Existe-t-il
des critères qui permettent une distinction objective entre
l'univers de la fessée et le S /m ?
Cela fait déjà un bon moment que
j'essaye de comprendre le S/m. Je veux dire par là que je
cherche une définition fiable. Je ne suis pas bornée et il me
semble trop réducteur d'y voir une pratique qui met en rapport
plaisir et douleur. Si je regarde un peu dans la littérature, je
trouve quelques éléments de réponse intéressantes.
Voyons d'abord la version pathologique
qui semble très bien coïncider avec les raisons qui ont values la
prison au divin marquis. C'est à dire une personne qui éprouve du
plaisir à jouer avec l’intégrité physique ou psychique d’une
autre personne. Il semble ressortir que le véritable sadique non
seulement ignore la compassion pour la souffrance d’autrui, mais
qu'il soit également indifférent aux consentement de « l’autre ».
Loin de moi de confondre cette constellation avec les adeptes du S/m qui sont respectueux envers les désirs de leur
partenaire et qui agissent par consentement mutuel. Si je fais ce
petit détour c'est dans un but purement pragmatique.
Ne nous voilons pas la face, en début
de course nous sommes tous et toutes des redoutables sadiques. En
fait la compassion n'est pas innée chez l'être humain. Elle est le
résultat d'une éducation. Par ce fait elle constitue une donnée
purement personnelle, individuelle et qui peut indiquer selon sa
construction pourquoi une personne montre des réticences pour
pratiquer par exemple … la fessée avec sa ou son partenaire. Il y
a en quelque sorte la possibilité d'un terrain favorable qui pour
une raison ou une autre ne parvient pas à la surface.
-Parfois il suffit un évènement déclencheur pour faire apparaître cette pulsion, ce qui explique
quelques vocations tardives.
-N'oublions pas non plus l'effet
bénéfique de la déculpabilisation à grande échelle comme elle se
produit en ce moment par le biais de la littérature. Beaucoup de
personnes goûtent alors le nouveau plat et certaines y prennent
goût.
-Et pensons aussi au fait que certaines
personnes sont très lucides envers eux-mêmes, sachant qu'une fois
la boite de Pandore ouverte, elles encourent le risque des se perdre
dans une escalade. Alors ils se méfient à juste titre de telles
pratiques.
Pour mieux comprendre les différentes
familles de fantasmes sadiques, il existe un critère intéressant,
introduit par Karl Abraham dans la psychanalyse, la borderline. Il s'agit d'une « frontière »
hypothétique qui sépare les fantasmes de « destruction (physique
et/ou psychique) » comme couper, entailler, pincer, mordre,
modifier, lacérer etc d’une autre catégorie de fantasmes de
l’ordre de maîtriser/dominer/contrôler comme le bondage,
contrôle des mouvements, du comportement, de la respiration etc. Ici
la panoplie est vraiment vaste et abrite la plupart des jeux S/m selon mes maigres connaissances en ce domaine. Nous
voyons également ici le germe des jeux de domination/soumission
auquel je consacrerai un post à part. Car en regardant attentivement
cette dernière variante, il me semble qu'elle contient avant tout un
romantisme amoureux débordant, mais très touchant sous la plume de
certains auteurs.
Le terrain pour la réflexion préparée,
j'arrive maintenant à une très intéressante d'André Brousselle
qui résume en quelques sorte aussi la discipline domestique.
« ...on a souvent noté le peu
de sérieux des scénarios sado-maso, qui ne vont pas trop loin , ne
s'attaquent pas aux organes sexuels ; il est des scénarios très
soft, comme celui de cet homme qui se met à genoux devant sa
maîtresse, demande pardon, reçoit sa fessée, et tout cela se
termine dans la position du missionnaire ! Il écluse ainsi une bonne
part de sa culpabilité, solution plus économique , et plus
jouissive, que celle des échecs à répétition du
masochiste moral... »
Dans ce sens la discipline domestique
me paraît une solution encore plus économique. Le « scénario »
se passe à la maison avec le conjoint, à temps complet, à temps
partiel ou encore pendant la durée d'un jeu. Et le matin quand la
dame (ou le monsieur selon le goût du couple) s'en va au travail,
elle (il) court peu de risque d'exposer des traits névrotiques dus à
une insatisfaction de ses pulsions inconscientes au bon amusement de
son entourage.
Alors
selon cette source, la DD serait une variante du S/m ?
En fait cela dépend des auteurs, car
n'oublions pas que la psychanalyse n'est pas une science exacte comme
les maths ou la physique par exemple. Au bout du compte elle ne peut
se détacher de l'opinion humaine. Donc parce que j'adore
particulièrement cet auteur et parce que je ne me sens pas S/m dans l'âme, je cite Joyce McDougall qui fournit une précieuse
précision en partant du S/m...
...qui cherche la douleur et vise
souvent se propres organes génitaux ou ceux de son partenaire, pour
réaliser la castration ludique ; le
fétichiste qui réduit le jeu de la castration à des constrictions
corporelles, à des fesses battus, à des ligotages douloureux, où
des traces de sévices symbolisant la castration, tout en s’effaçant
facilement...
Ouf, me voilà, seulement petite
fétichise et même mon amour des marques rentre dans cette
catégorie. Trop chou !
Merci
Joyce !
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