant de
rire :
- T'es si impatient que ça de prendre ta trempe
?
T'inquiètes... ça va venir... et puis dans pas longtemps...
A
quoi tu rêves ?
- A l'accueil que j'ai reçu...
Magique. Tous
ces gens qui s'amusaient...
- ben dis donc ! ça t'a fait un effet
!
- Ouais... et dire que c'était il y a à peine huit jours !
-
Fallait voir ! T'arrondissais la bouche comme une sous-tasse ! On
avait envie de mettre le doigt...
- Ben...
- T'étais
scotché. ça se voyait tellement que t'avais jamais vu une
partouze... Une partie fine, comme dit le vieux...
- Sûr, j'avais
jamais vu.
Philippe songeait à son nouveau bonheur. C'est
vrai que depuis huit jours il était là comme un coq en pâte.
Bien
nourri, bien abreuvé, bien logé...
Un lit comme il n'avait
jamais eu.
Tout ça pour être chauffeur, avec un peu de jardin et
de bricolage !
Et son salaire intact ! Tout bénef,
quoi...
Mariette continuait à le contempler, franchement
rigolarde.
Comme elle était jolie, la bougresse ! Comme elle
portait avec génie les charmes de sa Picardie natale ! c'était elle
qu'il fallait contempler !
Surtout qu'elle savait tortiller
du cul...
- Arrête de le mater comme ça, mon cul !
-
C'est difficile, reconnaît.
- Tu veux les voir vraiment, mes
fesses ?
Prestement, Mariette se tourna, se pencha, relava la
traditionnelle jupe de coton à rayures bleues, et, présentant son
joufflu aux yeux ébaubis de Philippe, éclata derechef de son rire
contagieux.
- Ouah ! mais... tu as été battue...
- Quand je
te dis que la trempe est pas loin... pour toi aussi...
Les
fesses de Mariette étaient sublimes. Un unique plis les rattachaient
aux cuisses, dans une courbe parfaite, sans le plus petit défaut.
C'est tellement rare, cet unique plis...
Les bas blancs, au dessus
du genoux, relevaient, si possible, la qualité de l'ensemble.
Dont
la Mariette était consciente. très consciente.
- Ben oui... ça
a été la cravache...
Bon... on s'y fait vite. Très vite.
Et
puis, qu'est-ce que tu veux, le vieux la Rombière, il peut plus
bander. Il peut plus arquer non plus, comme t'as pu le voir.
Son
dernier plaisir c'est de sucer mes nichons... et de fouetter mon
cul...
En fait, c'est un mec vachement gentil.
le cœur sur la
main, cézigue...
Par contre, tu te méfies de sa mousmée !
Une
garce, la Patricia ! Une garce ! J'sais pas où il la ramassée...
enfin si, j'le sais que trop...
Enfin, tu vas comprendre... dans
pas longtemps...
Bon ! Je file à la salle à manger. Ils en sont
au canard... avec tout ce qu'on peut entendre comme conneries
dessus.
- Par exemples ?...
- Ben les trucs cons. Les
plaisanteries habituelles. Je finis par les connaître par cœur.
-
???
- Tu crois qu'ils sont fins, tous ces connards ?
C'est tous
les potes à la Patricia. Des cons, j'te dis. Avec leurs jeux de
mollets... des vrais cons.
Tiens, j'vais te les exciter... avec
mes fesses toutes boursoufflées...
Je les montre un peu... à
toute vitesse...
- J'imagine...
- ça les rends dingues.
Tu
va bientôt les connaître. J'aurais pas besoin de te faire un
portrait parlé.
Monsieur Mac-Miche
D'un pas rapide, il gravit les degrés
usés du perron. Il sonna et attendit, transi. Une dame lui ouvrit.
Et il pénétra dans le vestibule aux tentures cachemire.
"Suivez-moi." dit-elle. La demeure était vaste, voire
presque inquiétante. Puis la gironde domestique l'introduisit dans
une sorte d'antichambre, petitement meublée. Il se tordait les
doigts d'impatience et surtout d'angoisse. Puis soudain les portes
s'ouvrirent et la silhouette de cette femme dont il ne connaissait
que la voix au téléphone se dessina dans le halo de lumière du
grand lustre. Une silhouette qui lui rappelait un vieux polar des
années cinquante , A cette époque bénie , où le septième art
sublimait la femme. La vraie. Celle qui trouble les hommes : belle,
mystérieuse, conquérante.
Il se figea. Le cœur
battant.
- Ah, c'est donc vous, qui avait appelé il y a une
heure pour l'emploi de domestique ? Bien.(...) Suivez moi.
Ils
montèrent à l'étage. L' "entretien " se passait toujours
dans le bureau de Monsieur. Monsieur signait les chèques mais
c'était Madame qui choisissait toujours le personnel...
Un bureau
classique. Solennel, imposant. Encombré de papiers divers et
d'objets anciens. Vestiges de quelques voyages à l'étranger ou
simples cadeaux familiaux. Madame s'installa avec élégance sur un
fauteuil Louis XV.
