lundi 7 janvier 2013

256 Naissance d'un trouble frissonnant


T'auras besoin qu'on te botte les fesses pour de bon !

En version originale : Dir gehört mal richtig der Hintern versohlt ! Avec des belles variantes. Les fesses deviennent parfois le cul (Arsch). « Pour de bon (richtig) » peut devenir « ordentlich » dans les sens de « fortement et de manière parfaitement justifiée ». Le châtiment peut aussi s'appliquer sur le derrière nu, sur le nackten Hintern.

Avec ses variations, c'est une expression courante, mais loin d'être omniprésente dans la région où j'ai grandie. Personne n'y voit du mal. Car bien au contraire d'accomplir un acte punitif qui ne se pratiquait déjà plus dans mon enfance, du moins pas dans mon environnement familial, ce genre de phrase sert de soupape pour évacuer de manière verbale par exemple un trop plein d'émotion négatives, un agacement à cause d'un comportement, une frustration à cause d'un refus etc. Peut-être une formulation de transition qui tient compte de la mentalité des années 70 de verbaliser au lieu d'agir. Et visiblement cela fait du bien à la personne qui prononce cette phrase, mais aussi à celle à qui elle est destinée. Sans se soucier du sexe de la personne, cette expression ne se limite pas seulement pour un usage envers les enfants. Les adultes et surtout les ados aussi s'en servent entre eux. Je souviens qu'elle m'évoquait de la part de certaines personnes et à partir d'un certain âge une belle émotion. Même si ce n'était pas moi l’objet de la menace. Mais souvent c'était à partir de mots que certaines de mes fantaisies se brodaient.

Quand j'étais petite, je veux dire avant la puberté, mes fantasmes restaient strictement dans un cadre disciplinaire qui s'opposait au monde réel tel que je le percevais. Il y avait toute une série de rêveries qui accompagnaient mon quotidien. J'imaginais ceux et celles qui m'embêtaient, mes frères en haut de liste, recevoir de bonnes corrections de la part de mes parents. Étant la petite dernière et choux-choux de mon Papa, l'idée de voir mes frères payer si chèrement leurs faux pas envers moi me procurait une véritable jouissance. Et j'aurais bien aimé de jouer la petite peste en observant pour de vrai le châtiment. Avec une curiosité particulière concernant le pantalon baissé et pour le déculottage. Et ce modèle de fantasme ne m'a jamais quitté. Il s'est déplacé essentiellement sur la gente féminine et il m'arrive souvent quand je me sens contrariée par certaines dames comme des vendeuses, fonctionnaires, celles qui font des yeux doux à mon homme, de les imaginer recevoir devant mes yeux leur "juste châtiment", appliqué par mon homme. Bien que réellement cela me semble infaisable dans le sens que ce genre de punition reste mon privilège étant la chérie bien aimée de mon homme. En bref je reste au plus proche du modèle freudien de la fantaisie d'origine :

Le père bat un enfant haï par moi.

Rêveries de vengeance pour se rassurer l'exclusivité de l'amour paternel.

Puis arrive la première déformation du fantasme. Pour une raison ou une autre il se retourne contre moi-même. C'est un peu ma vilaine broderie, mon grand secret bien gardé, particulièrement jouissif. Et rien que l'idée que cela se sache me faisait rougir de honte. Je ne garde pas de souvenir précis s'il y avait déculottage ou pas. Mais il me semble que je me voyais toute nue allongée sur les genoux d'un monsieur ou d'une dame. Concernant la personne qui me punissait, il n'y avait pas de favoritisme pour un sexe ou un autre.

Seulement l'idée que ce soit mon Papa ou ma Maman m'était profondément désagréable et j'ai su trouver des éducateurs et éducatrices dans notre environnement social. Une fois une personne élue et pleinement investie de s'occuper de mes bonnes manières, je me trahissait facilement dans la vie réelle en face d'elle par une timidité qui ne correspondait nullement à mon caractère habituel et il m'arrivait aussi de rougir quand elle me parlait.

