dimanche 29 juillet 2012

134 La fessée, un acte d'amour


La formule fut popularisée au début des années 70 par l’écrivain Jacques Serguine dans son « Eloge de la fessée ».

Ce qui semble au premier regard une révélation majeure, considérer la fessée comme un acte d’amour, n’est pour autant rien d’autre qu’une reprise bien adoucie de la pensée…psychanalytique. Cette dernière ne fait pas dans la poésie romantique et nomme un chat un chat. Allant plus loin que Serguine, Freud pour sa part considère déjà la fessée comme un acte d’amour dans le sens charnel. Ceci expliquerait donc concrètement l’émoustillement qu’éprouvent certaines personnes pendant la fessée. Le ressentir subjectif pendant la fessée se confondrait avec le ressentir dans un acte sexuel classique.

L’acte de fesser/être fessée  peut être alors un plaisir charnel qui se suffit et qui peut se passer aisément de toute mise en scène ou contexte, ainsi que d’autres pratiques annexes.Si les partenaires sont sur la même longueur d’onde, c’est parfait.

Seulement cette approche ne reflète pas les fantasmes de tous les adeptes de la fessée. Reste entre autre l’énigme qui concerne les personnes comme moi, qui s’émoustillent à l’idée d’une sévère fessée, mais qui éprouvent l’acte en soi comme douloureusement désagréable. Et qui n’attendent qu’une chose : Que cela se finisse au plus vite. C’est seulement à ce moment là que la fessée devient à nouveau émoustillante.

Il y a donc porteur de l’émoustillement un processus psychique, tandis que dans l’extrapolation de la constellation freudienne c’est l’action même (la fessée quoi) qui porte l’émoustillement.

Mais quel est donc le plaisir de ceux et celles qui préfèrent « les alentours de la fessée » ?

Une réponse (il en existe bien d’autres selon la construction exacte du fantasme) est fournie par Lacan. Je la résumerais avec mes propres mots ainsi :

La fessée met en relief les conditions venant de l’inconscient pour aimer et être aimé.

Dans le sens littéraire et transposé. Elle ne se confond pas avec l’acte de la fessée et rentre en quelque sorte dans les préliminaires. Des préliminaires particuliers qui peuvent englober aussi une façon de se vêtir, maquiller, épiler, de se comporter etc

Ce qui peut se refléter dans un vaste vocabulaire qui est porteur d’émotion :

Tu n’as pas été sage. Tu te comportes en gamine. Je vais t’apprendre les bonnes manières…

C’est les alentours de la fessée qui devient l’enjeu essentiel sur le chemin du plaisir dont la fessée en est seulement une étape. Que l’on appelle cela jeu complice ou discipline quelconque, cela ne change rien au fait. On peut se laisser duper par notre raisonnement. Mais on ne peut duper son inconscient qui se base sur des faits. Et fait est que ce contenu inconscient existe car il s’exprime de manière éloquente par un émoustillement.

Il est donc important de tenir compte correctement du désir de la dame dans ce cas. Il se peut, si la fessée dépasse une certaine intensité, qu’elle ne la voie plus comme un acte préparatoire à l’amour, mais comme une tue l’amour…ce qui ne me semble pas le but de l’action. Il se peut aussi que la fessée sans autre suivi érotique la laisse crûment sur sa faim.

16 commentaires:

  1. Chère Isabelle
    Finalement le "peu importe le flacon, pourvu que l'on ai l'invresse" est donc faux .. Cela ne m'étonne pas. "Ce n'est pas le bout du chemin qui est important, c'est le chemin que nous empruntons" ...proverbe chinois ... Je dirai même plus, pour moi, l'important c'est avec qui nous faisons le chemin. L'échange, au sens ou nous n'existons pas les uns sans les autres, nous nous définissions toujours par rapport à quelqu'un, nous somme le produit d'une histoire d'Hommes ... Ce que je veux dire c'est que la fessée ne peut peut pas être une fin en soi, mais un chemin, et comme dit supra, l'important c'est avec qui nous faisons le chemin, donc qui donne et à à l'inverse, qui reçoit la fessée ... L'habillage de celle-ci, prélude à autre chose, n'est là aussi que secondaire. Nous changeons de vêtements tous les jours, donc nous pouvons changer nos histoires tous les jours .. un jour noir, un jour rose ...
    Bonne journée Isabelle
    Graham

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    1. Cher Graham, j'aime beaucoup votre histoire du chemin. Vous me connaissais bien intellectuelle, voici donc une réponse typiquement isabellienne...