- C'est la première fois que vous postulez
pour un emploi de domestique ?
- Oui... Madame. C'est... la
première fois.
- Que faisiez vous auparavant ?
-
je... j'étais employé comme ouvrier saisonnier.
- Vraiment
? Laissez moi vérifier.
- Vérifier ? lâcha t-il, interloqué.
-
Allons ! Déshabillez-vous.
- Me déshabiller ? Vous... vous
plaisantez.
- En ai-je l'air ? Mais gardez ce qu'il faut
pour la
pudeur. Elle tira quelques bouffées sur son
porte-
cigarette avant de l'écraser dans un cendrier de
cristal.
"Le physique compte autant que le dévouement".
Il
s'exécuta, amer. Lentement, il quitta ses vêtements qu'il posa sur
un dossier de chaise. Il se trouva ridicule à présent. Lui, presque
nu et cette femme au visage hautain, en robe longue et chignon strict
qui le dévisageait, comme on scrute un bel étalon avant les
enchères. Voilà ce qu'il s'imaginait être devenu, à cet instant:
une belle bête de concours. Un beau pur-sang.
A son regard
masqué par ses lunettes d'écailles, il devinait que Madame semblait
s'amuser de son trouble.
Elle se leva et s'approcha de lui, Une
démarche féline, souple. À la manière d'un fauve qui juge du
moment opportun pour dévorer sa proie. Du bout de son
porte-cigarette, elle évalua la souplesse de ses muscles saillants
et la rigidité de sa colonne vertébrale. Elle murmura un "humm"
d'admiration.
- Vous frissonnez ? Auriez-vous peur de moi ?
-
Pas... pas du tout, c'est... la fraicheur de la pièce...
qui
m'indispose.
- Je ne vous veux aucun mal.Vous verrez. Nous
apprendrons
à mieux nous connaître. Je suis satisfaite de
ce que
j'ai vu. Vous êtes engagé. A présent,
rhabillez-vous.
Je m'occuperais des formalités
administratives un peu
plus tard.
Ce petit murmure
le laissa perplexe. Il n'était pas dupe. Et pas du tout au bout de
ses surprises...
Monsieur Why Not
Mariette est redescendue à la
cuisine.
Philippe y est toujours attablé, devant son Talisker. Il
cause avec un vieux bonhomme curieusement habillé. Un peu militaire,
un peu civile. Des bottes bien cirées, une veste à épaulettes. La
casquette est posée sur la table.
- Roro ! T'es là mon Roro
?
Roro se lève pour embrasser Mariette. Elle rit à cette
délicatesse :
- C'est pas les goujats, là au-dessus, qui se
lèveraient pour faire la bise...
Alors comme ça, t'es venu
voir ton successeur ?
- Ben ouais, c'est un peu ça.
Le
Roro se marre :
- Elle va enfin pouvoir se livrer à son petit jeu
tant désiré, la Patricia !
Quelle salope ! Tu vois Philippe...
j'suis pas mécontent de prendre ma retraite. Mais toi... j'te
plains.
C'est qu'elle voulait que j'me ruine, devant elle,
c'te garce !
Ah... combien de fois elle m'a demandé de faire
l'esclave...
Elle m'a supplié, même...
J'avais qu'à la
regarder... et lui dire merde.
Puis on n'en parlait plus. Jusqu'à
la prochaine.
Mais toi, mon p'tit, si tu te laisses faire... ça
va être ta fête !
Philippe et Mariette se sont tus. La
cuisine laisse percer les bruits de la fête, à l'étage au
dessus.
- C'est quelle plombe, à la dégoulinante ? demande
Roro.
- Dix heures trente. Va falloir qu'on monte.
- Montez !
Montez ! Moi je reste là.
J'y suis bien.
Mariette est passée devant Philippe.
Lequel se régale de la vue qu'elle lui offre en grimpant l'escadrin.
Le chêne sous son chemin tendu par les barres rutilantes... les
cuisses de Mariette... on se croirait au bobinard.
D'autant que la
baraque est Nap III, et que tout le mobilier est Nap III.
Un poème
sur les hauteurs de Saint-Cloud. Il n'y manque qu'une caméra bien
maniée.
La salle à manger est carrelée. Heureusement !
-
Ils ont dû se battre avec les canards, ces connards, souffle
Mariette tandis qu'elle rejoint Mario.
Effectivement,
y'a des débris de partout. ça fait même le bonheur des clebs. Et
leur jappements rajoutent au spectacle.
Le vieux de la Rombière
est en bout de table. Dans une sorte de fauteuil qui lui fait un
trône. Mario le couve de son regard.
Mario, c'est vraiment le
beau mec. Un rital de pas loin de deux mètres, avec des yeux pour
faire fondre les dames, des boucles de condottiere, des obliques à
faire rêver Scopas... et le reste des muscles ! Mmm, ces muscles
!
Depuis vingt ans, il est au service du vieux.
Et depuis
quelques années, il ajoute à ses fonctions celle de garde du
corps.
Nouvel état qu'il a hautement fait savoir à la Patricia.
