lundi 23 juin 2014

536 A la recherche d'une discipline à l'ancienne

Quelques précisions sur mes attentes

Quand j'ai été jeune célibataire, j'aurais hautement apprécié un ami paternel ou une amie maternelle avec compréhension pour mon besoin de punition. Le sexe de la personne m'importait peu, à condition d'une différence d'âge plausible et une compatibilité de personnalités. J'imaginai une personne convaincue du bienfait et non du bien-fondé des méthodes à l'ancienne quand il y a un terrain favorable et consentant, s'exprimant par une simple phrase :

Après une bonne fessée tu te sentiras mieux dans ta peau, isabelle !

Une personne avec une conception positive de la discipline, chose rare déjà, il y a une vingtaine d'années. Qui sait démêler les (fantasmes d') ambitions personnelles d'un fantasme érotique qui sont toutefois liés par un hasard de la nature. Ce qui donne une mise en application ne manquant pas d'éléments ambiguës et troublants, autant pour celui qui punit que pour celle qui se fait rappeler à l'ordre. Un « incorruptible » adepte donc, malgré une tentation de la chair qui est de taille, d'une discipline constructive, sérieuse et surtout chaste, en évitant soigneusement tout attouchement réservé aux contextes ludiques. Une discipline que l'on pourrait appeler, vue le champ de son application, Bienveillante, tutélaire ou respectivement quasi paternelle ou quasi maternelle. Pour ce, il faut une personne sachant justement, peut-être par expérience personnelle, ce que c'est un besoin de punition et comment il faut agir pour le calmer. Une personne qui sait se mettre à ma place quand je me sens très mécontente de moi. Quand je me sens misérable à cause de certaines actions dont je ne suis pas fière. Quand je suis piquée par la petite bête et je me sens obligée « d'emmerder » mon entourage. Quand je me sens en attente d'une délivrance d'un état d'âme fort pénible.

En gros quand je me sens coupable selon ma propre « législation intérieure » d'une de ces petites choses que plus personne ne punit de nos jours.

Ni l'église, ni le psy, ni la morale, ni la législation officielle. De quoi se sentir vraiment abandonné avec son besoin de punition ! Donc bonheur inouï de tomber sur la perle rare qui prend au sérieux les mille et une « fautes » qui me gâchent ma vie et qui m'en tient pour responsable au nom d'une loi interne partagée, s'exprimant sous forme approbation de ce que je ressens :

Oui, tu mérites vraiment une fessée, isabelle !

Voila aussi simple que cela. Sans passer par la case jeu de soumission (oui maître, je vous appartiens maître !), jeu de rôle (tu sais ce que méritent les vilaines fille comme toi ? Euh, une fessée Monsieur le proviseur ?) ou un pelotage vicieux d'un maître fesseur qui souhaite me montrer l'orgasme de ma vie. Ou encore le rendez-vous en chambre d'hôtel avec sa petite touche de couple illégitime qui va se livrer aux galipettes déchaînées, induites par la fessée. Je ne dis pas que ces situations manquent de charme. Je ne dis pas non plus que cela ne puisse pas me tenter de temps en temps. Mais quand s'est mon besoin de punition qui réclame son dû, ce genre de scénario reste à côté de mes besoins, car je ne me sens pas d'humeur de jouer justement. Et ce que j’attends, une fois le tour de mes états d'âme fait, une fois mon mea culpa verbalisé dans le moindre détail, c'est une vraie punition. Une qui fait mal, mais qui reste sans abus. Comme au bon vieux temps quand on savait faire la distinction entre une punition éducative « bon enfant » et un acte de maltraitance...

8 commentaires:

  1. Chère Isabelle, de post en post vous affinez cette espace mystérieux de vos désirs à la croisée du privé et du public, du sérieux et de l'imaginaire, du "pour de vrai" et du jeu.
    Tout est résumé par votre phrase, l'une des plus pertinentes que j'ai lu sur la question : " En gros quand je me sens coupable selon ma propre « législation intérieure » d'une de ces petites choses que plus personne ne punit de nos jours. Ni l'église, ni le psy, ni la morale, ni la législation officielle. De quoi se sentir vraiment abandonné avec son besoin de punition !"
    Pour ceux qui sont de l'autre coté de la fessée, la recherche est difficile. Il faut tester par des petites phrases sans trop se dévoiler, sans être aussi trop "mal vu", trop réac etc.
    Il y a 20 ans lors d'un déjeuner avec deux amies j'avais menacée l'une d'elle de façon totalement gratuite et incongrue d'une fessée déculottée. Sa consternation était totale mais j'ai cru voir un léger trouble chez l'autre. Quelques temps plus tard lors d'une discussion cette dernière fit allusion à des punitions à l'école : l'hameçon que j'avais lancé avait attrapé, pas la personne prévue mais je pouvais continuer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ces compliments qui me vont droit au cœur Bertrand !
      La place du monsieur qui se sent une âme « d'éducateur » n'est pas facile.
      Effectivement le risque d'être mal interprété est grand. Votre démarche me semble bonne, lancer un appât, puis de la patience. Personnellement rien ne m'agace plus qu'un monsieur pressé ou pire encore un qui essaye de me faire de la pression. Par contre une perche joliment tendue qui me laisse largement le temps de réfléchir, n'était pas pour me déplaire quand j'étais encore célibataire.

