La
question de la domination
En lisant attentivement les blogs et
forums concernant notre sujet, on trouve un questionnement récurant.
Certains amateurs de la bonne vielle fessée à l'ancienne ne sentent
pas leur monde fantasmatique en phase avec les jeux de
dominant/dominée et leur recherche d'un raffinement de jouissance.
Contrairement à eux, ils ne souhaitent pas impliquer l’aspect
récréatif dans l'acte punitif. Ils souhaitent seulement une fessée
qui punit pour vraies fautes et écarts de comportement. Une qui est
subjectivement considérée comme désagréable, voir douloureuse en
même temps que rédemptrice, structurante, libératrice et qui
débouche sur une réhabilitation ou sur le pardon.
Pourtant on renvoie ces personnes
presque toujours aux explication de bon sens, pour les rallier à la
cause de la domination. Explications du style de ne pas avoir peur
des mots et désignations, en oubliant que cette terminologie était
inventée ou empruntée à droite et à gauche par des personnes
concernées pour se créer un credo binaire : vanille et... tout
le reste. Par conséquence reste ouverte la question de la
légitimation de cette terminologie. On y trouve également des
amalgames stéréotypées comme entre douleur et S/m . Ou comme si
accepter sa punition était un engagement dans un rapport de
domination et non pas par exemple dans un rapport d'autorité. Notion
qui renvoie à la complexe construction de la « légitimité »
fantasmatique qui donne cet air de vraie et justifiée punition à la
fessée. Ainsi prouve-t-on aux récalcitrants de A à Z de faire
partir d'un monde mis à l’écart de la vanille (comme si la
vanille excluait l'ouverture de l'esprit et des sens), seulement
elles n'osent pas se l'avouer. Explications qui peuvent paraître
logiques sans qu'elles paraissent pour autant satisfaisantes.
Personnellement je doute que le bon sens détienne forcement la
vérité, du moins il montre vite ses limites. Pensons à un exemple
flagrant et moderne d'une personne biologiquement homme, mais se
sentant femme. A moins de vouloir broyer son individualité, il est
impossible de la caser dans certaines catégories comme cela se
faisait avant. Il en est de même pour notre sujet, il y a eu du
progrès dans la compréhension de certaines phénomènes et il
serait grand temps de se réveiller.
D'où ma réflexion qui va suivre pour
montrer la fragilité de certains argumentions qui enferment les
adeptes de la fessée punitive dans des clichés de ceux qui
cherchent leur plaisir à l'écart des chemins de la vanille. Je vais
essayer de distinguer ce qui est du domaine de dominant/dominée et
du domaine de la nostalgie pour la vraie fessée qui punit pour
fautes. Je vais parler essentiellement de messieurs, car mon sujet de
base de cette série concerne la
discipline domestique en toute confiance, d'où l’intérêt de
savoir où mettre ses pieds.
Il n'y a pas confusion dans ma tête
entre un un dominateur et un homme nostalgique de la vraie fessée,
un éducateur (désignation faute de mieux). J'ai l'impression qu'il
s'agit de deux caractères bien différents. Je comprends par
dominateur (ou dominatrice) avant tout une personne qui cherche une
« capitulation de la volonté » chez autrui, expression
inspirée par la féministe Marylin French. Que ce soit par le biais
du plaisir, de la séduction, de la douleur, par l'humiliation ou
autre. Avec pour but d'imposer/proposer à l'autre personne un mode
de jouissance, qu'il soit physique ou cérébral, de sa propre
conception (celle du dominateur). Tirant plaisir d'exercer un pouvoir
sur autrui en le contrôlant dans ce qui est de plus intime. En gros
une variation sur le vieux rêve de de Sade qui pour sa part cherche
à élever les « voies parallèles » à la vanille comme
jouissance universelle. Notons qu'un fantasme de domination peut
prendre des proportions d'une mégalomanie dans certains
constellations. Selon ma compréhension le mégalomane, faute de
disposer d'une zone de son corps qui fonde et alimente son
narcissisme, le fameux phallus quoi, « cérébralise » en
élevant son ego comme source de son exaltation.
Il y a des formes de domination qui
essayent en quelque sorte de prendre possession d'une autre personne,
de son corps ou de sa pensée peu importe, pour que la personne
dominée se sente ainsi livrée à un troublant et déculpabilisant
plaisir « malgré soi ». D'autres visent un abandon des
résistances, cette fameuse capitulation de la volonté, le lâcher
prise, l'abandon tout court. Toujours en vu d'un plaisir imposée,
forcée dont on jouit de manière passive. En ce sens-là, il me
semble très révélateur de parler de plaisir de partagé. J'ai
l'impression que c'est l'essence même de la domination de vouloir
partager un mode de jouissance insolite ou du moins le savoir d'un
tel mode. Par extension, la soumission consiste dans la volonté de
jouir de la même manière que celui qui domine ou du moins s'adapter
à son mode de jouissance. D'où, de ce côté aussi, la notion du
partage. Voila un solide noyau pour fonder un consentement et si deux
personnes sont sur la même longueur d'onde, je ne vois aucune raison
de critiquer. A condition justement de ne pas vouloir m'imposer à
moi leur manière de jouissance. Soyons clairs, je ne juge personne,
j'essaye simplement de trouver un critère communicable pour
distinguer entre une démarche qui vise plus ou moins ouvertement une
jouissance et une autre qui paradoxalement semble vouloir se passer
de toute jouissance.
A suivre...
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