jeudi 12 juillet 2012

122 Administrer la correction la plus conjugale du monde (vers 1639)


En faisant de recherches dans mes archives sur une éventuelle coutume en France d'offrir un martinet aux jeunes mariés, je suis tombée sur ce fait divers datant vers 1639.

Évidement, rien ne dit que les légendes urbaines, notamment sur ce qui se passerait dans d'autres pays, n'étaient pas déjà à la mode en ces temps-là ! Alors et sans garantie de véracité une petite histoire moscovite:

Un homme de basse extraction quitta l’Allemagne, et se retira en Moscovie. Si vous êtes tant soit peu curieux de le savoir , il se nommait Jourdain. Le séjour lui ayant paru agréable, il résolut de s’y fixer, et s’y maria. Passionnément amoureux de sa femme , il n'épargna rien pour l’en assurer, mais ses efforts firent inutiles ; elle souffrait intérieurement d'un chagrin qu’elle voulait cacher, mais que la rougeur de ses yeux , ses soupirs et ses sanglots trahissaient à chaque instant.

Son époux lui demandant la cause de cette tristesse, et cherchant à deviner en quoi il avait manqué aux devoirs de la tendresse, elle lui parla en ces termes , après s’être fait long-temps presser.

«  Pourquoi fais-tu si bien semblant de m’aimer? Crois-tu me tromper ? Crois-tu me cacher plus long-temps que je suis vile à tes yeux? »

et en même temps elle versait un torrent de larmes. Jourdain étonné de ce langage , lui demanda en quoi il avait offensé ; que peut-être il avait manqué en quelque chose , mais qu'il réparerait cette faute par plus de soins.

Enfin, lui dit-elle , puisque tu fais semblant de l'ignorer, où sont donc les verges avec lesquelles tu m'as apprise à t'aimer? Ne sais-tu pas que c’est chez nous l'unique moyen que doivent employer les hommes qui veulent nous persuader de leur amour?

Jourdain à ce discours fut long-temps dans une stupeur profonde, et eut toutes les peines du monde à s’empêcher de rire. Bientôt, la première surprise passée, et sa femme persistant à lui parler sérieusement, il fut forcé de croire que ce traitement était indispensable.

Mais comment se résoudre à battre une femme qu'on aime?
Il n’y avait pourtant pas de milieu, il eut été haï; il s’y résolut donc avec beaucoup de peine.

Peu de jours après il saisit un prétexte d’humeur de sa femme , et prenant un bâton, lui administra la correction la plus conjugale. Le remède fit merveille , et sa femme commença à le chérir de la meilleure foi du monde.

Johann Heinrich Maibom : De l'utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage ; Londre 1801;(Le livre original date de 1639)

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