dimanche 24 mars 2013

306 La fessée au cinéma (#2)


J'ignore quelle mésaventure amène la jolie dame devant un étonnant choix !


(Extrait du film : Brunette Bombshell ; série : Bat Masterson ; 1959)

Et ce ne sont pas de paroles en l’air comme confirme le décor, puis l’action. Le suspense monte par une discussion entre les deux messieurs qui encadrent la dame et qui font même semblant d'ignorer cette dernière. Un joli jeu de regards et de mains pour essayer de cacher son inquiétude concernant son sort. Finissant sur une réplique de plus classique :

Qu'est-ce que vous allez me faire ?

Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps !

Cette petite fessée punitive se passe dans un consentement étrange. La dame n’est pas vraiment enthousiasmée et quelque peu hésitante, mais elle préfère une correction au lieu d’aller en prison. Il me semble qu’un des non-dits les plus importants de la fessée narrative qui se veut vraie concerne une solution de moindre mal. Ou alternativement éviter le pire. Après une mise en évidence et il faut affronter les conséquences :

Une fessée ou….

Le nombre de fantasmes rentrant dans cette catégorie est considérable. La secrétaire qui a commis une faute professionnelle et qui risque le renvoi, la jeune dame qui a fumé en cachette qui risque de se trouver privée de sortie, la dame adultère qui risque le divorce etc. Et il suffit de lire les récits en ce sens, peu importe la langue pour se rendre compte à quel point cette situation plaît et inspire les plumes. Il en va de soi que ce genre de compromis ne correspond plus à notre époque actuelle (à ce demander d'ailleurs s'il correspondait à l'époque de narration) et nous sommes devant une situation qui ne peut s'accorder au politiquement correct. Mettre une dame devant un tel choix constitue un délit (au mieux) et il me semble prudent d’éviter toute allusion à ce genre de choix dans un contexte professionnel ou social.

Moi la première je n’apprécie pas du tout d’être menacée d’une fessée pour quoique ce soit par une personne qui ne m’est pas très, très familière. Et encore, il faut que la fessée soit annoncée sur un ton de plaisanterie pour que cela passe bien. Mais comme l'expérience prouve quand je suis « en mode social » cela ne m’arrive pas. Je ne dois pas avoir une tête pour recevoir des fessées. Mais plutôt une pour en donner. En « mode » privée c’est une autre chose. J'adore rire et même un humour un peu lourd peut me convenir à condition qu'il ne contienne pas de méchanceté.

Regardons maintenant un peu plus loin que les simples apparences. Pour vraiment bien comprendre ce qui motive les protagoniste, il est toujours intéressant de se poser la question quel est le fantasme qui se cache en arrière plan de la scène. Celui autour duquel véhicule l'histoire. Celui qui contient le vrai désir ! La fessée comme solution du moindre mal offre des perspectives intéressante. Et c’est aux messieurs de se poser des questions au cas où leur dame est friande de fessée aux allures réalistes en couple.

De quelle nature est « le pire » auquel la dame cherche à échapper par le biais de la fessée ?

Quelques pistes :

-Un manque d’attention, d’affectivité, de l’amour, de sécurité...

-Un manque d’aventure au quotidien...

-Le sentiment de ne pas être le centre unique, le nombril du monde pour son homme...

-Motiver un monsieur indécis de prendre les choses en main...

-L'ennui de rester sur sa faim pour certains fantasmes inavouables...

Liste non exhaustive…

23 commentaires:

  1. Il ne me paraît pas impossible que, disons, il y a un siècle, il y ait eu des jeunes gens ou jeunes femmes (majorité à 21 ans... et peut-être au delà pour les femmes?) placés devant l'alternative: soit on règle ça en privé (panpan cucul) soit on avertit les autorités. Peut-être pour des adolescent(e)s chapardeurs?

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    1. Cela me semble également possible. A un dégrée moindre je sais par témoignages crédibles que le choix entre privation de sorti et fessée se pratiquait encore dans les années 60 début années 70. Par contre je n'ai aucun témoignage qui implique les autorités. Il me semble que la fessée était surtout une affaire familiale.

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    2. Oui... le coup du prof ou du policier qui donne la fessée à la petite délinquante ou à l'effrontée, comme dans certaines BD (p.ex. la série des Liz & Beth( ou films (le fameux La Fessée) je n'y crois pas une seconde.. ou alors il y a eu sanctions disciplinaires ou pire derrière.

