dimanche 16 février 2014

474 Corrigée pour un rôti brûlé 2


...une bonne fessée est toujours celle qui est bien sentie, isabelle !

Pendant que j’aère ma cuisine pour faire partir la fumée, je me livre un combat intérieur dans lequel je ne suis pas tendre avec moi. Emportée par une sacrée colère contre ma propre personne, non pas à cause de mon rôti brûle, mais à cause de maudit besoin de punition qui fait éruption dans mon monde d'imaginations exotiques, érotiques habituellement bien rangé en réclamant un nouveau dû. Et là c'est ma patience qui commence à fumer. Marre de cette exigence qui ne se calme pas avant que je ne sois passée sur les genoux de mon homme pour me faire tanner la peau de mes fesses dans la règle de l'art. Inutile de faire appel à ma raison pour me secourir. Les fantasmes offrent toujours les meilleurs arguments en leurrant avec la jouissance. En oubliant malhonnêtement de préciser que la déculottée n'est pas une partie de plaisir et que c'est pour cette raison même qu'elle a officié pendant une petite éternité de l'histoire humaine comme châtiment redouté par ceux et celles susceptible de s'y exposer. Erroné aussi de croire que l’expérience du vécu corrige l'erreur de l'appréciation dont se nourrit le fantasme. Non, il n'est pas jouissif de danser sur les genoux de mon homme, le « cul en feu », en criant ma rancœur, me jurant de mettre un terme à mon engagement en faveur d'une éducation dite anglaise particulièrement stricte.

Toutefois arrive toujours ce point sublime qui efface ma révolte, qui efface mes ruminations inutiles et qui efface aussi le monde autour de moi. Cette sensation que mon intérieur et l’extérieur se mettent à fusionner. L'instant des instants : l'extase. Sorte d'état de grâce, accompagné de chaudes larmes. Comme il fait bon de regagner le rang de filles sages, d'avoir mérité ma réhabilitation, d'avoir mérité le pardon pour mes fautes et pour mes mauvais comportements. Et quelle fierté quand j'ai enfin le droit de me lever des genoux de mon homme pour présenter un derrière fraîchement châtié aux yeux du monde. Hélas, enfant brûlé certes, comme le rôti, comme la peau de mes fesses, mais qui sait déjà qu'il ne pourra se passer ultérieurement de sa fascination de jouer avec le feu.

Alors en rasant les murs, ayant pleinement conscience de l'impuissance de ma raison, je m'avance lentement, mais sûrement vers l'endroit qui abrite notre martinet. Depuis qu'il y a notre petite, cela va de soi, nous ne l'accrochons plus à une place bien visible. Ce n'est vraiment pas pour les enfants un tel truc. C'est réservé exclusivement aux fesses de la maman, moi quoi. Quand elle n'a pas été sage. Quand elle a fait la vilaine. Quand elle s'est mal comportée. Quand elle a été trop tête en l'air en causant des dégâts. Ah les beaux dégâts. Heureusement mon homme est un as du bricolage. Il ne s’ennuie pas avec moi, ni manque-t-il du travail.

Bref, en cas de dégât j'ai consigne de me dénoncer aussitôt.

Je me réjouis des fruits de mon éducation, d'avoir acquis le réflexe martinet. C'est comme le réflexe de baisser ma culotte quand mon chéri me fait comprendre que le tour d'une question est fait et qu'il s'agit maintenant de payer ma note. Certes parfois je ne suis vraiment pas contente de ce qui va m'arriver, de mauvaise fois quoi et pendant que je me débarrasse de ce qui est censé de cacher la pudeur d'une dame, je continue à argumenter chaudement. Même à me perdre dans un feu d'artifice de sophismes, vouloir avoir raison à tout prix, le tout, mes fesses déjà en l'air. Comme dit mon homme dans ce cas :

Ta fessée d'abord, isabelle... on discuteras après !

Ou pire encore :

Si tu te voyais, isabelle, tu feras moins la fière !

12 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle !

    Votre récit semble s'apparenter à une réflexion que les amateurs de fantasme de fessée se posent souvent. Pourquoi resentons-nous ce besoin involontaire mais au fond tant désiré d'être fessé/e. On se livre un combat intérieur entre la raison qui commande rigueur des actes et le désir de... tout
    rater pour satisfaire cette envie de punition.Même si l'on éprouve dans l'instant suivant une certaine honte de s'être "humilié/e" pour y parvenir.
    Curieuse nature humaine. Non ? Mac-Miche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Enfin, la question du pourquoi est celle qui amène à Dieu, m'a dit un jour un gentil monsieur philosophe. Alors moi je me contente du comment et des mécanismes à l’intérieur d'un fantasme et d'un comportement. Bref malgré les apparences de mes écrits j'applique la pensée uniquement où il y a possibilité de réponse concrète. Mais je comprend que l'on puisse se poser la question du pourquoi...

      Supprimer
    2. Bonjour Isabelle !

      La première phrase m'a fait penser à une "anecdote" que m'avait raconté très jeune ma grand-mère maternelle.
      Il s'agissait d'une "méditation" d'un des Pères de l'Eglise , l'évêque et théologien du 4è./5è.siècle de notre ère, le grand Saint Augustin (auteur de "la cité de Dieu" et "les Confessions") alors qu'il marchait sur une plage proche de sa ville natale. Chemin faisant, il rencontre un jeune garçon occupé à remplir d'eau à l'aide d'un coquillage un trou creusé dans le sable.
      Le saint homme l'interroge à ce propos et le garçon lui répond qu'il veut y mettre toute l'eau de l'océan. "Mais c'est impossible. Tu n'y parviendras jamais. C'est immense" lui rétorqua le saint évêque "Toi, non plus, tu ne perçeras jamais le mystère de la vraie Vie". Sur ces paroles, le jeune garçon, en réalité créature celeste, s'évanouit dans un tourbillon de sable. Laissant l'homme d'église à ses pieuses réflexions. A méditer. Peut-être connaissez-vous cette anecdote ? Bonnjournée. Mac-Miche.

