dimanche 23 juin 2013

358 La fessée au cinéma (#15)


Pas de « poésie de la cruche » sans...


Extrait de: Three girls about town; 1941

Comme beaucoup de productions de cette époque, la thématique profonde semble tourner autour de la « dame cruche » qui - à force d'agacer tout le monde - s'en prend une dans un sens littéraire ou transposé. Sujet avec une longue tradition et qui a subi au fil du temps et selon les cultures des modifications importants. Par exemple, même si le châtiment reste identique à l'univers ségurien, veut dire une bonne raclé sur le derrière, il vaut mieux être cruche chez les américains que chez la divine comtesse. Car chez cette dernière la sottise va de paire avec la laideur comme ultime menace et il faut un sacré travail sur soi, la fameuse phase de la fille modèle pour devenir sage et... belle. Voila le vrai trouble de cet univers et dont on ne parle jamais et qui reflète pour moi très fidèlement les aspirations esthétiques de bien de petites filles. Et grâce à la punition, de préférence avec la baguette magique (sous forme du fameux fouet) même une fille cruche peut prétendre... à la beauté. Nous sommes donc chez la comtesse encore plus loin de la réalité que dans le cinéma américain que l'on traite de puritain par dessus du marché. Pourtant le puritanisme dans le sens calviniste se berce - si j'ai bien compris ce mode de pensée - dans la suffisance que tout événement positif de la vie repose sur le mérite. En gros du « rostopchinisme » pur.

Sur un niveau moins philosophique, j'ai une profonde sympathie pour les dites « cruches », notamment (sans faire du masochisme social en me dénigrant) parce que je me sens faisant partie de ces dames selon ma propre définition du terme : Un manque flagrant d'expérience de la vie et aussi une mauvais fois quand il s'agit d'appendre les choses pratiques. Enfin hors papoter et écrire, je sais (très bien) cuisiner, faire le ménage et aussi repasser. Selon mes maigres expériences trois qualités essentiellement masculins de nos jours. De plus étant cruche n'est pas sans avantage. Selon les films de l'époque elle est la cible de la convoitise du prince charmant. Peut-être pour bercer le monsieur dans une illusion d'un monde qui tourne selon des clichés anciens, loin du féminisme en plein essor et par ce fait ressenti comme rassurant. Loin des horreurs de la 2ème guerre mondiale qui marque les esprits par la terrible menace pour la vie de tant de jeunes hommes et source même de tant de bonheur familial détruit. Alors quoi de mieux qu'une distraction sans prise de tête.

Mais, bonne question, un dame, telle que le cinéma en fait éloge, est-elle réellement cruche ?

J’ai mis longtemps pour me rendre compte à quel point certains productions cinématographiques vont loin dans leur non-dit. Par non-dit j’entends celui dont parle Claude Olievenstein, comme une vaste région de notre psychisme qui contient nos censures volontaires en matière de désir. Bien différent du refoulement freudien, le non-dit n’échappe pas à notre conscient. Seulement son contenu se relève gênant à dévoiler quand il contredit les mœurs en vigueur. Et quand je lis certains textes sur la résistance en analyse je me pose souvent la question dans qu’elle mesure le non-dit y intervient. Plus ludique et plus distrayant que l'analyse, le cinéma me parait un moyen par excellence pour aborder les non-dits. 

