8.2 Discussion entre femmes
Lucie frémit. « Les oiseaux
bleus », nom de la troupe, réunissait les filles qui
recevaient les éducations les plus strictes au village. Adhérer à
cette corporation impliquait à l’occasion de certains événements
majeurs de la petite communauté d’afficher publiquement un état
d’esprit orienté vers la discipline et l’obéissance. Lucie et
ses amies ne rataient jamais les défilés de ces filles qui
paradaient au pas cadencé pour le plus grand amusement des
spectatrices, émerveillées par tant de coordination rythmique.
Chaque mouvement fut exécuté avec exactitude irréprochable et
laissa deviner un entraînement hors norme par le son de l’impacte
parfaitement synchronisé des talons sur le parquet de la salle de
fête.
Tu
as besoin d’un encadrement strict pour t’épanouir ,
reprit Nadège.
Les
instructrices connaissent leur métier. Elles peuvent, à tout
moment, si elles le jugent opportun te sortir du rang et corriger ton
attitude. Tu feras de progrès spectaculaires. Ainsi recevras-tu
aussi une solide éducation anglaise hors maison.
Et
si je refusais ?
Trop
tard. Tu as voulu changer d’activité et j’ai cédé à ta
requête. Je t’ai déjà mise sur la liste des candidates et acheté
ton costume. Tu commenceras ta période d’essai la semaine
prochaine. Nous avons donc assez de temps pour débuter ton
entraînement. Je m’y connais bien. A ton âge j’étais chef de
file des majorettes.
Je
serais donc un « oiseau bleu » qui devrais s’exhiber
dans une uniforme burlesque, le derrière presque à l’air dans le
petit maillot string ?
Oui
ma chérie. Tu découvriras le sens de la camaraderie et de la
discipline en groupe. Et surtout le prestige de l’uniforme. Il me
tarde te voir défiler. Sois à la hauteur de mes espérances si
tu veux m’impressionner. Si tu arrives à intégrer la troupe, nous
réviserons tes privilèges.
Que
vont dire mes copines ? Je serais la risée de la bande, si cela
se sait.
Lucie,
il s’agit de ton avenir et pas le leurs. Tu as la chance de devenir
un « oiseau bleu » et c’est tout ce qui devrait compter
pour toi. Et si nous essayions ton uniforme ?
En fait, Lucie reçut deux uniformes,
une pour les grandes parades et une pour entraînement. Ainsi
comprit-elle aussitôt quel genre d’espoir Nadège cultivait à son
égard.
La rentrée s’approchait doucement et
il faillait à tout prix gagner le droit de sortie avant que ses
copines ne revinssent. Par conséquence notre héroïne fut
extrêmement motivée. La tenue de parade se composait d’une haute
casquette qui portait l’insigne des « oiseaux bleus »,
surmontée d’une longue plume et qui se fixait par un ruban sous le
menton. Le maillot, taillé dans une matière bleu foncée et
brillante comme un miroir, se résumait à un juste au corps, épaules
nues et montant vers le coup en encolure étroite. Il était très
échancré dans l’entrejambe et de coupe string pour le derrière,
en accentuant la taille par une large ceinture.
L’uniforme se compléta par de
longues mitaines et des cuissardes à talons vertigineux.
La tenue d’exercice ne variait que
pour le maillot qui ressembla à un petit haut s’arrêtant au
dessus du nombril et laissant la partie entre cuissardes et maillot
entièrement dépourvu de tout vêtement pour une « plus grande
aisance du mouvement ».
Lucie n’avais jamais porté des
chaussures aussi hautes et passa une bonne partie de l’après-midi
pour acquérir une démarche acceptable. Elle n’était pas une
fille maladroite, mais comprit vite que la grâce naturelle
n’existait que dans le langage et se méritait par un travail
acharné.
Désireuse de conquérir le droit de
sortie, elle fit demande auprès de sa tutrice de porter sa tenue en
permanence à la maison pour s’habituer au mieux à la façon de se
déplacer avant de n’envisager les premiers mouvements complexes.
Nadège approuva sa bonne volonté en optant pour la tenue
d’exercice.
Pour mieux familiariser Lucie avec
l’esprit régnant aux « oiseaux bleus », le martinet
fut remplacé provisoirement par la cravache. Nadège changea
également le programme de l’après-midi pour enseigner à son
élève les mouvements élémentaires de l’art de la majorette,
accompagnés par de la musique de marche.