      Je dirais que chez certaines personnes tous les chemins semblent mener à la fessée. Mais c'est encore un peu plus complexe que cela. Le défunt docteur Olivenstein, surnommé par ailleurs le psy des toxicos, parlait dans un des ses livres de la préparation d'un instant auquel on ne peut échapper.

      Voila à ce que ressemble la fessée imposée pour moi quand j'attends dans mon coin ou devant la porte de l'étude de mon homme. J'ai beau à essayer de m'évader dans l'esprit, il y a quelque part un truc qui ramène continuellement ma pensée à la punition qui m'attend et rien que ce fait aide à mieux comprendre mon soulagement quand je retourne une fois bien corrigée à nouveau dans mon coin. La tête libérée, l'orage passé.

      Olivenstein décrit un tel état comme un changement d'intensité du vécu, semblable à un effet de drogue ou de crise psychotique.

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    2. "La préparation d'un instant auquel on ne peut échapper" : une parfaite définition du lors de l'attente du chatiment

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  2. Bonjour,

    Depuis des mois je parcours votre blog en sous-marin. Je l'apprécie d'autant plus que c'est un des rares si ce n'est le seul blog français qui parle de la DD sans la diaboliser ou la catégoriser SM. Je vous remercie donc pour celui-ci. Et je vous admire de pouvoir le vivre avec votre partenaire, le mien est plus difficile à convaincre!
    Bonne continuation
    Dauphin

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    1. Je vous remercie pour votre commentaire et votre gentille appréciation de mon blog, Dauphin. Il existe un petit public pour la discipline domestique qui n'ose malheureusement pas trop s'expliquer sur le sujet. Une sortie du placard n'est pas pour demain, mais je vois un intérêt croissant. Alors je continue à écrire...

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    2. Curieusement, on revient de plus en plus vers le passé sur beaucoup de choses, et je me dis que la DD fera peut-être aussi parti de ce retour. Je suis pourtant loin de vouloir retourner en arrière dans ma vie, mais la discipline du passé, me "manque", je mets entre guillemets car je ne l'ai pas connu: j'ai du recevoir 1 ou 2 fessées de la part de mes parents et encore je dirai plus des petites tapes sur les fesses, et pourtant, je sens que j'en ai besoin. Continuez d'écrire, c'est grâce à ce blog notamment que j'ai cessée de me sentir coupable et que j'ai compris ce que je cherchais: pas facile de s'avouer qu'on a besoin d'être punie dans le monde d'aujourd'hui. Je suis loin toutefois de le vivre vraiment, mon compagnon n'étant pas très à l'aise avec ça, même si il n'y ferme pas la porte, il lui faudra du temps.

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    3. Je doute un peu que la DD revienne un jour sous ses formes anciennes. Le temps de la femme sous l'emprise d'un mari-patriarche qui décide de tout me semble définitivement révolu et se retrouver alternativement soumise dans un ensemble de pratiques S/m n'est pas non plus au goût des toutes les dames.

      Et si la discipline domestique renaissait sous des traits modernes, débarrassée de ses clichés anciens ? Débarrassée aussi de pas mal d'éléments de la discipline domestique anglophone qui ne représentent pas vraiment l'état d'esprit de certaines femmes modernes en France.

      Des dames lucides qui ont conscience de leur réel besoin de punition désirant un partenaire compréhensif qui n'essaye pas de détourner ce besoin pour son propre intérêt. Long chemin à faire pour clarifier cette position devant pas mal de messieurs...

