jeudi 9 juillet 2015

736 Docteur Jekyll et Mister Hyde

La crainte que le gentil éducateur se transforme en adepte du BDSM

Ayant à la maison un grand garçon avec un penchant pour l'éducation à l'ancienne, je ne risque pas grande chose outre que pour mes fesses. Et encore ! Prenant sa vocation d'éducateur pour une fille adulte en manque de discipline très aux sérieux, l'acte pédagogique prévaut au discours de la jouissance féminine. Ce qui veut dire qu'il m'inculque les bonnes manières de façon ferme certes, mais sans que ma punition dépasse ce que la loi allemande considérait dans le temps comme correction appliquée en bon père de famille. Bref, pas de risque de me trouver attachée, saucissonnée, suspendue, accrochée, enfermée et bien pire encore. Chez nous, c'est la fessée « sans lendemain », celle qui brûle sur le coup, mais dont l'effet cuisant s'évanouit au fil de quelques heures.

L'attirail du BDSM n'est pas pour nous,  à moins à toute petite dose et dévié - si j'ose dire - des jeux entre Maître et soumise. Je pense faire parti de ces personnes qui aiment la vanille épicée et qui ne se retrouvent pas dans les pratiques poussées. Le ciment de la relation chez nous n'est pas la complicité jouissive ou la recherche du raffinement sensationnel ou autre, mais très banalement l'amour et l'envie de passer notre vie ensemble, d’élever notre enfant et toutes « ces perversions de la vie familiale» dont on ne lit rien sur les sites BDSM.

Ne nous voilons pas la face. Le plus grand mérite des livres des 50 nuances consiste à montrer la conception du BDSM de Madame tout le monde.

Certes, elle souhaite quelques frissons, sans tomber dans des pratiques qui risquent de lui abîmer la coiffure.

Frissons oui, mais que cela reste tout de même bien sage. Sans oublier que madame souhaite rester Maître de la situation en tentant accessoirement de guérir le monsieur de ses penchants qu'elle estime trop vilains. Le BDSM concerne une minorité de personnes et il en existe des adeptes de telles pratiques qui déclament que les 50 nuances et des jeux en ce sens n'ont rien à voir avec le « vrai » BDSM.

Ouf, me voilà rassurée ! Rien ne me ravit plus que je sois exclue de ces cercles élitistes.

Et mes copines aussi par la même occasion. Enfin, petite confession, moi aussi je trouve craquantes leurs menottes en peluche rose. Et quand au bandeau, cela me fait dormir.

Voila qui semble montrer qu'il ne faut pas s'engager dans le « sadomaso » avec une personne de confiance sous peine de perdre le trouble lié à ces jeux.

Autrement dit, il faut être maso pour se mettre dans les mains de n'importe qui. Mais même étant méfiante, il est possible de se tromper sur le monsieur. Je n'ai pas eu ce désagrément « dans la vraie vie » comme disent les branchés de la rencontre du net, mais indirectement en apprenant un jour la double nature d'un de mes dessinateurs favoris. Un vrai Docteur Jekyll et Mister Hyde.

Je parle de Bill Ward.

A côté des ses merveilleuses créatures de l'âge d'or du pin-up et accessoirement de la « discipline domestique », il a su créer « tout un univers d'horreurs » qui représente pour moi tous les clichés que m'évoque subjectivement le BDSM. Toutefois et c'est ce qui me réconcilie avec Monsieur Ward, il a su transformer les méandres de son intérieur en créations artistiques. Cela me paraît sain (ben oui, c'est de la sublimation!) et moins dangereux que de s'acharner sur une soumise pour la transformer, elle, en chef-d’œuvre. Voila pour dire que le lien établi par certains dominants concernant BDSM et création artistique ne semble pas manquer de fondement. Enfin, je suis encore en train de démêler le vrai du faux lors de mes séances au ...coin. J'y reviendrai un autre jour. Pour aujourd'hui, voici deux liens....

.pour découvrir une très large et sublime palette de la discipline domestique selon Bill Ward.


22 commentaires:

  1. Bonsoir Isabelle,


    Nous avons en commun cette admiration pour les œuvres de Bill Ward.
    Une pointure dans le genre "Pin-up Femdom".Il semble y avoir deux périodes. La première très "ambiance 1950's" met en scène rivalité entre femmes et entre conjoints avec fessées "brossées". La seconde période se distingue par des duels mettant aux prises hommes faibles ou soumis avec de belles et terribles Amazones qui les tourmentent. Deux épisodes : "Chevrotine" et "le secret de Belinda". Et de cette manière on rejoint le monde BDSM de Eric Stanton, célèbre lui aussi pour ses "Tam-Azones" (de l'anglais : Taming, dompter).
    Bref tout un programme. Deux sacrés fétichistes de la discipline domestique.
    Pour notre plus grand plaisir. Merci Isabelle.
    Mac-Miche.

