Oh
quelle jolie patine !
Cris de cœur de mes copines à la vue
de ce
petit carnet, mis en évidence dans mon boudoir. Cris de cœur
qui me mets dans l'embarras. Parfois il m'arrive même de rougir un
peu. Car quoi dire ? Que cette teinte du cuir bien unique est le
fruit d'un effort en commun, due au contact des mains de mon homme et
de la peau de mes fesses. Heureusement mon rougissement est
interprété autrement et notamment la présence du petit cadenas
échauffe les esprits. Le plus souvent ce carnet est censé de
contenir mon jardin secret. Contrairement à ce que j'entends et lis,
je n'entends pas par cette expression de cultiver en cachette des
envies de relations extraconjugaux. Ni des fantasmes supposés
inavouables à la personne qui partage ma vie et soigneusement mis de
côté pour une éventuelle rencontre avec le grand inconnu. Celui
qui n'a pas de nom, pas de visage, pas d'histoire et qui sert
seulement à réaliser mes plus folles envies. Certes, je suis hyper
classique et conformiste, mais pas à ce point. Je n'ai pas envie de
répéter la préhistoire de la condition féminine en séparant ce
qui est convenable et non-convenable dans mon couple. Car mon jardin
secret à moi, justement c'est ce qui se passe dans mon couple, dans
ma petite famille.
Quand je discute avec mes copines je
constate un effet très net « avant et après » les 50
nuances de gris. Trilogie que je n'ai pas encore lue et que je ne
lirais pas avec grande probabilité. Parce que le temps me manque et
aussi parce que le sujet ne m’intéresse pas. Mais il me semble
que nous sommes loin de l'effet chic qu'avait pris ce genre de
fantasmes au début des années 90. Quand moi aussi j'adorais danser
en cage dans les boites de nuit. Non pas pour exprimer mes tendances
soumises, mais pour être en plein feu des projecteurs comme les
copines. Quand moi aussi, j'ai essayé des colliers cloutés
(provenant des magasins pour punks), les minijupes en cuir et les bas
résille. Comme les copines. Sans toutefois adhérer à la
philosophie qui fait frémir les adeptes du Marquis. Comme les
copines.
Je ne vais commenter un livre que je
n'ai pas lu. Puis c'est déjà fait par pas mal de personnes. Par
contre je donne un lien que je trouve vraiment intéressant. Il
exprime à la merveille l'impacte hautement féministe de ce livre.
Il s'agit de l'avis d'une des plus célèbres féministes allemandes,
Alice
Schwarzer, qui - ce qui rend son avis autant plus
intéressant- milite pour une interdiction de films sur certaines
formes du BDSM à caractère particulièrement agressif. Peut-être
les 50 nuances ne sont pas une création hautement littéraire, mais
ce qui m'importe avant tout c'est qu'elle contribue de manière
importante à l'amélioration de la condition féminine. Comme dit
avec perspicacité Alice Schwarzer :
« Une
femme écrit sur le sadisme d’un homme –
car c’est bien ça, le sujet du livre ! – et sur ses
fantasmes de femme. C’est une perspective de femme parfaitement
émancipée. »
Puis :
C’est l’histoire d’une femme
et d’un homme, de leur liaison, de leurs sentiments, de leur amour.
La femme n’est jamais réduite à l’état d’objet passif, elle
reste un sujet actif et pensant.
En gros l'impacte de ces livres me
semble de plus positif. Oui, c'est possible de concilier fantasmes
torrides et vie de couple sans pour autant être prise pour une
truffe sans cerveau. Ou pire encore, pour une dévergondée. Oui, on
peut se suffire en couple pour une sexualité intéressante et
épanouie. Oui avoir des fantasmes (osés ou pas) n'est pas contraire
aux idées féministes. Oui, j'ai des fantasmes qui semblent refléter
une position soumise. Mais cette soumission n'est pas dans ma tête,
mais dans la tête de certains messieurs ou dames … parce que cela
les arrange... au niveau de leurs propres fantasmes.
Si j'avais personnellement un souhait à
formuler concernant le sujet de mon blog, ce sera le suivant. Que
l'on s'éloigne enfin de la terminologie archaïque qui confine la
fessée punitive dans le registre de la soumission.
Éprouver
un besoin de punition n'est pas équivalent d'un besoin de
soumission !
