mercredi 17 juin 2015

723 La correction conjugale

Un point de vue datant de 1899

(* J'avais écris ce post hier soir. En faisant mon tour sur les blogs ce matin je suis tombée sur un fort intéressant paragraphe qui semble bien s'accorder avec le sujet.)


Dans mes recherches sur l’existence d'une « discipline domestique historique », je suis tombée sur ce texte. J'ai trouvé la première partie fort amusante et j'approuve de tout mon cœur les dames de cette époque. D'ailleurs je considère la dénomination de « bas bleu » (femme de lettre dans sa première signification!) comme un joli complément et non pas pour sur insulte. Par contre j'ai marqué un temps d’arrêt en lisant la deuxième partie du texte en croyant d'abord à une mauvaise blague faisant même éloge de la violence conjugale vers la fin. A vrai dire ce texte ne semblait pas correspondre à la fin du 19ème siècle. Puis en faisant des recherches sur l'auteur cité, j'ai compris qu'il s'agissait d'un écrit du... 17 ème siècle. Mon impression : La recherche de la discipline historique semble déjà avoir échauffé les esprits il y a plus de cent ans. Cette quête semble se confondre en quelque sorte avec un fantasme de la femme idéale... vue par un homme. C'est peut-être ici que l'on trouve les racines de deux visions distinctes de la discipline domestique. Je pense en effet... .

..qu'il y a grande différence entre une dame qui éprouve un besoin de punition pour les petites et grandes imperfections qu'elle ne se pardonne pas et un besoin de punir qu'éprouve un monsieur envers sa dame pour les petites et grandes imperfections qu'il ne lui pardonne pas. D'un côté je vois un libre consentement, de l'autre peut se dessiner une forme de volonté de soumettre la dame.

Et voici le texte :

La correction conjugale

Ou la question est débattue si les maris doivent battre leur femmes

Peu de questions revêtent une plus réelle importance que celle qui a trait à la correction corporelle dans le cercle familial. En cette époque si agitée par la question de l'émancipation des femmes et par la revendication de leurs droits agressifs, en raison de leur éducation supérieure; par leur désir d'accaparer les fonctions remplies jusqu'à ce jour par des hommes, il nous semble que cette discussion présente un intérêt général.

Depuis longtemps il y a un pressentiment qui couve dans l'âme de l'homme qu'une crise est imminente. Ce qu'il y a de pire, c'est que jusqu'ici il n'y avait aucun moyen de s'y soustraire. Si vous discutez la question avec le « bas bleu » moderne, vous êtes perdu. Sa langue se meut avec beaucoup plus de rapidité que la vôtre, et son esprit naturellement logique, aiguisé par « l'instruction supérieure », réduira vos arguments à néant. Employez le sarcasme, et elle vous répondra en ricanant.

Employez l'invective et elle vous jettera à la face tout le vocabulaire d'une Xantippe. Si vous menacez la femme d'employer la force elle vous défiera en invoquant la loi ! Ayez recours des larmes habilement produites, son cœur cuirassé par les doctrines de Stuart Mill n'aura pour vous qu'un rire moqueur. La « femme moderne », en un mot, n'a en elle absolument aucune crainte de l'homme. Toutes les étincelles de la pitié féminine sont bannies de son cœur, de même que tout sentiment de respect. La femme est non seulement parvenue avec malice à se faire nourrir par l'homme, mais maintenant elle l'évincé des fonctions publiques et elle le nargue par-dessus le marché. Depuis cinq décades les hommes gémissent en silence sous un fardeau lentement accumulé de souffrances, cherchant anxieusement autour d'eux un moyen de salut.

En vain l'homme a-t-il cherché toutes les voies et tous les moyens possibles pour reconquérir le terrain perdu. Tous ses efforts ont été inutiles et, en fin de compte, il s'en trouve plus mal qu'au début. « Tel qu'un chien qui retourne à ce qu'il a vomi ou le porc qui se vautre dans sa fange », il s'est trouvé forcé de" retourner et de se soumettre à celle qui le torture, et de reconnaître de nouveau la suprématie de sa tyrannie femelle.

Ce qui précède ne s'applique évidemment qu'à l'infortuné mortel affligé d'une virago savante. Le sort de l'homme qu'un heureux hasard a gratifié d'une compagne simple de la vieille école est tout autre.