Dans cet extrait les choses se passent entre sœurs sur l’écran. Ce qui légitime l'emploi d'un châtiment corporel entre adultes, sinon strictement interdit par les conventions sociales et … par la lois. Il est donc permis de rigoler de bon cœur sans la moindre mauvaise conscience. Et c'est le défoulement total. Tout le monde s'y met et participe à cette fessée libératrice. Situation amusante du début à la fin pour le Monsieur convoité. Les dames se querellent sans retenue devant lui. Éternelle variation autour de la jalousie et de la rivalité féminine. Des « magnifiques pantins » en quelque sorte qui lui offrent de la distraction. N’étant pas exempte de leurs défauts je m’abstiens de critiquer. Rationnellement je n’aime pas découvrir un tel comportement sur moi. Mais malheureusement le quotidien me dépasse souvent. Alors nous avons inclus des tels dérapages en public ou devant une tierce personne dans notre mode de discipline domestique. Un petit regard de Monsieur et je sais que je suis allée trop loin. En fait - le fameux non-dit donc – je me sens perdre les pédales et il me semble que j'éprouve le besoin de tester les limites... de la vigilance de mon homme. Son attention, est-elle rivée sur moi ? Va-t-il réagir ou dois-je en rajouter encore plus ? Lever ma voix ? Devenir encore plus théâtrale ? Je me reconnais bien en petite dame pénible et je sais que beaucoup d'hommes ne supporteraient pas de telles caprices. Non pas dans le sens de vouloir punir la dame pour son comportement, mais de ne pas s'engager dans une relation avec une dame qui se comporte ainsi. Enfin si on se base sur un non-dit, il me paraît coulant de source que la dame affiche des tels comportements seulement si elle se sent en sécurité affective avec un homme, lui montrant ainsi son vrai moi. Et comment faire pour dénicher un tel bijoux de l’espèce masculine. Hein bien - encore un non-dit - en testant la comptabilité... fantasmatique. Car l'attirance pour la « dame cruche » me semble un non-dit masculin de la façon qu'elle rassure certaines formes de virilité fragilisées et qui « fonctionnent au mieux » en imaginant une supériorité intellectuelle dans certains contextes. En gros, un mariage de raison, basé sur un double non-dit et à mes yeux fait pour durer longtemps...

23 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle !

    Je viens de regarder le court extrait de ce film "Three girls about town". La bande son est faible et le sens du dialogue m'échappe.
    Mais au vu du jeu d'acteur, il débouche sur la dispute entre les deux jeunes femmes.
    Il met en évidence la fameuse rivalité féminine pour la "conquête" du mâle qui de son côté semble s'amuser de cette situation où deux jeunes femmes s'affrontent pour lui plaire. Et pour une fois, la punition tant attendue est administrée de main de femme... à une de ses consoeurs. Comme pour pour dire à leur viril spectateur : "tu vois , c'est moi la plus forte des deux !!!" . Puis une troisième femme intervient elle aussi dans la "discussion" en imprimant sa marque sur la pauvre victime. Visiblement, en matière de séduction, les femmes usent de tous leurs moyens pour séduire l'homme qu'elles convoitent. Et ce dernier qui semble
    "chapeauter" cette empoignade féminine me donne l'impression qu'il va ouvrir les paris quant à l'issue finale de cette rivalité. Instint naturel, quant tu nous tiens...
    Bone journée à vous, Isabelle. Respectueusement. Mac-Miche.

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    1. Cher Mac-Miche, pour ma part je confirme. J'utilise tous les moyens à ma disposition en matière de séduction quand je suis attirée par un homme. N'oublions pas que déjà l'expression séduction inclut un rapport de force. Comme pour vous, le sens du dialogue m'échappe, mais il est difficile de trouver des extrait de films en français.Il m'importe plus de montrer mes petits extraits comme un support de matière à rêver que de me tenir à leur contenu réel. Ceci est d'ailleurs un domaine "typiquement masculin" de présenter des clips sous forme de critique cinématographique. Donc aucun intérêt que j'essaye de reproduire ce qui est déjà fait avec grand talent.

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  2. Mon épouse n'est pas une cruche, mais il lui arrive de me taquiner afin de provoquer une "fessée-jeu".

    Par ailleurs, elle a parfois des accès d'inconscience (par exemple, au volant ou même en traversant la rue) et de procrastination tout à fait involontaires, mais jusqu'à présent elle a été chanceuse et il n'y a pas eu d'accidents avec des conséquences trop graves. Là, c'est plutôt la fessée punitive et réformatrice...