      Quant à la culpabilité liée au besoin de punition, il se cultive même sur les forums abordant la fessée... et je suis très heureuse si je peux contribuer à lever cette culpabilité par le biais de mon blog.

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    4. Tout à fait d'accord, je ne souhaite pas non plus que ça revienne tel que c'était avant. Je ne supporterai pas que l'on décide de tout pour moi, j'ai mes idées et j'y tiens! Et là est toute la difficulté d'allier l'ancien et le moderne.

      Et il est vrai que ça restera sûrement une forme de vie marginale et dont on ne pourra parler que derrière un écran et encore, vu les réactions de certains sur la toile, sans doute que sur des blogs tel que le votre. Les gens ne conçoivent pas qu'une femme sous DD puisse avoir des pensées propres, les exprimer librement, être indépendante financièrement...

      Je me considère comme une femme moderne, mais j'ai un besoin de punition bien présent que j'aimerai voir comblé. Je ne souhaite pas être punie parce que le repas n'est pas prêt à 19h pile ou que je n'ai pas eu le temps de faire mon ménage, mais pour certains de mes comportements qui peuvent nous pourrir la vie. En effet, je suis quelqu'un qui disons a des humeurs variables. Je ne sais pas évacuer mon stress et au bout d'un moment, je deviens infernale à la maison. J'ai pu constater que la fessée avait un effet hyper relaxant sur moi: pas sur le coup, mais après, je me sens libérée. Je vois déjà les gens bien pensant me dire mais "fais du sport, ça te destressera tout autant" et bien non, je ne retrouve pas cet état de bien être. C'est certes très paradoxal, avoir mal pour se sentir mieux après.

      Il y a encore des tabous dans ce monde qui se dit ouvert. Pourtant, je suis persuadée que beaucoup seraient tenté mais n'oseront jamais en parler.

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    5. C'est avec chaque mot exprimé que la DD s’émancipera un peu plus ! Je ne parle pas seulement de mon blog, mais aussi de la vie de couple de toutes les personnes qui aimeraient vivre une relation de DD.

      Vous faites bien de donner l'exemple du stress. Moi aussi je connais ce phénomène qui se soigne très bien par la fessée. Et moi aussi j'utilise le qualificatif « infernale » qui doit très bien décrire mon état car mon homme en parle aussi.

      Je doute un peu s'il existe une explication valable sur le paradoxe dont vous faites allusion. Pour ma part je verrais cela plutôt comme une particularité personnelle (au même titre que la hétero- ou homosexualité par exemple) qui ne s'explique pas et surtout qui ne devrait en aucun cas se justifier devant le partenaire. On a le droit d'être comme on est.

      Et au lieu de passer son temps à chercher des explications, il me semble plus utile de l'accepter et d'essayer de l'intégrer sans honte dans sa vie adulte. Je pense que la plupart des personnes ne sont pas capables d'entendre ce genre de choses, mais votre petit texte me semble très clair pour bien expliquer à votre partenaire ce qui se passe en vous.

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  3. Isabelle, et vos fesses dans tout ça ? Vous parlez très bien de votre désir de punition, mais pourquoi êtes vous punie par une fessée ? vous pourriez recevoir des coups de règle sur les doigts ou de baguette sur les mollets, copier cent fois " je ne dirais plus de gros mots" ou, dans dans un autre registre, avoir vos seins pincés par des petites tenailles. Pourquoi les fesses ? Uniquement parce que votre homme, tout comme moi, apprécie grandement cette partie de l'anatomie féminine ? Parce que c'est le type même de la punition familiale ? Ou le rapport érogène que vous entretenez avec votre popotin y est il aussi pour quelque chose ?

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    1. Voila des bonnes question. Merci pour les avoir posées, Main leste !

      Je ne saurais vous expliquer pourquoi mon besoin de punition réclame particulièrement la fessée. C'est quelque chose qui était comme cela depuis toute petite. Il paraît que c'est un fantasme originaire et toutes les autres formes de besoin de punition en découlent. Peut-être bien.