Jeremy Taylor trace, de la femme de vieille école, ce tableau d'une exquise finesse : « La bonne épouse est le meilleur et le plus précieux des dons que le ciel puisse faire à l'homme. Elle est pour lui un ange gardien qui lui prodigue les bonnes grâces; elle est son joyau, son dispensateur de vertus; c'est un écrin à bijoux. Sa voix résonne à ses oreilles comme une douce musique; son sourire lui est un gai rayon de soleil; son baiser est la meilleure sauvegarde de son innocence, et dans ses bras il trouve le plus sûr des refuges. Il y trouve la garantie de sa santé, le baume de longue vie. Son activité constitue la plus certaine de ses richesses et son économie la meilleure des sauvegardes. Ses seins lui offrent un asile où il vient se reposer dans l'oubli de ses soucis, et les prières de la bonne épouse sont certainement celles qui sont le plus promptement exaucées et qui ont, plus que d'autres, le don d'attirer les bénédictions du Ciel. »

Et nous pouvons ajouter, de notre côté, que ses vertus matérielles ne le cèdent en rien aux perfections morales dont elle est douée.

Sa vigoureuse compagne n'a qu'un souci, celui de lui faire des enfants, de montrer ses talents culinaires et de tenir son mari bien au chaud pendant les froides nuits de l'hiver. Quant il lui plaît de s'enivrer elle cherche à lui éviter tout accident ; et lorsque, pour un moment, il peut oublier « la femme de son cœur », et tourner ses yeux vers de la « chair étrangère », elle ferme les yeux sur ses peccadilles, sachant bien que ses propres charmes, bien supérieurs, le ramèneront vite à elle. S'il désire éprouver la force de ses muscles en l'absence d'hommes, c'est avec résignation qu'elle reçoit ses coups, et témoigne même de la gratitude pour cette preuve de véritable affection  Aux injures elle répond par des sourires, et mesure la profondeur de l'amour de son seigneur et maître à la fréquence des châtiments qu'il lui inflige..

Source : Étude sur la flagellation à travers du monde ; 1899

14 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    Avant de lire la courte bio de cet écclésiastique influent dans son pays d'origine, je pensais à la lecture du texte au mot "Bible" au sens d'un recueil des caractéristiques de la parfaite épouse. Je n'étais pas loin de la vérité...
    La deuxième moitié du 19è. siècle, en Europe, c'est la Révolution industrielle et son cortège de lois et de contraintes. On veut "rationaliser" et régenter tout ce qui peut servir l'Homme, et ce même jusque dans son foyer. En France, la Révolution donne le droit à l'épouse de divorcer sans le consentement du mari . L'Homme doit triompher de tout ce qui l'entoure. Et puis, c'est l'influence de " l'ère victorienne": épouse soumise, enfants dociles, mari "dominateur"...
    Un long temps de lutte pour les femmes...
    Mac-Miche.

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    1. Une lutte des femmes qui n'a pas été vaine, cher Monsieur Mac-Miche. Pour ma part étant née avec tant acquis de la condition féminine, j'ai beaucoup de mal à imaginer cet avant que je n'aie pas connu. Et en aucun cas je suis une nostalgique de telles conditions. Mais je ne savais pas la cause féminine avancée au point que relate l'auteur du premier texte. Voila donc tout mon plaisir de le lire. Quand à l'autre monsieur... ben... c'est un peu de la préhistoire pour moi...

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    2. Monsieur Mac Miche,
      Le triomphe de la médiocrité est effectivement le long combat du XIXème. Entériné aux siècles suivants... avec brio !
      L'émancipation féminine est l'un des rares acquis moraux de cette lente glissade. Une sorte d'exception, mais une exception logique dans le contexte et sa chronologie.
      Un combat par ailleurs soutenu par des hommes tel l'auteur de ce texte, dont les dernières lignes sont, au risque de me répéter, féroces.
      Féroces pour les médiocres.
      Féroces, à condition d'un minimum d'honnêteté intellectuelle, pour la bande bêlante des matamores maimaîtres...
      Combien isabelle a raison de mettre en exergue "le fort intéressant paragraphe" !
      Nous regretterons Amandine, qui a si bien cerné ce rapport un peu... spécial de la fessée !

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    3. Ben oui, j'adore les belles réflexions et à ce niveau Amandine a l'habitude de nous gâter...

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    4. Bonjour Isabelle,

      Vous avez raison. Notre chère Amandine semble vire des moments de grands changements dans sa vie. Souhaitons lui qu'il lui soient favorables et pleins de bonnes surprises dont elle saura à son retour nous faire profiter avec son talent coutumier.
      Concernant votre récit ci-dessus, le titre peut se comprendre dans les deux sens.
      Le premier fait référence à la punition promise d'un des deux conjoints à l'autre pour divers motifs...
      Le second concernerait le comportement de chacun/e. "La correction " , au sens de faire preuve d'un comportement "correct" en toute circonstances, dans le langage comme dans l'attitude et ce, en privé ou en public, à l'occasion d'une sortie au restaurant, un repas en famille , un dîner entre amis, ou bien "aux chandelles"...
      Bref, les occasions ne manquent pas. Mais ces deux sens ne vous ont peut-être pas échappé....
      Bonne fête des Pères à tous. Mac-Miche.