Laquelle lui a jeté son regard de vipère. Mais c'est tout ce
qu'elle a pu faire.
Lucide, le Mario.
Il sait qu'il faut
s'attendre à tout.
le reste de la table se partage
équitablement les amis du patron, et ceux de sa femme.
Les bons
et les mauvais, mais savamment alternés. la Patricia veille toujours
à son plan de table. Elle se dit qu'elle va finir par gangréner
tout ça.
Puis, de toutes façons, le vieux, il n'en a plus pour
longtemps.
Elle se tient en face de lui, à l'autre bout de la
table, sur le pendant du trône. Un truc tout aussi atroce.
A sa
droite un petit gros porcin.
A sa gauche un gigolpince plus
gigolpince que tout ce qu'on imagine.
Il a quitté son futal et
son slip, ce pommadin. Qu'il a envoyé balader sur le carreau.
Il
est là, content de lui, à s'astiquer la nouille sans que ça fasse
beaucoup d'effet.
Elle a été folle de ce barbot, la Patricia. Un
caprice aussitôt passé. mais elle en a été folle.
Ses virées
de motard - il clame ça à tous vents - ses blousons qui vont avec,
l'aplomb de ses mensonges avaient opéré.
Et elle avait
craqué.
D'autant que le mec était recyclé dans la com...
La communication, s'il vous plait ! Un intello, le barbot... ça fait
son succès sur les connes...
Pour l'heure, la conne lui tape
sur la bite.
Un grand coup de fourchette.
Puis un deuxième. Un
troisième.
Il ne comprend pas ce qu'il lui arrive, le
motard.
Il gueule comme pas possible.
Elle a planté les dents
de la fourchette dans la quéquette.
Il fait signe qu'il pige
pas.
Le faire souffrir, lui ?
C'est un maître... bon dieu...
pas un soumis...
Qu'est-ce qu'il lui prend, à la Patricia ?
Elle
se marre, la garce. Elle se marre tant qu'elle peut. Elle se marre de
voir cette nouille recoquillée, minuscule, qu'elle a meurtrie
affreusement.
Le p'tit gros porcin s'est levé.
Lui aussi,
il se bidonne.
Il enlève son futal. Il tourne autour de la table
en dansant. Il gueule que là, on va bien voir !
Voir quoi ?
Il
sait pas, mais on va voir...
Son slip est absolument dégueulace,
qui fait rire tout le monde. Aux éclats.
Il arrache ce slip. Il
le balance sur celui du gigolpince.
Il gueule que lui aussi il est
un maître, et que même il est méchant.
Il veut que ça se sache
qu'il est méchant. Il gueule cette intéressante précision le plus
fort possible, en roulant ses petits yeux.
On lui rétorque que
depuis le temps qu'il rabâche ça, on commence à le savoir.
- Il
a bu, c'est un mendiant, s'amuse la Rombière, qui décidément a des
lettres.
Comme personne ne lui répond, il reprend, pour
lui-même :
- Il rabâche, c'est un dieu !
******
Mariette s'est penchée tendrement sur
la Rombière.
C'est qu'elle l'aime, son patron ! Et qu'elle en
admire ce qu'elle appelle "sa culture pas possible".
Bien
sûr que personne a compris !...
Tant pis !...
Et bien sûr
qu'il a du charme Anne Edouard Albéric de Conflans de Marly de la
Rombière. Un charme d'un autre monde, d'un autre temps.
Mariette
a succombé.
Oh, elle n'est pas amoureuse ! C'est une fille
lucide. Avec les pieds sur terre. Elle a à peine trente ans... et le
vieux a déjà un pied dans la fosse.
Mais elle sait qu'elle
foutait rien avant de le rencontrer, ce vieux. Lequel, subjugué de
ce qu'il a soupçonné de ses appas, a proposé une place de
garde-malade lectrice un peu boniche.
Mariette a
accepté.
Ravie.
A quoi bon s'empoisonner l'existence
dans des bureaux ? Comme tout le monde ? A faire des choses qui ne
servent à rien ?
Enfant, elle grandissait dans un HLM. Avec
l'avenir charmant que propose le système qui va avec.
Aujourd'hui
elle vit dans une somptueuse baraque dont son patron lui enseigne
qu'en réalité elle est tarte.
Peut-être. Mais elle est
confortable.
Elle y passe ses journées à se désaper pour se
resaper, à faire la lecture, à prodiguer des soins, à aider au
ménage et à la bouffe.
Pas désagréable...
Elle apprend plus
qu'elle ne l'a jamais fait dans les écoles dudit système.
Pas
désagréable...
Et surtout, le fils des croisés et la fille des
banlieues s'entendent à merveille.
Qui pour l'heure se régalent
du nouveau spectacle : le p'tit gros porcin court toujours comme un
dératé autour de la table. C'est qu'il est méchant, le bougre.
Qu'on se le dise !
Le champagne le fait roter. Des salves
interminables !
C'est un stakhanoviste du rot, ce p'tit gros.
