jeudi 10 mai 2012

65 Les quatre visages du besoin de punition 2


Quand j’étais encore célibataire, il m’arrivait d’éprouver un…

2 Besoin de punition à la suite de certaines de mes actions

C’est une constellation dont l’existence se vérifie facilement au quotidien. Souvent cela reste à l’état de fantasme et c’est précisément le sujet de ce label : L’émergence de mes fantasmes et ensuite mes premiers tentatives pour les réaliser. Ce qui distingue ce label de la genèse de mon fantasme au fil de mon enfance et adolescence, ce sont les éléments concernant la vie quotidienne d’adulte qui font surface et essayent de s’intégrer dans mon monde imaginaire.

Soyons clair. Recevoir une fessée n’est pas chez tout le monde une folle envie pour se faire plaisir à soi et/ou à son partenaire. Certes, il y a des personnes qui s’enchantent autour d’un claquant tapage « fessieresque » pour le fun, mais cela me semble plutôt réservé à une minorité.

Personnellement je ne vois pas dans la pratique de la fessée récréative l’aboutissement d’un développement psychique autour d’un fantasme, mais seulement une modification comme une autre.

Pour le commun des rêveurs autour de cette pratique cela se passe peut-être tout autrement. Dans le sens, j’ai fais une bourde/un mauvais pas/quelque chose que je n’aurais pas dû faire et cela me ronge sacrement. (A mon avis, il importe peu si le faux pas est inventé de A à Z ou pas ; nous sommes sur un terrain de fantasmes ; n’oublions pas)

Ah, si au lieu d’assumer « dignement comme il se doit pour un adulte responsable », je pourrais me libérer de ce fardeau…par une bonne fessée pour me sentir mieux dans ma peau. Et en plus l’idée de payer ma faute de cette manière me procure des frissons dans ma petite culotte.

La gamme d’événements concrets ou inventés est vaste et dépend des personnes : Etre en colère contre soi-même parce qu’on n’a pas agit comme il le fallait. Parce qu’on se fait avoir. Parce qu’on se fait bouffer tout cru. Parce qu’on a été odieux, méchant, insolent avec autrui et on le regrette amèrement.  Parce que, parce que… Et ceci sans être trop sévère ou pointilleux avec soi-même. Seulement en restant proche du bon sens qui passe en revue nos propres actes.

De manière générale, penser à la fessée dans des telles situations me semble plutôt rare. Admettons ! Mais ce qui n’est pas rare sont les personnes se sentant rongées par une situation.

Et pourquoi les autres stratagèmes pour y remédier seraient plus légitimes que le besoin de recevoir la fessée ?

Voila à quoi je pensais étant jeune célibataire. Je me voyais mal noyer mon stress dans l’alcool, dans une recherche frénétique de partenaire ou de plaisirs physiques, dans des sports extrêmes, dans le yoga ou dans la métaphysique.

C’est à ce stade-là qu’apparut la question de la mauvaise conscience de fantasmer sur une issue de conflit interne non admise par notre société, sur l’éthique induite par le « réflexe fessée ». Sujet trop vaste pour l’aborder dans le cadre de cette série de réflexions.

Voila donc pour conclure ce chapitre :

Ce que je trouve personnellement regrettable n’est pas le fait d’imaginer « d’effacer sa faute » par la fessée, mais d’être obligée de sortir une histoire de « plaisir récréatif » pour ne pas passer pour une demeurée.


2 commentaires:

  1. Chère Isabelle,
    J'aime beaucoup votre franchise mais... je ne fonctionne pas du tout comme vous - à moins que je ne vous aie pas bien suivi. Avec une grande expérience dans la matière de se ronger (Constance en sait quelque chose), souvent de façon exagéré (je passe toujours pour être perfectionniste, pourtant je suis plus vivable aujourd'hui. A dix ans, je ne me pardonnais rien), je n'ai jamais pensé à la fessée pour m'en libérer. C'est dans ces moments-là que mon fantasme s'éloigne au point de me paraître incompréhensible à moi-même. C'est peut-être un symptôme du refoulement, mais je n'ai envie de recevoir la fessée que quand tout va bien. Si je m'en veux, je peux être autodestructeur, mais pas soumis: rien ne bloque mon fantasme autant que la culpabilité. Et - ce n'est pas pour faire "adulte responsable", je n'ai jamais compris en quoi avoir été puni enlèverait la culpabilité d'une faute faite. Je sais, je n'ai pas un sens de la justice très développé...

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  2. Cher Simon

    Merci pour avoir exposé votre point de vue qui me parait – bien que différent du mien- fort intéressant.

    Vous dites : « Je n'ai jamais compris en quoi avoir été puni enlèverait la culpabilité d'une faute faite »

    D’abord, pour ma part je ne crois pas que tous ce qui concerne la culpabilité puisse se comprendre rationnellement.

    Vous me semblez trop exigeant avec vous-même et si j’ai bien lu pour ma part vos publications, il y a quelque part une quête d’un certain absolu chez vous. Pour reprendre un mot de Constance, votre « bourreau » perso ne me semble pas de tout repos.

    Personnellement je vois les choses de la manière suivante : Quand j’étais encore célibataire mon bourreau perso était bien plus sévère que maintenant. Le changement est intervenu par le fait que mon homme s’est chargé de devenir la partie extériorisée de ce « bourreau »…

    Ce n’est donc pas la punition proprement dit qui enlève la faute ou la culpabilité de la faute à mon avis, mais la qualité de la relation…

    Peut-être ceci éclaire un peu plus mon point de vue : Le psychanalyste Théodor Reik parle quelque part de la connexion entre un besoin de punition en tant que phénomène affectif et le châtiment en tant que réalité sociale.

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