mercredi 28 octobre 2015

787 Fessée à l'amiable 1 (Un récit de Bertrand)

Une femme capricieuse

(J'ai eu un coup de foudre pour cette belle histoire écrite par Bertrand. Une impression d'être mise à nue en découvrant bon nombre de mes petites manies. Puis, sentiment que j'ignore habituellement : une sincère compassion pour le monsieur de l'histoire et par extension pour le mien! )

Églantine ne passe pas inaperçue avec son tailleur serré moulant et ses talons de 10 cm, talons qui peuvent s’élever à 12 cm pour les grandes occasions.

Mais là elle est en ville pour faire quelques courses dans les grands magasins situés entre l’Opéra et la gare Saint-Lazare, une vraie parisienne !

« Je n’ai plus rien à me mettre » se disait – elle ce matin. En effet, mis à part cet ensemble tailleur jupe digne de Lauren Bacall et quelques autres tout aussi élégant, plusieurs pantalons bien coupés, de jolies robes de printemps et d’été, quelques dizaines de chemisiers, une impressionnante collection d’escarpin et une collection de dessous chic, bas, corset et j’en passe, la malheureuse Églantine n’a effectivement « plus rien à se mettre ».

Après avoir acheté un ensemble pour un prix presque modique (à ces yeux) et quelques autres babioles elle rejoint son coquet pavillon de la banlieue sud-ouest en voiture. Celle-ci est d’un nouveau modèle que Denis a acheté pour elle et elle n’est pas habituée à ces nouveaux tableaux de bords avec écran tactile et toutes ces innovations un peu déconcertantes. Comme elle regrette sa petite Fiat antique et cahotante !À la sortie du parking, dans ces quartiers régulièrement bouchés, elle hésite un peu. Est-elle en 2e ou en 3e  ? La montée est abrupte, elle cale. Églantine essaye de manœuvrer tant bien que mal. Où est la marche arrière ? Églantine commence à paniquer légèrement. Pourtant sur le schéma dessiné sur le levier de vitesse c’est normalement vers l’avant à gauche. Mais non c’est la première ! Il y a une autre chose à faire pour aller en marche arrière, mais elle ne trouve pas la solution.

Et plus le temps passe, plus le taxi derrière s’énerve.

Et plus elle panique, moins elle a de sang – froid pour trouver cette f… marche arrière !

Finalement elle recule trop brusquement et …paf ! Il lui rentre dedans. Ça va, il y a plus de peur que de mal mais l’arrière de la voiture est un peu amoché.

Que va dire Denis ? La voiture est toute neuve !

De retour à la maison Églantine voit avec soulagement que Denis n’est pas rentré. Soulagement de courte durée car, à un moment ou à un autre, il faudra bien lui expliquer.

Églantine commence à réfléchir à la manière dont elle doit s’y prendre pour présenter la chose.

La pire solution : ne rien dire et le laisser découvrir le désastre. Meilleur moyen pour le foutre en rogne.

Une autre méthode consiste à jouer le rôle de la fautive plein de remords : Tête baissée, elle avouera son crime, ensuite, tendre le petit fouet accroché dans le placard, utilisé rarement et seulement pour faute grave… dans l’espoir qu’il ne ne serve pas ! À moins que le simple martinet ?

« Mais non voyons ! tu délire ma petite Églantine ! Nous n’avons pas ces instruments à la maison qui m’ émeuvent tant, et jamais tu n’oseras l’avouer à Denis. »

Troisième solution : Le mettre dans de bonnes dispositions : « Hum, hum, j’ai fait une grôôôôsse bêtise » tout en lui faisant les yeux doux, montrer les haut des bas ou décolleté « pigeonnant », le grand jeu quoi !
Mais rien de tout cela n’arrive car, comme d’habitude, rien ne se passe comme prévu.

Églantine était plongée dans ses réflexions quand Denis arrive furieux, tel une trombe. Vu sa tête il a sans doute vu l’état de la voiture. Et en effet, il est déjà passé dans le garage et a vu les dégâts !