ça
lui suffit pas, ces éructations à répétitions. Il se met à péter
en se grattant l'anus. Et toujours en courant. Et en gueulant.
Son
cul est tellement sale qu'il couperait l'appétit à une compagnie
entière de rescapés de Dien Pien Phu.
Mariette enlace tendrement
le baron de la Rombière, tout en se bidonnant. Mario rigole
aussi.
La Patricia aussi.
Sauf qu'elle n'est jamais au
diapason, c'te nana.
Elle rigole pas de la même façon.
Et
puis... depuis que Mariette est arrivée...
Mario... Mariette...
les ennemis, ça.
Elle qui croyait pouvoir torcher le vieux en
quatre coups de cuillère à pot !
Ce Philippe... faut qu'il soit
de son côté.
Rétablir l'équilibre.
Bon ! C'est un niais. Un
niais colossal. ça va pas être trop compliqué.
Tiens, il est
là, planté comme une baderne, à regarder avec ses gros yeux
faïence sans oser bouger !
Non mais quel connard !
Elle va te
le fouetter, pour commencer. Il va s'en souvenir !
- Philippe ! A
poil. Immédiatement.
Monsieur Mac-Miche
Ces mots claquèrent comme un
fouet.
Se retrouver nu comme un ver au milieu de cette
orgie... ne l'enchantait guère. Mais il voulait garder cette place.
Alors...
La Pat' savait manipuler son monde pour parvenir à ces
fins. Comme elle l'avait toujours fait. Et le joyeux manège n'en
tournait que mieux.
- J'ai toujours eu une préférence pour
les rodéos...
- Et alors ?
- Dresser un bel étalon...
-
Allez Pat' ! Commences ton numéro !
Elle se rapprocha de
Philippe et lui murmura dans l'oreille :
- Tu entends ? Je
ne peux pas les décevoir. Ce sont mes invités. Allez, joues le
jeu... Soit de mon côté. Je les méprise. Saches-le !
Philippe
croisa le regard de Mariette qui lui sourit. Il hésita puis
s'exécuta. Qui de l'esclave ou du maître est le plus rusé ?
Monsieur Why Not
Le vilain corps de Philippe
s'essouffle, ses affreux membres en quenelle battant dans tous les
sens pendant qu'il tourne autour de l'immense table.
C'est qu'il
coure, le p'tit instit ! Il coure à ne la plus voir, cette table
!
La sueur, les larmes le maculent. Son bide pendouille sans trop
comment, de droite et de gauche. Sa quéquette se secoue bêtement.
Un petit machin modèle standard que tout le monde oublie.
Soudain,
il tente de la protéger : la Patricia s'est levée.
Elle guette
son passage, l'œil mauvais, la fourchette haute.
Philippe a les
chocottes. Il s'arrête net.
Une grêle de claques s'abat sur ses
fesses flasques, sous un concerts de rires inextinguibles.
Mais
lui reste vissé au sol.
Il faut l'énorme croquenot de Mario,
atterri en plein centre de son cul, pour le propulser à trois mètres
de sa nouvelle patronne.
Elle rit, ladite patronne.
Elle
s'empare du sécateur à canard...
Et le Philippe, plus niais que
jamais, croit "pour de vrai" à une couillotomie suivie
d'une chibrotomie.
- Mon amie, ne terrorisez point notre nouveau
chauffeur, dit doucement le baron de la Rombière. Ce garçon est à
mon goût.
Le coffre-fort a parlé, Patricia s'exécute.
On
ficelle à la hâte l'ancien éducateur national sur un prie-Dieu de
l'éducation religieuse, à cette fin que chacun se fasse devoir de
lui labourer les fesses.
Puis comme ça on n'aura pas à le
rattraper.
L'un y va de sa ceinture.
Son voisin use de la
cravache.
D'autres se servent de planches de bois curieusement
baptisées paddle par l'Amérique.
Ce qui frappe le plus, c'est
que tous les commensaux semblent se promener avec leurs matériels.
Ils promènent ça comme le saint-sacrement, pendant que le Philippe
hurle, hurle, mais alors hurle jusqu'à extinction de voix.
C'est
le baron, une fois de plus, qui lui sauve la mise.
Il se béquille
jusqu'au chevalet de torture.
Il tâte les fesses du pédago. Il
prend la mesure du désastre :
- Vous l'avez arrangé. Rien à
dire !
Puis, s'adressant à Philippe :
- ça te
rappelle ton enfance ?
- ???
- La fessée... quand tu étais
gamin ?...
Entre deux hoquets, Philippe bredouille :
- La
fessée ? Mais je n'en ai jamais reçue !
Enfin... je n'en avais
jamais reçue...
Les rires reprennent. On se tord.
Le p'tit
gros porcin se fait docte. Il pète trois fois avec une odeur
épouvantable avant d'annoncer qu'il est Grand Maître de
l'Inquisition.
On l'acclame. Voilà un truc drôle.
Il se
rengorge.
Il reluque une quinquagénaire à seins tombants, à
triples bourrelets sur les hanches. Il se dit qu'il faut la draguer.
