10.1 Les oiseaux bleus
Petit à petit, l’été et les
vacances tendaient vers la fin. Le retour de Camille était prévu
pour la semaine suivante. Lucie tardait de revoir son amie. En
appliquant soigneusement les consignes de Nadège, elle avait gagné
de nombreux privilèges. Il ne manquait plus le droit de sortir. Ce
but tant désiré dépendait uniquement de son admission aux
« oiseaux bleus ». Elle savait la sélection difficile,
mais pas impossible.
Lucie était une fille ambitieuse qui
ne croyait pas au hasard. Elle s’exerça sans relâche en tenue sur
des musiques entraînantes, révisant ses pas à chaque occasion.
Elle avait toujours eu un faible pour la danse et un bon sens de
rythme. Rapidement elle se déplaça sur les hauts talons avec
aisance et étonna Nadège de jours en jours par ses progrès. Elle
réussit à ajouter la marche de parade de la corporation à son
répertoire en exécutant les mouvement avec précision et en
épousant le rythme par le claquement de ses talons. Deux phrases de
Nadège hantaient en permanence ses pensées :
Tu
as la chance de devenir un « oiseau bleu » et c’est
tout ce qui devrait compter pour toi.
Et :
Si
tu arrives à intégrer la troupe, nous réviserons tes privilèges.
Le grand jour venu, elle se sentait
prête pour le casting. Malgré une dizaine de prétendantes, elle ne
se découragea pas, décidée de donner le meilleur d’elle. Elle se
découvrit étrangement émue en quittant la maison en tenue de
parade, accompagnée par sa tutrice qui ne cacha pas sa fierté pour
son élève.
Lucie possédait un joli corps et un
visage harmonieux. Elle ne put nier que l’uniforme la mit en
valeur. En arrivant à la salle de sélection, elle remarqua les
regards envieux des autres candidates et de leurs tutrices.
Lucie et Nadège formaient un joli
couple. Nadège n’était pas seulement l’éducatrice la plus
respectée, mais aussi de loin la plus belle femme du village. La
concurrence venait de sa propre maison et Lucie le savait trop bien.
La ferme intention de défendre la réputation de sa tutrice par une
brillante performance, lui fournit le mordant nécessaire pour
s’imposer dans cette compétions. Les candidates alignées,
l’instructrice et la présidente du club firent une première
inspection.
Mesdemoiselles,
la discipline est le meilleur moyen pour mettre l’ordre dans le
chaos de vos pulsions, émotions et contradictions personnelles,
dit la présidente.
Et
elle est de fer ici, croyez-moi. Vous apprendriez chez nous trois
choses avant tout : Manier vos baguettes, marcher au pas cadencé
et la signification de l’esprit de troupe pour livrer un joli
spectacle. Nous ne tolérons aucune manifestation d’individualité.
Vous porteriez toutes la même uniforme et nous interviendrons au
moindre faux pas de l’une parmi vous dans une représentation
publique par une punition collective.
Quand
vous porteriez votre uniforme hors de cette maison, nous attentons de
vous un comportement irréprochable qui fait honneur à notre
corporation. Gare à celle qui enfreint cette consigne. Elle sera
corrigée devant la troupe au grand complet.
Nous
vous considérons en adultes et non en filles immatures. Par
conséquence pour marquer cette différence nous appliquons la
cravache qui vous changera du martinet de la maison. Nous allons
commencer par une inspection de vos tenues et vos allures.
L’une après l’autre fut convoquée
devant le jury pour se présenter. Selon la démarche de la fille,
Lucie saisit immédiatement les concurrentes les plus dangereuses. Il
n’y avait que trois places disponibles. La bataille allait être
rude.
A suivre
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