Le
feu au derrière ou...
Extrait du film: The
Cowcatcher’s Daughter (1931)
Pour le dire tout de suite, je n'ai pas
envie ici de faire de la critique sociale. Il en va de soi que je ne
cautionne en aucun cas les méthodes éducatives d'un autre âge. Et
si on les a abandonné, c'est peut-être pour leur manque
d’efficacité. Par contre - et ceci est entre autres le sujet de
mon blog- c'est d'essayer de mieux comprendre pourquoi un acte qui
offense la raison, arrive à provoquer des puissantes émotions chez
certaines personnes. Bon soyons clairs, rares sont les dames adultes
qui rêvent de passer sur les genoux de leur papa. Je pourrais
l'imaginer de manière ludique pour rire, lors d'une soirée de fête
en famille, mais disons que dans ce cas le frisson reste absent.
Aucune comparaison avec les fortes émotions qui me traversent dès
que je remplace dans le scénario mon Papa par mon homme. Et même en
remontant le temps, on trouve rarement le souvenir d'un fantasme
élaboré de se retrouver sur les genoux paternels. Par contre il est
possible de trouver le souvenir d'un malaise qui s'empare de
certaines personnes dans leur enfance ou adolescence à la pure
évocation d'une telle constellation. Entre en action le sens
pratique, la fameuse économie libidinale, qui cherche à trouver un
compromis envisageable et surtout dans la facilité. Première
étape : Et si c'était le séduisant Papa de ma meilleure
copine, le monsieur qui tient la boutique de vêtements, le prof de
l'histoire qui intervient dans mes rêveries sur mon derrière. On a
compris, il est plus agréable de construire ses histoires autour
d'une personne qui n'appartient pas à la famille. Mais on peut
encore plus se faciliter l’accès au plaisir. Et si ce n'était pas
moi, mais par exemple ma meilleure copine, la peste du lycée ou un
autre plus ou moins jeune femme qui va s'en prendre une bonne. Et
voilà, nous y sommes pile poil dans l'extrait de ce film. Aucun
risque que cette correction paternelle se prenne au sérieux. C'est
pour rire et cela saute aux yeux.
Ah, la fille à Papa qui connaît trop
bien son géniteur. Qui sait ses réactions, ses petites manières et
surtout même s'il s'énerve un peu, cela ne sera pas bien méchant,
car le charme de la fille opère. Je sais de quoi je parle. Il suffit
que le fasse des yeux doux pour que mon Papa à moi fonde. Celui de
notre film est visiblement dépassé par les caprice de la jeune
dame. Trop c'est trop et il semble tellement habitué à ce cirque
qu'il ne se sépare plus du « Razor strap », lanière en
cuir qui sert à la base pour aiguiser le couteau pour se raser. Et
analoguement à notre martinet bien français qui servait au début à
dépoussiérer les vêtements, nous y trouvons encore un détournement
d'objet. Ceci dit le strap est un instrument redoutable et pour ma
part je réfléchis deux fois avant de ne faire d'autres bêtises
quand mon homme me menace de sortir le notre. Notons la barbe du monsieur. Peut-être
se sent-il si usé par le comportement de sa fille qu'il n'a plus
d'énergie pour se raser. La langue allemande qui est la mienne
connaît un petit diction qui s’adapte parfaitement à la
situation :
Les
disputes des uns font le bonheur des autres !
