2.1 Graine de fessée et clair de
lune
Au
début Lucie ne se rendit pas compte de l’impacte du fameux
incident sur sa vie intime.
Confortablement installé au plus
profond de Lucie sur un sol fertile et propice la graine ne mit pas
longtemps à germer. La chaleur indispensable à ce processus fut
fournie par le souvenir de la joie maligne qu’elle eut éprouvée
en observant la malheureuse élève devenir la cible d’une cuisante
correction sous les yeux d’un public ébahi et enthousiaste. Surprise d’elle-même, Lucie ne
comprit pas son absence de compassion pour la victime. En jugeant le
bruit des claques et les cris qui ensuivirent, le martinet appliqué
avec fermeté eut causé sans le moindre doute une douleur
considérable. Elle regretta amèrement de ne pas avoir eu l’occasion
de contempler les dégâts causés par ce traitement sur le
postérieur en question.
Lucie avait toujours eu un grand sens
de franchise et rien ne la révoltait plus que l’injustice. Elle en
faisait sa fierté de se mettre du côté des opprimés et avait
défendu à maintes reprises ses convictions avec ardeur quand la
cause lui paraissait justifiée. Mais là, à aucun moment l’idée
d’intervenir pour secourir la fille avait effleuré son esprit.
Plongée dans un état quasi hypnotique qui l’empêcha du moindre
mouvement, elle éprouva l’étrange volupté qui procure la vue du
« juste châtiment » sur certaines personnes
susceptibles. Pourtant elle ne savait même pas sur quoi reposait
exactement le début de l’altercation entre Nadège et son élève.
En y réfléchissant avec recul Lucie
n’approuvait pas son propre comportement. Elle aurait dû
intervenir. La fierté de Lucie Zorro avait reçu une sacrée gifle.
Elle en voulait particulièrement à Nadège, ce qui se manifestait
dans un premier temps sous forme d’une haine non dissimulée envers
cette dernière. Pour se libérer de ses émotions, Lucie ne manqua
pas de noircir Nadège quand l’occasion se présentait. Bientôt
ses amies, Camille y compris, gagnèrent le sentiment que Lucie
menait une guerre privée contre ladite Anglaise, sans trop
comprendre le pourquoi.
Pour bien pousser, une graine, outre de
la chaleur qui favorise la germination, a besoin de lumière pour se
développer. Cette lumière se créa spontanément à chaque fois que
Lucie éteignit sa lampe de chevet le soir en se couchant. Une
multitude d’images illuminèrent ces moments de solitude et
protégée par la pénombre de la chambre, elle cultivait dans son
jardin privé une fleur obscure qui lui rendait bien ses soins.
Désormais quand elle fit le courses
aux supermarché, le rayon d’instruments de discipline ne la
laissait plus indifférente comme avant. Quand elle ne se savait pas
observée (et elle prit soin de bien vérifier avant), elle y fit un
tour, le cœur battant, toujours sur ses gardes de peur qu’on la
surprenne. Parfois, d’un geste langoureux, sa main glissa sur un
des objets convoités et elle essaya d’imaginer l’impacte sur sa
peau pour se procurer ce frisson qui descendait comme une foudre le
long de sa colonne vertébrale pour se rependre en agréable
sensation de chaleur dans son bassin. Elle eut l’impression comme
si ces instruments dégageaient une décharge électrique de plus
jouissive au moindre contact.
Honteuse de son comportement elle se
sauva aussitôt de toute vitesse, les joues échauffées et le visage
rouge de mauvaise conscience. Elle n’arrivait pas encore à établir
sur quoi se basait cette mauvaise conscience. Elle savait
instinctivement qu’elle frôlait un interdit, mais lequel?
A suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire