Mais
qu'est-ce qu'il m'arrive ?
(Un texte très personnel, prévu en trois
parties)
Je me souviens bien d'un étrange
incident pendant mon adolescence. Un jour, en cherchant pour mes
cours des citations dans la bible, je me suis vue confrontée à une
excitation naissante. Non pas de manière intellectuelle ou
spirituelle, mais clairement de nature charnelle. Au point de ne plus
pouvoir poursuivre mes recherches, tellement le désir se montra
impérieux. Plus tard, à tête reposée j'ai pu établir un lien
plausible entre ma lecture et mes activités manuelles qui s’avéra
fort gênant. Mon texte de l'ancien testament parlait de manière
répétitive de punitions. Voila qui orienta ma réflexion d'abord
vers toute une gamme de fantasmes de mon enfance. A cette époque je
me faisais un délice d'imaginer des petits diables et pestes de mon
entourage qui me pourrissaient la vie, sévèrement châties par un
sonore pan-pan cucul devant moi. Parfois la punition était infligée
par un des parents , parfois par des commerçants du quartier
ayant un air peu commode, parfois par des voisins style prof à
l'ancienne ou des voisines à l'allure bas-bleu. Étant très
concrète dans mes fantasmes et soucieuse des moindres détails, je
me faisais un plaisir d'élaborer des rêveries complexes. J'avais
même pensé par un procédé miraculeux de me rendre invisible pour
mieux espionner ces séances de correction. Je me contentai d'une
position d'observatrice et un plaisir jubilatoire était
régulièrement au rendez-vous. Seul point noir dans ce joli tableau,
un rapport direct avec la vilaine main qui me rendait cette activité
suspecte et quelque peu pesante.
Ce sentiment fut amplifié par ma
« déconcentration » malvenue pendant ma lecture
spirituelle et surtout par ma prompte manière d'y remédier. J'étais gênée non pas envers le
divin, mais envers mon contexte familial. En comprenant que ce qui
avait mis mon sang en ébullition était un changement fantasmatique,
d'être punie moi-même et de surplus par quelqu'un qui prétend être
mon père et qui n'est pas mon père. Je n'ai pas poussé ma
réflexion au bout pour découvrir la vraie nature de mon fantasme :
être fessée par mon propre papa. (Pourtant je me souviens d'un
courrier de lecteur en ce sens qui
m'a causé des nuits blanches.)
Je me suis contentée de comprendre que
la fessée n'avait pas uniquement un aspect de plaisir jubilatoire de
vengeance. Cette dernière procure d'ailleurs une vraie satisfaction
par le fait de combler les désirs agressifs, ne serait-ce que par
procuration. Maintenant, ayant changé ma confortable place
d'observatrice avec celle qui se trouve elle-même penchée sur les
genoux de celui qui punit, j'ai compris également qu'une nouvelle
notion entrait en jeu. Celle de la sexualité d'adulte, celle de mon
attirance pour les princes charmants, en gâchant un - en apparence
innocent - fantasme de me faire claquer le popotin par un monsieur
exigeant pour comportements exécrables de tout ordre. Alors pour
sauver mon idyllique monde d'enfance qui grouillait de justes
châtiments pour autrui et qui se retournaient maintenant contre moi, j'ai trouvé
un parade excellente en me réfugiant dans un contexte entre filles
qui me paraissait exclusivement punitif donc exempt de la notion
charnelle.
Alors dans mes rêveries je partais
dans des écoles d'antan, des pensionnats pour jeunes filles, chez
des amies sévères de ma mère, voire dans des académies
militaires. Dans ces institutions il fit bon vivre. D'un côté je
pouvais assister aux châtiments de mes copines, de l'autre pour ma
part je n'étais pas non plus à l'abri de claquantes sanctions. Sans
parler de remises en question en groupe. De quoi m'occuper largement
l'esprit le soir dans mon lit, mais aussi à l'école pendant mes
cours en serrant mes cuisses.
Parallèlement de cette passion plutôt
virtuelle, j'en avais une autre, bien réelle. La course au prince
charmant, car mes copines du lycée n'étaient pas nées de la
dernière pluie. Toutefois j'ai pris mon temps de faire le choix d'un
prince qui me convenait, au lieu de me précipiter sur un statut
d'une fille qui sort avec un garçon. Ce qui n'est pas du tout la
même chose. La fessée cloisonnée dans des institutions imaginaires
entre filles, j'ai vécu le bonheur de la rencontre, d'une relation
naissante, de premiers baisers et de premiers contacts charnels avec
un garçon de manière de plus vanille. Bien conseillée et bien
renseignée sur tout point de vue par mon papa et ma maman, je garde
un excellent souvenir de cette époque. Et aussi du premier aperçu
du plaisir charnel que j'ai découvert dans la sexualité. Seulement,
je fut vite rattrapée par un impérieux besoin de discipline. D'où
d'ailleurs le nom de mon blog. J'en parlerais dans un prochain post.
Sur la fin de mon adolescence j'ai aussi eu d'une part des poursuites bien réelles (me trouver une copine... un peu comme presque tous les garçons) d'autre part des poursuites virtuelles (ce fantasme qui s'installait de recevoir la fessée et plus de la part d'une dame plus âgée... et parfois de la donner ou de la voir donnée à une pimbêche).
RépondreSupprimerBien entendu l'un n'allait pas avec l'autre. De nos jours on parle 50 nuances de gris à la radio/TV mais à l'époque ce n'était pas un sujet facile: peur d'avoir l'air d'un malade à vouloir recevoir le panpan cucul, peur d'avoir l'air d'un 'homo refoulé" pour vouloir recevoir un doigt indiscret...
Dans le même temps j'ai appris la "vanille", mais encore assez maladroitement.
Ce n'est que plus tard, avec ma compagne actuelle, que j'ai pu, outre une délicieuse "vanille" (madame m'a dit avoir découvert avec moi les bienfaits de l'application quotidienne), essayer mes fantasmes... et me mettre aussi à fesser moi aussi car madame se comporte parfois comme une pimbêche. Adolescent, je ne me doutais pas de la satisfaction qu'il y a à déculotter et rougir un joli derrière coupable.
Cher Pecan, ce que vous dites ressemble beaucoup à ce que me raconte mon homme. Autant pour le fantasme de recevoir une fessée par une dame plus âgée, autant pour la pimbêche, pour lui version garçonne impertinente. Vous avez raison d'insister sur le côté maladie qui était collé dans le temps au fantasme de la fessée. J'ai quelques anecdotes révélatrices à ce sujet concernant la mentalité allemande. Il faudrait que j'en fasse un post. Un peu comme vous je dirais : Adolescente je ne me doutais pas de la satisfaction qu'il y a à me faire déculotter et rougir mon derrière coupable. Ce la réalité qui à plaisamment dépassée mes fantasmes.
SupprimerTrès intéressant. J'attend la suite avec délice.
RépondreSupprimerje suis ravie que mes confidences vous plaisent, Olivier. La deuxième partie sera avec grande probabilité pour demain.
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