On
se fait une soirée fantasmes, poussinette ?
Mon homme aime bien me raconter ses
nouveaux fantasmes en terrain neutre. Dans un petit restaurant avec
des coins discrets par exemple. Il se sent plus en « sécurité »
qu’à la maison ! Connaissant mes ruses de fille, il sait trop
bien qu’entre nos murs je trouverai à coup sûr un moyen de lui
faire dire plus à la fois qu’il en a envie.
Il en va de soi que je soigne
particulièrement ma présentation pour une telle occasion. Être
accompagnée permet un plus grand choix dans mes vêtements. Comme
une jupe fendue, un chemisier qui met ma poitrine en valeur, un petit
chapeau à voilette et j’en passe. J’aime être suggestive. Ce ne
sont pas les tenues les plus osées qui me font peur, mais le risque
de me faire agresser. Comme beaucoup de femmes, quand je sors seule
j’opte pour des « uniformes neutres » en rêvant d’être
moi-même sans pourvoir l’être. Et même avec mon homme en public,
je reste dans les limites « assez sages ». Rien à voir
avec des délires que je peux me permettre à la maison. Le suggestif
sans exagération me semble particulièrement adapté.
Pour me parler fantasmes, il y avait
déjà quelques règles à respecter quand j’étais encore
célibataire. Elles n’ont pas beaucoup changées.
-Une
apparence soigne
Une coiffure impeccable, de préférence
une visite préalable chez le coiffeur. J'aime les cheveux très
courts chez un homme et je tiens à un contour des oreilles et une
nuque dégagée. Exigence avec motivation très basique : cela
me procure facilement des frissons. J'ai horreur des originalités
concernant la barbe. Moi je veux du glabre, déjà parce que j'ai une
peau très fragile. N'oublions pas non plus les mains et plus
particulièrement les ongles. Hein oui, je suis imaginative quand on
me parle et la poésie d'un capitaine crochet me refroidit aussitôt.
-Une
tenue vestimentaire correcte exigée.
J’ai un faible pour le costume et la
cravate. Malheureusement cette élégance d’antan se fait rare. Je
m’adapte alors. Toutefois le minium me semble la veste de costume,
portée sur un jeans en parfait état. Avec une chemise
impeccablement repassée. Par mes soins. Cela va de soi.
Monsieur râle un peu pour la forme
pendant qu’il met la
jolie cravate que je lui ai offerte express pour la
sortie. Il a intérêt de la mettre. Sinon je ferais grève de
certains sous-vêtements qui servent plus au plaisir de ses yeux qu’à
mon confort.
-Choisir
le bon vocabulaire
Je suis curieuse. Je veux apprendre
plus sur mon homme. Mais je n’ai pas envie qu’il m’embarque
dans un chat osé. Ni dans un scénario pour chauffer l’ambiance
pour plus tard. Pour ce genre ce choses, il y a l’oreiller. Dans un
restaurant je trouve cela déplacé.
-Surprendre
par l’originalité
En général je trouve que les
fantasmes masculins (et féminins !) sont plus ou moins
stéréotypés. Et ceci malgré une sacré surestimation à ce
niveau.
Quand on a l’habitude comme moi de
lire pas mal de psychanalyse, il faut vraiment faire très fort pour
me surprendre. En six ans de net par exemple, j’ai trouvé
seulement trois fantasmes qui dénotaient de ce que je considère
comme banal à mes yeux.
Ceci dit banal ne veut nullement dire
que j’aurais envie d’essayer… Et de l’autre côté, un manque
d’originalité ne m’empêche pas d’avoir envie d’essayer. Car
personnellement je me trouve très peu originale quant à mes
fantasmes.
-Le
bon moment
Je n’aime pas faire deux choses à la
fois. Quand je vais manger au restaurant, c’est aussi parce que
j’adore les bons plats. Comme c’est étonnant ! Je prends
mon temps de déguster lentement pour trouver toutes les saveurs.
Alors je ne suis pas disponible du tout pour les confidences tant que
j’ai la bouche pleine. Mieux vaut attendre le dessert ou carrément
le café. Puis je suis beaucoup plus susceptible à me pencher sur
les fantasmes d’autrui quand j’ai vraiment bien mangé. Si le
plat principal était raté, il me semble plus prudent de choisir un
autre soir.
-La
présentation du fantasme
Parler de ses fantasmes n’est pas
« d’essayer de me vendre » un programme prêt à
l’emploi, construit dans le moindre détail. J’aurais trop
l’impression qu’on me parle d’un exercice imposé. Ou pire
encore, d’une soirée VRP avec obligation d’achat.
