jeudi 2 octobre 2014

581 Ni soumise, ni masochiste

Et pourtant j'ai la DD dans la peau

Je ne saurais dire si le fantasme de la discipline domestique attire beaucoup de dames. Et à vrais dire cela m 'importe peu. Mon but n'est pas de faire du prosélytisme pour cette pratique, mais de contribuer à déculpabiliser les personnes qui se trouvent de tels penchants. Et aussi de pointer sur le fait que l'on puisse chérir ce désir sans forcement se retrouver dans le masochisme ou dans la soumission. Certes, il y a des « bien-pensants » de toute sorte, y compris dans le BDSM qui essayent tout pour nous enfermer dans des clichés par d'habiles et en apparence concluantes argumentations. En oubliant de considérer autant ce que préconise la psychanalyse que le féminisme de nos grand-mère. En fait, selon ces deux approches, le masochisme et la soumission sont des attitudes qui se passent dans la tête. Elles ressortent en psychanalyse selon ma compréhension par certaines associations qui permettent une interprétation en ce sens. Si on « diagnostique » simplement à partir de quelques faits, nous nions individualité de la personne devant nous. Individualité, si cher à l'analyse et nous tombons dans celle dite du comptoir. L’analyse a pour principal objet la construction de notre narcissisme dans les relations envers autrui. En gros apporter par exemple une réponse une question du style:

Pour quoi ai-je honte de parler à mon fiancé de mon fantasme de fessée ?

Construction qui est strictement personnelle, unique, notre singularité. Pour désigner les différents éléments de cette construction, elle a forgé un vocabulaire particulier. Hélas, associé par une vulgarisation hâtive, à « l'aliénation » ou du moins à une « déviation de la normalité ». Par conséquence, il en va de soi que son vocabulaire peut provoquer de fortes réactions qui justement dépendent du narcissisme particulier de chacun de nous. Peu étonnant donc que certains s'en servent pour blesser, intimider, manipuler, classifier, contrôler, maîtriser etc.

Disons que si nous n'arrivons pas de faire abstraction de la soumission et du masochisme, nous aurions des difficultés de considérer la DD avec plus d'objectivité. Comme une structure entre deux personnes qui permet de satisfaire un besoin de punition, de sécurité, de pardon. Que l'on ne me comprenne pas de travers. Je trouve qu'il y a aussi de la place dans la DD pour les personnes qui se sentant personnellement comme masochistes ou soumises. Mais ce ne sont pas de conditions sine quoi non chez chaque personne attirée par la DD.

Pour finir le point de vu de Simone de Beauvoir qui me plaît beaucoup :

...la douleur n'a de signification masochiste qu'au cas où elle est saisie et voulue comme la manifestation d'une servitude.

...attribuer une valeur érotique à la douleur ne constitue pas du tout une conduite de soumission passive. Souvent la douleur sert à relever le tonus de l’individu qui la subit, à réveiller une sensibilité engourdie par la violence même du trouble du plaisir.

...le masochisme apparaît quand l’individu choisit de se faire constituer en pure chose par la conscience d’autrui, de se représenter à soi-même comme chose, de jouer à être une chose...

8 commentaires:

  1. Bonsoir Isabelle,

    Très intéressant votre texte et son titre pose la pierre de base sur laquelle repose l'édifice de la DD. Et ce sempiternel tourment de la honte. Un peu comme "le Cheval de Troie" . Il fait entrer une faille dans la bâtisse. Faille qui serait une forme larvée de masochisme (ah l'horrible mot !)
    Pourtant que faisons-nous de mal, si cela est accepté entre deux adultes consentants ? C'est toujours la peur du regard des autre qui nous freine. Pourtant qu'il y a t-il de plus dangereux pour sa santé physique et mentale:
    un abus d'alcool ou... de fessée ?
    Eh bien certaines personnes bien pensantes, comme vous le dites si justement, Isabelle, auraient tendance à les classer tous les deux dans le même tiroir. Et très souvent, ce que l'on ne parvient pas à cerner et expliquer reste quelque chose de potentiellement nuisible, jusqu'à preuve du contraire.
    Mais faut-il nécéssairement donner le pourquoi des choses ? Se justifier ?
    Exercice qui va à l'encontre de ce qui fait sa personnalité propre.
    Mac-Miche

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    1. Sans doute parce que les gens ne font pas la différence entre panpan-cucul et BDSM à fouet, ou entre panpan-cucul consenti et la violence conjugale.

