jeudi 6 septembre 2012

163 Dimanche matin (Mon premier récit publié sur le net)


Posté le 6 septembre 2006, le soir à 7heures !

Voici mon premier texte en Français. Je suis en ce moment en train de bûcher votre belle langue et de m’exercer dans l’écrit. Alors j’ai pensé de joindre l’utile et l’agréable, ma passion pour la fessée et ma passion de ne pas mourir idiote.
Isabelle 18




Dimanche matin

Je me lève toujours avant lui. Je ne sais pas à quelle heure il s’est couché hier. Maintenant le sommeil nous sépare.

Ce dimanche aussi, comme tout les autres, commence par l’incertitude. Je quitte la chambre pour aller prendre mon café dans la cuisine. Sur la table, le cendrier, quelque mégots. Il ne vide jamais le cendrier le week-end.

Sur le mur accroché à côté de mes ustensiles de cuisine, je vois un martinet, un de ces trucs à bon marché qui se vendent encore par ici en supérette. Après tout nous sommes à la campagne. Ici les mœurs n’ont pas encore rattrapés les villes. Il sait bien que je n’aime pas ce genre d’objet. C’est un affront pour mon sens d’esthétisme. Je suis sensible à la beauté, au raffinement. Je n’achète jamais un objet pour ma cuisine sans considérer sa valeur décorative. Mon univers porte mon empreinte.
Lui, par son geste s’impose, me dérange, me dicte une autre règle de jeux.
Au moins je suis fixée sur le choix des armes, une première incertitude s’efface. Je me sens un peu plus à l’aise. Ce dimanche se présente cool.

Je lui en veux pour son mauvais goût qui brise les lignes de mon quotidien et qui me courbe sous sa tutelle. Me considère-t-il si peu pour associer mon image avec un objet de grande consommation. Je me veux unique, femme précieuse et exceptionnelle. La prétention est un trait indissociable de mon caractère.

Pourtant je n’ai pas le choix. J’ai accepté de mon propre gré de me plier à ses exigences. Je suis contrariée. J’ai envie de fumer une cigarette.

Je n’ai pas le droit de fumer à la maison. Mon compagnon, n’est pas un dictateur. C’est moi qui lui ai suggérée cette interdiction. Alors il veille sur ma santé, sur mon bien être avec fermeté. J’ai besoin de sa détermination. Il ne fait jamais les choses à moitié. Avec lui pas question d’abandonner une tâche. Ce que je commence, je dois le terminer. Il ne m'inflige jamais des défis envers la vie. Il est patient, il s’intéresse à mes idées, mes projets, me conseille dans mes entreprises. Il est attentif à ma petite personne, me donne l’impression que je suis le centre du monde. Il est à l’écoute permanente de mes désirs et m’encourage à les réaliser.

Puis une fois un but fixé, je dois m’y appliquer. Il ne cède jamais à mes prétextes ou caprices. J’aime cette constance, sa volonté qui surmonte m’importe quel obstacle et qui renforce la mienne. Je suis sa seule faiblesse, mais avec moi aussi il reste maître de la situation.

D’un côté le martinet, de l’autre les mégots. Mon envie de fumer s’accentue. Il ne m’est pas impossible de céder à mon désir sans courir le risque d’une punition. L’interdiction ne concerne que l’intérieur de la maison. Elle s’arrête sur le pallier. Il me suffirait de sortir pour fumer. Mais dehors, il fait froid.

Je bois un deuxième café. Une partie de la suite de cette journée se trouve entre mes mains. Elles glissent sur les lanières du martinet. Il s’agit d’un cuir assez doux, lisse d’un côté, velouté de l’autre. Le risque encourue me parait dérisoire à rapport d’un dimanche habituel. Je pense que j’étais assez sage pendant cette semaine. Monsieur est toujours juste avec moi.

Alors, vu mes bonnes prestations je décide de m’accorder un petit plaisir. Des minutes passent, la cigarette se consume.

Il est grand temps de commencer la journée, de lui préparer le petit déjeuner. Ceci n’est pas une obligation pour moi. Il ne me considère pas comme son robot ménager. Pendant la semaine quand je travaille il participe au ménage. Cela ne lui pose aucun souci métaphysique. Le ménage se fait avec les mains, pas avec ce qu’on porte entre ses jambes, dit-il.

