mercredi 23 octobre 2013

418 La rassurante poésie du pensionnat pour grandes filles 1


Qu'est-ce qu'il déconcentre l’élevé studieuse pour la transformer en vilaine fille ?

Je ne me souviens plus exactement quand j'ai commencé à ressentir un fort besoin de discipline. Cela dû se passer à la même époque que l'incident dont j'ai parlé dimanche. J'étais une élève avec des capacités intellectuelles plutôt médiocres, mais très studieuse pour compenser. Et cela marchait à la merveille. Jusque-là, j'avais vécu en bonne entente avec mes fantasmes de fessée. C'était moi au commande de mon imagination que je gardai pour le soir, dans mon lit ou pour les moments calmes de la journée. Quand j'étais sûre de ne pas être dérangée dans mes rêveries. Parfois il y avait des petits bouleversements dû à des stimuli d’extérieur, car le sujet de la fessée entre adultes apparaissait à des rares occasions dans les journaux. D'autres fois, il s'agissait de menaces proférées sur un ton de plaisanterie à mon égard ou à une de mes copines. Alors j'improvisais des petites histoires avec ces nouveaux éléments.

Mais subitement à partir d'un certain âgé de mon adolescence, mon besoin de discipline s'est présenté dans mon petit train train de vie jusqu'alors plutôt paisible et ceci de manière impérieuse. Voyons un peu le contexte. Mes parents ont pris le soin de me présenter la sexualité d'une manière très complète, en insistant sur des détails importants qui manquent à l'instruction scolaire. Ils ont su me parler outre que du changement biologique de la pulsion y liée. Plus spécifiquement encore de la force de cette pulsion qui ne laisse guère beaucoup de choix à l'être humain que de l'apaiser quand on ne souhaite pas se frustrer.

Il faut donc apprendre à se créer des conditions propices pour la satisfaire, par la recherche d'un partenaire, qui de préférence ne convient pas uniquement aux exigences de la nature, mais comble aussi nos attentes en qualités humaines. Et vu que ce processus prend du temps, il est opportun de se contenter en attendant de la vilaine main. Ce dernier terme ne vient pas de mes parents. A la base, il désigne pour moi une situation particulière, quand mes pulsions se montrent si impérieuses que je ne puisse plus me concentrer pour travailler.... à moins de faire baisser un peu la tension. Car il faut savoir différer ses pulsions quand les circonstances ne sont pas propices. Renoncer littéralement au principe du plaisir quand le principe de la réalité demande son dû. Ce qui n'est pas un acquis et qui s'apprend... durement !

Alors mes naïves tentatives de me trouver un prince charmant pour se tenir la main et se dire des mots tendres, changèrent de taille par un nouveau enjeu... de l'ordre biologique. Bref, un tout qui ne faisait qu'augmenter mes « déconcentrations » . Je trouve que des expressions comme « nerveuse » ou comme on dit en anglais « in trouble », troublée conviennent parfaitement à la situation. Trouvant cette situation sous l'emprise de mes nouvelles pulsions très stressante, j'ai commencé à m'imaginer dans un pensionnat à l'ancienne pour jeunes filles. Je vais essayer par la suite de donner le non-dit que m'évoque cette situation ... maintenant, étant adulte et avec le recul. Exercice pas si évident que l'on ne puisse l'imaginer. Non pas parce qu'il m'évoque de la honte ou de gêne d'en parler, mais pour trouver les mots justes pour mes idée exposées. Et puis je n'ai pas le talent de ce poète qui livre sa version toute personnelle.

J'ai déjà parlé dans le post cité plus haut pourquoi il n'y avait que des femmes dans ce pensionnat. Les garçons identifiés comme source de mes « déconcentrations », quoi de plus logique que de s'en tenir loin. Et parce que « l'esprit est ardent, mais la chair est faible », il y avait quelque chose de rassurant pour moi de me trouver dans une institution qui impose une discipline particulièrement « chaste » avec une main de fer. Discipline dans son sens primaire, se conformer à un ensemble de règles (notons l'aspect particulier de ce dernier mot pour une fille!) qui s'appliquent dans une collectivité. Il en va de soi que les éducatrices savent reconnaître aussitôt ce genre de problèmes. Déjà par le fait d'être passées par-là elle-mêmes. Nous n'avons pas forcement besoin de recourir à la morale, culpabilité de tout genre ou à la religion judéo-chrétienne pour souhaiter y faire sa rentrée, bien que fantasmatiquement, dans un tel établissement. Il suffit tout simplement d'éprouver une lourde crainte de se trouver sabotée par ses pulsions et ainsi compromettre sa carrière professionnelle et son avenir. N'oublions pas que le féminisme se conçoit aussi comme une ambition de pouvoir se créer une bonne situation de vie sans recours à un homme. Voila qui résume ma motivation" d’inscription" et aussi le contenu du programme : Apprendre à différer ses pulsions. Ce qui explique autrement l'interdiction du commerce avec des garçons, non pas comme un péché mortel, mais comme menace réelle de n'avoir que « des garçons en tête ». La poésie de l'internat est redoutablement flexible. Elle s’adapte sans le moindre mal à notre époque et ce ne sont pas que les « cruches » - contrairement ce qu'aiment imaginer certains et certaines - qui s'y projettent dans leurs fantasmes.

