mardi 31 décembre 2013

451 L'élégance punie

Je vous souhaite à tous et toutes une bonne et heureuse année 2014

Guten Rutsch ins neue Jahr !

Petit cours illustré d'allemand pour débutants. Il est coutume de souhaiter de bien glisser dans la nouvelle année. Peut-être à cause du verglas assez commun en cette époque. Sans oublier les températures parfois glaciaux qui accompagnent au petit matin les fêtards qui rentrent chez eux. De préférence avec de la neige jusqu'au mollets et vu les conditions météorologiques déplorables le tram en panne. Je n'ose m'imaginer en tenue de réveillon avec mes très hauts talons et ma petite robe festive. Mais bon, étant célibataire j'ai toujours trouvé un chevalier galant pour se débrouiller pour m'amener sain et sauf à la maison. Assez de blabla maintenant et voici un petit récit avec un titre inspiré par Monsieur Mac-Miche pour finir 2013 en beauté


L'élégance punie

J’attends de toi ce soir une conduite exemplaire, isabelle !

Cette phrase dans la bouche de mon chéri m’émue toujours. Je sais qu’elle importance il attribue à un couple harmonieux et uni. Alors avant de passer une soirée chez certains de ses amis de longue date, ceux qui m'amusent particulièrement par un intellectualisme qui sent agréablement les seventies, il me rappelle mes bonnes manières. Même dans une situation aussi grave (te paye pas ma tête, isabelle), il n'oublie pas de se rincer copieusement l’œil (là, tu dépasses les bornes !). Car moi je suis encore en train de me préparer. Et connaissant mon chéri, j'ai trouvé depuis des années une parade au cas où - inspiré par le contexte et par mes élégantes allures – il trouve subitement une raison pour me rappeler à l'ordre. Non, non, pas un prétexte tout bidon. Du solide certes, mais qui date. Pas des seventies (isabelle, t'as bu?) je précise. A croire qu'il fait parfois semblant de ne pas remarquer une de mes fautes pour la garder précieusement comme joker pour une situation qui lui provoque une terrible démangeaison de la main. Alors ma parade consiste tout simplement dans le fait que je m'installe devant ma coiffeuse pour me maquiller toute habillée déjà, mais sans ma jupe et encore sans culotte. A croire que pour ma part et surtout par mes allures invitantes que je la cherche cette fessée avant de sortir.

J’aime beaucoup les amis et amies de mon homme. A petite dose. C’est la génération intermédiaire entre la mienne et mes parents. Chacun un personnage en entier. Chacun un peu décalé à mon goût. De grands discours philosophiques, politiques, socioculturels ou sur la vie. Certains sont moralistes à souhait. Il faut par exemple aimer certaines musiques, films, activités qui trouvent grâce à leurs yeux et montrer son dédain pour d'autres inconciliables avec leur idéologie. Ces chevaliers de temps modernes défendent leur propre vision du bien et du mal et n'ont pas forcement un esprit très ouvert. Sans parler du fait que leur intellectualisme s'oppose à ma propre vision du monde qui attribue une place de choix aux irrationalités. En voyant pour ma part dans l'intellectualisme surtout un ... symptôme. Dans un tel contexte mon naturel peu soucieux semble mal passer et il y a toujours quelqu'un pour critiquer tous les petits trucs qui créent ma joie de vivre. Mes hauts talons qui font clac clac. Mes jupes droites qui me donnent une allure BCBG. Mes bas coutures, des vrais qui font parfois des petits plis. Admettons qu'il existe des personnes qui ont besoin de critiquer autrui sur ses apparence. Si cela peut leur faire du bien ! Je reste donc très souriante. Mais cela semble agacer encore plus. Alors mon maquillage... permanent ne convient pas non plus. Sans aborder mon vernis à ongles. Mais, mais... je sais à quel point cela fait plaisir à mon homme de m'y amener. Ce grand garçon si fier, si heureux de sa compagne qui dénote tellement dans ce milieu.

Bien évidement, il y a souvent le rigolo du service qui lance le sujet de l'amour libre. Spécialement pour moi, pour la rigidité de mes conceptions. Eux pour la plupart, ils étaient enfants ou ados pendant ladite « libération sexuelle ». Je retiens : La plupart entre eux vivent seuls maintenant. Autant les hommes que les femmes. Et la méfiance envers le couple semble de rigueur. Certains se perdent même dans les théories qui démontrent l’absurdité d’une telle structure. Mes allures féminines les ont étonnées au début. Désagréablement je pense. Surtout avec certaines amies de Monsieur les relations ont mis du temps pour se développer. Je me suis heurtée à l’incompréhension de mes attitudes. Écouteur de la musique « bête », aimer aller danser en boite de nuit et rire de bon cœur où personne ne voit une blague. Peut-être ai-je gardé quelque part une petite rancune à cause de cette animosité gratuite. Seulement basée sur mes apparences. Et qui me donne envie de visiter ces personnes en tenue chic d’une féminité ostensible.

