mercredi 21 novembre 2012

220 Douleurs cuisantes


« Il lui administra la plus belle fessée que fesses aient jamais reçue depuis la création du pauvre monde ! »


Quelle superbe phrase. De quoi à me rendre jalouse, non seulement pour la beauté du langage, mais aussi de cette fessée tant vantée. Voici donc encore un texte historique dans le sens qu'il date de plus de 100 ans. Il s'agit d'une satire, je tiens à le préciser. On ne sait jamais. Car étant très crédule moi-même, j'étais au premier abord surprise de découvrir qu'il existe une patronne des bonnes à tout faire. Cela alors ! On apprend tous les jours. C'est en lisant le texte que j'ai commencé à avoir des doutes sur son sérieux historique. Puis quand j'ai vu la source : Saint Jean de Gueule de Bois (Xlostome) j'ai compris. Enfin !

Ce texte provient d'un périodique anticlérical, LA CALOTTE; 30 Novembre 1906



La VIE des SAINTS

Sainte MARIE, servante.

Patronne des bonnes A TOUT faire.

Cette brave fille était bonne à tout faire chez un vieux sénateur païen, nommé Tertulle. Elle faisait tout dans la maison (honni soit qui mal y pense), du gynécée à la cuisine, en passant par le salon. Elle eut le bonheur de connaître J.-C, disent les textes (de pipes). Son service s'en ressentit, car pendant qu'elle égrenait son chapelet, les bifsteks brûlaient et les sauces prenaient au cul des casseroles. Son maître lui commanda un jour pour son déjeuner, un œuf à la coque, la pauvre Marie, absorbée en une profonde méditation, entendit mal, et eut le malheur de lui servir un bœuf à la coque !!!


Le sénateur furieux saisit alors Marie, l'entraîna dans sa chambre à coucher, lui releva son cotillon, et d'une main que la fureur rendait juvénile, il lui administra la plus belle fessée que fesses aient jamais reçue depuis la création du pauvre monde ! Ce maître barbare l'enferma ensuite dans un réduit obscur pendant trente jours, que la malheureuse employa à se frotter le derrière, offrant au ciel les douleurs cuisantes que l'envers de son gracieux individu endurait pour la Foi.

La chose parvint aux oreilles du gouverneur qui condamna Tertulle a payer l'apéritif. Il fit paraître devant lui la pauvre Marie et lui commanda de changer de religion; elle ne voulut rien savoir. Alors il appela deux huissiers du palais et leur ordonna de fouetter Marie. Le lendemain, nouvelles objurgations de la part du gouverneur, nouveaux refus de la part de la petite bonne. On la conduit alors sur la place publique et on... la fouette. A chaque : abjure! du bourreau suivi d'une claqué sur les fesses, Marie répondait : non! A la 1236e claque, le peuple qui admirait la fermeté de cette fille, protesta avec véhémence et la nuit étant venue, on laissa Marie, tout endolorie, sous la garde d'un soldât. Ce tourlourou eut le culot de vouloir continuer la série de claques, trouvant que 1236 n'était pas un chiffre rond; il alla déposer ses armes dans sa guérite, puis il revint vers l'endroit où il avait laissé la malheureuse fille, après avoir retiré ses gants et retroussé sa manche droite. Marie, se doutant du tabac, s'était enfuie sous des rochers où Dieu ne permît pas qu'on la retrouvât. Le militaire se gratta le caillou,son nez s'allongea et il murmura :

« Cré nom de Dieu, de nom de Dieu! »


SAINT JEAN XYLOSTOME.





2 commentaires:

  1. La plus belle des fessées... ça peut rendre jaloux, mais, en même temps, si ça fait 100 ans, le record a peu-être bien été battu depuis.

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  2. Ah vous avez raison Latis ! Qui dit mieux ? Cela sonne presque comme un sujet de rentré pour dames qui tiennent un blog : Ma plus belle fessée !

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