jeudi 18 avril 2013

320 Le plaisir dans la discipline


Ferme les yeux et pense à l’Angleterre !

Un monsieur qui selon ses propres dires fesse pour le plaisir de la dame, me rappelle un peu ce discours très british de la jeune épouse qui suit les conseils de sa maman pour se plier au rituel du devoir conjugal. Alors serait-ce que cela le fameux british spanking  ou s'agit-il d'une erreur de compréhension ? En fait, en y réfléchissant à tête reposé sur cette sornette masculine, j'ai l'impression que l'égalité n'est pas pour demain. Imaginons une dame dire de nos jours qu'elle fait ceci ou cela pour faire plaisir au monsieur. Elle risque de se faire lyncher, verbalement au moins par les autres femmes pour outrage envers la condition féminine. Car effectivement il faut toujours garder son propre plaisir devant ses yeux pour correspondre à l'image de la femme moderne. Et si le malheur de certaines femmes modernes venait de ces messieurs qui essayent à tout prix faire plaisir à la dame ? N'en parlons pas des messieurs qui voudraient comprendre la jouissance féminine. Rêve qui date de plus de deux milles ans au moins et qui agaçait déjà à l'époque prodigieusement les femmes. Pas étonnant alors que le plus perspicace et hardi parmi eux, le divin Thirésias fut privé de la vue par Héra, la compagne de Zeus pour avoir trahi un secret de filles.

Pour ma part, un homme qui prétend s'occuper de mon plaisir, je ne trouve pas cela très sexy et plutôt mollasson. Cela m'évoque une belle anti-virilité et il y a aussitôt une image qui me vient à l'esprit, me voici en train de de lire un bon journal sur les maquillages à la mode pendant qu'un monsieur me titille l'entrejambe. A ce niveau je suis aussi banale que le monsieur qui m'a avoué un jour de fantasmer sur le fait de lire le journal « Equipe » pendant qu'une adroite dame s'adonne à l'art de la sucette. Dommage pour lui que ce fut l'Equipe... Comme quoi qu'un simple détail peut tout gâcher. Mais revenons à notre fessée. Quel genre de comportement de la part du monsieur pourrait la rendre particulièrement émouvante à mes yeux ? Regardons encore chez les grecs. Le premier amateur des pratiques cuisantes qui en parle semble être Aristophane. Dans sa pièce Plutus il fait dire à La Vieille  (qui parle de son amant) :

Un jour que je me rendais en char aux grands mystères, quelqu'un me regarda ; il en fut si jaloux, qu'il me battit toute la journée.

Sacré Aristophane ! Un monsieur jaloux, je trouve cela touchant. Je dirais point que nous ne sommes plus dans l'Antiquité, car la raison ne correspond pas à une approche aux fantasmes. Je dirais tout simplement, pas mon monde émotionnellement. Bon, je mets les citations de côté, je parle de ce qui me passe par la tête.

Alors moi j'adore recevoir une fessée par un monsieur qui se bat vaillamment contre son vice. Qui se desserre la cravate, tellement qu'il à chaud. Un grand garçon qui se trouve enfin ou à nouveau devant le derrière dénudé d'une dame en chair et en os pour réaliser son vœux le plus cher depuis l'enfance. Qui se délecte du travail qui l'attend et qui retourne ses manches, façon bricoleur. Qui ne compte pas faire dans la dentelle. Qui transpire, tellement la perspective d'intervenir en bon et solide disciplinaire s’empare de tout son être. Tache si noble qu'elle libère le meilleur en lui. Malgré le fait qu'il crevé d'envie de passer un doigt, voir la main dans les endroits stratégiques de la dame. Malgré une tentation de tonnerre, au lieu d'apprendre à la dame les bonnes manières et de donner soi-même l'exemple d'une moralité irréprochable, rêve de l'entraîner dans un tourbillon de débauche. Mais il sait que cela se mérite durement. Et malgré tout, il arrive à rester ferme et irréprochable selon la devise :

Discipliner n'est pas tripoter.

Oh comme c'est vexant de ne pas réussir de plier ce monsieur à ma propre loi de la chair. Me sentir envahie par cette colère de la séductrice qui pour une fois n'arrive pas à ses fins. Colère et douleur qui se mélangent, sentiment d'impuissance devant un monsieur qui sait imposer sa loi à lui. Tout en continuant à se battre contre ses envies. Parce que les agitations involontaires dans son caleçon m'indiquent clairement que cette correction ne se motive pas exclusivement en vue d'une améliorer de mon comportement. Non ce monsieur n'est pas un serviteur à la solde de mon plaisir. S'il savait à quel point son comportement me rassure, m'excite... Car comme il sait imposer en ce moment une correction de taille, autant il donne l'impression de savoir s'imposer aussi dans la vie de tous les jours, dans les petits et grands détails du quotidien. Un compagnon solide pour affronter l'imprévu. Un qui ne flanchera devant son but à cause d'une démangeaison caleçonnaire. Un monsieur qui arrive au bout de ma cuisante leçon sans un geste déplacé. Une punition rondement menée, douloureuse à souhait pour me faire réfléchir, appliquée avec une fermeté qui promet une suite dans ses idées. Et quand il me dit d'aller au coin pour finir ma pénitence, la question de le contredire ne se pose même pas ... j'y vais sagement !

