mardi 5 février 2013

278 Un fantasme à la recherche d'une identité propre 2



Existe-t-il des critères qui permettent une distinction objective entre l'univers de la fessée et le S /m ?

Cela fait déjà un bon moment que j'essaye de comprendre le S/m. Je veux dire par là que je cherche une définition fiable. Je ne suis pas bornée et il me semble trop réducteur d'y voir une pratique qui met en rapport plaisir et douleur. Si je regarde un peu dans la littérature, je trouve quelques éléments de réponse intéressantes.

Voyons d'abord la version pathologique  qui semble très bien coïncider avec les raisons qui ont values la prison au divin marquis. C'est à dire une personne qui éprouve du plaisir à jouer avec l’intégrité physique ou psychique d’une autre personne. Il semble ressortir que le véritable sadique non seulement ignore la compassion pour la souffrance d’autrui, mais qu'il soit également indifférent aux consentement de « l’autre ». Loin de moi de confondre cette constellation avec les adeptes du S/m qui sont respectueux envers les désirs de leur partenaire et qui agissent par consentement mutuel. Si je fais ce petit détour c'est dans un but purement pragmatique.

Ne nous voilons pas la face, en début de course nous sommes tous et toutes des redoutables sadiques. En fait la compassion n'est pas innée chez l'être humain. Elle est le résultat d'une éducation. Par ce fait elle constitue une donnée purement personnelle, individuelle et qui peut indiquer selon sa construction pourquoi une personne montre des réticences pour pratiquer par exemple … la fessée avec sa ou son partenaire. Il y a en quelque sorte la possibilité d'un terrain favorable qui pour une raison ou une autre ne parvient pas à la surface.

-Parfois il suffit un évènement déclencheur pour faire apparaître cette pulsion, ce qui explique quelques vocations tardives.

-N'oublions pas non plus l'effet bénéfique de la déculpabilisation à grande échelle comme elle se produit en ce moment par le biais de la littérature. Beaucoup de personnes goûtent alors le nouveau plat et certaines y prennent goût.

-Et pensons aussi au fait que certaines personnes sont très lucides envers eux-mêmes, sachant qu'une fois la boite de Pandore ouverte, elles encourent le risque des se perdre dans une escalade. Alors ils se méfient à juste titre de telles pratiques.

Pour mieux comprendre les différentes familles de fantasmes sadiques, il existe un critère intéressant, introduit par Karl Abraham dans la psychanalyse, la borderline. Il s'agit d'une « frontière » hypothétique qui sépare les fantasmes de « destruction (physique et/ou psychique) » comme couper, entailler, pincer, mordre, modifier, lacérer etc d’une autre catégorie de fantasmes de l’ordre de maîtriser/dominer/contrôler comme le bondage, contrôle des mouvements, du comportement, de la respiration etc. Ici la panoplie est vraiment vaste et abrite la plupart des jeux S/m selon mes maigres connaissances en ce domaine. Nous voyons également ici le germe des jeux de domination/soumission auquel je consacrerai un post à part. Car en regardant attentivement cette dernière variante, il me semble qu'elle contient avant tout un romantisme amoureux débordant, mais très touchant sous la plume de certains auteurs.

Le terrain pour la réflexion préparée, j'arrive maintenant à une très intéressante d'André Brousselle qui résume en quelques sorte aussi la discipline domestique.

« ...on a souvent noté le peu de sérieux des scénarios sado-maso, qui ne vont pas trop loin , ne s'attaquent pas aux organes sexuels ; il est des scénarios très soft, comme celui de cet homme qui se met à genoux devant sa maîtresse, demande pardon, reçoit sa fessée, et tout cela se termine dans la position du missionnaire ! Il écluse ainsi une bonne part de sa culpabilité, solution plus économique , et plus jouissive, que celle des échecs à répétition du masochiste moral... »

Dans ce sens la discipline domestique me paraît une solution encore plus économique. Le « scénario » se passe à la maison avec le conjoint, à temps complet, à temps partiel ou encore pendant la durée d'un jeu. Et le matin quand la dame (ou le monsieur selon le goût du couple) s'en va au travail, elle (il) court peu de risque d'exposer des traits névrotiques dus à une insatisfaction de ses pulsions inconscientes au bon amusement de son entourage.

Alors selon cette source, la DD serait une variante du S/m ?

En fait cela dépend des auteurs, car n'oublions pas que la psychanalyse n'est pas une science exacte comme les maths ou la physique par exemple. Au bout du compte elle ne peut se détacher de l'opinion humaine. Donc parce que j'adore particulièrement cet auteur et parce que je ne me sens pas S/m dans l'âme, je cite Joyce McDougall qui fournit une précieuse précision en partant du S/m...

...qui cherche la douleur et vise souvent se propres organes génitaux ou ceux de son partenaire, pour réaliser la castration ludique ; le fétichiste qui réduit le jeu de la castration à des constrictions corporelles, à des fesses battus, à des ligotages douloureux, où des traces de sévices symbolisant la castration, tout en s’effaçant facilement...

Ouf, me voilà, seulement petite fétichise et même mon amour des marques rentre dans cette catégorie. Trop chou !

Merci Joyce !

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