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  3. Ah, un des 4 D qui motive une punition en discipline domestique. D comme comportement dangereux pour soi-même ou pour autrui.Je connais certaines dames conscientes de ce défaut, mais rares sont celles qui ont le fantasme d'y remédier par la DD. Enfin qui osent de l'admettre... parfois il faut un travail d’archéologue pour y accéder. J'espère que le traitement réussit à votre dame.

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    1. Cela s'est calmé avec le temps, mais il est difficile de savoir si c'est tout simplement l'âge (on est généralement moins aventureux à 40 ans qu'à 25...), l'expérience ou le traitement et le rappel de celui-ci dans les occasions où elle serait tentée de faire n'importe quoi.

      Elle a d'ailleurs tellement bien intégré le traitement que, plusieurs fois, elle m'a averti d'un problème que je n'aurais pas soupçonnéet et a réclamé sa fessée (popotin rouge et conscience apaisée).

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    2. Je pense qu'une fois la fessée bienveillante mise en route, on s'habitue à l'agréable sensation de la conscience tranquille. Je me retrouve dans le comportement de votre épouse pour signaler à mon homme les détails qui lui échappent parfois. J'aime aussi beaucoup de temps en temps des séances de confession, plus ou moins théâtrales que nous tenions dans le temps avant la naissance de notre petite le dimanche matin. Célébrés un peu comme un recueillement et récapitulatif, je comprends mieux l'effet que puisse avoir une confession à l'église...

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  4. Bonsoir Mr Pecan !!

    Félicitations ! Vous avez une épouse en or, prévenante et bienveillante et, surtout, j'imagine, soucieuse de la bonne marche du couple. En recherche aussi d'une forme de protection, comme un garde-fou de sa conscience intérieure.
    La sagesse s'affirme avec le temps. "Avec l'âge, le vieux lion rogne ses griffes." Si parfois certains différents se réglaient de cette manière, le monde souffrirait moins...
    Sur ces quelques mots, Bonne soirée à vous. Sincèrement. Mac-Miche.

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  5. Chère Isabelle, j'aime beaucoup ce texte et votre distinction entre non-dit et inconscient. le non - dit devenant parfois de plus en plus envahissant dans le politiquement correct. Et tout à fait d'accord pour voir dans l’attirance pour les cruches un non-dit typiquement masculin.
    "il vaut mieux être cruche chez les américains que chez la divine comtesse. Car chez cette dernière la sottise va de paire avec la laideur comme ultime menace" dite - vous à propos de la littérature "ségurienne" (que je n'aime pas). Que voulez vous dire?

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  6. Tout simplement que chez la comtesse de Ségur la cruche est présentée comme laide physiquement. Ce qui ne correspond pas à la réalité et reflète une des étrangetés de son univers.En d'autres mots elle semble dire: Ne reste pas cruche, sinon tu sera laide plus tard. Tandis que chez les américains la cruche prend la vedette de maints films et se caractérise bien souvent par une beauté époustouflante.

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  7. Bonjour Isabelle !


    Ah cette Divine Comtesse !! Quelle personnalité !
    Fille du Comte (?) Rostopchine, gouverneur de Moscou (qu'il fit incendier sur son ordre en 1812), elle vécut toute sa jeunesse en Russie et reçut cette éducation stricte de l'aristocratie. Elle assista, ce qui la marqua pour la vie, notament aux punitions corporelles ( le redoutable knout) données aux serfs du domaine paternel.
    Avec la maturité elle entama une carrière d'écrivain sur les conseils d'un célèbre éditeur parisien. Dans la liste de ses nombreux livres, l'un deux voit le triomphe de la jeunesse et la pauvreté sur la laideur et la cupidité : "Un bon petit diable" dont l'action se déroule dans une petit ville d'Ecosse.
    C'était du moins le constat d'un psychologue spécialisé dans la littérature pour enfants. Votre réponse m'a fait penser à l'étude de ce spécialiste. Un musée en Normandie retrace sa vie et son oeuvre , notamment ses deux petites-filles qui lui inspirèrent le personnages des "Petite Filles Modèles"...
    J'arrête mon bavardage et vous souhaite un bon après-midi.
    Mac-Miche.

