Elle
peut être très pénible, isabelle !
Je ne puis donner tort à ma Maman. A
vrai dire je suis habituée à ce genre de réflexions aussi par
d'autres personnes. Surtout quand on commence à me connaître un
peu. Je passe sur ma réputation étant d'ado et plus tard en jeune
célibataire. Ayant eu successivement et parfois simultanément à ma
disposition mon Papa et ses amis, mes grands frères, mes amoureux
dès la maternelle, mes princes charmants, puis depuis plus de 15 ans
mon chéri, je n'ai pas jugé utile de perdre mon temps pour
apprendre toutes ces occupations et taches que j'imagine réservées
à la gente masculine. Il en va donc de soi que pour moi qu'un homme,
« un vrai », décharge la dame de ce qui est indigne
d'une « vraie dame ». De tout ce qu'elle n'a pas envie de
faire. Porter les courses, déboucher un évier, sortir la poubelle,
dégivrer un pare-brise, vérifier la pression des pneus, installer
et mettre en route tout genre d’électroménager. Sorte de
raisonnement issu tout droit de mon inconscient et par conséquence
mon désir véritable qui s'oppose à la vision d'une femme de nos
jours. Il allait donc aussi de soi pour moi de trouver un partenaire
de vie correspondant à mes critères. Heureusement les messieurs
partageant « mes valeurs » ne manquent pas. Et comble de
bonheur cela se conjugue bien souvent avec une réelle galanterie à
toute épreuve. Sans parler d'une grande patience et une gentillesse
qui appelle l'abus. Or c'est là précisent qu'intervient encore mon
inconscient qui souhaite mes abus sanctionnés de la manière
particulière qui est le sujet de mon blog. Et gare au trop gentil
monsieur qui ose me priver de mes limites. Mon irrationalité qui
prend parfois le dessus sur ma rationalité, surtout dans mes accès
de colère, risque non seulement de ne pas considérer comme un
« vrai homme », mais en plus de le lui dire. Bon, là je
ne suis pas fière de moi du tout, mais malheureusement cela fait
partie de mes comportements. Retenons donc que la question du « vrai
homme » m'importe beaucoup.
Alors quand je me sens quelque part en
confiance et que je prenne par surplus un petit apéritif ou deux...
il m'arrive de sortir mes théories concernant les « vrais
hommes » au grand amusement de tout le monde. Ce qui me vaut
outre des fou-rires (petite isabelle est
pompette!)...
...une
solide réputation de tête
fesses à claques.
Fille précieuse et mal-habituée à la
fois, maniérée dans ses gestes, dans sa tenue, dans sa façon de
parler. Et il n'est pas un hasard que l’exaspération de ma mère à
cause des comportements impertinents de sa fifille a pris très tôt,
quelque part dans mon adolescence, une forme significative :
Dir
gehört mal richtig der Arsch versohlt, isabelle !
(Tu mérites une bonne fessée,
isabelle !)
Constat purement rhétorique. Je me suis
demandée ô combien de fois si elle le pensait vraiment. Et cela me
faisait toujours très drôle d'entendre ces mots de sa bouche sans que
toutefois ne suive jamais le moindre geste en cette direction. J'ai
dû attendre le couple avec mon chéri pour mettre lumière dans
cette énigme. Un jour au tout début de notre relation, en passage
chez mes parents, j'avais affiché un comportement particulièrement
odieux envers mon pauvre chéri, trouvant qu'il ne s'était pas
comporté en « vrai homme ». Versant « serviteur »
de ce fantasme, je précise. Je ne saurais dire ce qui m'a pris de
lâcher ainsi mon côté tyrannique dans le cadre familial. Ma mère,
témoin de mes caprices, s'est tournée vers mon homme pour lui
donner un (sage) conseil qui m'a laissée perplexe :
Da
hilft nur eins. Ein paar tüchtige Hiebe auf den blanken...
(La seul solution, quelque bonnes
claques sur le derrière tout nu !)
J'aimerais m'attarder un peu sur
l'adjectif « tüchtige » qui décrit la nature souhaitée
des claques (Hiebe). Admirons le riche contexte de ce mot :
-s'appliquer
avec savoir faire et soin
-suffisant
en quantité, proportions et intensité
-une
prestation d'excellente qualité !
Visiblement ma Maman ne demandait « que
le meilleur » pour sa fille ! En espérant que ses mots ne
tombent pas dans l'oreille d'un sourd. Et pour en être parfaitement
sure que m'arrive ce destin qu'elle me souhaitait, elle insista
ostensiblement auprès de mon homme :
Tu
ne trouves pas ?
Voila un « œdipe à l'envers »,
ma mère et mon homme, tout un poème. Ces deux-là étaient faites
pour s’entendre dès le début. Notons que ma mère montre pas mal
de traits de caractère similaire aux miens. Ce qui me paraît
normal. Par conséquence, elle aussi sait se montrer fort pénible.
Je me pose alors la question si elle ne partage pas aussi
fantasmes...