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  2. Comme vous dites, cher Monsieur Mac-Miche, si enfin on pouvait considérer cet édifice qui est la DD loin de certains clichés. Et malheureusement les clichés ont la vie beaucoup plus dure parmi les passionnés de la fessée dans le sens large que chez Monsieur et Madame tout le monde. Certes, le masochisme y est associé quasi systématiquement, mais la soumission semble réserve à la réflexion d'un public averti. Je pense que mes argumentations ne changent rien justement auprès d'un public averti et ce n'est pas leur but non plus. Il me tient simplement à cœur de mettre à l'aise les personnes lambda dont je fais partie qui ne cherchent pas de pratiques extravagantes, mais qui tout simplement éprouvent le besoin de recevoir de temps en temps une bonne fessée punitive. Peut-être pourrait-on admettre ce besoin un jour aussi naturellement que bien d'autres préférences personnelles qui sont rentrées dans le mœurs...

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  3. Isabelle, difficile de tirer des généralités tant nos expériences, rien que sur ce blog, sont si diverses.

    Il me semble qu'une différence avec le BDSM est le côté peu formalisé de nos "punitions" et la modération de la douleur causée. Quand je lis certains récits, c'est toute une mise en scène, un protocole, entre le "maître" ou la "maîtresse" et ses "esclaves". J'ai vu des vidéos (d'Europe de l'Est) avec du "caning", c'est vraiment féroce, ça laisse des marques. Chez nous, même s'il y a des rites, c'est bien plus bon enfant et en tout cas moins douloureux.

    Je me reconnais dans le "besoin de punition, de sécurité, de pardon" et pas dans la servitude, la transformation en "chose" ou en "esclave". Quant à la soumission, je pense qu'il y a effectivement de la soumission à présenter ses fesses pour la fessée ou une pénétration, mais ni dans le sens où l'on se soumet à la force (le cas du viol) ou à un(e) maître(sse) tout(e) puissant(e), mais plutôt à quelqu'un de bienveillant et aimant qui va appliquer un traitement mérité et nécessaire, quoiqu'embarrassant. Il s'agit en quelque sorte de se laisser mener la main dans la main, alors que le BDSM serait avec des menottes.

    Et effectivement je me sens en sécurité sur les genoux de madame quand j'ai fait une bêtise et que je reçois panpan cucul avant d'être pardonné. C'est mieux que de ruminer dans mon coin ou la "soupe à la grimace".

    Peut-être qu'une comparaison avec la "vanille" s'impose. Madame mon épouse n'aimait pas trop le coït avant moi, mais avec moi c'est une pratique très régulière (parlez du devoir conjugal si vous voulez) et c'est parce que pour cette activité elle a besoin de sécurité. Là encore, il s'agit de se laisser mener (ou de mener, mais dans ce cas c'est moi qui trouve l'abandon et la sécurité).

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    1. J'admets que la question de la soumission est délicate, Monsieur Pecan. Mais indéniablement une réflexion sur elle fait avancer pour mieux comprendre l'univers de la discipline conjugale. Présenter ses fesses pour se faire rappeler à l'ordre me semble une forme de soumission sociale qui a pour but de retrouver la sécurité et le bien-être que procure le cocon de l'enfance. En ce sens l'emploi d'une douleur abusive serait néfaste au niveau fantasmatique car cela détruira l'impression de sécurité. Pareil les punitions injustes, une notion surtout à ne pas sous-estimer, car cela peut évoquer un sentiment d'abus. Par contre les contextes qui jouent avec la pudeur et le ridicule, me semblent proche de cet univers. Comme la prise de température rectale qui pour la mère représente un acte médical nécessaire et qui prend dans la fantaisie de l'enfant une toute autre signification.

      Toutefois, il me semble que cette forme de soumission sociale se distingue de celle que j’aperçois dans le BDSM et la D/s qui est de l'ordre j'aurais envie de dire de servitude sexuelle. Inutile de dire que je ne m'y retrouve dans de tels registres.

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  4. Bonjour Mr Pecan

    Vous avez réussi, et c'est tout à votre honneur, à instaurer un climat de confiance avec Madame votre épouse et ce j'imagine dès le départ. Climat qui permet les confidences et autres besoins de confession. On évacue les non-dits et les rancoeurs qui risquent de déboucher au bout du compte sur des problèmes. On vide le sac et on repart sur de bonnes bases. On aborde les choses qui inquiètent ou effraient avec une certaine sérénité, sachant le conjoint proche qui vous soutient. C'est tout le tact du conjoint. Magie de la vie commune ? On n'est pas seulement deux êtres vivant côte à côte, juxtaposés comme des santons, sans échanges quelconques.
    Nous sommes certainement de la même génération (années 1960) ,de celle du Baby-Boom et notre jeunesse s'est passée dans un climat beaucoup moins violent socialement parlant qu'aujourd'hui, malgré quelques exceptions. On aborde peut-être les problèmes avec un certain recul. De nos jours, tout semble disproportionné ; une souris devient... vite un éléphant ! Il y a tendance à se complaire dans une certaine violence verbale mais surtout physique.
    Les jeux du Cirque, quoi ! Dommage. Mac-Miche