Sur la dînette j’assemble tout ce qui pourrait le tenter. Il adore ma façon de s’occuper de lui. Il n’est pas avare avec des compliments.
A la maison c’est lui qui me conseille mes vêtements. Alors en attenant j’enlève ma nuisette et me drape de ma nudité en seul habit.

En fait je ne reste pas toute nue. Il y a ma hantise qui concerne ma taille. Je me trouve trop petite. Pourquoi pas tricher un peu avec des hauts talons ?

Il est déjà réveillé. Son regard rejoint le mien. Il a une manière si attachante de m’accueillir. L’expression de son visage est le plus beau des miroirs pour moi. Je me sens belle et aimée.

Il n’est pas pressé pour déjeuner. Je lui sers le café, lui prépare ses tartines. Nous discutons, plaisantons, rions. Un couple uni et heureux de l’être. Un bel instant de complicité.

Enfin vient le moment où il s’apprête à fumer sa première cigarette. Il ouvre le paquet puis me fixe de ses yeux.

-Es-tu sortie ce matin Isabelle ?

Je n’ai pas l’habitude de mentir. Pas parce que j’ai un penchant pour une attitude morale irréprochable. Non, je ne mens pas par fainéantise.

C’est très pratique dans la vie. On ne risque pas de se contredire.

-As-tu fumé à la maison ?

Il me pose les questions sur un ton calme, serein. Pas la moindre allusion de reproche dans sa voix. Ses yeux me scrutent. Son attitude me pèse. Il est la seule personne qui réussit à me culpabiliser. Il n’est pas accusateur, il n’essaye pas de jouer au papa avec moi. Il me considère comme une femme adulte, responsables de ses actes et justement il me met devant mes responsabilités. Dans sa présence je n’ai pas le droit de les fuir, je dois les assumer.

Ma faute ne consiste pas dans le fait que j’aie fumé en cachette, mais dans le fait que ce soit moi qui aie crée cette situation. J’aime me sentir fautive.

Pourquoi ? Pour provoquer une réaction, une punition, un fessée.

J’ai grandi dans un milieu intellectuel, libéral, libertin, où l’on considère la sexualité comme un passe temps parmi tant d’autres et qui ne comporte pas de tabou, pas d’interdits.

Ma vision de ce monde est décalée à rapport de la norme. Mes parents ont profité à fond de la liberté des années soixante-dix. Je n’ai pas de référence niveau couple. J’ai cru pendant longtemps que l’échangisme faisait partie de vie quotidienne.

Petite dernière d’une famille de trois enfants, j’étais le chouchou de mes parents et de mes frères. Je n'ai jamais été punie. J’avais droit de participer à tout. On m’a expliqué le monde dès le berceau.

Je n’étais jamais exclue, mais j’ai été trop jeune pour partager les libertinages que je voyais autour de moi. Alors j’étais bien obligée de me créer -en attendant la puberté- une sexualité bien à moi. Voici la naissance de mon penchant pour la fessée et bien d’autres préférences. Je dois ajouter que je ne manque pas d’imagination en cette matière.

-Réponds à ma question Isabelle !

Je rougis devant l’homme que j’aime. Mon âge s’efface. Dans ma tête je rajeunie. Troublante sensation de régresser consciemment. Être femme adulte et gamine à la fois devant une personne qui possède assez d’intuition de s’adapter à mes besoins.

-Tu veux encore jouer à la gamine Isabelle ? Dans ce cas tu ne seras pas privée. Je m’occuperai de toi. Tu sais ce qui te reste à faire. Va chercher le martinet.

En me levant je ne me sens pas vraiment à l’aise. Dépasser le seuil où finit le fantasme et où commence l’univers de la réalisation me pose toujours un petit problème. Il me faut un petit instant pour m’acclimater. Mais je ne suis pas une débutante ; le pays où je vais m’y rendre est tellement magique que ne puis me soustraire à son charme. En vaquant sur vers hauts talons vers la cuisine, je ne suis pas mécontente du début de la journée.

5 commentaires:

  1. Chez vous ce sont les cigarettes, chez nous ce sont plutôt les petits gâteaux, par exemple: quand on prétend maigrir, il ne faut pas céder aux tentations... ou sinon c'est la punition conjugale.