      En revanche, dans les familles, ou disons dans le voisinage familial, les choses me paraissent nettement plus possible. Une adolescente fessée par papa ou maman dans les années 1950 pour avoir manqué le couvre-feu, pour mauvais comportements à l'école etc.? Plausible.

      Cul nu? Je n'ai connu ça que jusqu'à la puberté mais j'ai encore récemment entendu une dame très âgée parler de l'adolescence de sa fille (baby-boomer, donc adolescence années 1960) et du fait qu'une voisine donnait la fessée cul nu à une camarade du même âge; visiblement ça se savait dans le voisinage, et d'ailleurs ce qui dérangeait la vieille dame, ce n'était visiblement pas le fait en soit de donner la fessée à une ado de 15-16 ans pénible, mais de lui baisser la culotte en le faisant savoir autour de soi!

      Les histoires du genre "tentative de charpadage dans un magasin dont la patronne connait maman et maman lui donne l'autorisation de corriger" me semblaient implausibles, licence fantasmatique tout ça. Mais quand j'y réfléchis, vu ce qui se passait chez des gens "normaux" que je connais, ça ne me paraîtrait pas incroyable. Surtout, à l'époque, il n'y aurait eu aucune association pour porter plainte... les gens auraient juste rigolé en disant "bien fait"!

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  2. Charles Mc-Miche24 mars 2013 à 11:05

    Bonjour Isabelle !

    C'est une sorte de chantage en somme, sous couvert de moralité. C'est cela ou bien...
    Un peu comme la fameuse formule lancée pour la fête d'Halloween: " des friandises ou...un sortilège !" Dans ce cas ce serait du marchandage.
    Dans un autre côté, ce désir conscient (même si l'on ne se l'avoue pas ouvertement) naitrait d'une forte volonté de la part de la "fautive" d'attirer l'attention de son partenaire/compagnon... sur elle en commettant quelques petites fautes et redevenir le centre d'intérêt de ce dernier. Evidemment tous ces arguments sont discutables et tiennent compte du vécu de chacun/e.
    Encore une fois on a l'impression que les femmes dans leur grande majorité sont toujours les éternelles victimes. Non ?
    Voilà de quoi méditer. Bonne journée à vous , Isabelle. Charles

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    1. A vrai dire j'ai un peu l'impression que vous faites semblant d'ignore le "vice féminin" pour arriver à ses buts. Pour ma part, étant selon les dires de mon homme particulièrement vicieuse, j'ai beaucoup de mal à me voir en victime.Ceci dit je ne saurais parler au nom de la majorité des femmes...

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  3. Je partage le doute sur l'adéquation de cette solution de "moindre mal" avec l'époque de narration. On mythifie facilement les années 50 (ou 70 - ça doit dépendre de l'âge du fantasmeur) pour y caser plus facilement des fessées sous prétexte que c'était une autre époque.
    A moins que ce ne soit pas une partie importante du monde fantasmatique de quelqu'un (auquel cas, cette configuration devrait, logiquement, revenir systématiquement chez la même personne, j'imagine), je crois que le "moindre mal" est surtout un expédient narratif utile pour justifier une fessée et un consentement, dans un contexte où la "vraisemblance" (qui signifie la conformité avec une certaine convention!) interdit de réaliser le fantasme plus ouvertement.
    @Georges: "trick" dans "trick or treat" ce n'est pas le "sortilège", c'est la farce, un tour qu'on joue. Rien à voir avec la magie des sorciers, c'est tout au plus celle des prestidigitateurs.

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    1. Je doute en effet, cher Simon, que, même dans les années 1950, on ait donné la fessée à des adultes, en dehors du cadre familial; en revanche, ça me semble fort plausible pour le cas de jeunes femmes encore mineures, par leur père ou mère, ou le cas de femmes mariées par leur mari. La notion de "femme battue" a évolué : si déjà à l'époque on trouvait abusif de, disons, mettre un œil au beurre noir à son épouse, il me semble qu'une fessée à main nue était largement considérée comme acceptable. On était mineur jusqu'à 21 ans... et certains parents faisaient des esclandres si on fréquentait des personnes peu à leur goût.

      Pour le traitement des enfants et adolescents, les choses ont également évolué. Vous parlez des années 1970 ; mais encore il y a 15 ans on trouvait couramment des martinets en vente dans les supermarchés au rayon animaux... alors qu'on devait bien se douter qu'ils servaient aussi sur des humains (les associations de protection de l'enfance ont fini par obtenir leur retrait) — c'est d'ailleurs comme cela que nous avons acheté les nôtres. J'ai une quarantaine d'années et mon épouse aussi ; nous avons tous deux connu la fessée cul nu par maman jusqu'à la puberté. Je n'ai pas reçu le martinet mais j'avais des camarades qui le recevaient.

