jeudi 5 février 2015

650 Mémoires d'une éducation sévère 1.2


1.2 Un choix inattendu

Ensuit un instant de silence. Lucie s’était égarée à nouveau dans ses souvenirs. Sa tutrice l’avait envoyée au supermarché pour faire les courses. Lucie - magnanime - accepta sans faire son cinéma habituel. C’était un privilège rare, une marque de plus grande confiance. Lucie se sentit presque promut au rang d’une tutrice. Toutes les filles se languissaient en cachette d’un tel privilège.

Lucie n’était pas ce que l’on appellerait une élève exemplaire. Elle n’en faisait qu’à sa tête. Selon les opinions au village c'était elle qui dictait les règles à la maison et non sa tutrice. Ce caractère affirmé valut à Lucie la place d’une star incontestable parmi ses copines, puis des avis très mitigés parmi les tutrices. Ces dernières avaient chacune leur méthode bien à elle. Certaines appliquaient des règles souples, comme ce fut le cas de celle de Lucie, sans doute la plus permissive du village.

La plupart des autres appliquaient des régimes bien stricts en faisant l’honneur au traditionalisme. Il suffisait de se rendre au rayon « instruments de discipline » du supermarché pour s’apercevoir quel esprit régnait dans les maisons. On y trouvait une large gamme de martinets pour les adeptes du classicisme, cannes pour les filles particulièrement récalcitrantes, ainsi que de cravaches qui selon quelques tutrices anoblissaient significativement le comportement de leurs protégées. Quant au fameux rayon pour éducation spécialisée, aucune fille qui eut le douteux privilège de l’avoir approchée sous le regard vigilant de sa gouvernante ne s'en vantait publiquement. Lucie aurait aimé d’y jeter un coup d’œil. Mais pour y accéder il fallut l’accompagnement d’une éducatrice. Les rumeurs sur les marchandises proposées allèrent de bon train parmi les filles et les spéculations se firent en chuchotant, parsemées de timides ricanements.

Lucie aussi, à de rares occasions, recevait la fessée. Au village cela faisait partie de la vie et personne ne mettait cette pratique en doute, même pas Lucie. Dans son cas il s’agissait toujours de quelques claques au travers de son jean, appliquées sans énergie et véritable conviction. Cela relevait plus de la bonne plaisanterie dont elle se vantait fièrement devant ses copines pour se donner des airs d’une authentique rebelle endurcie. Et aussi pour se distinguer ouvertement des nombreuses filles qui après les entraînements de sport furent obligées de dévoiler sous la douche de derrières bénéficiaires de traitements plus intenses.

Bien que toutes les filles au village se situèrent dans une tranche d’âge d’adultes, le temps sembla se dérouler selon un mode spécifique qui prolongea l’adolescence au delà les limites habituelles. On considérait comme « grandes » celles qui n’étaient plus soumises à la fessée cul nu et elles n’étaient pas nombreuses. Lucie, Camille et leurs copines les plus proches en faisaient partie. Elles se délectaient de rester entre « grandes » et n’épargnaient jamais les « petites » par leurs moqueries. Surtout quand la « petite » fut plus âgée qu’elles, ce qui arrivait souvent pour le plus grand plaisir de la bande à Lucie.

En remplissant son chariot Lucie assistait à d’une dispute à haute voix qui venait de la direction du rayon fromage et qui attira tout de suite sa curiosité. En suivant son nez (Lucie avait horreur des odeurs de fromage) elle s’approcha doucement et –abritée pas une large étagère- s’installa confortablement pour ne surtout pas rater le spectacle qui promettait une belle suite. Une « petite » (pourtant l’aînée de Lucie de trois ans) avait visiblement manqué de respect à la vendeuse comme le fit remarquer sa tutrice – Nadège - au grand bonheur de Lucie.

Lucie se méfiait particulièrement de cette femme et remerciait le ciel de ne pas vivre sous son toit. Elle avait entendu dire que Nadège punissait parfois les fautes sur le champ, peu importe s’il y avait du public ou non.
Nadège était une vraie célébrité au village. Ses protégées n’avaient pas la vie facile avec elle et on murmurait que la fessée cul nu était encore la plus douce de ses méthodes. Nadège, une fort belle femme, occupait une place importante au sein de la communauté et son avis était apprécié et recherché. Elle présidait le conseil des éducatrices depuis des années et semblait - là aussi - faite pour imposer facilement ses points de vue.

Une fois Lucie avait poussé l’indiscrétion à poser des questions à une élève de Nadège. La fille resta vague mais une rougeur accablante et une voix hésitante trahirent ses émotions :

oui, ça fait terriblement mal, mais tu ne peux pas comprendre…l’éducation que je reçois chez Nadège porte vite ses fruits…je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau que depuis elle s’occupe de moi … malgré les stries sur mes fesses…

Nadège gardait toujours la voix calme. Elle avait une manière plaisante de s’exprimer et elle impressionnait surtout par un savoir apparemment sans lacunes. Il ne serait pas exagéré de dire que Lucie appréciait en secret cette femme pour sa détermination, son aisance dans les assemblés du village et pour ses manières irréprochables. Mais elle la détestait aussi pour ses principes et méthodes qui lui paraissaient venues d’un autre âge et inconciliables avec la vie moderne.

Sur un petit signe de Nadège, presque imperceptible, son élève se pencha en avant, sans le moindre signe de protestation et attrapa ses chevilles avec ses mains. Nadège lui fit écarter les jambes avant de remonter lentement sa jupe et baisser sa culotte devant une vendeuse complice qui ne cachait pas sa satisfaction.

Lucie dans sa planque retenait son souffle à la vue de ce beau fessier rondelet qui émergeait à la lumière du jour. La position lui parut indigne pour toute femme, car elle dévoilait les moindres recoins de l’intimité et elle se sentit soudainement mal à l’aise comme si elle tenait place de l’infortunée.

Puis Nadège sortit un martinet de son sac à main ; sens d’organisation qui intimida Lucie encore plus. Malheureusement de plus en plus de clientes arrivèrent, coupant net la vue de Lucie que la correction qui ensuit, resta à jamais un secret pour elle. Mais s’ancrèrent dans sa mémoire la mélodieuse sonorité des claques, les cris de la punie, les rires voluptueuses des spectatrices, leurs remarques malicieuses ou désobligeantes… ainsi que l’odeur du fromage.

Camille rappela Lucie à la réalité.

Tu te crois donc capable de tenir tête à Nadège ?

Comme personne avant moi.

Et si elle t’imposait la fessée cul nu en te reléguant au rang d’une petite ? Tu ferais moins la fière, non ? Et… tu t’imagines à te promener avec nous en petite jupe et chemisier bien sage. Je te donne un conseil entre amies : Confis moi tes fringues de sortie. Au cas où.

Si ça peut te rassurer Camille, je veux bien te faire ce plaisir.

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