6 commentaires:

  1. On dirait que j'ai eu raison de ne jamais surestimer ma virilité, mais comme je n'en ai jamais fait grand cas...
    Je suis d'accord que faire quelque chose pour faire plaisir à l'autre risque de n'être pas interprété de la même façon venant d'un homme ou d'une femme - encore que je n'aie pas vu beaucoup de réactions extrêmes dont tu parles. Il faudrait aussi voir si en faisant pour le plaisir de l'autre on se force, éventuellement en se répétant "oh, qu'est-ce que je me sacrifie", ce qui est plutôt malsain, ou si on y a du plaisir soi-même. Aussi bête que ça puisse sonner, le plaisir de faire plaisir n'existe pas que sur les emballages de papier-cadeau, et l'échange de procédés pour faire plaisir à l'autre remplit pas mal une vie de couple. Alors que la jalousie m'inquiète plus qu'autre chose, si bien que je l'ai toujours fui. Mais c'est vrai que m'imposer n'a jamais été mon point fort (pourtant, dans la vie officielle et sérieuse, je n'ai pas souvent "flanché devant le but", et encore moins pour une question de caleçon).
    Comme quoi, nos univers fantasmatiques peuvent être très différents. Mais, justement, je me pose la question: pourquoi au juste vouloir comprendre la jouissance féminine est-il si agaçant?
    Parenthèse pour les Grecs: vu la profonde misogynie de leur culture (c'est encore Nicole Loraux, mais son livre "Les enfants d'Athéna" est vraiment génial, en plus d'être un classique), je dirais que le mythe de Thirésias traduit surtout le malaise devant le fait de la jouissance féminine qui dérange et qui apparaît comme dangereuse, d'où elle est un tabou.

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  2. Si les dieux et déesses s'emparent du sujet, il doit être chaud avec un ou plusieurs sens cachés.
    Ceci dit, je pense que vouloir comprendre la jouissance d'autrui est un non-sens. Je doute même que deux personnes du même sexe pourraient comprendre la jouissance de l'un à l'autre. On peut communiquer sur le sujet, mais pas aller plus loin. Par contre, il me semble bien possible de comprendre le mécanisme qui amène l'autre à la jouissance. Une fois de plus sans rapport avec le sexe biologique. Plus précisément quant à l'agacement de pas mal de dames à ce sujet, il me semble inutile de chercher une explication logique. Mais je pense que presque toute femme est tombée un jour ou un autre sur un causeur au lit qui lui demande tous les trente secondes si tout va bien, si elle le sent bien, si elle prend son pied... ma foi, le cauchemars quoi.

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  3. Ps: J'ai même un texte en tête qui prétend que le centre de plaisir/jouissance chez les messieurs avec une forte inclinaison vanille ne se trouve pas au même endroit que chez les messieurs avec un penchant pour ce qui est cuisant. Je n'ai pas -bien entendu - assez d'expérience pour confirmer la véracité de ce propos. Mais disons que mes petites expériences tendent à donner raison à cet auteur...

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  4. Le "devoir conjugal" imposé par la loi, la coutume ou la religion, fait en effet partie du passé (du moins chez nous). Pourtant, dans notre couple, nous avons l'un pour l'autre des attentions qui, d'une certaine façon, relèvent d'une sorte de devoir sexuel.

    Cela va sans doute paraître un peu ridicule, mais je dois éviter de me toucher si cela ferait que je ne serais plus prêt ensuite pour mon épouse: en quelque sorte, les "mouvements dans mon caleçon", comme dit Isabelle, sont à lui réserver en priorité.
    Je sens qu'Isabelle va sourire quand elle apprendra que j'ai déjà subi la discipline de la part de mon épouse pour de tels manquements!

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  5. A mon humble avis, on met de nos jours les joies de l'autosatisfaction en avant car toute une industrie en vit. Puis c'est plus simple de se procurer du "bonheur" soi-même que de trouver une meilleure solution avec son conjoint. Fantasmatiquement j'approuve votre petit ménage...

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  6. Oh mais nous n'avons rien contre l'autosatisfaction... simplement nous la réservons plutôt pour les périodes d'éloignement (madame a d'ailleurs un accessoire permettant de remplacer mon membre) et en tout cas elle ne doit pas gêner les activités à deux, ni se baser sur des fantasmes extraconjugaux trop réalistes.

    Il y a quelques temps, un soir, j'ai commis l'erreur de me soulager alors que madame, qui avait une grosse envie (mais je ne le savais pas) réglait des problèmes urgent. Non seulement j'ai reçu la fessée, mais madame a pris par ma face postérieure ce que je ne pouvais lui donner par ma face antérieure!

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