Car
dans ce véritable concentré de fantasmes autour de la
fessée, le spectateurs ne manquent pas. Le tout en mettant joliment
en relief l’expression « le feu aux fesses ». Bien
entendu cela reste dans le « bon enfant ». La
constellation père/fille adulte me semble …un simple prétexte
pour dévoiler une panoplie assez complète d’approches humaines de
pratiques cuisantes. Tout est minutieusement arrangé pour que le
spectateur puisse s’amuser de bon cœur et aussi pour se retrouver
éventuellement dans un des nombreux personnages. Puis commence un
rituel qui semble être bien rodé. La punition qui ensuit se veut
plus symbolique qu’éducative. Mais au lieu de rester dans un
scénario qui vit d’un simple « tape fesse moderne »,
il y a des surprises qui s’enchaînent. Petite discussion entre
fille et père sur la fessée, ses origines et son bien-fondé. Un
spectateur involontaire qui passe devant la fenêtre, s’arrête
pour regarder et part avec le sourire. Et enfin, comme clou du
spectacle, ce ne sont pas seulement les fesses de la dame qui
chauffent mais celles du père. Bref, une des corrections les plus
originales de l’histoire du cinéma que je connaisse qui tient
compte bien que sous forme symbolique des différentes « émotions »
et approches des messieurs envers cette pratique. Exemple
malheureusement très rare...
Bigre pour une rareté c'es une rareté. J'en ai vu des dizaines de fessées au cinéma, surtout américain mais celle là non je ne connaissais pas. Ce que j'aime bien c'est le coté impassible du père, qui fesse sa grande fille comme si la situation était tout à fait normal. Le futur gendre accepte cela, c'est amusant. Le cinéma de cette époque n'était pas très compliqué (sauf grand classiques de l'histoire du cinéma qui représente 1% de la production) et bon enfant.
RépondreSupprimerOui, il y a un joli côté "innocence de moeurs" dans ce film. Cela dénote de notre époque qui semble voir un peu le mal partout....
RépondreSupprimerBonjour Isabelle,
RépondreSupprimerQuel touchant et amusant spectacle !!!
L'autorité est très souvent imputée à l'homme, en tant que chef de famille et protecteur du foyer.
Mais les filles, très jeune déjà, savent bien jouer les manipulatrices pour adoucir la colère paternelle, jouant sur la fibre sentimentale. Rires. Non ? Les filles sont- elles en majorité, toujours sâââââges avec leurs Papas ???
Ce qui implicitement faire dire: heum : les grands garçons sont-ils toujours désobéissaaaaants avec leurs Mamans ?
Ca me rappelle l'illustration que je vous avais proposé et intitulée : "un tonton sévère".
En revanche, côté garçon, ce n'est pas sûr que le système fonctionne avec Maman... Du style : "Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, comme ton père !". " Bien sûr que non !!! " nous empressons nous de répondre, le rouge aux joues et bientôt sur une partie honteuse de notre anatomie... Mais nos bonnes mamans ne sont guère dupes de la sincérité masculine. On aura quant même essayé. Rires.
Mac-Miche.
Je pense que bien de filles ne laissent pas beaucoup de choix à leur papa.
RépondreSupprimerSoit il cède à leur jeu de séduction, soit il devrait affronter la (terrible!) colère de la petite femme en devenir. Je le vois avec ma fille. Elle peut être mignonne quand elle veut quelque chose, mais quand cela ne marche pas elle applique la méthode forte... comme sa maman !
Bonjour Isabelle,
RépondreSupprimerEn somme: le (pauvre) papa se fait piéger par les femmes de sa vie ! Il tombe de Charybde en Scylla ! Entre Maman et Fifille , je le plains (Rires). Mais j'ai grande confiance en son bon sens et son sens de l'autorité. Tous mes vœux d'encouragements l'accompagnent !
Les femmes peuvent parfois se métamorphoser en merveilleux petits félins imprévisibles et rusés ! Miaouuuuuuu !!!!!
Et nous les hommes, nous sommes (gentiment) piégés comme des gros nounours gourmands qui se précipitent sur le pot de miel ! Rires. Notre gourmandise nous perdra.
Mac-Miche.
Je suis assez d'accord avec vous cher Monsieur Mac-Miche. C'est la gourmandise de l'éternel féminin qui cause la perte de bien de messieurs. Ceci dit je pense qu'ils trouvent aussi leur compte!
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