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  2. Je trouve aussi que le deux périodes relatent du femdom, cher Monsieur Mac-Miche. Il faut être un dominant naïf pour croire que la superbe créature qu'il penche sur ses genoux exprime ainsi sa soumission. Au contraire en cédant au caprice du monsieur de la fesser, elle réclamera autrement, en toute discrétion et à l’abri de témoins, bon nombre d'avantage en échange. Peut-être pour cette raison d'ailleurs la plupart des dominants fuient comme la peste une relation de couple avec leur soumise de peur de découvrir la vraie domination...

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  3. Bonjour Isabelle,

    "Tel est pris qui croyait prendre" en un mot. Une soumission féminine simulée pour mieux contrôler le "fesseur". Au final, c'est la Miss qui mène la danse.
    Et si les dominateurs étaient des individus qui au fond d'eux-mêmes craignent les femmes mais qui, pour cacher cette peur, adoptent exactement, en apparence du moins, le comportement inverse pour montrer leur maitrise de cette angoisse ? Hypothèse naïve me direz-vous... Mais, l'orgueil conduit à des excès parfois... Malheureusement.
    Mac-Miche

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    1. Je ne pense pas que le dominateur type existe cher Monsieur Mac-Miche. Des messieurs qui craignent les dames, enfin surtout certaines dames, cela existe bel et bien. Chacun son idée sur les motivations dans la domination. Pour ma part je vois bien l'enfant gâté qui trépigne à la moindre contrariété et qui communique par des « je veux et je l'exige ». Mais je n'y connais rien en dominateurs. Je suis trop nulle en soumission... Rire !

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    2. Bonjour Isabelle,


      Il y a autant de caractères "dominateurs" que de personnes dominatrices. On peut chercher mille raisons pour imposer "sa" domination. Le principal est que cela ne glisse pas vers une domination qui passe du jeu à une certaine forme de violence conjugale. Difficile défaire la différence entre les deux.
      Quant au garnement "gâté pourri ", ca mérite une belle fessée comme le disait ma grand-mère.
      Je suis comme vous : le monde des dominateurs est totalement étranger à mon univers.
      Personnellement, j'ai une nette préférence pour la DD inversée, et cela depuis ma jeunesse , Et oui, on ne se refait pas...

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    3. Voyez cher Monsieur Mac-Miche, DD classique ou DD inversée, à chacun sa manière de trouver son bonheur. Ce qui me paraît important c'est de montrer que la DD est une pratique qui voit dans le couple et dans la fidélité une valeur suprême  et que l'aspect sexualisé de la DD passe au deuxième plan.

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  4. Bonjour Isabelle, décidément vous restez très "freudienne" : l'explication de l'art par la sublimation du sexe. Ça marche pour Bill Ward en tous cas, et pour Picasso chez qui tout est sexe. En cherchant bien ça doit marcher pour tout le monde. Mais en cherchant bien on trouve toujours ce qu'on veut trouver, c'est un des problèmes de la psychanalyse.

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    1. Voyons, Bertrand !
      Vous supposiez Freud inventant autre chose qu'une auberge espagnole ?
      Ou une cahute de cartomancienne ?

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    2. En matière artistique, non, j'ai toujours trouvé que la psychanalyse de l'art était ce qu'il y avait de plus caricatural dans Freud et ces disciples. D'ailleurs à ma connaissance plus grand monde ne prend au sérieux des fadaises du type : "Il a écrit ça parce qu'il a vu ses parents faire l'amour quand il avait trois ans". Effectivement c'était une auberge espagnole où pour reprendre l'expression d'Alphonse Allais "Tout est dans tout est réciproquement".
      Pour le reste je ne rejette ni le bonhomme ni ses théories , il y a quand même des intuitions justes, mais je parle sans vraiment bien connaître. Vous, Why not et Isabelle êtes bien plus savants que moi en la matière.

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  5. Il y a certainement d'autres approches à l'art, cher monsieur Bertrand, mais j'aime bien la simplicité freudienne. Puis en grattant chez les quelques artistes que j'aie pu croiser dans ma vie, il y avait des sacres fantasmes. Je veux dire genre pas banal !

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    1. C'est possible, je n'en ai peu connu, et encore moins leurs fantasmes!
      J'aime bien Freud et je dois dire que j'ai de la sympathie pour l'homme, ce qui n'est pas très à la mode. Mais dans son approche de l'art il reste un peu toujours dans l'intention : ça veut dire ceci ou cela, c'est très terre - à - terre.. Il n'y a pas un vrai discours esthétique, mais il est vrai que ce n'était pas son but.
      En revanche je crois, en tous cas pour une partie, au rôle de la sublimation dans la création artistique. Surtout à des époques où la censure est très active. Le fait de ne pouvoir dire et nommer les choses crument stimule l'imagination formelle. je ne veux pas défendre la censure mais une grande partie de notre patrimoine culturelle vient du fait que les artistes exprimaient beaucoup de choses de façon détournées.