      Supprimer
  2. Vos réflexions rejoignent totalement le coaching privé directif tel que je le pratique dont l’objectif est de répondre à un pur besoin de discipline et de punition physique, de « cadrage » en quelque sorte, qui est un besoin tout a fait naturel pour certains mais que l’ordre social considère comme déviant ou relevant de l’érotisme. Il n’y a aucune ambigüité avec mes coachées quand je les fesse car nous sommes uniquement dans un rapport de coaching et non dans un rapport de séduction ou de sexualité. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas, dans la relation entre deux adultes de sexe différents, un certain plaisir à fesser pour moi, une excitation à l’être pour la coachée, ni un jeu sur la perte momentanée du droit à la pudeur, mais il n’y aucun doute sur la relation pédagogique dont la « fessée déculottée » est un instrument et non un but.

    Ce n’est pas un jeu de rôle non plus car la coachée a manifesté un véritable besoin de discipline et l’assume en toute lucidité. Il n’y a donc aucun prétexte à la correction mais une démarche qui conduit a des progrès chez la coachée et une véritable satisfaction, même si les punitions sont cuisantes et humiliantes par nature. La coachée y trouve l’aide voire la libération que, comme le dit Isabelle, ni la loi, ni le psy, ni l’église ne lui apporte pour certaines choses et de cette façon là. En dehors des progrès que l’on peut faire dans son comportement, Il est extrêmement structurant de pouvoir assumer et se mettre en règle avec soi-même par le châtiment corporel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis entièrement d'accord avec vos réflexions et votre façon de concevoir le coaching, Monsieur Doumik. Le but c'est d'apporter quelque chose de concret et profitable à la personne coachée sans fermer hypocritement les yeux sur les troubles annexes et parfaitement compréhensibles humainement. Que ce soit pour l'un ou pour l'autre. Je suis d'ailleurs convaincue que l’alchimie de la discipline que ce soit en couple ou par le coaching vit d'une sublimation de l’énergie à sa base sexuelle dans le sens de la rendre utilisable pour les activités personnelles et sociaux. Il se peut aussi par exemple que cette énergie soit bloquée, sorte d'inhibition qui cause inactivité et procrastination et qui se débloque par l'emploi de la fessée. J'ai un brouillon à ce sujet, mais il me manque encore de la documentation pour en faire un post bien construit...

      Supprimer
  3. Bonjour Isabelle,

    En lisant votre post 530, j’avais alors eu envie de faire ressortir ce en quoi il me semble que nous pouvons être assez différentes l’une de l’autre ! C’est pourquoi je n’ai pas été étonnée par votre présent billet. Néanmoins, , et pour employer une expression courante même si elle n’est pas très élégante, je me suis sentie un peu « interpellée » lorsque vous écrivez « Sans passer par la case jeu de soumission (oui maître, je vous appartiens
    maître !), jeu de rôle…. ».

    C’est surtout le mot « soumission » qui me met mal à l’aise comme si un glissement interprétatif dans un contexte « BDSM » devrait devenir prépondérant, ce qui me semble restrictif et erroné. Tout ceci me fait me souvenir de notre préparation au mariage qui nous fut dispensée par un prêtre assez âgé, un cousin éloigné de mon beau-père. Se basant sur les épitres de Paul aux éphésiens (si je ne me trompe !) pour développer nos devoirs respectifs, il commença par m’enseigner cette injonction : « Femmes, soyez soumises à vos maris, car le mari est le chef de la femme », en lui donnant clairement le sens que lui donne mon dictionnaire, à savoir l’acceptation d’une autorité intellectuelle et morale. C’était le cas plus qu’évident et normal lorsque jeune secrétaire, il m’embaucha ! Et cela me parut, et surtout me paraît naturel pour la vie d’épouse à laquelle j’aspirais. J’étais sa collaboratrice au travail, je le suis devenue dans la vie, collaboratrice ne signifiant pas esclave même s’il m’appartient d’obéir, ce qui n’interdit pas de savoir proposer et prendre des initiatives à l’occasion.

    Mais de cette préparation, je me souviens aussi combien ce vieux prêtre insista longuement avec lui sur les devoirs du mari, d’aimer sa femme (comme son propre corps !) et de savoir souvent le lui montrer, de faire passer son intérêt avant le sien, de l’honorer et savoir la mettre en valeur, de toujours la protéger jusqu’à se sacrifier s’il le faut, et de ne pas exercer une autorité arbitraire mais une autorité à la fois douce, claire et compréhensive avec des concessions mutuelles pour être le guide solide accepté sans réserve sur lequel je pourrais m’appuyer. Cette autorité comportait elle selon le prêtre le pouvoir pour mon mari de me sanctionner ? Cela nous parut à tous deux clairement induit ! Je me suis souvent demandée s’il n’avait pas deviné ou savait que tel était déjà le cas ….