      Supprimer
    3. Sans être une spécialiste de Saint Augustin, j'ai lu un peu ses écrits dont son fameux : « Si me trompe, je suis » qui me rappelle étrangement Descartes. Je ne connaissais pas votre anecdote, mais bon je ne suis pas non plus ce que l'on pourrait appeler une croyante. Ceci dit, je trouve que certaines religions dont le christianisme véhiculent de très belles valeurs.

      Supprimer
    4. Tant qu'on en est à saint Augustin, il a tout un passage sur l'usage des punitions corporelles pas les maîtres d'école antiques. La tendresse et révolte avec lesquelles il parle de ce qu'il a subi dans son enfance sont plutôt touchants, et il fait partie de rares Romains (avec Quintilien, quand même), à critiquer cette violence. Mais j'avoue que sa remarque que personne, ayant à choisir entre revivre son enfance et mourir, ne choisirait de revenir en arrière, fait froid dans le dos.

      Simon

      Supprimer
    5. Disons que la discipline domestique romaine n'était pas tendre dans son ensemble selon mes connaissances. J'ai lu d'autres trucs, comme le droit de vie et de mort du pater familias qui m'ont également fait froid au dos.

      Supprimer
  2. Cela ressemble à ce qui passe chez nous. Au début de notre mariage, le martinet acheté pour Madame, était accroché et visible. Ma femme y a gouté souvent lorsque le repas était raté. Aujourd'hui, c'est moins fréquent, mais cela arrive encore. Dans ce cas, mon épouse craint la fessée qui suit.
    Ce qui est toujours d'actualité, c'est qu'elle essaie de parlementer, alors que sa culotte est baissée, spectacle toujours intéressant pour le mari. Elle sait bien que la fessée va suivre, mais c'est comme si elle pensait pouvoir y échapper.
    Milu

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est une alchimie très complexe dans un couple et qui reste incompréhensible pour les personnes hors fantasme de la DD. Voila pourquoi j'essaye de donner ma version de ce ménage très particulier. Parler de la DD demande beaucoup de précaution. Pourtant les pistes consensuels ne manquent pas : comme le martinet accroché, la culotte baisse et le fait de parlementer ainsi etc.

      Supprimer
  3. Bonjour Isabelle !

    Ah ce sempiternel besoin de repousser l'instant fatidique !!! On tergiverse, on se confond en excuses .Et l'on replonge inconsciemment (ou pas) dans les situations vécues jadis quant on redoutait de faire signer un devoir raté ou une remarque désobligente des surveillants sur le fameux "carnet de correspondance" (que nous avons tous/tes conu) par nos parents. Hi Hi Hi Hi !!!
    Quant à la valse du martinet qui était en théorie réservé aux animaux de la maison, pour sauver la face, il restait souvent une menace en l'air. Dans ma jeunesse, en tout cas. "Vice Pacem Para Bellum". Vous l'aurez compris. Montre ta force à ton voisin et tu seras tranquille. En théorie.
    On redoute au sens propre et on désire au sens figuré. Il arrive aussi selon les personnes d'apprécier ce que l'on craint. Non ? Un peu comme une forme d'antagonisme domestique "à la Jekyll et Hyde".... Oui, je sais, je vous fatigue avec mes références ciné. Mais bon... Sur ces mots, bonn'ap'.Mac-Miche

    RépondreSupprimer
  4. Je trouve fort intéressant comme sujet la technique employée par chacun et chacune qui est passionnée par la fessée de repousser ce fameux « instant de vérité ». Il existe de véritables merveilles en récits qui mettent un point d'honneur de trouver mille et une excuses pour gagner encore un peu de temps. J'aime beaucoup vos associations, Monsieur Mac-Miche et je pense que Jeckyl et Hyde méritent bien leur place dans les réflexions autour de la thématique, notamment pour ceux qui souhaitent appliquer la sentence et qui justement de peur de se transformer ne passerons pas, voire jamais à l'acte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai toujours comme une hésitaiton... D'un côté, je n'ai pas tant que ça envie de repousser le "moment fatidique", et je trouve que, quand je suis puni, accepter gentiment la punition m'émoustille plus que d'essayer de l'éviter. D'un autre côté, l'évitement "fait vrai".
      Tiens, je n'ai pas de récit en tête, mais je me souviens d'une vidéo, très courte, que j'avais réussi même à télécharger à une époque. La fessée était rapide et plutôt gentille, mais la fille punie mettait un temps incroyable à s'excuser, demander qu'on lui laisse passer sa bêtise pour une fois, assurer qu'elle allait être sage etc... Ca me toucher suffisamment pour compenser une qualité d'image pourrie et les coupes de cheveux des années 80...
      Au fait, je n'ai presque pas connu les carnets de correspondance, seulement en première et terminale... Par contre, maintenant, j'en ai un!

      Simon

      Supprimer
    2. A tout hasard : peut-être les garçons réagissent autrement que les filles ? Mais disons quand il y a un côté vrai, dans le sens de vraie punition, je crois que le marchandage s'installe tout naturellement.

      Je n'ai pas non plus connu les carnets de correspondance, mais ma fille en a un. Difficile de transposer cela à mon âge, mais l'idée de devoir montrer un à mon homme au temps de mes études avec mes résultats et mauvais comportements m’aurait beaucoup plu. Vu votre situation, je vois l’intérêt de suite...

      Supprimer