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    5. Merci pour cette subtile interprétation du titre de ce texte, cher Monsieur Mac-Miche. Effectivement le deuxième sens m'avait échappé. Je ne vois pas toujours tout voyez vous ! Rire. C'est souvent en écoutant attentivement les autres que l'on apprend le plus. Vous avez bien raison, la correction conjugale mérite attention !

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    6. Bonjour Isabelle,

      "La correction conjugale": un autre Post Bis dans la même veine ?
      Vous avez raison : l'écoute des autres nous apprend les petites astuces de la vie... Comme le disait souvent mon grand-père maternel : "La vieille (Dame) ne voulait pas s'éteindre pour en savoir toujours plus, tous les jours."
      Eternelle sagesse de nos Aïeux.
      Mac-Miche.

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    7. La curiosité de savoir me semble une bonne qualité humaine. Elle va avec l'ouverture de l'esprit. Mais de toute façon pour savoir quelque chose sur autrui le seul moyen reste le dialogue basée sur une bonne écoute.

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  2. bonjour Isabelle et Monsieur Mac- miche
    Un petit questionnement concernant la discipline Conjugale à votre avis
    J'aimerais bien savoir ; sachant que Madame est consentante dans cette affaire ; Monsieur peut il lorsque le besoin se fait sentir décider de lui même d'une punition oû non !
    J' ai lu tellement de propos différents que votre intervention me permettrait de pouvoir y voir plus clair...
    En tout cas pour moi pas de probléme lorsque cela est nécessaire J' accepte
    et me plie à la régle de la discipline même si je proteste où essaie de m' en tirer
    à bon compte
    cordialement
    Jacqueline

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  3. Chère Jacqueline,

    la discipline domestique à mon humble avis est un mode de vie qui se conçoit sur mesure. Donc loin de moi de décider pour vous ou pour votre mari ce que vous devriez faire ou pas. Toutefois une partie de la réponse se trouve dans votre question . Vous dites : « Quand le besoin se fait sentir... » Voila qui me paraît important ! Votre mari vous connaissant très bien détecte dans votre comportement des indices qui lui indiquent le « réveil » de votre besoin de punition et agit pour le satisfaire. C'est un non-dit de demande et de réponse qui peut surprendre, voire choquer votre entourage, mais qui correspond parfaitement à vos attentes et désirs mutuels.

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    1. Bonjour Jacqueline,
      Vous avez raison, me semble t'il quand vous écrivez que la discipline domestique à mon humble avis est un mode de vie qui se conçoit sur mesure. Même dans un couple où justement cette discipline est en place, en l'occurrence une discipline conjugale acceptée par les deux membres du couple, la question de quand faut il punir doit toujours se poser. chez nous, c'est madame qui est punie, mais pas toujours et pas forcément de suite, c'est une question de feeling. De plus, une fessée, c'est toujours un moment particulier, et ma femme, même d'accord pour être ainsi traitée dans le couple, craint toujours la fessée et ses à cotés (baisser sa culotte, le coin, le sermon, etc). Il convient donc d'être prudent dans la décision d'annoncer la punition. Pour réponde plus précisément à la question, c'est moi qui prend cette décision, et dans ce cas elle ne peut pas s'y soustraire.
      Milu

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    2. Merci pour votre réponse, Milu. Visiblement la discipline domestique est un art de vivre qui connaît bien de subtilités qui ne le laissent pas réduire à un mode d'emploi simpliste. Et il suffit d'un peu de mauvaise volonté de certaines personnes pour y voir un système de soumission ou pire encore de maltraitance féminine. Il me semble que ces personnes semblent oublier que la sexualité vanille aussi vit de ses non-dits...

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  4. Décidément, j'admirerai toujours votre sagesse pragmatique, ma chère Isabelle !
    Quant à le Révolution, elle rétablit le droit romain dans le domaine du mariage.
    Un conseil d'amis et de parents, librement choisis et réunis, tentaient une conciliation. Dans le cas de son échec, le divorce était entériné.
    Les Romains ont tout bâti !!!

    Comme j'aime le dernier § ! Ces quelques mots dont l'humour grinçant jusqu'à la raillerie, fera, l'espère-t-on, réfléchir les maimaîtres avantageux, dont l'hypocrisie passe l'entendement !...

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  5. Comme vous cher Monsieur Why Not, j'ai eu un peu l'impression que l'auteur du deuxième texte se montre en père spirituel de bien de maîtres. A l'époque c'était la religion qui justifiait de tels discours, de nos jours c'est le concept du plaisir qui justifie les choses. Mais notons que bien de maîtres élaborent des théories assez spirituelles, à croire presque de se trouver devant des prophètes d'une religion personnelle...

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