Petit
aperçu derrière les murs
Mes fantaisies successives du
pensionnat répondaient à deux situations majeures de ma vie de
jeune fille/jeune femme. D'abord à l'angoissante perspective de
passer à l'acte avec un prince charmant, puis plus tard à la phase
après le premier acte charnel consommé. Voyons cela un peu plus
près.
Se retrouver entre filles est déjà
rassurant par le fait de rencontrer ses semblables, concernées par
une même perspective si j'ose dire. Voilà qui permet d'échanger
autour d'un sujet en commun. Et rien ne vaut la meilleure copine pour
des confidences mutuelles. Toutefois le lien entre la peur de la
première fois et la force de la pulsion imposée par la nature reste
souvent un non-dit. Et je dirais même qu'il ne devient pas forcement
conscient à cet âgé-là. Pourtant il suffit de regarder mes
fantasmes accompagnants et leur symbolisme. La pulsion qui pousse
vers la périlleuse situation de la première fois est censurée en
quelque sorte pour se montrer de manière beaucoup plus inoffensive.
Un sacré besoin de discipline, imposé par le biais d'un martinet,
objet hautement phallique. Et voilà mon prince charmant, porteur de
ce qui attire autant ma convoitise que mon appréhension, réduit à
un petit objet qui inspire plus facilement mon imagination. Une sorte
de choix d'un moindre mal.
Par conséquence dans notre pensionnat
le contact avec le prince charmant est rigoureusement interdit (voilà
l'élément hautement rassurant : l'interdiction) et sévèrement
réprimé par des punitions corporelles. Celle qui fait tentative de
courir les garçons, devra se contenter du martinet dans des
conditions identiques de la vanille : la culotte baissée. Mais,
coup de théâtre et renversement de la situation, c'est le derrière
qui doit être présentée. Parfois dans un pénible huit clos devant
la directrice, haute autorité punitive qui appliquera le martinet.
Évidement c'est un événement très stressant et -inutile de le
mentionner – imaginé très douloureux. Parfois aussi c'est la
châtiment public, sur une estrade, devant les autres élevés, qui
se réjouissent de la chute de l'audacieuse qui a essayé de
contourner le règlement de la maison. Elle payera cher sa faute par
un derrière strié par les lanières et qui bougera bientôt avec
des mouvements involontaires à la façon de la danse de Saint Guy.
Oh comme il fait bon d'être une fille sage dans un tel moment.
Notons, vu que le tout se passe dans un fantasme, autant celle qui se
fait botter les fesses, autant celle qui observe avec dévotion,
autant celle qui applique y trouve son compte, car ils s'agit de la
même personne qui expérimente trois facettes de sa personnalité.
(Et je pense que c'est à ce moment-là que j'ai fais mon choix de la
place de celle qui reçoit la discipline.) Voila le propre du
fantasme : contourner sa frustration de ne pas oser de passer à
l'acte par la toute puissance de la pensée.
En
gros l'acte charnel redouté est remplacé par la punition qui prend
alors les apparences d'une satisfaction.
C'est un cercle vicieux. A défaut de
pouvoir se procurer une satisfaction dans le sens génital, il faut
se montrer odieuse pour se procurer un châtiment.
Toutefois dans la réalité, je n'ai
pas trop tardé pour passer à l'acte avec un charmant jeune homme.
Sans brûler les étapes et en douceur. Et j'y ai pris goût de
récidiver. Peut-être moins au début pour des sensations éprouvées,
mais pour le plaisir du corps à corps et de la découverte mutuelle.
Voila donc ma pensée occupée de jeunes hommes, pour me calmer un
peu, j'ai modifié mes aventures à l'internat. Notamment quand j'ai
passé trop de bon temps le week-end dans la réalité, je
m'imaginais rentrer soit dans mon internat, soit chez
une sévère gouvernante. Attendue pour un cuisant
châtiment, car j'avais enfreint les interdictions. Le côté
rassurant se créait par le fait d'un cadre éducatif dont je sentais
le bénéfice dans le sens « d'un coup de main » pour
retrouver mon calme. En expérimentant cette fantaisie j'ai pu
constater son effet apaisant sur mes ardeurs de sortir aussi en
semaine et quand je me sentais harcelée par la « nature »,
je me réfugiais dans mon pensionnat. Avec le recul je dirais que
cette évocation m'a bien aidée, non seulement de me mieux
familiariser avec mon corps, mais surtout d'apprendre à différer
mes pulsions. J'ai préservé cette double facette de mes envie de
vanille facilement convertibles en besoin de punition selon la
situation et vice et versa. Par cette particularité de conversion je
me considère plutôt névrotique/hystérique que masochiste.
Hypothèse confirmée par mon homme qui se réjouit de mes facettes
de furie quand il me corrige. J'admets qu'il faut aimer le spectacle,
car nous sommes parfois proches d'un « rodéo » et loin
d'un comportement de silencieuse soumission. Mais, et c'était là
pour moi la découverte la plus surprenante, la vraie discipline me
réussit. Elle soigne parfaitement mes déconcentrations...
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