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    1. Ah ben ça, en matière de personnalité... Décrire une société où chacun reste à sa place, les riches entre eux, les gueux entre eux, et personne n'en bouge sinon c'est la fin du monde; parler de vertus, de chasteté, ne jamais dire ni "derrière", ni "fesse", ni quoi que ce soit pouvant évoquer le charnel, pile au moment où son mari rentrait de moins en moins au domicile conjugal pour pouvoir forniquer en paix (et sans sa femme), ça, c'est une personnalité...
      Bizarrement, je ne la désignerais pas comme "Divine", mais comme réactionnaire, méprisante, xénophobe et frustrée.
      (Dans votre petite explication, vous négligez quelques points importants: le fait qu'elle ait été convertie au catholicisme de force par sa mère, qu'elle n'a pas écrit sur conseil d'un éditeur mais d'abord pour ses petits enfants et surtout pour créer un monde où les maris ne sont pas volages comme le sien.)
      Et, par pitié, ne me répondez pas que "c'est l'époque" parce que justement, à son époque, le monde n'était pas tel qu'elle le décrit. Flaubert est quasi son contemporain, et il existe entre leurs deux écrits des différences notables.

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    2. Bonjour Constance !

      Toujours votre souci de la vérité ! Je vous taquine (Rires)
      Par "Divine", je faisais référence à l'appellation donnée au "maître" du Sadisme: Le Divin Marquis ! D'ailleurs pourquoi "Divin" alors qu'il a connu les cachots de la Bastille et l'asile de Charenton pour ses méfaits bien connus et certainement la menace de l'Enfer par les autorités religieuses en place en cette fin du XVIII ème siècle ??
      Pour l'aristocratie, de toute époque, leur morale c'est aussi parfois: vertus publiques et vices cachés (ou privés ,c'est selon).
      Pour les écrits de la Comtesse, c'est un éditeur parisien (Flammarion ou un autre) qui lui conseilla de modérer sa frénésie pour les châtiments corporels dans ses romans. Etaient-ils contraires à la morale ?
      A propos de Flaubert, n'est-il pas l'auteur de "L'Education Sentimentale" ?
      Bonne après-midi à vous. Mac-Miche.

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    3. Le surnom de "divin" lui a été donné en référence à Pierre l'Arétin, qui a eu une vie aventureuse et dissolue mais qui a aussi produit pas mal d'écrits érotiques au XVIe, et qui s'était attribué le surnom de "divin".
      Quant à "l'aristocratie de toute époque", j'aurais du mal à vous suivre, n'ayant pas eu de définition préalable de l'aristocratie et sachant que "de toute époque" ça ne veut rien dire.
      J'ai du mal à vous suivre pour l'éditeur et la comtesse. Elle ne fait pas l'apologie de la violence, et on sent bien que sa compassion va toujours plus ou moins du côté de l'enfant battu, donc je n'en sais rien, si c'était contraire à la morale ou pas. Comme pour moi, elle a d'abord écrit pour ses petits enfants et non sur commande d'un éditeur, je ne saurais répondre à votre question.
      En revanche, oui, Flaubert est l'auteur de l'Education sentimentale, mais également de plein d'autres ouvrages. Simplement j'estime que Flaubert est suffisamment connu pour ne pas avoir besoin de le replacer dans l'esprit des gens quand j'en parle (pour moi, ça reviendrait à prendre mes interlocuteurs pour des crétins).

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    4. Bonjour Constance !

