dimanche 14 avril 2013

318 La fessée au cinéma (#5)


Perverse ou scandaleuse la petite dame ?


Je tiens à préciser que ma « critique cinématographique » ne se veut en aucun cas sérieuse et compétente. Je parle de ce qui me passe spontanément par la tête, de mes impressions à chaud...

Il fut un temps où on employait parfois le mot scandale pour éviter de dire pervers. Il suffit de penser aux grands scandales qui impliquaient des personnes importantes dans des affaires purement récréatives. Non pas dans le sens d'une banale histoire de coucherie extraconjugale, mais concernant des activités quelque peu sulfureuses. Comme le monsieur qui se fait fouetter en toute discrétion par des dames spécialisées en chevauchant un Berkely Horse . A se demander si cela ne correspond pas à la satisfaction d'un besoin de punition que le monsieur s’octroie de temps en temps pour compenser son comportement particulièrement ignoble tout au long de sa vie et qui l'a hissé - entre autres - au haut rang qu'il occupe. Voila de quoi pour cerner le concept de la perversion dans toute sa splendeur. Même les punitions apportent un bénéfice, pardon, servent à une satisfaction... sexuelle. Quoiqu'il en soit ce mot qui fait souvent peur n'existe quasiment plus. Sous le réchauffement climatique dans nos chambres à coucher actuels, il s'est tellement rétréci qu'il risque de disparaître sous peu. Et si ce n'est pas la libéralisation de nos mœurs qui l'achève, il restera toujours le recours au politiquement correct pour que l'on puisse dormir enfin tranquillement. Peu import l'angle de vue, nous assistons à une importante modification du langage, d'ailleurs décrite de manière visionnaire et très pessimiste pour les conséquences par Georges Orvell dans son Roman « 1984 » avec l'arrière idée de modifier la pensée en privant l'esprit de certains mots. Alors fini les affaires classées « P » et retour aux scandales.

C'est un film politique, isabelle ?

Pas du tout mon chéri, c'est un film de cu..., enfin non, une comédie récréative ! ...il me semble, car je ne l'ai pas vu en entier...

Il suffit de regarder l'affiche de cette œuvre qui s'appelle en VO « Scandalo in famiglia; 1976 » pour mieux comprendre. Mais étonnamment la scène de la fessée se passe de manière bien sage. La saveur se trouve dans les dialogues (hélas en allemand) et surtout dans les expressions de Gloria Guida (j'ai des origines italiennes d'où mon enthousiasme pour cette dame) que je trouve ravissante en brune. Voyons un peu les dialogues. Le monsieur se pose la question si sa femme joue la comédie, si elle est folle ou si 'elle est perverse. Excellente déduction ceci dit qui semble parfaitement décrire la manière des se comporter de certaines femmes comme moi... par exemple. Puis il doit admettre que ce mélange explosif l'épuise sacrement dans sa noble tache de chef de famille. Voila donc une bonne raison pour lui appliquer une fessée bien sentie. Ce qui m'intrique particulièrement dans ce petit extrait de film, c'est le subite changement de la couleur des cheveux de Gloria, habitude très blondes. (Zut ! C'est du authentique isabellien; je ne retouche pas ma phrase.) Je reprends. Je me retrouve tellement dans les attitudes de cette brune que cela devient troublant. Comme elle dit si bien à la fin de sa punition :

Pourquoi t'arrêtes-tu déjà ?

Au début de notre couple mon chéri ne se doutait pas de mon sang chaud, venant du bon soleil méditerranéen du côté de ma mère. « Déguisée » en très blonde garçonne nordique, de plus avec un discours, bien intellectuel, bien féministe, il n'a pas vu me venir. Je pense qu'il a dû m'imaginer avec une certaine retenue dans l'intimité. De même pour ma part. Ce gentil homme du terrain et beau parleur, ce personnage attentif à mon discours et attentionné à ma petite personne, je le voyais plus comme un grand romantique d'un autre âgé sans imaginer pour une seconde de me trouver devant un exigeant éducateur pour grandes filles. Et à bien y réfléchir, la bonne fessée d'antan, n'est en rien incompatible avec le romantisme. Au contraire, à mes yeux c'est un acte hautement romantique. Des petites mises en garde comme montre ce clip j'en ai reçues à quelques reprises ! Cela n'est pas bien méchant, un monsieur qui marque son autorité sans faire la brute et pour ma part j'adopte la même position que la dame concernant ma tête et mes mains. En finissant sur un air de rêveuse, heureuse de ma vie et de mon couple. Petite pensée qui traverse ma tête :

Ai-je une sexualité scandaleuse ?

Bon, je ne me surestime pas et surtout pas mes fantasmes. Je me trouve plutôt banale et un bestseller récent qui plaît énormément à des million de femmes semble me donner raison. Hein oui, le monde fantasmatique de bien de femmes penche plutôt vers une solide castration symbolique (ouf !) du mâle dans le sens de lui amputer au bout de trois volumes et je ne sais pas combien de pages ses vilaines lubies sadiques. Pas étonnant alors que l’accueil des messieurs des ces livres est moins enthousiaste.

Pour finir un mot d'André Lussier ; Les déviations du désir; 1983

« La superbe arrogance avec laquelle le pervers parle de sa jouissance orgastique, le souverain mépris qu'il réserve pour ses frères non pervers (étrange quand même, ce fait que le pervers lui, ne pense pas que tout le monde soit pervers !), mépris pour ses frères non pervers qui n'ont pas accès à l'apothéose du plaisir, la fière appartenance à ce club sélect des aristocrates de la jouissance, est-ce pure  illusion ?»

2 commentaires:

  1. Le mélange fait par la psychanalyse entre la perversion (le mépris de l'autre et sa transformation en objet qu'on malmène sans état d'âme) et ce qu'ils ont nommé perversion sexuelle a le don de m'énerver... La pure illusion est plutôt de croire qu'il y a une gloire que nous "pauvres pervers" nous ferions de notre sexualité. Qui se prend réellement pour supérieur parce qu'il prend son pied à recevoir ou donner des claques sur des fesses? Aucune des personnes que je connaisse en tout cas!

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  2. Moi aussi je ressens bien cette distinction dont tu parles. C'est pour cette raison que j'aime lire la plupart des adeptes de la fessée qui s'expriment à ce sujet sans décoller du sol. Mais je suis déjà tombée sur des « aristocrates de la jouissance », autant que sur le net qu'en vrai. Cette position me met facilement de mauvaise humeur. Comme s'il y avait une personne qui détient tout le savoir de la jouissance et l'autre (moi en occurrence) qui est censée de meubler le rapport et de s'extasier devant tant de savoir faire. Exemple parfait du « vrai pervers » qui ne semble pas se rend compte que sans l'autre sa superbe construction de jouissance s'effondre comme un château de cartes.

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