      Mon homme n'y est pour rien. Par contre c'est une personne avec laquelle je peux donner une réalité sur mesure à mes fantasmes en toute confiance. Évidement il apporte aussi ses propres fantasmes, mais la fessée était déjà à nos débuts un élément en commun.

      Je vois bien dans la fessée en couple des aspects de punition familiale. J'aime que la fessée soit appliquée par un homme réfléchi, calme, autoritaire et surtout paternel. J'aime le respect qu'il m'évoque par ces attitudes. J'aime quand il me fait clairement comprendre que si je n’arrête pas aussitôt certains comportements que c'est la punition qui me pend au nez. Et que si elle est décidée je n'y peux échapper sous aucun prétexte.

      C'est à l'adolescence que mon fantasme de fessée a pris une connotation plaisante dans un sens d'excitation sexuelle. Je parle bien du fantasme et non de l'acte de la fessée. Une vraie fessée en soi n'est pas jouissive du tout pour moi. Elle me fait mal et j'ai justement besoin de cette douleur pour expier mon besoin de punition. C'est bien après ma punition que les titillement plaisantes arrivent...

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    2. Si vous le permetez je voudrai ajouter mon petit grain de sel à votre dialogue. J'ajouterai à cet "amour des fesses" le fait que la claque, celle destinée à faire mal, destinée à corriger, à mon sens, ne doit pas venir ex nihilo, sinon c'est plus pour "soulager" le fesseur. Même si, pour reprendre votre expression Isabelle, elle ne doit pas être jouissive, le fesseur doit néanmoins prendre son temps, caresser les fesses après les avoir mises à nues, en profiter pour tendrement les écarter, glisser ses doigts un peu partout, puis surprendre. La fesse doit être "molle" quand la main claque, le bruit doit être net, sec, mat, sinon c'est raté et il faut recommecer. L'éloge de la fessée c'est aussi l'éloge du "cul". Il ne doit être ni terreux, ni buté, enfin pas à ce moment, après surement .... Il en est de même avec le martiner ou la cravache, mais toujours la main douce doit finir le travail et ressentir la douce chaleur qui monte. Si la main se doit d'être leste, elle se doit aussi d'être chaude en fin de parcours. C'est la un signe d'une bonne fessée.
      Graham

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    3. Bien sur que je vous permet d'ajouter votre grain de sel, Graham. Pour ma part j'aurais tendance de séparer la fessée punitive et ses alentours de tout le reste des actions récréatives entre adultes. Alors ni touch dans le sens d'éviter soigneusement un pelotage abusif quelconque. Restons dans la discipline purement classique. Cette séparation me semble nécessaire pour vivre la DD à long terme. Comme on dit en allemand : Dienst ist Dienst und Schnaps ist Schnaps. Veut dire dans une traduction très libre :

      Pour satisfaire efficacement le besoin de punition de dame il faut de la crédibilité qui s'envole aussitôt s'il y a des guili-guili ! Sinon on rentre dans un jeu sexuel qui satisfait "d'autres besoins" et laisse la dame insatisfaite au niveau de la punition.

      A mon sens du moins. Cela va de soi. Sinon que chacun et chacune envisage la DD à sa façon.

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  4. Fessée : correction administrée sur les fesses. En lisant cette définition du dictionnaire, nous tous qui partageons le fantasme de la fessée, nous vibrons. Mais il y a ceux et celles, comme vous, Isabelle, qui vibrent surtout au mot " correction", et ceux et celles, dont je fais partie, qui vibrent plus au mot " fesses". Même si pour les premiers, la correction est d'autant plus belle qu'elle elle est appliquée sur le postérieur, et que pour les seconds le cul n'est jamais autant en valeur, ou stimulé, que quand il est claqué ou fouetté.

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    1. Excellent, Main leste. Enfin une distinction claire et joliment mise en mots. Je la garde au chaud et ne m'en veuillez pas si je vous citerai un jour ou un autre dans un de mes posts.

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  5. "On peut se laisser duper par notre raisonnement. Mais on ne peut duper son inconscient qui se base sur des faits." A graver dans le marbre!

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