      A propos de l'aristocratie, je voulais dire que, sous l'Ancien Régime, et même auparavant, j'imagine, sa position sociale et ses privilèges lui permettaient certainement de donner des leçons aux petites gens en matière de vie et de conduite morale exemplaire alors qu'en privé, elle n'était peu être pas si vertueuse que cela. Un peu comme le privilège de la chasse gardée du châtelain qui était certainement interdite aux gens d'alentour qui risquaient peut-être la corde en cas de braconnage même par temps de famine ! Privilège oblige! J'ose espérer qu'ils n'étaient certainement pas tous aussi cruels...
      Concernant la Comtesse, mes propos font référence à une biographie extraite d'un magazine ("Virgule") où, précisémént, le directeur fondateur des éditions Hachette, en personne, avait reproché à la chère Comtesse "de mettre des verges et des fonds de culottes" dans nombres de ses livres. Ce qui a été peut-être compris alors non pas comme une dénonciation de la violence éducative dont sont victimes les enfants, mais comme la satisfaction malsaine d'un tel constat. Forme de sadisme de la part de la Comtesse ?
      Si mes souvenirs sont bons, peu d'ouvres de set écrivain ont été adaptées à la TV. En revanche, Maupassant et Feydeau ont eu cet honneur. La grand époque d' "Au théâtre ce soir"...
      Encore merci pour toutes ces précisions. Bon WE à vous toutes et tous. Mac-Miche.

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    5. "J'ose espérer qu'ils n'étaient certainement pas tous aussi cruels..."
      Surtout, dites vous que le monde que vous décrivez, c'est celui qui a été reconstruit par la société du XIXe siècle qui n'a, dans son ensemble, strictement rien compris aux périodes précédentes. L'Ancien Régime, c'est vaste. On sait que ça se termine vers la Révolution (et encore, il y a eu la Restauration après, puis d'autres bricoles) mais on sait pas quand ça commence. L'aristocratie entendue comme élite sociale et politique, elle ne se préoccupe de la morale du petit peuple qu'au XIXe, justement. Au Moyen Age et à l'époque moderne, non.
      Risquer la corde pour braconnage, surtout par temps de famine, ça, c'est encore de la reconstruction du XIXe. Des images d’Épinal qui ont été créées de toutes pièces pour illustrer le discours: "oh, comme les gens étaient affreux et méchants avant! Comme nous sommes bien plus évolués qu'eux, à présent".
      Mais rassurez vous, c'était pas comme ça que ça se passait...

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    6. Bonsoir Constance !

      Au fait, justement, Où commence t-il, cet "Ancien Régime" ? Cette expression "Ancien Régime" m'a toujours paru un peu vague.Finalement, en Histoire, il faudrait des semaines d'études pour en comprendre un petit morceau. Quel chantier !
      Décidément, au XIXè. siècle (à quelle date ?), on a l'impression que nos chers "érudits" en place, sous les divers gouvernements, ont essayé de "redorer le blason" question mémoire historique. Un peu à l'image des travaux titanesques du baron Haussmann , commandés par Napoléon III, et qui ont "aéré" la capitale.
      C'est un peu comme l'image de la société gauloise. Là encore, il y a parait-il des clichés parfois contredits par les découvertes archéologiques. Au final, qui a raison ? Quant on a pas les moyens de vérifier, on est parfois obligé de faire confiance avec un certain risque. L'Histoire écrite et enseignée dans les établissements scolaires, est-elle vraiment le reflet de ce qu'elle prétend être ? Dans ce cas, on refait le monde, non ? Qu'en pensez-vous ? Je vous taquine mais c'est de bonne grâce . Mille excuses, Isabelle, si nous nous écartons de notre sujet favori.Bon WE à vous. Mac-Miche.