« Bon dieu mais qu’est ce qui s’est passé ? »

Elle bredouille : « Ben, heu, j’ai eu un petit problème. Mais c’est pas de ma faute !! »

« Tu as fait un constat ? »

« Oui bien sur… enfin… »

« Enfin quoi ? Je peux le lire ? »

Une fois le constat trouvé, Denis se mit à le lire. Le document en question n’était pas tout à fait en défaveur d’Églantine : elle avait reculé inopinément en démarrant en côte, le taxi avait eu la malheureuse idée d’avancer soudainement à ce moment là. Mais là n’était pas le problème : Elle avait promis à Denis qu’elle ne devait pas utiliser cette voiture avant un peu de conduite accompagnée. C’est un nouveau modèle et Églantine est depuis longtemps habituée aux petits accidents, certes sans gravité mais qui abîme la carrosserie.

« Tu ne devais te servir de la voiture qu’en cas d’absolue nécessitée, ou bien accompagnée par moi.» lui dit Denis.

« Mais justement, je devais absolument et nécessairement aller sur Paris ! »

« Et pourquoi donc ? »

Églantine est pris au piège : faire du shopping est quand même un impératif un peu léger !

Elle pense à la vitesse de l’éclair : pris en faute, il lui reste les cris ou bien le bombarder d’arguments de plus ou moins bonne foi. Oui, Il pliera sous mes flots de paroles !

Elle commence sa logorrhée ininterrompue qui en a fait craquer plus d’un avant Denis : « D’abord cette voiture est nulle ! Ensuite je t’ai demandé plusieurs fois de m’expliquer comment on fait marcher le GPS, le frein à main on appuie sur un bouton, je ne suis pas habituée, ensuite tu as eu autant d’accident que moi et plus grave et d’autre part j’avais vraiment besoin de m’acheter des vêtements, à chaque fois que je veux aller sur Paris pour m’en acheter, tu n’as jamais le temps ! »

Églantine déroulait ainsi un chapelet de reproches et d’excuses plus ou moins bien trouvés quand soudainement…

Denis est resté jusque là complètement indifférent à ce flot de parole en apparence jusqu’à ce qu’il la prenne par la taille, s’assoit et la tient fermement sous son emprise, allongée en travers de ses genoux.
Surprise, elle ne réagit pas immédiatement, mais elle ne tarde pas à gesticuler des jambes puis d’essayer de se dégager de l’étau dans lequel son mari l’insère.

Pas de doute possible, se dit-elle, c’est LA position « On the knees », qu’elle a plusieurs fois imaginée, dans ses scénarios avec petit fouets et martinets délicats.

A suivre

4 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    (Un grand merci pour Mr Bertrand pour ce court épisode, tout d'abord.)
    Si je puis me permettre , ce texte vous va comme un gant.... de velours,
    D'un point de vue esthétique et vestimentaire, je vous imagine tout à fait dans le rôle. Un peu comme sur les illustrations des années 1950/1960.
    Et j'imagine bien son compagnon en tenue décontractée, pipe au bec et charentaises au pieds, écoutant les nouvelles sportives à la radio sur un vieux poste de radio à galène de chez Philips (le même que nous avions à la maison mais lourd à déplacer !!)
    Quant à la manière de conduire, je vous laisse juge. Of course.
    On imagine aisément le petit accrochage. Et la scène d'explication où Madame use de tous ses atouts pour amadouer la bête. En vain. Monsieur ne s'en laisse pas compter et Madame paie chèrement sa maladresse. La pauvre !!!
    Un certain talent. Pour un peu , on exigerait une suite. Rires.
    Mac-Miche.

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  2. Les charentaises oui, enfin nous sommes plus pantoufles.Par contre hors de question de fumer, la pipe ou autre choses et hors de question d'un monsieur qui se passionne pour les sport. En lisant le texte de monsieur Bertrand je me suis sentie tout de suite comme à la maison. Ceci dit, je suis plus vélo que voiture...

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  3. Bonjour Isabelle,

    Damned ! J'ai tout faux sur la mise en scène !!! M'enfin !!
    Un esprit sain dans un corps sain, c'est ma foi, une bonne hygiène de vie...
    Au choix. rires.

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  4. Ben oui, j'en ai encore fait du vélo cet après-midi avec ma fille qui pédale bien plus vite que moi.Quant à la voiture je préfère partir avec "mon chauffeur".

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