Enfin et encore pile poil dans l'optique freudien une troisième série de fantasmes, celles de nature purement voyeuriste. Alors j'imaginais par exemple des parents de mes amies sévir et moi petite souris je trouvais moyen pour me cacher et assister à la scène. Des scènes à l'école concernant une maîtresse qui s'occupe d'un des garçons et surtout d'innombrables scène concernant des personnes que je ne connaissais rien que de vu ou que j'apercevais par hasard.

Ce que je retiens de tout ce matériel, c'est une prédisposition personnelle à ce genre de fantasmes, mais en aucun cas une explication pourquoi j'aime tant la fessée. Comme déjà dit ailleurs, il m'importe peu de savoir d'où viennent mes fantasmes. Ils font partie de moi et je ne me pose pas non plus la question d'où viennent mes bras ou mes jambes. Par contre je m’intéresse beaucoup au fonctionnement de mes fantasmes. Et à ce propos ma puberté a apporté d'important changements de mon petit monde interne. C'est là que les choses devenaient vraiment intéressantes. J'aurais donc tendance pour ma part de situer la naissance des mes troubles vraiment frissonnants seulement à cette époque-là...

6 commentaires:

  1. Même si ce n'étaient pas tout à fait les mêmes expressions, j'ai aussi été troublé par ces tournures qui impliquaient la fessée (comme toutes les expressions où la "fessée" signifie échec). Je les trouvais même agaçantes, je voyais bien que les gens les employaient sans penser vraiment au sens littéral de ce qu'ils disaient, alors que je n'ai jamais pu m'en empêcher, qu'il s'agisse de la fessée ou non.
    Je note que vous avez eu la même réticence que moi à impliquer les parents dans les fantasmes de fessée. Même si j'imaginais plus souvent des scènes scolaires (plus ou moins vaguement), je me souviens que le personnage de celui qui inflige la punition a toujours été plutôt effacé - souvent, il se contentait d'obliger les punis (qui ne méritaient pas leur punition) à se donner la fessée mutuellement...
    Merci pour cette application de l'article de Freud!

    RépondreSupprimer
  2. J'aime beaucoup la thématique de la fessée signifiant échec. Elle renvoie pour moi plus à une situation de honte, de ne pas être à la hauteur de mon ambition et de mériter par ce fait une fessée. C'est un registre très psychologique où la punition semble servir plus à intensifier encore cette honte qu'à procurer une douleur.

    RépondreSupprimer
  3. C'est joli, "choux-choux"... un peu légumier, mais... ça s'écrirait plutôt "chouchou", je crois...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui... mais... si ça se trouve... on aime bien... quand c'est écrit... comme ça...
      (Stan, le combo gagnant entre Grincheux et Prof)

      Supprimer
    2. Ahemm, il ne m'est pas souvent arrivé de commenter sur ce blog si ce n'est pour répondre à Julesdesp. Par contre, je le lis. Alors, bien entendu, il n'y a pas qu'un âne qui s'appelle Martin, hein! Mais, je n'avais pas encore remarqué qu'une autre So s'exprimait ici.
      Je tiens donc à préciser que LE COM CI-DESSUS N'EST PAS de la vilaine So qui adore asticoter Stan.
      Ceci dit, c'est assez bien envoyé, rire!

      Supprimer
    3. @Stan : Visiblement la grande forme chez moi. Rire. Heureusement mon traitement de texte m’empêche de faire pire !

      @So 1 : C'est rare que Stan sort son côté prof. Il fut un temps où il me donnait des bons conseils pour mon français.

      @So 2 : J'ai envie de répondre par un jeu de mot en allemand : so so (eh bien !) Rassurez vous je ne suis pas non plus la seule isabelle183 sur le net, mais je pense la seule qui parle de la fessée. Ceci dit, il est toujours intéressant de lire qui me lit. Voila qui explique mieux le nombre de pages que je fais...

      Supprimer