mardi 4 décembre 2012

231 Père fouettard 3


Tu m'offres un martinet, chéri ?


C'est bientôt la Saint Nicolas, isabelle ! Il t'en portera un.

Impossible de faire le tour complet de la thématique du père fouettard sans un chapitre consacré au martinet. Comme il sait se montrer terriblement romantique mon homme. Au lieu de me proposer un tue-l'amour comme une virée dans un magasin spécialisé qui regorge de véritables instruments de torture, il fait appel à la gamine en moi et à son émerveillement pour les veilles traditions. Et le modeste objet en question qui a causé jadis tant de traumatismes d'enfance, se révèle ainsi sur un niveau d'adulte comme une source de grande excitation. Le fait d'imaginer de le découvrir alors dans mon bas nylon, grande fille oblige, au petit matin de la saint Nicolas, me provoque une sorte de régression joyeuse, boostée par les avantages d'un corps d'adulte. Régression si différente de la vraie enfance et qui dote par la même occasion le père fouettard d'une toute autre signification.

Ce bout de bois avec ses lanières qui pendouillent mollement, m'évoque ce qui pendouille sous le caleçon de mon homme. Mais il faut goûter aux deux, dans des conditions appropriées pour s'apercevoir de leurs effets si distincts. Une séance de martinet bien sentie peut satisfaire mes tensions pré-génitales, calmer un état de nervosité hystérique qui désigne pour moi un ensemble de comportements qui cherchent des limites par une punition corporelle. Et répondre en même temps à certaines « originalités » de l'affectivité comme un besoin de sécurité ou de se sentir petite, ouvrir la porte a un climat de domination et de soumission, provoquer un lâcher prise, une « téléportation » dans le « subspace », instaurer un rapport d'autorité, un déchaînement des pulsions que l'on se défend habituellement etc. Bref les possibilités dépendent des personnes et des circonstances. Avec un élément en commun pour une telle transposition et certainement non-négligeable à mes yeux : La douleur.

Comme moi, mon homme possède le sens de la fête. Que cela soit familial ou traditionnel, nous sommes toujours partants. Et notre année est rythmée par ces jours exceptionnels. Tous ne se prêtent pas pour rendre hommage à la fessée. Par contre d'autres semblent être spécialement créés pour. Comme Pâques et ses rites de fertilité qui mettent en relief la fessée préliminaire... en vu d'améliorer la reproduction humaine. La saint Nicolas de son côté me parait particulièrement riche en traditions pour évoquer la punition des fautes accumulées au fil de l'année. Il n'est donc pas un hasard que Saint Nicolas « récompense » le vilaines filles par un martinet dans la chaussette.

C'est d'ailleurs en cette saison que nous avons acheté notre premier martinet, il y a quatorze ans. Un peu au hasard, dans le supermarché du coin, avec des lanières carrées dans un cuir épais ayant l'air solide, mais qui filoche très vite à l'usage. Pour l'inauguration nous n'avons pas attendu la saint Nicolas. Monsieur avait envie de se faire une idée tout de suite sur la qualité de notre achat et ..moi aussi. Alors à la maison nous avons appliqué un petit cérémoniel, moi toute nue, penchée sur un confortable accoudoir d'un canapé chesterfiel qui était aussi un achat en commun. J'ai reçu une très belle fessée et je me suis levée avec le feux au derrière. Conquis tous les deux, c'est devenu notre instrument fétiche.

A cette époque le martinet était un objet facilement trouvable dans les campagnes du grand sud-ouest.. En supermarché, jardinerie, quincaillerie, boutiques de farces et attrapées et foir'fouilles. Pour en acheter un, il faillait prendre son temps car parfois aucun modèle ressemblait à un autre. Faits visiblement avec des restes de cuir, c'était un peu du n'importe quoi concernant les lanières. Mais en regardant bien, on pouvait trouver la perle rare. Il suffisait aussi parfois de demander dans les quincailleries s'il n'avaient pas d'autres modèles dans leur réserve. Il arrivait de tomber sur des invendus plus anciens et plus solides. Il est également possible d'en faire un soi-même. Pour ceux qui ne savent ou ne veulent pas bricoler, il y a aussi possibilité de faire appel à un cordonniers. Le travail rendu est excellent et cela permet de choisir par avance la qualité et la couleur du cuir. Ce n'est pas plus cher qu'une boutique spécialisée et cela fait travailler le commerce de proximité. De toute façon tout le monde imagine un emploi récréatif. Personne ne pense aux vraies punitions. Puis au début de notre vie commune, vu ma coupe de cheveux très garçonne on me prenait facilement pour celle qui tient le manche. Ceci dit le registre achat en commun est bien différent de l'émotion d'une véritable mise en scène digne des coutumes anciennes. Alors pour ma part aussi, j'ai pris mes devants pour notre première saint Nicolas en couple!


10 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle. J'ai goûté au martinet pour la première fois de ma vie il y a quelques mois (du moins il me semble, si je l'ai reçu enfant je n'en ai aucun souvenir). C'était un achat fait à la va-vite dans une jardinerie car j'en avais été prévenue qu'au dernier moment, donc je n'ai pas vraiment pu choisir l'instrument en question. Et bien, je dois dire que son utilisation m'a laissé un sentiment très mitigé. Il y a d'abord le bruit de la claque sur les fesses, et puis la douleur ne vient qu'après, un peu comme des petites bulles de champagne qui, de l'intérieur, remontent à la surface des fesses. Ça m'a donné un peu l'impression d'un feu d'artifice, d'abord on entend le bruit de l'explosion et puis après seulement la boule de feu apparaît et croît... Du coup, comme je n'arrivais pas à faire le lien entre ce que j'entendais et ce que je ressentais, j'avoue que mon cerveau a un peu décroché... et mon partenaire s'est plaint que je n'étais plus vraiment avec lui (ce qui était vrai, je l'avoue).
    Bon, il ne faut pas tirer généralité d'un seule expérience mais je n'ai pas été emballée par cette première. Ressentez-vous, vous aussi, ce genre de sensations avec le martinet? Si non, cela vient peut-être du fait que ce n'était pas un instrument de bonne qualité? Peut-être qu'un jour je réessaierai avec un instrument de meilleur qualité, ou un fait comme le préconise Waldo bien que je ne sois pas du tout bricoleuse... et que je n'habite pas à proximité d'un BHV (il n'y en a que pour les parisiens dans ce bas monde!) :)