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    2. Simon, encore une anecdote. Enfant, j'ai eu vent qu'une mère de famille de notre connaissance châtiait parfois ses enfants avec des orties (cul nu, bien sûr). Les gens trouvaient cela un peu abusif, mais personne n'aurait alerté les services sociaux !

      Autres temps, autres moeurs.

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    3. Détrompez-vous cher Pécan sur le droit de fesser sa femme dans les années 50. Pour vous donner quelques exemples, selon la lois prussienne pourtant friande de châtiments corporels, il était interdit de fesser sa femme à partir de 1812. En Bavière à partir de 1896. Depuis au moins les années 20 en Allemagne, fesser sa femme était considère... comme une perversion sexuelle. J'ai également un joli document français des années 20 qui parle de l'arrivée de la mode du spanking et par ce biais de la fessée récréative appliquée à son épouse.

      Quant au martinet je pense que ce sont les associations pour protection des animaux qui ont motivé le retrait (sic!)

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    4. Je parlais, bien entendu, de la France, et plus de conventions sociales que du strict point de vue légal.

      Lisez Louis Pergaud (début du XXe siècle, milieu campagnard) : on bat les enfants turbulents à coups de trique, on leur donne des coups de pied au derrière, on met des baffes aux jeunes filles... et tout le monde trouve cela normal. Il n'y a que quand un enfant du village se fait copieusement fesser par les autres enfants pour "trahison", rentre chez lui les fesses en sang et tombe malade que l'on évoque la possibilité de recours judiciaires.

      Dans pareille ambiance, il ne semblerait pas incongru qu'un mari excédé mettent des fessées à son épouse...

      (Bien sûr, peut-être que si cela se passait en ville chez des riches bourgeois, l'épouse aurait pu éventuellement se plaindre, voire obtenir le divorce. Et encore, dans ce milieu on n'aimait pas le scandale...)

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    5. Certes, il existe également un "bestseller" récent en langue allemande qui parle des châtiments corporels de la génération des plus de 50 ans. Ceci dit nous sommes là hors sujet qui part sur une mise en scène d'un fantasme et non de la maltraitance.

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    6. Bien entendu. Je voulais juste faire remarquer que, dans une société où il était largement toléré que l'on donne la fessée aux enfants (usage très large du martinet chez les urbains, voire pire à la campagne), et où le mari avait autorité sur sa femme, cela ne m'aurait franchement pas surpris qu'il y ait une proportion non négligeable de maris fessant leur épouse à des fins de châtiment... et ce même si cela était théoriquement interdit par la loi.

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  4. Comme d'habitude je trouve ton analyse très habile, Simon. selon ta première perspective le fantasme du narrateur semble devenir plus intéressant que son histoire. Et de manière générale j'avoue de lire des fictions de fessée souvent pour mieux cerner les fantasmes du narrateur en faisant particulièrement attention à l'élément qui se répété.

    Pour la vraisemblance j'avais traduit un texte, il y a pas mal d'années qui va justement dans cette direction. je cite:

    "Pour être réussie, une histoire de fessée doit clairement établir sur quoi se base l'autorité de l’antagoniste et pourquoi le protagoniste est soumis à l’autorité: un jeune fille de 16 ans qui reçoit la canne pour l'absentéisme scolaire semble plausible. L’histoire d’une femme de 22 ans par contre, punie pour la même infraction demande quelques explications. En outre l'autorité doit être limitée, si elle veut demeurer plausible : Un prof peut punir pour un retard en classe, mais pas pour un retard à la maison.
    Les conventions morales possèdent souvent une limite géographique pour tenir compte de la réalité actuelle: des îles, des écoles lointaines, des institutions sécrètes de redressement ou des petits pays, peu connus, qui servent à séparer notre monde du contexte où se déroule la fessée. Tout comme la grande forêt impénétrable isole le compte de fée du reste du monde."

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    1. Oui, amusant ce recours aux petits pays lointains où l'on appliquerait encore telle ou telle législation coloniale.

      Le fait est.. que ça existe vraiment. À Singapour, par exemple, les délinquants mâles (dans un certain intervalle d'âge, il me semble) peuvent être condamnés à recevoir la canne, et ce n'est pas une partie de plaisir (parfois cela laisse des cicatrices durables).

