mercredi 15 août 2012

147 Mercredi de mes lecteurs (2éme édition)

Voici un autre joli texte de Main leste. Troisième et dernier volet de la trilogie : « DU REEL A L'IMAGINAIRE ». J'aime cette façon originale de s 'approcher du sujet.


DU REEL A L'IMAGINAIRE (Par Main leste)

Trois scènes, liées à la fessée, dont j'ai été réellement le témoin au cours de ma vie (seuls les noms et quelques détails ont été changés, pour préserver l'anonymat des protagonistes). Trois scènes qui m'ont troublé, ont titillé mon imagination, car avant ou après, il s'est sûrement passé quelque chose...

Martinet voyageur.


    De visite chez un couple d'amis, Alain et Véronique, dans leur maison à la mer, je remarquai un martinet, négligemment posé sur un tas de bois près de la cheminée. Un martinet à l'ancienne, au manche non pas jaune mais brun, et avec des lanières d'un cuir qui ne devait avoir rien à voir avec le quasi-velours ou le semi-plastique de beaucoup de leurs homologues modernes (et devenus de toute façon maintenant si difficiles à trouver, hélas...). Sachant que leurs enfants étaient grands (et espérant bien qu'ils n'en auraient pas usé à leurs dépens même s'ils avaient été petits) et qu'ils n'avaient pas de chien, je lançais à mes hôtes un regard interrogateur. "C'est un martinet que nous avons retrouvé dans le grenier de mes grands-parents", me répondit Alain, sans la moindre gêne mais sans plus d'explication. Ce martinet allait longtemps hanter mon esprit...

    Hélas, peu après,  Véronique disparut dans un accident de voiture. Revenant voir Alain dans sa résidence secondaire, il me fit visiter, ainsi qu'à d'autres amis, une petite maison annexe, où sa fille unique, jeune mariée, demeurait avec son mari quand ils venaient lui rendre visite. Et là, sur une table, de nouveau le même martinet.... Et Alain répéta la même explication que la fois précédente. Une explication bien sommaire, et qui laissait la place à bien des interprétations....



    Ils ont enfin fini de vider la maison des grands-parents d'Alain, récemment décédés, et après cette épreuve toujours difficile, vont enfin profiter d'un week-end dans leur villa à la mer. "Sors un peu notre trouvaille", dit-il à Véronique. Celle-ci sort le martinet du sac, et avant de le donner à son mari, le soupèse, empoigne le manche, caresse les lanières. Alain  lui administre régulièrement la fessée, à son grand plaisir, mais elle n'a jamais tâté d'un tel instrument. Là, pas besoin d'être grand clerc pour deviner que cela va être le cas. "Bon, tu me le donnes", redemande Alain d'un ton impatient. Elle le lui tend. "Il n'y a pas à dire, les anciens savaient fabriquer de beaux objets", constate-t-il pensif. "Bon, un petit retour vers le passé de mes ancêtres te fera le plus grand bien. Retourne toi, les mains sur le haut de la cheminée !", lui ordonne-t-il. Véronique s'exécute, Alain se met derrière elle, dégrafe le bouton de son pantalon qui tombe à ses pieds. Il dénude brusquement son postérieur et le gratifie d'une bonne claque, qui lui arrache un "aie !", précurseur de beaucoup d'autres. "Bien cambrée", commande-t-il.
     Alain caresse ses courbes avec les lanières, la faisant frissonner. Puis il lève le martinet, et l'abat sur les deux globes offerts à lui. "Ouille !", crie Véronique, qui sait varier les onomatopées. Mal assuré au départ, Alain comprend vite que ce sont le bout des lanières qui font mal, et qu'il faut savoir varier les coups pour que toute la surface corrigée soit touchée. Il sait aussi, car il l'a lu dans les livres qui traitent de son fantasme préféré, qu'il faut éviter qu'une lanière isolée ne fasse des siennes, ou que des parties sensibles soient touchés. Il est prudent, mais sévère, impitoyable même. Véronique crie et pleure, se trémousse sous le fouet, mais il n'en a cure : tant qu'elle ne dit pas "pouce", il sait combien elle apprécie ce rude traitement.



      "C'est fini". Depuis des semaines, Alain se répète en boucle ce mail qu'il a envoyé à tous ses amis lorsque Véronique est morte. Pour la première fois depuis qu'elle est partie, il revient dans leur résidence secondaire. Son regard tombe sur le martinet, et, lui, d'habitude si fort, s'effondre devant ce témoin de leurs cinglants mais tendres ébats. Il est tenté de le jeter, puis décide de le laisser là où il est. 
       Quelques temps plus tard, Alain, qui reçoit sa fille et son gendre, s'aperçoit que le martinet a disparu de la grande salle où trône la cheminée. Il le cherche partout, puis mû par une impulsion subite, se glisse dans la petite maison pendant que le jeune couple est allé se promener. Et là, il découvre l'instrument. La surprise, la gêne d'être indiscret sont ses premières réactions. Il se demande aussi si sa fille, en apparence décidée ou autoritaire, se trouve du côté du manche ou des lanières... Puis, un sentiment d'allégresse le saisit. Ainsi, donc le gout de la fessée se transmet de génération en génération ! La fessée fait la nique à la mort ! Il quitte la petite chaumière, avec le sentiment, pour la première fois depuis la disparition de Véronique, qu'il pourra retrouver un jour goût à la vie.


Pour contacter l'auteur : vincentflaneur@yahoo.fr


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