-Le
délai de réponse
Je ne dirais pas qu’il me faut un
temps d’adaptation intellectuelle pour me projeter dans la plupart
des fantasmes. Mais le cœur n’y est pas toujours. Il faut me
laisser le temps que l’idée puisse faire son chemin, qu’elle se
glisse dans mes rêveries, que je l’essaye en solitaire, que je
commence à soupçonner où le plaisir se trouve. Cela peut se faire
parfois très rapidement, notamment quand j’ai déjà expérimenté
des choses semblables dans ma petite tête.
-Me
relancer ultérieurement
Je considéré cela comme me prendre
pour une idiote. Mieux vaut s’abstenir et attendre patiemment ma
réponse. Grosso-modo avec moi cela paye. Mon homme le sait bien. Il
est rare que je ne me présente pas devant lui, un jour ou un autre,
en tenue de circonstance, pour lui faire une jolie surprise. Et dans
ce cas, je sais parfaitement faire de l’animation provocante ou me
comporter sagement selon ce qui est attendu. J’aime faire plaisir
quand je suis amoureuse et j’ai peu de limites.
-A
éviter à tout prix avec moi :
Ne pas me regarder dans les yeux
Toute allusion aux ex et aux
expériences antérieures. C’est moi qui veux être le seul centre
sans partager !
Toute allusion à la maman. Si, si cela
peut se mettre sur la table quand il y a question de fessée.
Entendre un grand gaillard décrire les fessées reçues par sa
maman, n’est ni glamour ni stimulant pour se lancer dans des jeux
coquins !
Toute explication rationnelle du monde
fantasmatique. Cela sent la justification et j’aurais impression de
me trouver devant du mal assumé.
De blagues lourdes.
Le deuxième dégrée qui complique
trop l’écoute dans un sujet aussi délicat.
Des formules usées.
Des prétendues statistiques
-J’aime :
Les mots simples sans vouloir embellir
ou enlaidir le fantasme. Un ecce homo…sans complaisance.
Un recul envers ses propres fantasmes
avec une pointe d’auto-dérision
Des anecdotes sur la première survenue
du fantasme (hors Maman bien sur).
Quand on me parle avec passion de ses
fantasmes. Quand l’émotion et trouble s’empare du monsieur en
racontant. A ce moment je pardonne même quand il défait le nœud de
sa cravate pour mieux respirer.
Quand il rougit, quand il est gêné de
continuer
Et…que Monsieur paye la note du
restaurant ! Cela va de soi. Sans que je me sente obligée
envers lui pour autant.
Ah Isabelle...
Ce texte m'amuse
beaucoup.
Heureusement je crois qu'on s'est connu de manière
virtuelle et qu'il nous a été donné de nous apprécier ainsi.
L'habit ne fait pas le moine, c'est bien connu, mais je me demande si
malgré mon gabarit j'aurais simplement vu si nous nous étions
croisés. Je suis fondamentalement un original, ce n'est pas un
secret, et de mon côté, je sais que ces exigences sont réservées
à Monsieur, et pour les sorties, mais il existe un tel fossé entre
ce qui est ici louangé et ce que j'apprécie en matière d'apparence
physique !
Voyons un peu
cela en détail, pour illustrer mon propos.
"Une coiffure
impeccable, de préférence une visite préalable chez le coiffeur.
J'aime les cheveux très courts chez un homme et je tiens à un
contour des oreilles et une nuque dégagée."
Là déjà nous
serions très mal partis ! Vive Internet ! lol
Je suis d'une
génération d'hommes qui a profondément souffert de la rigidité
des codes sociaux du début du XXème siècle et du massacre
systématique, inutile et vexatoire de l'Habeas Corpus par l'armée
française. Tous mes "héros" musicaux ou sportifs de
l'époque avaient d'ailleurs les cheveux longs. Et je joue parfois la
musique qui correspond, mais pas toujours...
Cela me rappelle
l'anecdote d'Antoine, le chanteur qui fut élève de Centrale, au
sujet d'un père d'élève qui protestait contre les cheveux longs à
l'Ecole Centrale. Le directeur de l'époque lui a alors demandé de
le suivre dans la cour et lui a montré une statue :
"Savez-vous
qui est ce monsieur ?
- Mais c'est le fondateur de cette grande
école.
- Eh bien regardez-le de plus près : il a les
cheveux longs!"
Et toc !
