C'est
l'histoire d'un pauvre mari...
...désespéré...
qui se plaignait dans un magazine pour hommes que sa
dame s'obstine à porter en public de très courtes jupes, en
troublant ainsi tous les messieurs de leur habituellement si paisible
quartier. Alors pour affirmer son autorité de chef de famille et
souligner son veto pour les extravagances vestimentaires, il a eu la
bonne idée de prendre recours aux claquantes fessée,s appliquées
sur le postérieur de sa dame pour lui apprendre les bonnes manières.
Acte que j'imagine de plus commode avec une courte jupe. Mais hélas,
malgré ces arguments énergiques, la dame persiste dans son
comportement. Même après plusieurs fessées de la part de son très
outré mari. Pire encore, au lieu de craindre ses corrections
conjugales, elle semble en tirer le plus grand plaisir au point
d'atteindre l'orgasme sur les genoux de son époux. Perplexe, ce
dernier se tourne vers le spécialiste des méandres de l'âme
humaine, le psychologue du magazine en lui posant la question qui
l’inquiète tant :
Ma
femme, est-elle bien normale ?
Quelle construction fantasmatique de
tonnerre qui soulève une autre question :
Pourquoi
de telles histoires plaisent tant ?
Déjà par le simple fait que l'on y
trouve une revalorisation narcissique pour celui qui la raconte et
par extension pour celui qui s'y identifie. Il s'agit tout de même
d'une dame qui « trouble tous les messieurs » du
quartier. Ce qui n'est pas rien. C'est un peu le même mécanisme que
les cinquante nuances. D'un côté la dame qui « gagne »
les faveurs d'un milliardaire, de l'autre un homme avec la plus
attirante femme du coin. Que de belles histoires dans le sens d'Anna
Freud qui a pointé la première sur les fantaisies
punitives révalorisantes, notamment chez les filles.
Mais laissons de côté le versant de
sublimation de notre fantasme et penchons nous un peu sur le non-dit
qui est en jeu. On peut voir dans cette histoire un fantasme sur le
modèle de la dame qui prend l'initiative.
Un incontournable archétype de l'industrie P.
Nous
suivons les aventures d'une digne fille d’Ève qui reste en quelque
sorte proche du contexte biblique. Entraîner les messieurs dans la
voie du péché. Voila qui mérite sévère punition et le mari s'en
charge.
Situation qui permet de constater à
quel point notre culture dite judéo-chrétienne, décriée par
d'aucuns pour sa pudibonderie, est ancrée profondément dans la
matrice du fantasme de la fessée. L'immoralité est sévèrement
punie au grand plaisir du spectateur. L'aspect moralisateur se
retrouve même parfois dans le vocabulaire. Il y a bon nombre de
charmants surnoms pour une dame entreprenante, appelée par exemple
parfois une « salo...pe », peut-être pour le fait que ce
soit elle qui décide « avec qui, où et quand ».
Largement de quoi pour s'attirer les foudres de certaines personnes.
Notons aussi le pouvoir érotique de ce mot/ce genre de mots sur
certaines personnes.
Ce
qui laisse croire à un effet déculpabilisant considérable en
prononçant le mot magique.
Devenons un peu pragmatiques.
Apparemment notre monsieur (inventé ou pas, cela ne change rien au
fait de sa fonction d’archétype aussi) semble bien aimer les jupes
courtes de sa dame. C'est le fait qu'elle les porte en « public »
qui le dérange. Loin de moi de vouloir jeter une pierre sur ce brave
monsieur. Moi aussi, j'ai des jupes très courtes, spécial maison et
j'imaginerai bien la tête de mon chéri, si je les portais en
public. Ce qui tombe bien ! Car j'avais trouvé ce courrier de
lecteur quand j'étais encore ado. Déjà à l'époque j'avais une
conception de choses réservées à la personne qui partage ma vie.
Sorte de :
Rien
que pour vos
ses yeux !
qui confirme que mon couple coïncide avec mon jardin secret. Alors oui, j'ai éprouvé un certain plaisir en
découvrant les mots de ce monsieur dans le magazine. Et je me suis
mise de manière de plus éhontée dans la situation décrite.
Venons
à la conception de la normalité.
Constatons d'abord que ce courrier
prête à croire que le mari considère comme normal de fesser sa
femme pour une attitude provocante envers d'autres messieurs. Et
comme il semblerait madame ne trouve rien à redire. Leur petit
ménage fonctionne à la merveille. Madame remets ses courtes jupes
pour sortir et monsieur applique à nouveau le pan-pan cucul. Ensuite
que dire d'autre sur cette petite dame qui jouit sur les genoux de
son mari... .
...que
ce dernier aussi y trouve son compte !
Si je me souviens bien le psychologue
avait conseillée au couple d'oublier la notion de normalité, car
leur pratique convenait aux deux sans nuire à autrui..
Je n'ai jamais puni madame parce qu'elle s'habillait trop sexy, tout simplement parce qu'elle ne sort pas en public dans des tenues indécentes et que la question ne s'est donc jamais posée. Par contre madame, parfois, me "provoque" en extérieur — en relevant un vêtement, secouant les fesses, me glissant des paroles provoquantes ("je n'ai pas de culotte") ou en me passant la main là où il faut. Nous évitons de nous donner en spectacle volontairement, donc c'est normalement discret et il n'y a normalement que moi qui doive m'en rendre compte... Si elle insiste c'est qu'elle me taquine, donc un peu de panpan cucul gentillet ne nuit pas une fois rentrés!
RépondreSupprimerLà nous sommes sur la même longueur d'onde, cher Monsieur. Provoquer mon chéri par des petits gestes et allusions convient beaucoup plus à mon naturel plutôt discret et sans histoires. Il en va de soi que je ne me verrais pas non plus d'aller « dans un club pour adultes » pour provoquer d'autres hommes en présence et avec l'accord de mon homme...
RépondreSupprimerC'est vrai que cet article est assez drôle et outré carrément exibe, et fantasmé très certainement ! Après avoir raconté qu'il fessait sa femme pour oser porter des tenues très courtes en public, monsieur vient nous parler de normalité tout en précisant que sa femme, encore en plus, non mais c'est pas croyable, cette vilaine, prend son pied pendant sa punition de sale gamine... Pour le coup celui qui donne ses conseils, tout en ayant certainement écrit la lettre du lecteur, donne une réponse tout à fait censée :)
RépondreSupprimerRien de plus rassurant pour bien de messieurs que de savoir leur dame vilaine ! Ne serait-ce que sur un niveau fantasmatique. Des grands garçons quoi !
RépondreSupprimerPar contre pour le courrier des lecteurs, j'imagine cela comme un petit jeu dans les rédactions. On conçoit un truc bien surréaliste et on le pose sur la table de celui chargé de répondre. Qu'il se débrouille ! Cela me plairait bien de répondre au courrier complètement délirant...