Que ça va être peut-être sa future conquête. Enfin. Enfin...
Depuis le temps qu'il est dans son Gobi !
Il désigne le cul de
Philippe, toujours entortillé sur son prie-Dieu :
- Putain, c'est
la raie-publique, ce type !
On trouve ça drôle. A
nouveau.
Les porteurs de saint-sacrement trouvent ça drôle ! Il
est marrant, ce porcin méchant.
Nouvelles acclamations !
Le
méchant cogite dans la même veine. Il se tourne vers la quinqua
laiteuse.
Il lui dit qu'il évite la raie au mur. Il lui demande
pourquoi.
Mon dieu que c'est drôle. Ils n'ont pas d'autres mots
les porteurs...
C'est Mariette qui libère le pauvre Philippe.
Lequel aussitôt se tient les fesses en même temps qu'une danse de
Saint-Guy le fait tournoyer dans tous les sens.
Le gigolpince veut
s'y opposer. Mariette et Mario le fusillent du regard. Il rentre dans
sa trousse.
Le porcin est furieux. Il fait le méchant.
Mariette
se gondole en clamant à tue-tête qu'elle a une photo de lui muselé,
à genoux sous un torchon, avec des curieux gants de boxe de matamore
pour avancer, à la manière des culs-de-jatte qui usent de fers à
repasser.
Le porcin gueule.
Sur un signe du baron, Mario le
fait taire. Il a suffit d'un regard.
******
Mariette emmène Philippe dans sa
chambre. Elle va le soigner. Elle a une gamme de thérapies des plus
adéquates.
Déjà, de s'appuyer sur un corps de rêve calme la
douleur du martyre.
Philippe en rajoute. Le voilà dorloté.
ça
aussi, il ne connaissait pas. Sa bonne femme en forme de porte de
prison, il l'a vite quittée...
Tandis que Mariette... qui
l'emmène loin de la meute. Loin... loin... loin...
Ca sera jamais
une fille pour lui, Mariette. Faut être lucide.
Mais bon...
l'instant présent...
Patricia les regarde s'éloigner.
Elle
sait qu'elle a perdu cette manche. Une de plus.
Son sécateur pend
au bout de son bras. Une dérision.
Le clan adverse est le plus
fort.
Pourquoi s'est-elle imaginée qu'elle mangerait tout ce
monde d'une seule bouchée ?...
Ah vanité !
Elle ne renonce
pas, la Patricia.
Elle sait aussi le pouvoir de son sourire.
Après
tout, il a bien enjôlé le baron, il y a pas seulement trois
ans...
Doucement elle prend le bras du gigolpince.
Elle lui
sourit.
Il n'en croit pas ses yeux, le greluchon.
Leur romance,
c'est fini. Elle voudrait remettre ça ?
Elle l'entraîne dans
sa chambre, la garce.
Elle lui demande même de la fesser. Elle
sait qu'il adore ça. Qu'il en devient fou, halluciné.
Ah ah !
Gigolpince ! Fesse, fesse, mon garçon !
Fesse, j'ai besoin de
toi.
Si tu savais...
Monsieur Mac-Miche
La Pat', comme on la surnommait,
ruminait une rancœur envers cette petite ribaude, qui lui enlevait
sa proie, sous ses yeux. Philippe était sa chose, son jouet terrible
et elle n'entendait le partager avec personne.
Philippe semblait
sorti de l'enfer. Tout son corps était meurtri... Ah, les salauds,
ils l'avaient bien arrangé.
Sa tête allait éclater. Avec
douceur, Mariette, bonne fille, l'aida à s'allonger sur le ventre
sur ce couvre-lit de laine.
- Bouges-pas ! Restes tranquille.
J'vais te soigner ça en trois coups. Elle sortit une troussette de
produits miracles. Une mixture à base de marron d'Inde, efficace.
-
T'as vu comment on passe le temps ici ?
- Complètement tordus,
cette famille !
- Tu peux le dire. Des malades. Surtout la
Pat' !
- Pourquoi tu restes, alors ?
- J'sais pas
où crécher ?
- Ca te plait de servir de serpillière à ces
tarés ?
- Non, mais je connais que çà les boulots
minables, les salaires de merde, les baffes.
- Alors tires-toi
!!!
- Ici au moins , je bouffes et le Vieux me protège.
-
Qui ? le vieux La Rombière ? Avec sa patte folle ?
- Ouais.
Mais n'empêche que c'est lui qui les tient à tous. Avec son
artiche. Ils rêvent tous de le voir claquer un jour. Mais lui, il
s'accroche comme un tourteau à son rocher. Et ça, ca les emmerdent
à tous , autant qu'ils sont. Et moi, je suis tranquille tant qu'il
est là .
- Pourquoi il boîte méchamment ?
- Il
parait qu'c'est à cause d'une vieille bagarre pour une histoire
d'argent... enfin c'que j'en sais...
- Et le Mario ? D'où il
vient ?
- C'est un ancien boxeur reconverti en garde du
corps du
Vieux. Fais gaffe : c'est un fou furieux.