Si ma coiffure reste soignée,
bien que je n'aie pas mis les pieds chez un coiffeur depuis des
lustres, en revanche j'ai depuis cette révolte adolescente une
sainte horreur des cheveux courts ! Mais quand je dis horreur, c'est
encore très en dessous de la vérité, et de plus, pour corser
l'affaire, je ne vois vraiment pas pourquoi les femmes auraient le
droit de choisir leur longueur de cheveux et pas les hommes ! Pour
moi, il y a une équation simple : cheveux courts pour les hommes =
sexisme et mépris du corps de l'homme. Tout simplement
inadmissible.
Après, j'ai des
amis qui se sont totalement rasé le crâne, et si ça leur plaît,
tant mieux, je ne vais pas les ennuyer avec ça, je m'intéresse à
autre chose chez eux, leurs qualités humaines par exemple. Du moment
que je reste libre de faire comme je l'entends, qu'on n'exerce pas de
pression pour me faire changer, et qu'on ne profite pas de ce détail
pour me déprécier (pas gagné, ça, les préjugés, en particulier
les plus stupides car simplistes, ayant la vie dure !)...
"Exigence
avec motivation très basique : cela me procure facilement des
frissons."
Moi aussi, mais pas de même nature...
lol
Honnêtement, ça me fout la trouille et ça me rappelle des
jours sombres en Europe.
"J'ai horreur des originalités
concernant la barbe. Moi je veux du glabre, déjà parce que j'ai une
peau très fragile."
Cela se comprend. Très bien même. Mais
il se trouve que j'ai barbe et moustache, soigneusement taillées.
Heureusement, je ne suis pas Monsieur, donc cela ne pose aucun
problème ! ;)
"N'oublions pas non plus les mains et plus
particulièrement les ongles. Hein oui, je suis imaginative quand on
me parle et la poésie d'un capitaine crochet me refroidit
aussitôt."
Là aussi, pas de chance : je prends énormément
soin de mes mains mais le résultat n'est pas celui qui est ici
prôné, mais j'ai de bonnes raisons pour ça. Une de mes mains
serait probablement très satisfaisante en regard de ces critères,
car les ongles sont coupés très ras, mais l'autre... C'est que je
suis multi-instrumentiste, et que pour certains instruments, malgré
certains sports pratiqués comme le volley-ball qui peuvent être
redoutables, j'ai besoin de mes ongles... Nul n'est parfait !
lol
"-Une tenue vestimentaire correcte exigée."
Aïe
! Quand je lis ou j'entends ça, je prévois le désaccord, car je
n'ai souvent pas la même définition du "correct".
"J’ai un
faible pour le costume et la cravate. Malheureusement cette élégance
d’antan se fait rare. Monsieur râle un peu pour la forme pendant
qu’il met la jolie cravate que je lui ai offerte express pour la
sortie. Il a intérêt de la mettre. Sinon je ferais grève de
certains sous-vêtements qui servent plus au plaisir de ses yeux qu’à
mon confort."
Rien à dire sur le costume quoique je trouve
que les hommes sont une fois de plus très défavorisés sur
l'éventail des couleurs possibles. Au nom de quoi ?
Par contre,
je suis aussi allergique à la cravate qu'aux cheveux courts. Je
trouve ce bout de tissu parfaitement stupide : il ne sert strictement
à rien d'un point de vue pratique, c'est un vêtement parfaitement
inutile, et de plus très onéreux, ce n'est absolument pas pratique,
ça transforme tous les hommes en pingouins ou en écoliers anglais,
avec de plus une uniformisation pour moi terrifiante. Franchement, je
trouve parfaitement ridicule ce prétendu substitut phallique qui ne
trouve rien de mieux que pendouiller lamentablement !
Bref, pour
moi un homme en cravate et costume sombre est un loufiat d'une
effrayante banalité, mais en rien un synonyme d'élégance ou de
personnalité. C'est même exactement le contraire !
Savez-vous
que l'Assemblée Nationale française exige que les hommes portent
une cravate dans l'hémicycle, et pas les femmes qui ont beaucoup
plus de libertés sur leur tenue... et leur maquillage ?
Encore un
scandale sexiste au détriment des hommes.
Si je suis par miracle
député un jour, ce ne pourra être qu'au Parlement Européen : là
au moins la soi-disant "tenue correcte" (?) ne passe pas
pour les hommes par la cravate !
"Je m’adapte
alors."
Je reconnais là la femme... Mais cette louable
adaptation reste mesurée :
"Toutefois le minium me
semble la veste de costume, portée sur un jeans en parfait état.
Avec une chemise impeccablement repassée. Par mes soins. Cela va de
soi."
Je mets très peu de veste de costume, même si je dois
reconnaître que cela m'arrive et qu'il paraît que je la porte bien.
Il faut dire que j'ai la carrure...