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  5. Chère Isabelle,

    D’aucuns pourraient sans doute me qualifier de femme soumise, au motif que j’accepte l’autorité de mon mari, que je suis heureuse qu’il soit mon guide dans ma vie tant publique que privée, et qu’il me paraît normal qu’il n’hésite pas à sanctionner mes actes bien comme mal. Pourtant, peut être que cette qualification ne m’est pas autant appropriée qu’ils seraient tentés de l’affirmer, car à cette idée de « femme soumise », il me semble qu’on associe la plupart du temps des notions de faiblesse, de manque de personnalité et de caractère, une incapacité à pouvoir affirmer sa présence vis à vis des autres. Or je crois, non en fait, je sais et mon mari n’hésite pas à me le confirmer fréquemment, qu’à l’égard des autres, justement grâce à lui et à son soutien sans faille, je suis considérée comme forte et sachant même me montrer intraitable le cas échéant et quand il le faut. Ce n’est pas le surnom méchant que m’a parfois donné le directeur commercial, « la voix de son Maître », qui apporterait dénégation me semble-t-il.

    Ce que je ne suis pas sans contestation possible, c’est être masochiste ! Je ne trouve pas, et encore moins je ne cherche le plaisir, notamment le plaisir sexuel, dans la douleur ou d’éventuelles humiliations. Lorsque mon mari estime qu’à la suite de quelques errements, il lui faut sévir, le châtiment corporel n’est jamais associé ensuite à un rapport de plaisirs. Tout au plus, mais plus tard et bien après le temps de méditation au coin, il peut arriver qu’à sa demande je lui procure un apaisement très naturel par un rapport oral.

    A propos de ce genre de rapport, et à la suite d’une discussion récente avec ma sœur, discussion où nous n’avons pas été du tout d’accord et qui m’a choquée, je serais curieuse de connaître votre avis. Elle me parlait de ce que je nommerais un « nouveau flirt ». Elle m’a dit tout crûment que le premier soir, pour mieux se faire désirer, elle n’avait pas voulu « coucher » avec lui, se contentant de lui faire un rapport oral, et qu’évidemment dit-elle, elle « termina à la main » ! Or pour moi, ce genre de rapport suppose au contraire d’être parvenue à un grand niveau d’intimité, que cela ne peut que
    prendre du temps, et que c’est vraiment une sorte d’hommage fait à celui qu’on aime et qu’on estime et à sa virilité, et que l’on conduit normalement à sa conclusion naturelle à moins qu’il ne s’agissait que d’un moment lors de préliminaires. Qu’en pensez-vous ?

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  6. Chère Christine,

    pour être franche, je ne connais pas grand chose au monde et à la philosophie de celles qui se considèrent comme soumises. Je pense quand ce qualificatif apparaît sur le net, qu'il s'agit d'un contexte sexuel dans lequel la dame se met à la disposition du monsieur. C'est peut-être un éloge de la passivité. Enfin, je ne vais pas m'avancer sur ce terrain.

    Comme souvent dit, personnellement j'ai beaucoup de mal de vous considérer comme une femme soumise. Il me semble normal que vous défendez la position de votre mari dans votre entreprise. A vous lire votre mari dispose de toutes les qualités requises pour mener une entreprise (ce qui est donné à très peu de personnes) et vous, vous avec votre place bien définie en y participant de toutes vos forces. Je vois là un structure d'un couple extrêmement soudé, une manière intelligente de faire face à deux aux autres. Voyez, étant maman au foyer qui s'occupe de son enfant, bien évidement il arrive à certaines personnes de me voir dans la préhistoire de la condition féminine, en dame soumise, disponible corps et âme et souriante pour faire plaisir à son homme. Qu'elles pensent ce qu'elles veulent !

    Venons à votre question sur le rapports oral. Je pourrais m'en tirer avec une pirouette du style : Jamais le premier soir. Principe que j'ai toujours gardé étant célibataire. Voila qui débarrasse efficacement des messieurs pressés. Je ne suis pas impulsive, j'ai besoin de dormir au moins une nuit avant toute décision importante. M'engager avec un homme dans un rapport sexuel n'est pas un acte anodin avec moi. Pour le deuxième soir par contre, rien ne m’empêchait d'arriver, en cas de « grandes affinités », à une stimulation orale comme préliminaire, avec protection (impératif), suivi d'un acte sexuel conventionnel. Pour la « conclusion naturelle » d'un rapport oral et sans préservatif, je le conçois uniquement en couple stable et après test HIV. C'est réservé à l'homme que j'aime.

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