-
Pourquoi ? Il te fait peur ?
- Z'yeutes un peu. Dit-elle à
Philippe, après avoir dégrafé son chemisier : "t'as vu la
trace rouge ? C'est lui. Si on refuse, il cogne. Un malade." Et
puis il...
Des pas résonnèrent dans le couloir. Des pas
lourds. Saccadés. Mariette se redressa, angoissée...
Monsieur Why Not
Les pas se rapprochaient. Mariette jeta
un œil à ce pauvre Philippe qui compatissait autant qu'il pensait
devoir le faire.
Bon ben pas trop quand même, mais quand même...
la pauvre... Faut pas que je lui montre trop que je la plains, elle
pourrait prendre la grosse tête... Mais les salauds, quand même...
Bon, c'est les riches...
La pauvre ne put s'empêcher
d'éclater de rire, au point de devoir sortir en refermant très vite
la porte :
- Non mais ce qu'il est con, c'est pas possible !
Ah
c'est pas un pédago pour rien ! dit-elle à voix basse au baron et à
Mario tandis qu'elle étouffait ses rires.
Pliée en deux,
elle les entraînait loin de la chambre, soucieuse que son "malade"
n'entende rien.
- Il gobe tout ce qu'on lui raconte. Il a toujours
pas compris qui étaient les invités. Il croit qu'ils sont de votre
famille, Edouard !
Il m'a demandé pourquoi vous marchiez avec
difficulté. Je lui ai servi une bagarre de jeu. Il a sauté dessus.
Et toi, mon pauvre Mario, je t'ai peins en brute sadique...
Tous
les clichés, il avale !
L'instit, quoi !
Le baron rigole
de concert. Il adore cette complicité qui s'est établie, d'emblée,
entre ses "gens de maison" et lui.
Complicité que
ne peuvent admettre les bougres pétris de clichés, comme dit
Mariette.
Il pense à sa femme. Qui elle aussi ne comprend rien
?
Pourquoi l'a-t'il épousée ?
Pourquoi avoir épousé cette
gourgandine d'une vulgarité inouïe, rapace à marcher sans
hésitation aucune sur le cadavre de son mari ?
La vie est
curieuse et ses surprises tragiques.
La maladie de Paget, qui
progresse par paliers, l'a soudain angoissé. Quand ses genoux sont
devenus difformes, quand ses pieds n'ont plus pu le porter, le cul de
cette fille était là...
Le seul neveu qui lui reste a eu beau le
mettre en garde, ce cul, en ces moments d'angoisse, a été le plus
fort.
Heureusement que son notaire est efficace.
Et que le
contrat de mariage est bétonné...
***********************
Vers trois heures de la nuit, Anne
Edouard Albéric attend sa femme dans sa bibliothèque.
C'est la
pièce dont elle a horreur.
C'est la pièce où il se sent bien
:
- Vos amis se sont surpassés, mon amie.
- Ils peuvent faire
mieux ! provoque-t-elle.
- Ah bien... vous les voyez
s'enfoncer un peu plus ?... Après-tout ce sont vos amis.
- Et les
vôtres.
Le baron s'est levé.
Il se traine en tenant les
meubles. Un mépris infini tombe de tout son être sur la hideur de
Patricia.
Mépris qu'il déverse également sur sa propre personne
: comment a-t-il pu se laisser dominer par la maladie ? A ce point
?
- Non. Et vous le savez fort bien.
La table qui a
hystériquement fessé votre pauvre chauffeur était exclusivement
constituée de vos amis.
Enfin vos amis... les guignols que vous
pêchez sur internet.
Le baron contemple sa femme.
Il sait
qu'il ne la désire plus. Depuis longtemps.
Il sait qu'elle le
hait. Depuis toujours.
Elle a voulu son fric. Elle ne l'a pas.
Elle fera tout pour l'avoir.
- Vous voilà de nouveau à faire du
gringue à ce rat de gigolpince.
Un chef d'œuvres celui-là...
Je
ne sais ce que vous mijotez encore, mais celui-là, je ne veux plus
le voir chez moi.
Tricard, ce rat.
Patricia ne répond pas.
Sa haine rentrée déforme ses traits. Soudain elle est laide.
Épouvantable.
On dirait que même son corps se métamorphose en
les paquets d'os d'une sorcière.
- Quant aux autres, poursuit le
baron, ils m'amusent.
C'est la raison, la seule, qui me fait venir
à ma table. Ma table.
Cette galerie des grotesques égayera mes
derniers jours.
Si Patricia pouvait lui cracher au visage,
elle supplierait les dieux de remplacer sa salive par du venin.
Elle
se lève en croyant être digne.
Edouard éclate de rire :
- La
caque sent toujours le hareng.
Mariette et Mario toquent à la
bibliothèque.
Le baron, tout sourire, se fait mener au grand
salon.
Monsieur Mac-Miche
- Et notre recrue ? Comment le
trouvez-vous ?
Mariette et Mario se regardèrent.
- Très
influençable. Presque naïf.
