(Voici
le premier épisode d'un très long feuilleton, purement fictif qui
date de pas mal d'années et que j'aimerais rééditer dans un rythme
hebdomadaire.)
1 Un
choix inattendu
Il
parait que tu changes de tutrice ?
Lucie fit un
bond, puis rougit. Camille n’avait jamais observé auparavant une
telle réaction chez son amie.
Bien
obligée. La mienne doit quitter le village pour des affaires
familiales. Alors je suis orpheline en quelque sorte.
Et
as-tu déjà fait ton choix ?
Camille
s’efforce de cacher son impatience. Ses sentiments envers Lucie
sont troubles depuis quelque temps. Il lui arrive d’imaginer un tas
choses dont elle n’est pas fière. L’occasion est trop belle.
Elle espère secrètement que le choix de son amie se porte sur son
foyer. Qu'elle opte pour Marie-Ange, sa propre tutrice. Ce serait
trop chou de partager le quotidien avec Lucie, de l’avoir en
permanence à proximité. Hélas, la douche est froide :
Je
m’installerai chez Nadège. Je dois me présenter cet après-midi
avec mes bagages.
Camille crut
à une plaisanterie de mauvais goût. Lucie aimait provoquer et
déconner. C'était sa deuxième nature.
Celle-là
est bien bonne. Cela ne marche pas avec moi. Arrête tes bêtises…
Je
suis parfaitement sérieuse !
Camille
marque un temps d’hésitation. Elle sait que Lucie est
difficilement cernable. Cela fait partie de son charme et la rend
encore plus attachante aux yeux de Camille. Lucie est aussi une
grande gueule. Rien ne lui fait peur, rien ne l’impressionne. Elle
est toujours partante pour un défi. Camille est déçu. Puis elle
vient de réaliser la porté de ce choix inattendu.
Nadège ?
L’anglaise tu veux dire ? Es-tu tombée sur ta tête ?
Elle
frissonna. Rien que le nom de cette femme la remplissait
d’appréhension. La réputation de Nadège n’était plus à faire
au village. Comme son surnom indiquait, ses méthodes fournissaient
de quoi à papoter dans les chaumières. Autant plus que Nadège
restait toujours très discrète sur ses astuces éducatives. Elle
avait incontestablement la main heureuse pour former des élèves
modèles. Une femme qui aimait cacher son jeu. Sur ce point elle
ressemblait beaucoup à Lucie. D’ailleurs comme tout le monde
Camille aurait donnée bien cher pour savoir ce qui se passait
derrière les portes de la maison de cette exigeante dame dont la
sévérité exemplaire ne faisait aucun doute. On ne connaissait que
quelques éléments de son vaste programme, les plus visibles. Ses
élèves se faisaient régulièrement remarquer après les cours de
gym, sous la douche. Au grand bonheur du jeune public féminin en
quête de distractions.
La signature
de Nadège était inimitable. Un fessier passé entre ses mains ne
ressemblait à aucun autre. Vivre chez elle impliquait un début de
semaine avec de remarquables stries qui laissaient supposer un
week-end consacré à l’ intensive étude de bonnes manières.
Il
n’existait aucun acquis chez elle. Le moindre privilège se
méritait durement. Les tenues de rigueur qu’elle imposait à ses
élèves étaient éloquentes. Voire ridicules selon les mauvaises
langues. Vivre chez elle impliquait un rude combat pour obtenir
l’autorisation de se promener en jeans moulant comme les copines. A
moins d’en cacher un chez une amie de confiance pour ne pas se
faire remarquer à ses rares permissions de sortie. Vivre chez
Nadège, c’était considéré comme se compliquer inutilement la
vie. Courir le risque de se choper une déculottée devant témoins
quand on s'exposait publiquement à son désapprobation. Avec elle il
valait mieux se tenir sagement.
