La fessée comme pratique entre adultes...
...
apparaît au début du 20ème
siècle en Allemagne dans une nouvelle lumière. Ce qui est resté
pendant très longtemps un sujet entre éducateurs professionnels et
surtout un non-dit social, le lien entre punition corporelle et
excitation charnelle est mis sous les yeux de tout le monde dans les
écrits de Freud vers 1905. Et par la suite bon nombre d'écrivains
en tiennent compte. Comme par exemple Heinrich Mann qui en fait
allusion dans son célèbre roman : « Le
sujet de l'empereur ». Il prête ainsi d'étranges
pratiques conjugales au Docteur Hessling et à sa femme Guste. Tandis
que c'est le monsieur qui commande dans la vie quotidienne et
notamment dans les affaires du couple, c'est Madame qui règne dans
la chambre à coucher avec une main de fer. Rien n'est décrit de
manière bien explicite, mais par exemple le lecteur attentif
apprend dès le début du roman l'attirance du futur « sujet
de l'empereur » et docteur d'université pour le Rohrstock, la
canne. Au point de décorer le jour de l'anniversaire de son maître
d'école, l'emblème de son pouvoir, le redoutable instrument de
punition avec une guirlande de fleurs. Difficile de juger s'il s'agir
d'un jolie pointe d'humour de Heinrich Mann ou une subtile
observation du fétichisme qui accompagne certains fantaisies de
flagellation.
Quoiqu'il
en soit ce petit passage m'a provoqué d'intenses sueurs quand j'ai
lu ce livre pendant mon adolescence. Sueurs non seulement pour avoir
éveillé mes fantasmes les plus intimes, mais surtout par la subtile
liaison, suggère par le roman, de ces derniers avec un statut de
sujet inapte à une position critique envers l'autorité. Et Madame
Hessling plus tard ne se prive pas de rappeler à son mari que la
nuit il n'est plus le sujet de l'empereur, mais le sien.
Largement
de quoi pour m'engager dans des longues réflexions sur le lien entre
mes fantasmes et un éventuel masochisme social. Comment faire pour
intégrer dans ma vie ce qui se détache d’une pratique en
apparence purement disciplinaire ? Surprenante compréhension
que les deux partenaires du couple en tirent du plaisir et
épanouissement. Et que cela participe à la solidité du ménage.
Grosso modo un stimulateur de libido conjugale et de bien être
général. Toutefois la question de la perversion s'impose. Parmi les
indénombrables essais de réponses sur la nature de cette
expression, en voici une datant de la fin des années 20 du siècle
dernier. Un joli exemple pour l’ouverture d’esprit de cette
époque dans un langage qui colle parfaitement à ces temps-là :
« Toute
sexualité est comparable à la lumière qui se compose d’un nombre
incalculable de fréquences. Si certaines fréquences sont plus
présentes que d’autres, ou si certaines sont absentes, on parle de
«couleurs». Si toutes les fréquences sont synchronisées, nous
avons de la lumière du jour "normale" incolore. Dans cette
optique, ce que nous appelons «perversions» ce ne sont que
certaines «couleurs» dans toute la panoplie de la sexualité. »
(Ernst
Schertel ; traduction isabelle183)
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