Lucie apprit aussi à présenter son
séant d’une façon convenable à la punition en penchant son buste
en avant pour former un angle droit entre ses jambes et le haut de
son corps, les mains autour des chevilles.
L’application rigoureuse de la
cravache garda son attention au plus vif et elle fit de
spectaculaires progrès. Toutefois la transpiration excessive de son
entrejambe ne cessa point comme put s’apercevoir sa tutrice après
chaque correction.
La nuit venu, pour évacuer la tension
de la journée, Lucie dans son lit, s’abandonna à la seule
possibilité qui lui restait pour calmer ses émois et y prit goût.
A suivre
Bonjour Isabelle,
RépondreSupprimerVotre feuilleton me rappelle la série des romans écrits par l'écrivaine (quel mot) Colette au début du 20 è. siècle : "Claudine à l'école" qui est passé à la TV vers 1978- 1980. A ce propos, l'éducation donnée par les femmes est-elle de meilleure qualité que celle dispensée par les hommes ? Plus axée sur l'intellect et la réflexion que celle des hommes qui est peut-être plus pragmatique ?
Je fait un peu de "Hors-sujet" mais , Isabelle, vous m'en excuserez comme à l'accoutumée.
Mac-Miche.
Elle a été souvent très explicite Collette : « La perversion conduit nécessairement, inévitablement à l'infantile... » et dans ce sens je me sens flattée que mon petit texte vous évoques cette immense écrivaine, cher Monsieur Mac-Miche. Voyez, l'éducation dont je parle concerne un adulte qui arrive par les méandres de ses irrationalités à un stade qui semble évoquer l'infantile et qui cherche un coup de main pour mettre de l'ordre dans son chaos intérieur. Difficile de faire le parallèle avec l'éducation d'un enfant. Quant à vos questions je ne saurais trancher, je ne saurais même pas donner une définition d'une éducation de qualité...
RépondreSupprimerchers Isabelle et monsieur mac - miche
SupprimerEn effet Colette était une femme intélligente pleine de finesse et de subtilité dans ses propos et ses analyses ; j' ai pris grand plaisir à la lire ; j'ai pratiquement toutes ses oeuvres .
Un sacré tempérament ! cette Colette
Amitié à vous deux
Jacqueline
Missy, toujours en pantalon et cigare au bec, la cravachait d'importance.
RépondreSupprimerLes leçons firent leur effet puisqu'elle infligea à son tour le traitement à sa secrétaire.
On a quelques bonnes raisons de penser que les fesses de la belle Polaire furent zébrées également. Par ses soins bien évidemment.
On vivait à virevolte de cuir, à cette époque !
Sans se poser de question !...
A mon avis pour écrire des réflexions aussi profonds il faillait un peu plus qu'un simple vécu. Moi j'aime bien me poser des questions...
RépondreSupprimerMais bien sûr, qu'il faut un peu plus qu'un vécu !
RépondreSupprimerEt même beaucoup plus...
Je vous rapportais simplement, ma chère Isabelle, des éléments connus de son comportement.
Le reste... est tout le reste !
Il est d'autre part intéressant de constater combien le sexe était vécu beaucoup plus librement... il y a longtemps...
Le XIXème siècle l'a massacré, au sens littéral du terme.
Seuls les artistes et autres marginaux ont échappé à cette folie.
Dont l'apothéose est l'après-guerre... et le triomphe de la masturbation intellectuelle.
Les survivants de mai 68 sont intimement convaincus d'avoir fait leur fameuse révolution...
On est toujours loin ne serait-ce que du Moyen-Âge !!!
Je suis très peu calée en littérature, cher Monsieur Why Not. Manque de temps. Alors Colette je la connais seulement de quelques citations... remarquables. Je vous vois donc en bon connaisseur en la matière.
RépondreSupprimerJ'ai parfois l'impression que la liberté sexuelle traverse l'histoire humaine par phases. Il existe par exemple un très riche matériel sur la fessée, datant de la fin de des années 20 du siècle dernier qui parle déjà de la mode de la fessée dans les couples.
Enfin, née au début des années 70 la libération sexuelle était déjà un acquis social quand je me suis lancée dans la recherche de princes charmants. J'ai donc beaucoup de mal à imaginer les périodes moins libres....
Je suis loin d'être un spécialiste, chère Isabelle... peut-être même tout le contraire...
RépondreSupprimerIl se trouve que le hasard, à moins que ce soit le monde que j'ai côtoyé dans mon métier, m'ont fait rencontrer un grand nombre de gens avides de fesser leurs congénères ou de hurler sous le fouet...
