Il
y a des fessées qui se perdent !
On dirait que tout part sur une dispute
conjugale. Mais rien ne justifie à mes yeux le comportement de
madame quand la dame qui fait le service entre dans la pièce.
Impliquer une tierce personne dans les querelles d'un couple me
semble un mauvais comportement par excellence. J'ai beaucoup de
sympathie pour le monsieur qui essaye de réparer les dégâts. Et à
ce moment précis, un petit « mériterait bien une »
envers la dame coléreuse me traverse l'esprit. Je n'ai pas
l'impression de regarder un extrait de film, mais plutôt une bonne
tranche de la réalité. Des comportements semblables j'en ai vu à
maintes reprises. Peut-être parce que je suis une personne
particulièrement discrète et on sait pertinemment avec moi que je
garderai l'incident comme strictement confidentiel. Peu importe.
Combien de fois j'ai déjà imaginé une copine odieuse se faire
rappeler à l'ordre. Évidement ce n'est pas politiquement correct.
Mais justement le fantasme remplit une fonction de soupape. Évacuer
un trop d'émotion par un une construction imaginaire qui n'est nocif
à personne. De plus personne ne saurait jamais rien, à moins d'en
parler. Toutefois une petit anecdote concernant une telle situation.
Une de mes copines ayant eu mauvaise conscience s'est excusée auprès
de moi quelques jours plus tard en me disant de s'avoir comportée
comme une sale gamine. On ajoutant : Il aurait dû...
Malheureusement elle n'a pas fini sa phrase. Bien entendu pour ma
part j'ai imaginé une suite selon mes propres fantasmes...
Je trouve que ce dessin cerne bien une
évidence. Les conventions sociales peuvent changer au fil des
années. Par contre l’être humain se trouvera toujours devant ses
fantasmes qui eux s’en moquent éperdument des bonnes conventions.
Au fil d’un siècle la fessée est passée d’une punition
courante en matière d’éducation enfantine à une méthode
controversée, puis interdite dans de plus en plus de pays. Inutile
de dire que j’en conviens avec cette évolution. Je ne peux
concevoir cette pratique, déjà abandonnée dans mon enfance,
seulement entre adultes et par libre consentement. Mais pratiquer la
fessée est une expression bien vague. Cela peut aller de quelques
claques gentillets à des prouesses bien douloureuses, voire à un
endommagement corporel. Les motivations aussi peuvent avoir toute
sorte d’origine : partager une activité ludique, un
préliminaire sexuel. Recevoir une punition sous forme d’un jeu
plus ou moins réaliste. Vouloir avoir mal ou faire mal à sa
partenaire. Vouloir souffrir ou faire souffrir. Tout est possible
s’il y a consensus entre deux adultes. Il me parait un peu
grotesque – surtout entre personnes partageant en guillemets le
même fantasme – de vouloir établir de critères d’un
comportement plus ou moins politiquement correct. Il ne faut pas
oublier que le contenu exact du fantasme n’est pas un choix à la
base. La personne concernée doit vivre avec.
La discipline domestique occupe à mon
avis une place un peu à part. Elle expose facilement à la critique
car son but va plus loin que la notion du plaisir. Elle véhicule des
« valeurs » qui restent souvent incompréhensibles. Mais
en fait une valeur, peu importe laquelle, n’a rien de rationnel.
Elle témoigne d’un lien affectif entre ceux qui ont instauré
cette valeur et ceux qui ont fait de cette valeur la leur. D’où la
force d’une valeur. Et d’où aussi d’un certain emportement de
certaines personnes quand on essaye de discuter avec eux à tête
reposée le bien-fondée d’une valeur. Pour moi c’est comme les
goûts et les couleurs, cela ne se discute pas. Cela se respecte. La
DD est intéressante comme structure. Elle créée des nouvelles
valeurs qui n’ont cours qu’à l’intérieur du couple et qui
vont à l’encontre du sens commun. Toutefois cela ne veut pas dire
que les personnes vivant en DD n’ont pas conscience de ce transfert
de valeurs subjectives. Je ne vois pas là une modification du bon
sens, mais une forme particulière de communication entre deux
fantasmes. Je pense que les protagonistes attribuent souvent un autre
« sérieux » aux règles de la DD que les personnes qui
regardent de l’extérieur. Il me parait étonnant que bon nombre de
gens considèrent la DD comme moyen commode d’accéder à tout
moment à la fessée. S’il ne s’agissait que de cela, inutile de
se mettre en DD. Deux personnes complices ne vont pas tourner autour
du pot pour réaliser leurs fantasmes. Et ceci à tout moment
propice.
La langue française parle de porter
les pantalons dans le couple. Une expression semblable existe en
allemand. En anglais cela donne « être en charge du
couple ». La dernière expression correspond bien à l’idée
de la DD à l’ancienne que je me fais. L’homme s’occupe de tout
en ce qui concerne le côté matériel et les rapports sociaux tandis
que la dame règne en maîtresse à la maison. Et c’est justement
sur ce point que la DD moderne diffère pour moi. Elle comporte un
libre choix de la dame de son rôle, tandis que dans le temps elle
n’en avait pas. Donc un changement vraiment important.
Je
vous souhaite à tous et toutes un excellent week-end !
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