N'oublions pas que se faire « coïter »
était aussi considéré dans le temps comme un acte de soumission
que les dames étaient censées accomplir en fermant les yeux. Je
peux comprendre que la vision de la femme soumise conforte (et excite
surtout) certains esprits masculins. Je peux comprendre aussi que
certaines dames chérissent le fantasme de se sentir soumise à un
homme et loin de moi de les critiquer. Mais de cataloguer une dame
d'entrée de soumise parce qu'elle aime ceci et cela, me semble une
lecture à sens unique. N'oublions pas non plus que ce qui semble
avoir une apparence de soumission ou dévotion comme on dit en
Allemagne, n'est souvent rien d'autre... qu'un
fantasme sadique version fille.
"N'oublions pas que se faire « coïter » était aussi considéré dans le temps comme un acte de soumission que les dames étaient censées accomplir en fermant les yeux."
RépondreSupprimerHé oui, alors que maintenant, à entendre madame mon épouse, c'est un droit de la femme mariée! :-) Comme elle dit en me lavant parfois, "j'entretiens bien les outils, hors de question que ça tombe en panne".
Je comprends parfaitement votre dame. Je me verrais mal confinée à une place d'épouse qui attend que le monsieur prenne l'initiative. J'étais toujours entreprenante à ce niveau. Par contre il me semble que dans certaines relations de soumission /domination l'initiative de la dame bien qu'imposée soit considère de manière péjorative, d'où un vocabulaire comme parfois sal*pe ou chi*nne...
RépondreSupprimerJe ne supporte pas ce genre de vocabulaire. Nous disons "naughty", "coquine", "petite perverse", ou des variantes. Cela ne nous excite pas de nous injurier.
SupprimerAh, chez nous, si madame a envie, madame a envie et s'il le faut elle me mettra sur le dos, organisera la rigidité (quitte à diverses manœuvres embarrassantes pour ma dignité) et mènera la barque! (Je pourrais bien sûr refuser. Mais je ne refuse presque jamais.)
Pour ma part -sans que cela soit étonnant- j'ai un petit faible pour le vocabulaire allemand qui se rapporte à la fessée. Mais je suis également à l'aise dans l'anglais et bien sur dans le français. Vocabulaire bon enfant sans vulgarité, cela va de soi.
SupprimerAutrement je suis aussi très peu étonnée que vous laissez faire votre dame. Rire. Selon mes expériences la plupart des messieurs aiment beaucoup que l'on s'occupe d'eux !
Je ne sais pas. Je pense que l'honneur de mâle de bon nombre de messieurs serait mis à mal par certaines caresses destinées à faire monter la rigidité, et par le fait de se faire chevaucher: cela met à mal cette idée traditionnelle que vous avez mentionnée ailleurs que c'est forcément à l'homme de prendre la direction des opérations et de "coïter" la femme.
SupprimerPouvez-vous nous donner quelques mots en allemand?
Alors là, j'avoue que je n'ai pas d'expérience concrète avec un tel homme. Mais j'ai souvent entendu parler. Rire ! Je pense qu'il ne faut pas négliger la piste de ce que le monsieur raconte à ses copains et à ce qu'il fait (ou plutôt se laisse faire) dans l'intimité avec (ou par) une dame.
RépondreSupprimerVoila un peu d'allemand : Dir gehört mal ordentlich de Po versohlt (tu aurais besoin d'une bonne fessée). Eine géhörige Tracht Prûgel (une fessée duement mérité). Eine auf de nackten (Une sur le derrière tout nu). Züchtigen (discipliner). Rohrstockerziehung (éducation à la canne) ; Siebenstriemet (martinet allemand)
Bonjour Isabelle !
SupprimerHumm, quelle jolie langue !!! Quelle autorité !! J'ai l'impression que les sites sur le "monde de la fessée" ne sont pas nombreux dans la langue de Goethe, sur Internet. A moins qu'ils jugent que l'anglais passe mieux. D'ailleurs , une rumeur voulait au 20 è. siècle que tous les dresseurs de fauves étaient essentiellement d'origine allemande en raison du caractère "tranché" de leur langue natale. Enfin c'était une rumeur. Encore merci pour toutes ces précisions. Perso, ma pratique de ma Langue Vivante 2 remonte... à 22 ans en arrière, à la Fac. Souvenirs, souvenirs...
Bonne journée à vous. Respectueusement. Mac-Miche.
Cher monsieur Mac-Miche !
RépondreSupprimerIl existe quelques sites en allemand sur le sujet, mais la plupart des allemands, maîtrisant parfaitement l'anglais préfèrent publier en langue de Shakespeare pour une meilleure visibilité, comme le Chrossblog ou Ludwigs rohrstockpalast. Il existe également des sites allemands dédiés à la recherche sur le sujet comme rohrstock.de qui depuis presque trente ans essaye de percer le mystère de l'attirance pour la fessée punitive...