Par contre, j'adore le vrai
cuir, bien coupé, pratique, odorant, vivant. Je regrette de devoir
moins en porter depuis quelques années, mais j'y reviendrai dès que
je pourrai. Et ma foi, avec des jeans bien coupés...
J'ai
longtemps porté des chemises parfaitement repassées, mais ouvertes
au col, puis j'ai découvert de nouveaux matériaux qui me plaisent
mieux pour les saisons les plus clémentes. Mais dès que le froid
pointe son nez, je me replonge avec délices dans ma collection de
pull-overs en laine véritable ou en cachemire. Je vis à la
campagne, au plus près de la nature, et j'apprécie les tenues dites
de "gentleman farmer" qui ne me paraissent pas dénuées
d'élégance, loin de là et permettent plus de fantaisie que le
sempiternel costume. Pour moi, je trouve là une certaine classe...
Et puis, c'est confortable, pratique, et je me moque un peu des
dessous de la femme qui pourrait alors m'accompagner : si elle doit
les garder, autant qu'elle les trouve confortables, cela favorisera
sa détente et sa bonne humeur, sinon, comme de toutes façons c'est
pour les enlever... Comme disait si bien une publicité d'autrefois :
"L'important, c'est ce qu'il y a dans la boîte".
@ Latis : Tout le
monde aime être gâté, je comprends fort bien cette aspiration,
mais aujourd'hui, je gagne moins qu'une femme dans les mêmes
conditions. Alors pour le restaurant, faut se le faire payer par des
copines riches, parce qu'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent
du beurre, le même salaire et le restaurant offert : l'égalité est
passée par là. Normal ! Par contre, je pense que beaucoup de
personnes, homme ou femme, est capable d'attentions et d'écoute, et
que cet investissement personnel pour essayer de prendre soin des
personnes qui nous entourent (on fait ce qu'on peut...) n'a pas de
prix. Je pense que dans ces soirées, c'est ce qu'Isabelle vit quand
"Monsieur râle un peu pour la forme pendant qu’il met la
jolie cravate que je lui ai offerte express pour la sortie." et
qu'elle-même s'oblige à ne pas faire "grève de certains
sous-vêtements qui servent plus au plaisir de ses yeux qu’à mon
confort." Jolies preuves d'estime et d'amour...
Merci encore à
Isabelle de m'avoir permis de pourfendre quelques conventions que je
ne trouve pas frappées du sceau de l'intelligence. Si quelques
personnes peuvent en profiter pour nourrir leur réflexion, mais la
leur, personnelle...
J'avoue que je ne comprends pas très
bien: Isabelle nous parle ici de fantasmes, pas de lutte pour
l'égalité des sexes. Si elle aime les cravates, et les cheveux
courts, ainsi que les joues glabres (d'ailleurs, moi aussi, ça
enlève quelques années à Simon... Mais l'avantage des blonds avec
une pilosité peu développée c'est que deux-trois jours après
rasage il n'y a pas grande différence avec le premier jour), il n'y
a pas lieu de vouloir la changer: c'est son goût, son plaisir, et
les opinions féministes, ou même la logique, n'ont pas grand chose
à voir là dedans.
Pour résumer: chaque homme est libre de
porter la barbe, des pulls en jacquard et du mascara si ça lui
chante, tant qu'on oblige pas les femmes à aimer ça malgré
elles.
Le féminisme ne doit jamais enlever aux femmes leur
liberté de choisir, et d'exprimer leurs fantasmes librement. J'aime
Simon avec des cheveux longs, et une veste. Je n'en fais ni une lutte
pour l'androgynie, ni pour les conventions vestimentaires.
Sans oublier le bon sens de Latis
qui me va droit au cœur
Ah ben voilà. Je me demandais si
j'étais tout-à-coup devenue une femme rétrograde, voire vénale du
coup... Merci Constance.
Féminisme et égalité des sexes, c'est
une chose. On peut malgré tout apprécier la galanterie sans pour
autant être considérée comme enfermée dans des convention
rétrogrades.
Ajoutons à cela que, féminisme et égalité ou
pas, rares sont les hommes qui ne nous préfèrent pas féminines,
épilées, parfumées et ayant passé deux heure de plus qu'à
l'ordinaire dans la salle de bain... Si on pousse la logique
féministe au paroxysme, on peut faire comme les hommes aussi alors
("vite une douche et un caleçon propre... Ah, zut! J'en ai
plus... Bof Pas grave, elle verra pas!")
Alors oui, je peux
inviter mes amis au resto, aimer être avec des fauchés réguliers
et ne pas m'en offusquer.
Et pourtant, ça reste un plus un homme
classe, qui vous ouvre la porte, vous invite et vous transforme en
princesse...