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    1. Bonsoir Amandine

      Les martinets que l'on trouve encore en commerce traditionnel sont selon mes sources d'origine chinoise. Je n'en ai vu qu'une seule fois, il y a quelques semaines chez Babou et la qualité était déplorable. Ceci dit en lisant votre joli description de l'effet, il me semble que vous n’êtes pas trop mal tombée.

      Le martinet est un instrument conçu pour...effrayer, impressionner avant tout et qui fait plus de bruit que des dégât. Il sert à punir modérément. Ce qui était le but dans le temps. N'oublions pas qu'il était destiné aux enfants, ce qui veut tout dire.

      Par contre il existe des martinets avec un effet assez direct. Il y a la redoutable version allemande :

      http://www.mchurt.eu/product_info.php/language/de/info/p674_Beating_Whip_Seven_Stripes.html

      A manier avec la plus grande prudence. Aucun risque de s'évader dans des rêveries...là on y est dans l'instant même !

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    2. Oh non, je ne voudrais pas du modèle allemand... Le modèle français me suffit amplement car effectivement son effet dissuasif est très efficace (je ne sais pas trop pourquoi, puisqu'en fait il ne fait pas vraiment mal tant qu'il n'est appliqué que sur les fesses. Je suppose que c'est culturel...)

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    3. Je pense que vous supposez juste. Je me souviens d'un d'un comparatif entre différents instruments dans différents pays. Si je me souviens bien les anglais craignaient moins la cane et jugeaient le martinet particulièrement douloureux. Ayant reçu la cane selon les coutumes allemandes à l'age adulte, je dirais que cela impressionne aussi plus que cela cause de la douleur. mais quand j'ai vu des clips sur le net, là j'ai eu peur....

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  2. Je suis une ignare complète en matière de martinet... Je ne suis même pas sûre d'en avoir déjà juste touché un... Ou même vu un "en vrai".
    Par contre, j'apprends grâce à vous qu'on fête saint Nicolas aussi en France. J'en suis stupéfaite car je pensais que seul père Noël avait sa place... Ou alors c'est vous i avez importé la tradition?

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    1. Dans la région en France où j'habitais dans le temps et où j'habite actuellement cela ne se fête pas.Il s'agit donc d'une importation personnelle. Par contre je crois que les grands fiefs du Saint Nicolas en France se situent dans le Nord et dans l’Alsace.

      Ceci dit, il ne me semble pas une d'une grande importance de ne pas connaître le martinet...

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    2. En fait, la Saint-Nicolas est également fêtée en Lorraine. Je pense qu'autrefois elle devait l'être aussi en Franche Comté, car mon père, originaire de cette région, nous menaçait souvent du père fouettard. Mais comme il ne nous a jamais expliqué la tradition, je pensais que c'était un être autonome qui pouvait venir n'importe quand, quand on n'était pas sage... :)

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    3. Tiens, cela me rappelle mon enfance. Il m'arrivait d'être menacée (non pas par mes parents, mais par des voisins ou amis) d'une sorte de père fouettard sans rapport avec la saint Nicolas. J'ai appris plus tard moi aussi le lien.

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  3. Il y a une dizaine d'années, on trouvait des martinets dans les supermarchés, jardineries etc. au rayons "animaux". Ensuite, des campagnes d'associations de protection de l'enfance les en ont largement chassés; je suis surpris que vous ayez pu en trouver, Amandine. Heureusement, cela ne s'use pas tant que ça!

    Le martinet donne un style de fessée moins direct que la main ou même le paddle sur les genoux: on adopte généralement une pose séparant les partenaires. C'est moins sensuel. En revanche, ça a une indéniable aura de punition pour garnement... et c'est un instrument qui, contrairement aux brosses, paddle en bois etc., ne va pas donner de bleus. Peut-être devrions-nous acquérir un paddle en cuir, mais nous aimons les instruments de correction traditionnels (martinet) ou "pervertibles" d'usage familial (pantoufle, brosse etc.) plutôt que les objets de sex-shop.

    @Latis: Du temps de mon enfance, cet objet était d'usage assez courant. Mes parents ne l'utilisaient pas, mais je connaissais des enfants qui le recevaient...

    Mon épouse ne connaissait pas avant de venir en France mais a été vite convaincue, tant pour donner que pour recevoir: c'est un fouet, mais ça n'a ni la connotation SM ni les risques d'un vrai fouet.

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  4. Ma foi, je trouve que le martinet s'use bien vite quand on se sert du modèle avec lanières quelque peu veloutes. Cela filoche au bout d'un dizaine de fessées. D'où à un certain moment notre frénésie d'achat.

    Comme vous, je préfère le traditionnel et même notre paddle ne provient pas d'un commerce spécialisé, mais est une création sur mesuré fait par un cordonnier. Cela me semble le seul moyen pour trouver un compromis idéal entre douleur punitive et dégâts. Nous ne cherchons pas de marques spectaculaires... Nous aimons le "bon enfant" et ne pas ce qui évoque la maltraitance.

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