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    7. Quand vous dites: "Finalement, en Histoire, il faudrait des semaines d'études pour en comprendre un petit morceau. Quel chantier !" Moi, j'appelle pas ça un chantier, j'appelle ça mon métier. C'est pas "parait-il" c'est "oui, il y a des clichés qui s'en prennent plein leur face grâce aux travaux, aux recherches, aux analyses d'archéologues et d'historiens."
      Je suis au courant qu'on a pas les moyens de vérifier, puisque je n'étais pas née au moment des faits, mais j'espère que vous non plus, et les historiens du XIXe siècle non plus.
      Qui a raison? Ceux qui vont au plus près de la source. Ceux qui enquêtent, ceux qui travaillent, ceux qui réfléchissent. Ceux qui se remettent en question, prêts à dire qu'ils se sont trompés quand soudain, à force d'étude, tel fait/ phénomène apparaît sous un jour nouveau, parce qu'au moins, eux, veulent comprendre plutôt de faire rentrer leur objet d'étude dans un moule formé d'avance.
      Non, je ne refais pas le monde. C'est simplement mon métier. Je ne cherche pas à avoir raison, je ne cherche pas simplement la même chose qu'au XIXe (entendons nous bien: je ne dis pas que Michelet était un menteur. Simplement il avait une grille de lecture radicalement différente de la mienne). Et l'histoire scolaire est décalée parce que justement fossilisée.
      Je ne vois pas le rapport avec les travaux du baron Haussmann, très franchement, sachant que ces travaux ont justement dégommé une bonne partie du "vieux Paris" et de la mémoire historique. Mais bon, on n'est plus à ça près, hein.

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    8. Bonsoir Constance !


      Loin de moi l'idée de vouloir discréditer votre métier d'Historienne car j'avais décidé de l'exerçer après avoir obtenu mon Baccalauréat il y a 26 ans ,mais de graves pbs de santé m'en ont détourné malheureusement. J'ai donc beaucoup de respect pour les personnes qui vouent leur existence entière à leur métier, presque un sacerdoce, dirais-je. Croyez-moi sincèrement. La tournure de mes phrases fausse parfois l'idée première et donne un aspect un peu péjoratif.
      C'est parfois dommage. Ainsi par "chantier", je voulais dire, vous l'aurez compris, "oeuvre colossale", quasi-insurmontable. La dernière phrase du 4è. paragraphe est à méditer : "décalée parce que justement fossilisée".
      De belles perspectives de travail pour des dizaines de chercheurs en Histoire. Tout un Programme.
      Sur ces mots, bon WE à vous. Mac-Miche.

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    9. Il reste que, en disant que c'est une oeuvre insurmontable et colossale, vous n'êtes pas loin de dire qu'en somme, on ne peut rien savoir. Qu'il faille des semaines d'effort pour un détail, ce n'est rien de propre à l'histoire, ni à la recherche: il n'y a pas de métier qui puisse réellement se pratiquer sans effort, à moins de consentir à la médiocrité. Mais cet effort n'a rien des rêveries cléricales (au sens de Julien Benda, pas de l'Eglise catholique!) d'un effort désintéressé vers un objectif lointain et vague. Non, on a des objectifs bien définis et des résultats tangibles. Mieux, on en a régulièrement. Ce qui fait que vous y voyez une oeuvre titanesque, c'est que vous voudriez connaître l'histoire à la manière d'un écolier justement, ou encore du bon vieux Ranke et son "wie es eigentlich gewesen ist" ("comment ça s'est réellement passé" - comme définition de l'histoire), déjà assez moqué par Lucien Febvre. Vous voudriez apprendre une bonne fois pour toutes une leçon, et la réciter sans avoir à se poser d'autres questions. Mais ça, c'est l'école primaire, mais ce n'est ni l'histoire, ni aucune autre discipline. Les historiens anciens ne se sont pas bêtement plantés, ils ont interrogé le passé pour répondre aux questions de leur temps, et ils l'ont tellement bien fait qu'on ne se pose plus les mêmes. D'où le renouvellement continu, mais en aucun cas l'éculée méditation de la faiblesse de notre savoir. Oui, la somme des événements est infinie et il est possible d'en faire l'infinité de récits, pour interroger avec les yeux de notre temps le passé, ce qui n'invalide nullement tout ce qui concerne la vérification de nos données: l'infinité des questionnements ne permet en aucun cas le relativisme du "chacun sa vérité", très peu différent du "au fond nous ne savons rien".
      Pour revenir à l'histoire enseignée à l'école, non, elle ne reflète que faiblement la science historique. Là encore, aucune originalité: les savoirs scolaires sont loin des savoirs scientifiques, que ce soit en histoire, en grammaire ou en sciences naturelles. Au passage - rappelez-vous qu'il n'y a pas de chercheurs en SVT (mais en biologie ou en géologie), et que les historiens ne sont pas des géographes, et inversement. Tout cela est normal, puisque l'école vise à faire des citoyens avant de préparer la poignée de futures chercheurs, alors que le poids des nostalgies et des procédures y fait perdurer de vieux récits bien périmés. D'où aussi cette chimère de l'"Ancien Régime" mélangeant allègrement le Moyen Âge et le XVIIIe siècle.
      Tout cela n'implique aucun hermétisme: des publications scientifiques comme de la bonne vulgarisation existent dans toutes les disciplines. Mais dans toutes il faudrait d'abord faire le deuil des leçons.

