Quelques
souvenirs de mon adolescence
Le bureau de mon papa a toujours su
exercer une magie particulière sur moi. C'est un endroit enchanté
dans la maison de mes parents. Lumineux, confortable et consacré au
savoir. De grandes bibliothèques qui avant l'arrivé de l'internet
abritaient les réponses à quasiment toutes les questions que je me
suis posée en étant petite fille et aussi à l'adolescence. Le
bureau de mon papa n'est pas un lieu interdit. La porte reste ouverte
et chacun peut s'y rendre à sa guise pour consulter les livres. Et
même quand il y travaillait encore et il fallait le laisser à
priori tranquille, il avait toujours un mot gentil pour moi quand
l'envie me prenait de lui rendre une petite visite. Un papa en or, ne
manquant pas de tendresse envers sa petite. Un papa très patient
aussi. Trait de caractère que j'avais du mal à comprendre étant
gamine et qui me semblait une porte ouverte pour essayer de pousser
au plus loin mes limites. Certes, il n'est pas un homme sans
consistance, quand c'est non c'est non, seulement son non était rare
et concernait essentiellement les dangers et certaines conventions de
l'adaptation sociale. Si j'étais un peu naïve, je dirai que mon
besoin de discipline trouve ses sources dans les attitudes éducatives
en apparence laxistes de mon papa.
J'ai commencé à éprouver très tôt
une sorte de nécessité d'encadrement strict. Il y avait tant de
pulsions en moi qui me dépassaient et qui me jouaient de sales tours
notamment à l'adolescence. Pourtant avec le recul je dirais que
j'étais parfaitement apte grâce à la qualité de l'éducation de
mes parents pour entreprendre des relations agréables et
satisfaisantes avec la gente masculine. Ce n'étaient donc pas les
princes charmants qui me posaient problème ou qui me faisaient peur,
mais bien mes propres pulsions. Cette angoisse de me perdre dans des
aventures de plus plaisantes en négligeant ma carrière
professionnelle. C'est à cet âge que l'expression « faire
la vilaine » ou « être
une vilaine fille » a pris une signification toute
particulière pour moi. J'entendais par là tout simplement de
prendre l'initiative avec un garçons, non pas pour établir le
contact, mais dans un contexte de séduction visant à faire plus
ample « connaissance » dans le sens biblique. Et plus
précisément encore de faire monter son désir par de petits trucs
de fille. S'ajouta que j'avais l'impression que certains clichés du
féminisme considèrent d'un mauvais œil le fait d'éprouver du
plaisir de chauffer un garçon à blanc. Et j'ai pu me rendre compte
que certaines de mes copines, elles aussi étaient hantées par là
thématique. Bref, il m'arrivait en rentrant tardivement à la
maison, en tombant sur mon père ou ma mère qui me demandaient sans
ironie ou reproche aucune si j'avais passé une bonne soirée, de me
mettre en colère, car je me sentais incomprise. Colère qui de
manière inconsciente semblait exprimer que je me sentais en quelque
sorte volée d'une bonne correction pour mes audaces.
Alors pour compenser, un de mes
fantasmes favoris avec inclinaison sensuelle concernait un retard
pour rentrer à la maison à cause d'un fulgurant rendez-vous galant
et être attendue par un « substitut de père », un
séduisant monsieur très à cheval sur ma discipline. Posé sur la
table dans les versions les plus anciennes de mon fantasme, le
Rohrstock allemand (une fine canne bien souple) en vue de me faire
parvenir une Rohrstockerziehung (éducation à la canne) dans la
règle de l'art. Ce dernier terme provenant de certains journaux
allemands qui faisaient allusion aux méthodes éducatives d'antan a
très vite su enflammer mon imaginaire. Je m'imaginais alors être
amenée par ce monsieur dans un bureau comme celui de mon papa,
frissonnante à l'idée de devoir baisser mon jeans et ma culotte en
vu de mon châtiment.
Cette nudité imposée devant et
surtout par un homme dans un endroit si familier de mon enfance et
par ce fait de plus rassurant me procurait de très vives
excitations. Et cela n'a pas changé depuis. Seulement à l'époque
je ne connaissais pas l'effet de la canne qui n'est pas un tour de
plaisir pendant son application. Par contre c'est l'instrument qui,
par une application modérée apaise au mieux mon besoin de punition.
Le non-dit ce cette rêverie est tout autre. Si la canne comble bien
mon besoin de punition, ce sont toutefois les instruments plus
« sensuels » en cuir qui comblent plus ou moins aussi mes
désirs plus charnels. Et tout en haut de l'affiche dans mes rêveries
les plus hardies, je me voyais amenée au bureau paternel pour une
bonne bonne fessée à la main. Il me paraît important de distinguer
cette famille de fantasmes plutôt sensuelles, de celle plutôt
punitives. Il a fallu mon homme pour donner réalité à ce vieux
désir depuis mon adolescence. Je parlerai de cette déculottée
mémorable dans un post à part.
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