      Et ne parlons pas des états pratiquant la Sharia et les coups de fouet.

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    2. Certes cela existe en réel. Mais nous étions partis sur des techniques d'écriture pour créer de la vraisemblance qui pose souvent un grand problème...

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  5. Pour ce qui est des martinets, j'en ai vu un moi-même, en rayon animalerie... ce qui n'empêche pas que bon nombre de récits qu'on voit sur le net qui utilisent les années tant (80, ou 70, ou 50 - on dirait bien que c'est régulièrement une dizaine d'années avant la naissance de l'auteur) comme excuse pour placer des récits parfaitement invraisemblables. De fait, les limites de la violence acceptable ont pas mal baissé... mais on dirait bien que les baffes seraient plus vraisemblables que des fessées, et les fessées pas si souvent déculottées. quant à Pergaud, la "Guerre des boutons" remonte non pas à 1970 mais à 1912... on voit une fessée aux orties dans "Grenadou, un paysan français" aussi, à peu près à la même époque. Il reste que les histoires de fessées déculottées données en public et acceptées comme parfaitement normales placées jusque il y a quelques dizaines d'années ne tiennent pas débout. Surtout quand je pense que pour mes grands parents, dans les années 50, il allait de soi que les sexes étaient égaux ou que les femmes travaillaient allait de soi - autre temps, mêmes mœurs... mais c'était le bloc de l'Est.

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    1. Je suis entièrement d'accord avec vous que de nombreux récits ne sont tout simplement pas crédibles, même à l'époque où ils sont censés se dérouler.

      Méfiez-vous toutefois de la différence de milieu social. L'histoire des orties, je l'ai entendue dans mon enfance à propos d'une famille, disons, assez "troublée" socialement. Je n'en ai, bien entendu, pas confirmation: cela se passait il y a une bonne trentaine d'années, et il est possible que cela ne soit que de la médisance.

      Quant aux fessées... Effectivement, l'histoire de la mère de famille qui fesse ses enfants cul nu tous les deux jours ou presque, ça ne tient pas (ou, plutôt, cela aurait fini par relever des services sociaux voire de la justice). Mais, croyez-moi, il y a 35 ans la fessée était encore largement d'actualité et je le sais pour y avoir goûter. Déculottée? Pas souvent, sans doute, mais j'ai encore le souvenir d'avoir été entraîné dans la chambre de mes parents par ma mère furibarde, et d'avoir reçu une fessée cul nu (en revanche, je ne sais plus ce que j'avais fait pour mériter cela).

      Voici un reportage télévisé de 1981, présenté par Christine Ockrent encore jeune
      http://www.youtube.com/watch?v=B6EFHm1FRk8

      On y mentionne que 28% des parents punisseurs d'enfants utilisaient le martinet, et vous y verrez des images de "bazars" (un type de commerce disparu, j'en ai peur) avec des grappes de martinet en vente.

      Quant à l'égalité des sexes: en France il y a eu une très forte opposition à l'extension du vote aux femmes, jusque dans les années 1960 les femmes mariées devaient avoir l'autorisation du mari pour travailler ou ouvrir un compte bancaire; la notion de viol conjugal est très récente (on estimait que se soumettre aux rapports sexuels faisait implicitement partie des devoirs du mariage).

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  6. Il est intéressant de voir la différence culturelle entre un pays de l'est et un pays du sud. Étant de l’Allemagne, du milieu en quelque sorte, mon expérience rejoint ce qui raconte de Simon. Et tandis que je connaissais l'instrument de châtiment corporel allemand par excellence (la canne) des musées, je fus autant étonnée de voir l'instrument classique français se vendant un peu partout quand je suis arrivée. Ceci dit mis à part chez des personnes avec un penchant pour la discipline domestique, je n'ai jamais entendu d’anecdote en France d'un mari qui fesse sa femme.

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  7. Je dois vous dire que moi non plus: autant la fessée sur les enfants j'ai subi (avec modération) et des gens autour de moi ont subi (y compris le martinet), et sur les adolescents j'en ai parfois entendu parler, autant chez des adultes, non.

    C'est cependant le genre de choses dont les gens ne se vanteraient pas autour d'eux... Je vois mal Mme Dugland, retraitée, m'expliquer "ah la la quand nous étions jeunes mon Henri me flanquait la fessée quand j'étais impossible".