    Lors de son homélie pendant la bénédiction, il rappela cette expression du Cantique des Cantiques « Je suis à mon bien aimé et mon bien aimé est à moi ».

    Alors, Isabelle, voici pourquoi j’accepte sans réserve que mon mari soit « mon Seigneur et Maître », comme il aime souvent le dire. C’est ce que je suis heureuse de vivre à plein temps, et non pas comme un jeu de rôle.

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Christine,

    je suis effectivement interprétative quant à l'emploi du mot soumission. Il n'en a pas été toujours comme cela. Comme beaucoup de personnes j'ai découvert en 2005 un blog anglais qui n'existe plus et qui s’appelait « Loving domestic disciplin ». Il présentait une habile construction de la discipline domestique autour de la soumission de la dame. L'auteur publia quelques bon articles justement pour montrer que la DD n'est pas une pratique du BDSM et que le terme de soumission n'est pas à confondre avec son emploi dans le BDSM. Il expliqua également que le besoin de soumission serait naturel chez les dames. Les argumentations étaient à mon goût trop pseudo scientifiques et quelque peu proche d'un mysticisme. Pour ma part, mes recherches en littérature laissent effectivement supposer à l'égal du besoin de punition un besoin de soumission chez certaines dames. Sans que cela soit une généralité. Nous sommes donc comme pour le besoin de punition dans des dispositions strictement individuelles. Pour finir l'anecdote sur cet auteur, en le suivant pendant quelques années, ses belles théories se sont transformées peu à peu en un prosélytisme du BDSM prenant des formes dangereuses pour la dame. D'où ma méfiance pour le terme soumission dans la thématique de mon blog.

    Votre citation de l’apôtre Paul fait partie de l'argumentation de la discipline domestique chrétienne. Je n'ai jamais abordé ce sujet outre que par courtes paragraphes. Loin de moi d'argumenter pour ou contre une croyance. De plus le christianisme véhicule de très belles valeurs à mes yeux. Par contre, personnellement je n'ai pas de sentiment religieux. Je vois le conseil de Paul donc surtout sur un niveau de sagesse humaine. Et je trouve, encore tout personnellement que cette sagesse semble convenir au contexte historique de son époque, mais me semble dépassé de nos jours. Pour moi le chef de la famille serait plutôt le plus qualifié des deux personnes. Et si je laisse la plupart des décisions à mon homme, c'est parce qu'il est plus compétant que moi concernant la vie pratique avec plus de perspicacité pour mener notre barque familiale au mieux. Par nos actes respectifs nous rentrons parfaitement dans l'optique de la sagesse transmise par votre prêtre, car j'y trouve du bon sens qui a fait ses preuves.

    Ce qui me plaît chez vous en fait, c'est l’absence de notion d'un jeu de rôle. Vous vivez quelque chose qui vous convient, ce n'est pas un jeu, vous vous donnez tels que vous êtes. Je vois les bases de ma DD de la même manière. Sans me sentir soumise pour autant.

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour Isabelle !

    Voilà un excellent Post comme vous en avez le secret. Les bonnes réflexions posées. Si nous conversons autour de notre fantasme favori, c'est que chacun/e d'entre nous est demandeur, des deux cotés...du manche.
    On a l'impression que ce sont toujours les femmes qui cèdent devant les désirs cuisants des hommes. La gent féminine est-elle plus enclin à recevoir la "discipline à l 'ancienne" que la gent masculine ? Il faut parfois replonger dans les souvenirs pour trouver le déclencheur de cette vibrante émotion.
    Le désir de punition qui sous-tend celui de la soumission est peut-être grandement motivé par la peur de perdre l'amour de la personne aimée.
    Et ce sentiment l' accompagne tout au long de la vie jusqu'à ce que ce désir soit comblé. Chassez le naturel... Bonne journée. Mac-Miche.

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Monsieur Mac-Miche,

    je pense que l'impression que ce soient majoritairement les dames qui cèdent vient du fait que l'on trouve en langue française peu de matériel sur le fantasme inverse. Quand je me fie à mes stats, il en ressort que mes peu de post à ce sujet sont énormément consultés. Ce que j'en retiens ? Peut-être que les messieurs qui rêvent de la discipline stricte de la part de leur dame ne s'en vantent pas. Que l'inversion se passe en toute discrétion. Que ce n'est peut-être pas si difficile de convaincre sa dame de se montrer sévère quand il le faut.

    Je ne dirais pas que le besoin de punition sous-entend systématiquement soumission, mais quelque chose qui serait la prolongation de la dépendance matérielle et affective qu'éprouvait jadis le petit enfant que nous avons été. En ce sens la piste de la perte de l'amour me semble plus que sérieuse...

    RépondreSupprimer