    RépondreSupprimer
  2. Chère Isabelle, je vous lis toujours avec autant de plaisir, et sachez que ce texte est un des premiers que j'ai lu, lors de mes nuits blanches sur le net à chercher à mettre un mot sur mes fantasmes de punitions jusqu'à ce texte et la découverte de la DD !
    Je ne me rappelais pas de l'auteur..... Et, c'est, par d'autres chemins que je suis devenue une fidèle lectrice de votre blog...... Il n'est point de hasard....
    Vous parlez de votre homme avec beaucoup d'amour, de respect, d'admiration....
    Et, je trouve l'idée de suggérer à votre homme les besoins, manques défauts à corriger, à améliorer délicieusement ..... Excitants, un brin pervers( n'y voyez aucun propos déplacé) et cérébralement pétillants
    En ce qui me concerne pour les règles de la maison j'aime beaucoup l'idée des quatre D Et j'ai tellement de défauts, de traits empoisonnants que mon chéri ne manque pas de raison de m'aider à m'améliorer d'ou cette expression sur les louboutins qui est de lui " faute d'avoir les chaussures, ma chérie, commençons par donner à tes fesses la couleurs des semelles..... "

    RépondreSupprimer
  3. Chère Rosalie, merci pour votre commentaire qui me fait vraiment plaisir ! J'avais à l'époque envie d'écrire un texte atypique pour ce que je connaissais du net. Je venait pour ma part aussi découvrir l'expression discipline domestique sur un maintenant défunt site anglophone. Cela parlait assez sèchement de règles et recettes comment discipliner au mieux sa dame sans prendre en compte le côté affectif dans un couple. De l'autre côté il y avait des textes français dont certains de grande qualité littéraire, mais malheureusement aussi limités concernant les sentiments tendres. Me donnant l'impression que la fessée ne puisse exister dans un contexte amoureux. Depuis les choses ont un peu changés. Arrivent enfin des textes qui dépassent le cadre de rencontre ludique...

    Je vois que vous avez bien compris ma démarche qui sort du cliché de la dame passive et/ou soumise qui attend sagement que le monsieur agisse. J'aime bien prendre ma vie en main et utiliser mon droit de femme moderne de communiquer sa honte et fausse pudeur son désir en détail à son homme. Un brin de pervers ne fait du mal à personne !

    Comme beaucoup d'adeptes de la DD, je pense que les 4D forment une excellente base pour débuter un règlement. Il en va de soi que je leur consacrerai des posts à part.

    Enfin merci pour la jolie formulation employée par votre homme !

    RépondreSupprimer
  4. (Qu'entendez-vous par 4D?)

    Chère Isabelle, je vous rejoins parfaitement sur ce que vous expliquez ci-dessus. La fessée à usage sensuel est associé au "BDSM", donc d'une part à tout un fétichisme (cuir, latex, donjons, etc.) qui ne nous attire pas, d'autre part à des "rencontres" dans des clubs spécialisés, ou des relations fondées sur le SM.

    Nous ne nous reconnaissons pas là dedans.

    Nous sommes un couple marié, amoureux, qui pratique principalement la "vanille", mais qui lui adjoint différentes pratiques, dont la discipline. Nous avons vite compris que l'on pouvait "donner du sens" à la punition en l'infligeant pour des violations d'objectifs que le/la puni(e) a fixés. C'est d'ailleurs au puni(e) a demander sa punition, ou du moins à acquiescer à la proposition.

    D'autre part, l'imagerie fantasmagorique qui nous motive n'est pas celle du cuir, de la dominatrice en talons, etc., mais une imagerie d'une vie familiale révolue (et que nous n'avons pas connue): la maman qui prend la température, la gouvernante qui donne la fessée, le martinet pour les garçons et filles pas sages.

    RépondreSupprimer
  5. Oui, pour ma part aussi je me retrouve dans l'imagerie de vie de famille révolue...et surtout basée sur mon imagination du bon vieux temps. Malheureusement cette variante de fantasmes (concernant exclusivement les adultes!) semble être rare sur le net francophone. Alors j'essaye de combler la lacune.

    Concernant les 4D comme pilier de la discipline domestique anglophone, ils relèvent à mes yeux d'une certaine éthique de couple (et ceci sans rapport avec la fessée) qui se perd de nos jours. Nous somme loin à ce niveau là d'un pur amusement récréatif entre adultes et carrément à contresens de l'univers du divin marquis.

    4D pour Disobedience, Disrespect, Dishonesty ,Dangerous ou en français :

    Désobéissance, manque de respect, malhonnêteté , comportement dangereux.

    RépondreSupprimer