- En apparence, peut-être.
-
Un mouchard ? fit Mario. A quoi pensez-vous ?
- Du calme.
J'arriverais bien à lui tirer les vers du nez. Faites moi confiance.
Insista Mariette.
- Aaaaah, les femmes... se gaussa le Vieux.
Le
Baron était certes infirme mais pas fou. Recruter ce Philippe comme
chauffeur à tout faire allait en faire une proie supplémentaire au
tableau de chasse de l'ignoble Pat'. Il pensait l'étourdir avec un
nouveau "joujou" et ainsi vaquer avec tranquillité à ses
affaires. Mais la "mégère jamais apprivoisée" ne
l'entendait pas de cette oreille.
Les deux femmes se mesurèrent
du regard.
- Allons. Toujours cette éternelle jalousie. C'est
plus fort que vous.
- C'est pas le tout. Mais...après ?
demanda Mario.
- Je ne sais pas. J'aviserais... en temps
utiles.
Maintenant, ramenez moi au fauteuil. Et servez-moi
une liqueur de menthe.
- Mais, votre ulcère ? s'inquiéta
Mariette.
- Au point où j'en suis.
Après quelques gorgées,
le sommeil, mêlé d'alcool et de fatigue, eut raison du Vieux. Ses
muscles se relâchèrent et son verre tomba sur le tapis.
Tout
ce beau monde quitta alors la bibliothèque où un vieux billard
français s'ennuyait tout seul dans son coin. Miette d'un héritage
du passé.
Monsieur Why Not
Le lendemain le baron quittait les
brumes de la nuit pour la nuisette de Mariette.
Doucement elle le
réveillait, offrant ses appas à la bouche goulue, aux mains
avides.
Le baron, toute sa vie, avait été un obsédé des
fesses. Il finissait ses jours comblé.
Quelques dernières traces
se laissaient deviner sur le cul luxueux, qui lui firent préférer
d'attendre encore un peu avant de célébrer le culte de la fessée.
-
Vous choisissez mes seins, ce matin, dit Mariette en dégageant le
téton droit.
- ils sont la grâce personnifiée...
Rien n'est
vulgaire comme ces poitrines pointées ! Ou ces trucs de chirurgiens
dit esthéticiens !
Toi, tu es la grâce,
Mariette...
Péniblement, le baron s'était levé.
- La
duchesse du Villars pinçant le téton de Gabrielle d'Estrées ! Un
téton fardé ! Dire qu'on ne saura jamais qui en a été le
peintre...
Note que je n'aime pas le Clouet qui s'en
inspire.
Tiens, Mariette. Sois gentille. Farde-toi les seins. Le
rouge de Venise allait avec la chevelure rousse de Gabrielle. Choisis
le rouge qui te convient. Qui s'harmonisera le mieux avec ta peau.
Ta
peau faite pour les baisers.
Mon dieu, quelle merveille que ta
peau.
Et, changeant de ton subitement :
-Si on allait à
Fontainebleau ?
- Oui ! Bonne idée !
- On quittera
l'atmosphère irrespirable que nous prodigue ma femme. On mangera à
l'auberge de Ganne. Enfin... on la regardera puisque malheureusement
ou heureusement c'est un musée qui ne sert plus que des dépliants.
On mangera au Bas-Bréau, c'est-à-dire qu'on s'y régalera.
Et
avant j'aurais jeté un œil à mon cher Primatice.
Mariette
battait des mains.
Mario sortit une petite Clio et le trio s'en
fut incognito non à la chasse mais vers Fontainebleau.
Patricia
monte dans la Bentley.
Elle en redescend.
Le petit instit ne
saura pas la conduire. Ce n'est pas le moment de la lui confier, une
tôle froissée engendrerait une catastrophe. Le vieux ferait un
drame.
Elle remonte encore un coup dans c'te bagnole. Elle en
redescend. Une Bentley, c'est le fantasme des envieux endémiques. Un
riche, pour eux, a automatiquement une Bentley.
******
Alors, elle la tripote, cette chignole.
Elle est à elle.
- C'est la mienne.
Le vieux, y se sert de sa
petite merde ! Pfff ! Quel con !
La sonnette a retentit.
Elle
va ouvrir elle-même, frémissante en augurant de la
visite.
Effectivement, pointent les faces blettes du gigolpince et
du porcin.
Un plaisir que ces faces.
Celle du gigolpince trahit
son état. Au premier regard. Au 500tième de seconde.
Y faut
vraiment des femmes cons pour pas s'en rendre compte. Pour se laisser
prendre à son jeu.
Les traits flous, le regard fuyant, la bouche
aboulique...
Le bel ensemble a l'air de s'écrouler sur la
bedaine.
Brrr... Le baron l'a mis tricard... on comprend !
Monsieur Mac-Miche
Quelle belle ménagerie ! s'étouffa le
Vieux.
- Laissez tomber ! Elle se complait dans son
marécage.
Lança Mariette.
- Mario, mets la gomme.
