lundi 2 juillet 2012

115 La honte d'être déculottée


Quelle éblouissement quand un grand de la littérature s'exprime sur la fessée :

"Héloïse et Abailard ont connu cela. Tu sais comment leur passion s'est d'abord manifestée. Abailard apprenait le latin à Héloïse et il la fouettait quand elle avait commis des fautes...
Cette petite, déjà femme par la beauté, qu'éprouvait-elle, dans la honte d'être déculottée par le cuistre quand elle le sentait troublé, quand, subissant les coups et sentant l'indécence des contorsions qu'ils lui coûtaient, elle y fouillait cependant les regards de son maître, les séparait jusqu'en leur nid de chair:

Ne sentait-elle pas sa croupe martyrisée s'épanouir comme une rose douloureuse qui devenait le regard même d'Abailard et s'y brûlait.
N'était-ce pas là, pour elle pour lui, qui devait s’abîmer tout entier dans la folie de ses gestes et de ses yeux, ce que je te suggérais tout à l'heure, le privilège de soumettre l'âme à la passion de la chair et pour Abailard, faire que cette âme, à travers une expression innocente de la chair, le regardât.

Inventer du visage. Éclore un des visages de l'amour consenti à travers une vision inimitable du don, c'est à la lettre, la passion : la crucifixion de l'âme. Il a connu cela. Cela lui a coûté ses couilles. Cela les valait."

Source :  Joë Bousquet; Lettres à Ginette

2 commentaires:

  1. Cela ne vous paraît pas étonnant qu'un paterfamilias de bonne famille laisse le précepteur de sa fille la trousser pour la fouetter?

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  2. A mon avis le père n'était pas au courant. Puis on sait comment cette histoire s'est finie. Abailard fut châtré...

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