    Donc vu la tolérance envers le châtiment corporel des enfants, cela ne m'aurait pas étonné que certains maris s'y adonnent sur leur épouse.

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  8. Selon une étude allemande (encore!) très récente, les châtiments corporels étaient dans le temps le plus souvent appliqués par les mères. Normal le monsieur était absent pour travailler et nourrir sa famille. Alors question à se poser, est-ce que le monsieur se sentait concerné par la fessée ? Pour ma part je ne démords pas de l'idée que la fessée envers la dame ne relevé pas du fait que le monsieur soit excédé, mais d'un fantasme particulier. J'ai pas mal de matériel en tête qui se trouvait dans des vieux journaux chez mes parents. Et là effectivement, il y a des dames qui parlent de la correction conjugale en pointant sur la perversité du mari. Ceci dit, je ne crois pas pendant une seconde à la véracité du contenu. Bon je retourne vers la France et je posterai demain une histoire de fessée publique dans le métro de Paris. Vrai ou pas vrai, à chacun de décider librement pour soi-même.

    Ceci dit votre intervention cher Pécan m'a fait ouvrir toute une collection de liens et anecdotes que j'avais mis de côté dans mes archives. je vais voir ce que je peux poster...

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  9. Dans mon cas, effectivement, je n'ai pas de souvenir de châtiment corporel par mon père (qui travaillait effectivement beaucoup) et des souvenirs de fessées par ma mère. Comme vous le soulignez, du temps où les femmes étaient au foyer (ou du moins s'occupaient des enfants), il était normal qu'elles appliquent plus souvent les punitions. (Même si les coups de botte et les taloches de papa semblaient assez classiques.)

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  10. @Pecan: prendre en compte la différence du milieu social c'est un peu mon métier, tout comme l'histoire du droit de vote en France qui s'enseigne au lycée. Pour continuer sur des études amusantes, il paraît que les parents actuels donnent plus de fessées que les grands-parents! Ce qui ne valide en rien des récits. La fessée est toujours courante mais concerne en général de jeunes enfants qui se prennent une tape ou deux. Rien à voir avec les fessées longues, ritualisées et mises en scène qu'on nous raconte sous prétexte que c'était courant. Oui, il tait et est toujours courant qu'un enfant se fasse claquer les fesses, mais les mêmes parents qui donnent des fessées sont prêts à intenter un procès à qui frôlerait leur enfant dans la rue.
    Autre détail amusant: dans un livre de sociologue datant des années 1980 (je n'ai pas noté la référence, c'était une pause dans mon travail), on notait que la liste de punitions que les enfants subissaient se rétrécissait vers la fin de l'école primaire. De plus, et c'est assez savoureux, ce n'étaient pas les instits les plus rigides qui donnaient les fessées: ceux qui étaient attachés à une hiérarchie stricte l'étaient aussi à une distance nette entre les élèves et l'instit, donc ils donnaient des punitions très scolaires. Ceux à qui il arrivait de donner des fessées (au début du primaire, voire en maternelle! on est loin des collégiens des récits)étaient justement les moins sévères: ils traitaient les élèves comme si c'étaient leurs enfants.

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  11. "Rien à voir avec les fessées longues, ritualisées et mises en scène qu'on nous raconte sous prétexte que c'était courant."

    Et puis... quand on est une mère de famille avec plusieurs enfants à gérer, on a autre chose à faire que de suivre un rituel! Mais bon il existe aussi des personnes "maniaques".

    Une autre chose qui me fait mettre en doute des récits est le luxe de détails. Peut-être suis-je déjà un peu sénile mais je ne me rappelle pas bien de mon enfance. Je revois des scènes, mais sans savoir ce qui s'est passé avant ou après, et sans savoir quel âge j'avais. Je ne me rappelle plus du nom de la plupart de mes professeurs, dont parfois j'ai cependant une vague idée de la tête. Je me revois en visite chez des gens mais je ne sais plus qui c'était ni pourquoi nous étions là-bas. Je suis incapable de dire s'il y avait un arbre dans la cour de l'école primaire.

    Mais... on se rappelle mieux les épisodes humiliants que le reste. Pour prendre un exemple qui va sans doute vous faire sourire, je me rappelle avoir reçu des suppositoires par ma maman, allongé sur mon lit et penché sur les WC. Je ne sais pas à quel âge cela se passait, ni pour quelle maladie, juste d'une sorte d'"instantané" associé à un événement désagréable.

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