Je me pose souvent la question s'il ne m'arrive pas de changer de comportement avant une telle soirée. Que je sois plus irritable que d’habitude. Devant la perspective d'une soirée qui s'annonce franchement chi...nte délirante. Il est vrai que la perspective de grands discours me gonfle d’avance. Discours que je n’entends pas à la maison. Ou je peux vivre ma vie (j’évite le mot féminité) telle que je l’entends.

Monsieur et moi, nous ne sommes pas encore partis. Nous sommes retenus par d'importantes affaires. Il n'a pas pu résister à l'appel de mon postérieur tout nu, tourné vers lui comme une insolence suprême. Sa main me siffle la marche, me met au pas. C'est le genre de correction que j’apprécie particulièrement... avec le recul. Du déstressant qui tombe à pic dans une atmosphère trop chargée. On dit parfois que les claques pleuvent avec un effet foudroyant. Et au milieu de cet orage une petite confidence tellement touchante :

T'as intérêt à rester comme tu es isabelle ! Ne change rien.

Je n'en crois pas mes oreilles. L’acte ne dure que quelques courtes minutes qui me paraissent interminables. Un solide travail de correction qui me fait revivre mes rêveries d'adolescente de bonnes fessées d’antan. Celles pour travailler durement sur mes attitudes. Objectif :

Conduite exemplaire !

C’est dans cette expression que se condense un des nombreux non-dits qui nous lie. Je pense que cet exemple montre bien la difficulté d’établir des règles précises pour la DD. Conduite exemplaire c’est flou. Cela peut être tout et rien. Et un rien peut suffire pour s’exposer à une punition. Tout dépend du partenaire. La DD au quotidien n’est pas aussi facile que dans les clichés: Madame se chope une contravention pour excès de vitesse. Elle abuse de la carte bleue de Monsieur. Avec un sous-entendu de dépendance financière. Elle oublie d’envoyer une lettre importante etc. Incidents qui ne nous concernent pas.

Chez nous, dans mon exemple précis, rien de vraiment grave s’est passé. Seulement deux faiblesses humaines qui se croisent et qui trouvent un terrain de décharge dans une claquante correction salutaire. Et cela nous réussit à la merveille. Quand j’ai enfin le droit de me remettre en tenue je sais d’avance que j’aurais du mal à m’asseoir par la suite. Ce n’est pas évident pour se mettre tranquillement à table entre amis. Nos hôtes ont l’habitude que je gigote parfois discrètement sur ma chaise. Malgré mes efforts que cela se passe inaperçu. C’est qui fait beaucoup rire.

Elle est tellement turbulente la petite isabelle. Elle ne tient pas en place ce soir…

Peu importe. Ce sont des remarques gentilles, je trouve. Monsieur ne récolte que des compliments sur moi. Tout le monde m’adore. Dans un contexte de personnes ayant énormément d’expérience de vie (la différence d’âge est quand même considérable) je me sens très flattée.
Bref je suis parfaitement détendue et à l’aise. On me trouve vive d’esprit. Toujours de très bonne humeur. Peut-être un peu trop sage. Ce qui veut dire, pas une femme assez libérée à leur goût.

Monsieur est assis en face de moi. Il est fier de moi et me lance régulièrement un beau sourire. Cela intrigue.

En fait, isa, quel est votre secret pour la longévité de votre couple !


4 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle !!

    Merci de vos chaleureux voeux de bonne et heureuse année !!!!
    Votre récit me fait penser aux préparatifs des comédiens avant le lever du rideau. On met la dernière main aux arrangements avec anxiété et excitation. Ah l'éternel verdict du public... Chacun tente de tenir son rôle à merveille.
    Coup de théâtre, répliques mordantes, rebondissements se succèdent. Une soirée pleine de surprises malgré un auditoire trié sur le volet ! Et vous restez inconsciemment la reine de la soirée. Comme le résume si bien la toute dernière phrase de votre récit. Bon Réveillon de la St-Sylvestre, à vous.
    Mac-Miche.

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  2. Bon réveillon à vous aussi Monsieur Mac-Miche! J'ai déjà failli exploser tout à l'heure à cause du safran sur mes ongles. Bon je me calme et à l'année prochaine...

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  3. À cause du safran sur vos ongles???

    Oui, les clichés (carte bancaire, contravention, dépendance financière, lettre oubliée) sont risibles.

    Sauf que chez nous, l'imprudence automobile et la procrastination (repousser au futur ce que l'on devrait faire aujourd'hui... plus oublier, par exemple des courriers importants) étaient effectivement des défauts de madame, et la tendance à la colère un des miens. ;-) Mais la carte bancaire, quel ridicule!

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  4. Mais oui, le safran a la fâcheuse tendance à se coller sur les ongles et de gâcher les plus belles manucures. Cela m'apprendra de manipuler de tels produits sans gants.

    Je me joins à votre discipline conjugale de bon sens. Bien que je me sente peu concernée par l'imprudence en automobile et par la procrastination. Par contre la colère, là oui...

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