A suivre...

5 commentaires:

  1. Je me reconnais bien dans la première partie de ton texte, Isabelle. J'ai quelques doutes sur tes supposées "capacités intellectuelles médiocres" - je crois vraiment que tu te dévalorises. Constance me menace de divers sévices quand je dis ce genre de choses de moi...
    A cet âge-là, j'avais plutôt des facilités, si bien que, tout en travaillant beaucoup (on ne se gênait pas pour me demander des connaissances au-dessus des programmes, puisque j'étais capable de les avoir), je méprisais la valeur du travail. Ce qui, bien sûr, me donnait l'impression de manquer d'intelligence: j'avais le sentiment que le succès ne peut être complet s'il n'a été facile.
    Mais j'usais de mêmes procédés pour me ménager des moments tranquilles... surtout quand on me laissait seul à la maison.
    Ton explication de la volonté de réduire les "activités manuelles" est très intéressante - je découvre. Pour moi, même si j'ai eu une éducation très ouverte, il y a bien eu de la culpabilité qui s'y attachait. Mais je crois que cela s'expliquait plutôt par l'écart entre le personnage dans lequel je me projetais dans mes fantasmes et ce que j'étais dans la vie de tous les jours. Je n'aurais pas voulu que ce personnage doux et soumis contamine mon moi officiel...

    Simon

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  2. Mon éducation, sans être "coincée", n'était guère ouverte et je me rappelle de l'air horrifié de ma maman quand elle m'a surpris à jouer de la "vilaine main" et de sa question inquiète (si quelqu'un m'avait montré cela...).

    La "vilaine main" chez les filles, d'habitude, on n'en parle pas, c'est inavouable. Chez les garçons, c'est vite associé à l'idée de looser qui ne peut pas avoir de copine, non?

    J'ai donc fini par rêvasser à des saynettes comme: la gouvernante me surprend, elle m'explique qu'un garçon bien élevé ne fait pas cela, puis me punit... et éventuellement finit par accomplir elle-même le geste, d'une manière me mettant entièrement sous son contrôle.

    Mais évidemment, évidemment... comme pour Simon ce personnage soumis était incompatible avec celui que l'on attendait de moi dans mes rapports féminins.

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    1. Je ne sais pas tellement si c'est associé à une idée de looser... enfin, je n'ai jamais été très au courant des associations d'idées des autres.
      Par contre, quand je parlais de l'opposition entre le personnage soumis et le moi habituel, je ne pensais pas aux relations avec les filles, je parlais de l'attitude générale.
      Quant aux rapports féminins - j'ai pu m'entendre bien avec des filles, mais je n'ai pas eu de copine avant Constance. Je n'ai pas vraiment eu l'idée de me chercher une petite amie.

      Simon

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  3. Cher Simon, loin de moi de me vouloir dévaloriser. Passionnée depuis toujours par les sciences  naturelles quand il faut trouver une repose concrète à une question, on se rend facilement compte de ses propres limitations objectives. Mais comme j'ai pu m'en apercevoir, des capacités intellectuelles médiocres, n’empêchent en rien de faire une carrière professionnelle. Puis j'étais plutôt douée en relations humaines.

    Je prends bonne note de « l'écart entre le personnage dans lequel je me projetais dans mes fantasmes et ce que j'étais dans la vie de tous les jours ». C'est un élément essentiel à mes yeux qui explique bien de choses en matière de notre fantasme qui comme tout fantasme doit accomplir une double fonction : satisfaire nos désirs érotiques et satisfaire nos ambitions dans la vie de tous les jours. Cruel dilemme parfois pour trouver un compromis.

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  4. Cher Pecan, j'ai déjà entendu à maintes reprises de la part de messieurs, l'importance d'avoir à l'adolescence une copine. Sans toutefois que ce soit une généralité. Il me semble qu'à cet âge les fantasmes de fessée paraissent incompatibles avec une sexualité plutôt classique. J'ai également déjà entendu l’idée d'un rapport entre vilaine main et sentiment de virilité. Ce qui me intéresse avant tout sur mon blog sont des sentiments authentiques et dans ce sens merci pour votre contribution.

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