-
Cette Gorgone pourra se brosser pour l'héritage. Et dire que j'ai
failli me faire gruger par cette ribaude.
- J'vous l'avais
bien dit, Baron.
- Elle traine cette joyeuse bande dans son
sillage.
- Les loups attendent...
- Mais le Vieux
défendra chèrement sa peau ! coupa le Vieux.
- Baron, pensez à
votre ulcère.
- Et puis nous sommes là, Mario et moi.
Le
soir tombait, humide. Finalement, ils partirent pour quelque gargotte
où ils donneraient libre cours à leurs caprices. Mariette raffolait
des beaux gosses et Mario appréciait les serveuses aux formes
généreuses. Quant au Baron, il s'enivrerait de Spumante jusqu'à
plus soif. Le nectar des dieux était devenu son compagnon
d'infortune.
Philippe, installé au volant de la Bentley,
attendait les "ordres" de la favorite. Porcinet, comme on
le surnommait, et son acolyte des grands boulevards , négociaient
quelque chose mais Philippe n'entendait rien. Manigançaient-ils
quelques mauvais coups pour éliminer le Vieux ?
*****
Pat' remonta en voiture.
- Descendez
et suivez moi. Prenez votre voiture. Je veux les suivre et savoir ce
qu'ils trament. Allez.
Sans oser la contrarier, Philippe
démarra et sortit rapidement du parc. Le trio n'avait qu'une minute
d'avance et la route étant quasi jamais fréquentée, il leur fut
aisé de les rattraper. Dans le rétroviseur intérieur, Philippe
voyait sa "patronne" s'agiter...
- Ne vous occupez pas
de moi. Suivez la route. J'ai ma petite idée.
- Bien ,
Madame. Mais on va où ?
- Le jeudi, c'est le poker chez son
ancien associé. Mais avant, c'est ripaille chez Dionysos.
-
Dionysos ? Qui c'est ?
- Eh oui, mon petit Philippe. Quand vous
soupez, ils festoient. Quant vous misez des allumettes, ils flambent
les liasses. C'est çà, le beau linge.
- Et vous ? Vous
allez faire quoi là-bas ?
- Je n'ai pas dit mon dernier
mot. Accélérez un peu.
Ils roulaient déjà depuis dix minutes.
Pat ne voulait pas se faire souffler sa part du gâteau par ces deux
moins-que-rien. Surtout par cette Mariette. Le Baron lui semblait
être tombé sous son charme et elle l'avait presque convaincu de
l'adopter... Mario, comme tous les hommes, finirait par lui revenir.
C'était une question d'arguments et de temps...
Monsieur Why Not
Le porcin suit.
Il est toujours
derrière le porcin. Il fait du volume. Un volume pas possible. Mais
derrière.
Un mec à la traîne...
Il gueule d'emblée
que putain bon dieu de merde ça va être le sandwich !
Un
sandwich, oh putain !
Patricia glousse à cette élégance.
Le
porcin a déjà regagné la salle à manger. Il se déloque à toute
vitesse. Dans une insoutenable puanteur ! ça s'amplifie au fur et à
mesure qu'il envoie promener ses sapes ! Pire que la dernière fois
!
Et son cul !... une palette de tous les marrons... Une espèce
de dégoutation ambulante.
Pour couronner le tout, il a une
manière d'expectorer en parlant. De dire Hu ! Hu ! avant chaque
phrase.
- Hu ! j'suis derrière, moi ! Moi, j'suis derrière !
ça
le fait rire tout seul. Il pense qu'il est exceptionnel. Un modèle.
Il doit se donner comme un modèle.
Même la Patricia en est
écœurée. Sauf qu'elle a besoin de lui : il clame tellement qu'il
est méchant, ce gugus, qu'il va bien falloir que ça serve, cette
méchanceté. Qu'on passe des paroles aux actes...
Et il a une
façon de la regarder... une façon d'ours en rut qu'une baguette
magique a extrait de son Gobi.
Le gigolpince, qui tripote les
jupes de la Patricia, en est sidéré. Et pourtant...
Il entraîne
sa conquête à l'écart en lui titillant le cul. A voix basse, il
lui glisse :
- T'aurais pas deux trois biftons à me filer ?
J'attends une grosse rentrée. J'te rends ça dans deux semaines...
ou trois...
- Depuis le temps que tu les attends, tes rentrées
!
T'es quand même pas venu pour me bottiner ?
- Non
mais...juste deux ou trois biftons !
- Et si j'avais beaucoup
mieux que ça ?
Patricia s'approche de la grande table. Le
porcin n'y tient plus. Il se lance ! Il se jette !
Le rut !
Ah,
le rut !
Il y va d'une enculade brutale, en hurlant. La Patricia,
qui avait prévu le coup, et qui a l'anus gorgé de margarine, se
laisse faire.
Elle glousse pendant que le gigolpince la prend par
devant, en gueulant lui aussi, mais c'est pour lui promettre la
fessée.
Elle glousse toujours, en se disant qu'elle va bien finir
par y arriver, pendant la pause, à expliquer leur mission à ces
deux maniaques.