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    2. Bonjour Mr Bertrand,

      Ce bon Dr Freud, issu lui-même de la petite bourgeoisie viennoise, a du lutter contre une certaine morale, pour imposer ses vues dans le cadre de son métier de médecin. Et cela d'autant qu'il bousculait un peu les conventions dans un domaine qui explorait la "partie cachée de notre esprit" : le monde des rêves, clé de notre "jardin secret " en quelque sorte. Une certaine dose d'audace surtout pour son époque.
      Ah le langage caché de l'Art ! C'est un comme les codes secrets. Tout dire sans en avoir l'air.
      C'est vrai que la sacro-sainte morale veillait au grain : les artistes ne devaient pas en faire à leur guise. Alors ca prenait une tournure parfois symbolique. Au Moyen-Age et jusqu'au 19è. siècle, les sujets imposés étaient surtout d'inspiration religieuse ou bien
      portraitiste.
      On a parfois l'habitude quant on regarde une œuvre d'art de chercher une signification raisonnée: ca ressemble à ceci ou cela...
      En raison de notre culture, de notre éducation, on réagit à l'Art différemment chacun/e d'entre nous. Eternelle rationalité de l'esprit humain.
      Mac-Miche

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    3. Je ne suis pas bornée, cher Monsieur Bertrand et loin de moi de prendre Freud à la lettre. Pour ma part aussi, je me sens attirée par la piste qui lie la sublimation à la création artistique. Personnellement je pencherais plutôt vers la pensée analytique moderne qui ne voit plus « l'originalité sexuelle » comme source de la sublimation, mais comme une sorte de sublimation à part entière au nom de la jouissance. Enfin, je suis encore dans la docu. Et c'est là justement la force de papa Freud (peu importe la véracité de sa théorie), il livre matière à réfléchir, veut dire tout simplement, il fournit matière à distraction pour certaines dames intellectuelles comme moi. Et celui qui arrive à distraire une dame, la fait aussi rêver en même temps...

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    4. Pour ma part, cher Mac-Miche, je suis une grande amatrice d'art et il m'arrive de faire de long voyages pour voir un musée ou une expo. Mais je ne cherche pas à comprendre les œuvres. J'ai un conception assez futile de la vie et je classe l'art selon « me plaît, me plaît pas » ou selon (trouve intéressant, trouve pas intéressant ». Tenez j'adore Dali sans avoir essayé de cherche des significations. . En passant à Cadaqués, j'ai vu la nature sur laquelle il avait tout simplement … pris modèle !

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    5. Tout art est complètement inutile, chère Isabelle.

      (préface de Dorian Gray)

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    6. Mr Why-Not,

      Votre citation me rappelle une leçon de philo de 1ère. Les anciens Grecs utilisaient le mot "techné" pour désigner le mot "art".
      D'ailleurs, une phrase disait : "Techné mimétaï ten physis".
      Traduite par : "L'Art imite la Nature". Art, technique, l' Art ou la technique. Qui des deux s'inspire de l'autre?
      Et si l'Art n'avait qu'une fonction : régaler notre sens visuel ?
      Ou encore flatter l'égo du créateur ?
      Bref. On n'en finirait plus de discuter...
      Mac-Miche.

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    7. Pour monsieur Why Not : certes, mais la notion de l'inutilité convient à bien de matières. Pensons tout simplement à toute forme de sexualité non reproductive. Je ne parle pas de l'utilité de mon blog. Rire !

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    8. Nos sens, pas que celui qui est visuel, cher Monsieur Mac-Miche, pensez à la musique, au créations culinaires, au parfum, au jolis objets à toucher...

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    9. Ah l'éternelle, l'unique, l'Interrogation !...
      Il est quelquefois pratique d'être cartésien.
      Comme l'adjudant : j'emmerde donc je suis.
      Ou comme nous : je fesse donc je suis.
      Il reste que votre blog nous a fait nous rencontrer. Une réalité...

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  6. Faut comprendre le contexte, cher Monsieut Why Not, mon petit papa Freud à moi était un adorable monsieur d'un certain âge qui a su me parler, il y a bien d'années quand j'étais jeunette, avec amour, passion et surtout de solides connaissance de la psychanalyse. Et voilà depuis j'aime bien lire la pensée humaine - non simplement freudienne - à ce sujet !

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  7. En ce cas...
    et d'ailleurs, chacun son contexte.

    Le mien est un peu différent, qui me faisait passer de l'autre côté du rideau de fer, professionnellement, quand j'étais jeune...
    Vous comprendrez que l'on puisse voir les choses très différemment.

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  8. Je ne cherche pas à imposer un point de vue cher Monsieur Why Not. Et de toute façon dans les domaines qui se basent sur les opinions ou appréciations personnelles (comme la psychanalyse!), c'est plutôt la construction d'une pensée, son esthétisme, son originalité qui me ravit, que le « vouloir avoir raison d'une personne qui la émet »...

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