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    10. Bonjour Constance !


      Une question: en vous lisant,on se demande si les personnes qui rédigent les programmes des manuels scolaires, dans le domaine de l'Histoire, sont des historiens ou uniquement des enseignants ?
      Ou bien y aurait-il une sorte de comité mixte dans lequel ils travailleraient en commun pour apporter aux futurs élèves la connaissance la plus juste à la lumière des travaux les plus récents ?
      Je me permets de vous poser la question dans le cas où vous auriez eu la posibilité de participer à une telle démarche dans le cadre de votre métier.
      Bon WE à vous. Mac-Miche.

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    11. Bonjour Mr Simon !

      Je viens de m'apercevoir de ma terrible méprise quant à l'auteur de la réponse. Ayant maintes fois "conversé" avec Constance à propos de l'Histoire et sa façon d'être enseignée, j'en avais pris l'habitude et c'était presque devenu un réflexe, dirais-je. La routine est ennemie de la prudence, dit-on. J'espère que vous n'en prendrez pas ombrage. Mille excuses. Sur ces mots, bon WE à vous. Mac-Miche.

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    12. @Simon : Excellente ta réflexion sur la rêverie cléricale. Je la retiens pour mes futures discussions avec des personnes à ascendant « clérical ».

      Cher monsieur Mac-Miche, il fait chaud et vous semblez à la recherche de la petite bête. Calmons nous un peu, à moins qu'il y ait un lien avec le sujet de mon blog qui m'échappe pour l'instant !

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  8. @Constance: Zut alors, moi aussi je parle de la divine comtesse. Cette « mauvaise habitude » s'est incrustée en moi depuis la lecture d'un texte analytique sur la compréhension de l'imaginaire des parents. C'est l'auteur, Michel Soulé qui en 1968 s’intéresse entre autres au roman familial : « La « divine » comtesse de Ségur décrit inlassablement un roman familial sur le mode masochique ou sadique. » Toutefois, chère Constance, il me manque les compétences pour la critique sociale. C'est la psychologie des personnages à partir de leur écrit qui m’intéresse. Grâce à votre info sur le mari qui va voir ailleurs je comprends mieux comment le fouet peut s'incruster dans ces histoires où également le père semble manquer. Personnellement je ne saurais pas trop quoi penser de cette dame. Toutefois je vois certains éléments que je qualifierais comme vicieux. Cela fait un moment que je voulais écrire un petit post sur la place de la honte chez cette dame. Petit extrait de mon brouillon :

    Il y a un détail vicieux dans cet univers qui risque d'échapper par sa subtilité. Une interprétation hâtive pourrait conclure que la punition s'applique pour une transgression d'une loi peut importe sa nature. Mais ce serait une conclusion sans prendre en compte l'ambition personnelle des petites filles qui sont chacune pour sa part une émanation particulière du caractère de la comtesse de Ségur qui elle ne manque pas d'ambition non plus. Car en fait être une petite fille modèle relevé de l’ambition personnelle par une savante suggestion de la complémentarité de sage et beau qui s'oppose à sotte et laide. C'est ainsi que la mauvaise action se présente comme un affront voir un obstacle à sa propre ambition d'être sage et belle. Voila qui naît une honte intérieure de devoir avouer son échec … qui en plus se voit par la laideur !

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