Et pourtant,
à la connaissance de Camille, aucune de ses anciennes élèves ne
s’était jamais plainte. Quelques mois suffirent pour installer une
telle complicité entre cette femme et sa protégé que cette
dernière devint sa plus fervente admiratrice. Prête à défendre
Nadège devant n’importe qui, dans n’importe qu’elle condition.
As-tu
bien réfléchi Lucie ?
Lucie ferma
ses jeux pour s'évoquer une millième fois un étrange incident dont
elle eut été témoin l’année dernière. Elle n’avait jamais
osé en parler à personne, même pas à Camille. Bien qu’elle ne
fût que spectatrice, elle ressentait toujours un trouble profond qui
ne l’avait plus quittée depuis ce jour-là. Le souvenir la
dérangeait, la hantait. Elle eut à mainte reprise essayé de faire
comme si cet événement ne s’était jamais produit. Mais ses
efforts restèrent vains. Quelque chose avait changé en elle, vivait
en elle et lui dictait une loi incontrôlable qui ne venait pas de la
raison, mais de la profondeur de sa nature. Souvent Lucie avait
impression qu’elle eût perdu l’emprise sur sa vie à cet instant
précis et maudissait le hasard qui l’avait amenée sur un chemin
qui l’effrayait. Comme si son insouciance s’était évaporée
pour laisser place à un désir qu’elle n’arrivait pas encore à
décrire, mais qui s’imposait avait une force dont Lucie se sentait
impuissante d’y résister.
Coucou,
tu es avec moi, Lucie ?
Tout
compte fait, j’ai trop envie de me mesurer à Nadège. Ce n’est
pas un être surhumain, mais une femmes comme une autre. Elle ne me
fait pas peur. On verra bien qui est la plus forte. Je suis décidée
de lui mener la vie dure. Elle a besoin d’une bonne leçon et ce
sera moi qui va lui la donner.
L'intonation
de la voix de Lucie souligna sa détermination. Un accès
d’admiration pour son amie traversa l’esprit de Camille. Pour un
instant elle crut tout possible, tellement la volonté de son amie
l’impressionna. Ensuit un instant de silence. Lucie s’était
égarée à nouveau dans ses souvenirs.
A
suivre...
Bravo !
RépondreSupprimerSaluons l'arrivée du nouveau-né, à qui nous souhaitons longue vie.
Mille félicitations
Bonjour Isabelle,
RépondreSupprimerVoilà une nouvelle histoire qui démarre sur les chapeaux de rues.
Hum... C'est David contre Goliath. Ca promet un beau match. Un pugilat 100% féminin et ces demoiselles ne font pas dans la dentelle. Mais , chuuut...
Attendons la suite. Mac-Miche
Effectivement c'est un univers exclusivement féminin, inspiré par le superbe travail de Jean-Philippe , alias Escobar. Qui a également participé à la création de cette histoire par ses suggestions et remarques.
SupprimerBonjour Isabelle,
SupprimerEn effet, Mr JPC nous régale avec tout ce monde fessophile dans lequel l'homme reste spectateur de ce troublant gynécée...
Un grand artiste et amateur de femmes et des fessées, j'imagine.
Ah les Femmes, éternelles sources d'inspiration pour les artistes de tous ordres. Et encore merci. Mac-Miche
A priori il y a pour... un an, cher Monsieur Why not! Rire! A moins que je trouve de plus l'inspiration pour écrire quelques nouveaux chapitres que l'on me demande depuis si longtemps. Notons que j'étudie toute suggestion qui correspond à cet univers bien particulier du bon (grand) enfant...
RépondreSupprimerContinuez à l'écrire, s'il vous plaît. Peut-être cela sera la plus belle histoire dans ce blog. Au moins, le commencement a me plu beaucoup.
RépondreSupprimerJe vous souhaite la bienvenue sur mon blog, cher Monsieur Chat vert. Ravie que mon histoire vous plaise. Ne vous inquiétez pas, à moins d'un cas de force majeure, il y a aura une suite chaque semaine...
Supprimer