dimanche 6 octobre 2013

410 Fessée jouissive versus fessée punitive 1


La question de la domination 

En lisant attentivement les blogs et forums concernant notre sujet, on trouve un questionnement récurant. Certains amateurs de la bonne vielle fessée à l'ancienne ne sentent pas leur monde fantasmatique en phase avec les jeux de dominant/dominée et leur recherche d'un raffinement de jouissance. Contrairement à eux, ils ne souhaitent pas impliquer l’aspect récréatif dans l'acte punitif. Ils souhaitent seulement une fessée qui punit pour vraies fautes et écarts de comportement. Une qui est subjectivement considérée comme désagréable, voir douloureuse en même temps que rédemptrice, structurante, libératrice et qui débouche sur une réhabilitation ou sur le pardon.

Pourtant on renvoie ces personnes presque toujours aux explication de bon sens, pour les rallier à la cause de la domination. Explications du style de ne pas avoir peur des mots et désignations, en oubliant que cette terminologie était inventée ou empruntée à droite et à gauche par des personnes concernées pour se créer un credo binaire : vanille et... tout le reste. Par conséquence reste ouverte la question de la légitimation de cette terminologie. On y trouve également des amalgames stéréotypées comme entre douleur et S/m . Ou comme si accepter sa punition était un engagement dans un rapport de domination et non pas par exemple dans un rapport d'autorité. Notion qui renvoie à la complexe construction de la « légitimité » fantasmatique qui donne cet air de vraie et justifiée punition à la fessée. Ainsi prouve-t-on aux récalcitrants de A à Z de faire partir d'un monde mis à l’écart de la vanille (comme si la vanille excluait l'ouverture de l'esprit et des sens), seulement elles n'osent pas se l'avouer. Explications qui peuvent paraître logiques sans qu'elles paraissent pour autant satisfaisantes. Personnellement je doute que le bon sens détienne forcement la vérité, du moins il montre vite ses limites. Pensons à un exemple flagrant et moderne d'une personne biologiquement homme, mais se sentant femme. A moins de vouloir broyer son individualité, il est impossible de la caser dans certaines catégories comme cela se faisait avant. Il en est de même pour notre sujet, il y a eu du progrès dans la compréhension de certaines phénomènes et il serait grand temps de se réveiller.

D'où ma réflexion qui va suivre pour montrer la fragilité de certains argumentions qui enferment les adeptes de la fessée punitive dans des clichés de ceux qui cherchent leur plaisir à l'écart des chemins de la vanille. Je vais essayer de distinguer ce qui est du domaine de dominant/dominée et du domaine de la nostalgie pour la vraie fessée qui punit pour fautes. Je vais parler essentiellement de messieurs, car mon sujet de base de cette série concerne la discipline domestique en toute confiance, d'où l’intérêt de savoir où mettre ses pieds.

Il n'y a pas confusion dans ma tête entre un un dominateur et un homme nostalgique de la vraie fessée, un éducateur (désignation faute de mieux). J'ai l'impression qu'il s'agit de deux caractères bien différents. Je comprends par dominateur (ou dominatrice) avant tout une personne qui cherche une « capitulation de la volonté » chez autrui, expression inspirée par la féministe Marylin French. Que ce soit par le biais du plaisir, de la séduction, de la douleur, par l'humiliation ou autre. Avec pour but d'imposer/proposer à l'autre personne un mode de jouissance, qu'il soit physique ou cérébral, de sa propre conception (celle du dominateur). Tirant plaisir d'exercer un pouvoir sur autrui en le contrôlant dans ce qui est de plus intime. En gros une variation sur le vieux rêve de de Sade qui pour sa part cherche à élever les « voies parallèles » à la vanille comme jouissance universelle. Notons qu'un fantasme de domination peut prendre des proportions d'une mégalomanie dans certains constellations. Selon ma compréhension le mégalomane, faute de disposer d'une zone de son corps qui fonde et alimente son narcissisme, le fameux phallus quoi, « cérébralise » en élevant son ego comme source de son exaltation.

Il y a des formes de domination qui essayent en quelque sorte de prendre possession d'une autre personne, de son corps ou de sa pensée peu importe, pour que la personne dominée se sente ainsi livrée à un troublant et déculpabilisant plaisir « malgré soi ». D'autres visent un abandon des résistances, cette fameuse capitulation de la volonté, le lâcher prise, l'abandon tout court. Toujours en vu d'un plaisir imposée, forcée dont on jouit de manière passive. En ce sens-là, il me semble très révélateur de parler de plaisir de partagé. J'ai l'impression que c'est l'essence même de la domination de vouloir partager un mode de jouissance insolite ou du moins le savoir d'un tel mode. Par extension, la soumission consiste dans la volonté de jouir de la même manière que celui qui domine ou du moins s'adapter à son mode de jouissance. D'où, de ce côté aussi, la notion du partage. Voila un solide noyau pour fonder un consentement et si deux personnes sont sur la même longueur d'onde, je ne vois aucune raison de critiquer. A condition justement de ne pas vouloir m'imposer à moi leur manière de jouissance. Soyons clairs, je ne juge personne, j'essaye simplement de trouver un critère communicable pour distinguer entre une démarche qui vise plus ou moins ouvertement une jouissance et une autre qui paradoxalement semble vouloir se passer de toute jouissance.

A suivre...

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