Il se trouve aussi que ce genre de mœurs est monnaie courante chez les gens célèbres de l'art et de la littérature...
Il ne m'a fallu que satisfaire ma curiosité.
Sans parler de gens célèbres (je n'en connais pas!), cher Monsieur Why Not, il semble suffire parfois selon mes expériences d'une âme littéraire ou penchée vers les art pour découvrir de jolie tendances vers notre sujet.
RépondreSupprimerUn terrain également fort propice se trouve chez certains scientifiques toutes disciplines confondues. Mais bon, j'aime surtout découvrir ce fantasme chez Monsieur et Madame tout le monde, loin de tout rapport avec le BDSM ou du milieu « spanking » et qui eux aussi ont de petites fantaisies et les réalisent « fait maison ».
Bonjour, ma chère Isabelle.
RépondreSupprimerJe parle des gens célèbres dont on connaît les biographies...
Ne serait-ce que Chopin et Georges Sand... sans oublier Musset.
Et l'affreux Zola.
Et toute la bande de la Belle Epoque...
C'est vrai que, question fessée, j'ai eu la chance de rencontrer grand nombre d'intéressés... qui étaient des Monsieur Tout le Monde...
Quant au milieu spanking, comme vous l'appelez, le peu que j'ai pu en connaître est pour le moins fort peu engageant...
Il semble que leur ciment soit avant tout une prétention himalayenne...
J'ai eu, il y a bien longtemps quelques - je l'admets volontairement - agréables contacts avec des personnes du milieu « spanking ». C'était fort intéressant notamment pour les discussions - bien que virtuelles- entre filles où j'ai pu apprendre bien de choses sur bien de messieurs. Disons que je conseillerais à chaque dame, souhaitant de faire des rencontres sur le net, de se chercher d'abord des copines déjà sur place....
SupprimerJe ne puis que répéter : comme vous avez raison !
SupprimerIl y a de ces numéros, sur le net...
A vrai dire, cher Monsieur Why Not, je suis assez effarée de l'insouciance de certaines dames dans leurs rencontres. Elles doivent avoir les fesses dures dans le sens littéral de l'expression...
SupprimerBonjour Mr WHY-NOT,
RépondreSupprimerEvidement une "belle équipe" que tous ces gens-là.
Personnellement, je n'aime pas trop les clubs et autres cercles privés , ça fait toujours un peu trop élitiste. Mais les gens sont peut-être triés sur le volet pour la plus grande tranquillité de ces membres. Mais c'est un choix et je le respecte.
Tous les goûts sont dans la nature, dit-on . Je suis toujours adepte de la simplicité: aller à l'essentiel avec un minimum de préparation. Profiter au maximum du moment sans se perdre dans trop de détails...
Mac-Miche
Elite... oui, mais de quoi ?!...
RépondreSupprimerCher Monsieur Mac Miche, quel bonheur que la simplicité ! Comme vous avez raison !
Carpe diem.
Vale.
Carpe diem, carpe diem... j'ai une fille de six ans moi, alors je dois me poser tout de même des questions sur ...quam minimum credula postero, ce fameux lendemain... Bref, métaphysique féminine... qui peut gâcher les plus beaux moments ! Enfin, j sais très bien ce que peut signifier un carpe diem d'un monsieur envers une dame... rire ! Leçon de philo de mon papa !
RépondreSupprimerMacte nova virtute puer...
SupprimerBonjour Isabelle et Mr Why-not,
RépondreSupprimerJe n'ai qu'un mot à dire : "Ite Missa est ". Je me retire sur la pointe des pieds. Je ne voudrais nullement déranger ce conciliabule. Rires.
Ca me rappelle une citation de Platon ou Socrate, sujet d'une dissertation en classe de Terminale G1 : "Techné mimetaï ten physis" : en gros :
" l'Art imite la Nature". Enfin quelque chose dans cet esprit là. On nage en pleine Philosophie. Bonne leçon.
Mac-Miche.
Soyons clairs, cher Monsieur Mac-Miche, la philo pour la philo reste stérile, par contre elle est hautement utile quand on transpose ses conseils dans la vie courante...
RépondreSupprimerBonjour Isabelle,
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord avec vous. En elle même, la philo reste une discussion littéraire et tente d'apporter un certain éclairage sur des grands principes de l'existence. Son rapport avec la vie quotidienne me semble moins évident.
Du moins à mon avis personnel. Rires.
Mac-Miche.