jeudi 9 juin 2016

890 La condition même de la jouissance

Ne tirons pas de conclusions hâtives sur l'emploi de la fessée punitive dans un couple!

Ce qui semble pour une personne extérieure, non habituée de telles pratiques, comme un forme de despotisme, voire de la violence conjugale peut prendre aux yeux d'un psy (...analyste... ben oui!) une signification toute autre. Familier des méandres de l'âme humaine, il sait regarder plus loin que les apparences :

« Ce qui est présenté comme un châtiment est la condition même de la jouissance sexuelle. » Joyce MacDougall

Une petite citation qui selon moi s’adapte parfaitement à l'essence du fantasme de la discipline domestique! Que la jouissance intervienne au moment du châtiment ou par décalage me parait un détail.

Ceci dit, il semble dans la nature de la discipline domestique qu'elle soit présentée d'une manière à induire en erreur le curieux.

Considérons d'abord la composante physique. Certaines dames avec un penchant pour la DD, comme moi par exemple, ne trouvent pas leur punition... jouissive. Du moins pas au moment de l'application. Si je ne parlais que de ce moment-là, bien évidement on se posera des questions pourquoi j'accepte de telles pratiques. Où se trouve mon plaisir ! J'ajoute donc que la fessée punitive me procure un effet de désinhibition qui permet des « retrouvailles » fulgurants.

J'ai suivi pendant de longues années un blog de discipline domestique en anglais. La dame qui le tenait se perdait dans de fort intéressants rationalisations, très sérieuses, en justifiant la DD sur un point de vue moral. Sans jamais évoquer un plaisir quelconque. Seul son besoin de punition/soumission apparaissait clairement. Malheureusement elle est tombée malade, perdant comme effet secondaire sa libido. C'est ainsi qu'elle s'est rendue compte ou du moins...

...qu'elle a avoué que sans composante libidinale... pas de discipline domestique.

N'oublions jamais que différemment des rencontres de fessée punitive sans sexualité explicite, la DD se passe dans un couple. Il y a donc forcement sexualité à un moment ou autre, bien que distincte de la punition.

Regardons maintenant la composante psychologique qui semble donner une allure de morale à la DD. Pour mieux comprendre il faut distinguer entre une morale, calquée sur un modèle de l'enfance qui punit pour faire « quelqu'un de bien » et une autre morale qui punit pour faire physiquement ou psychiquement « du bien » !

Entendons par cette dernière formulation un acte en apparence punitif qui sert à provoquer de plaisantes stimulations sexuelles !

Concernant la DD, la confusion entre ces deux morales est flagrante, voulue, entretenue et cultivée par le vocabulaire. Par conséquence il convient à mon avis de ne pas prendre les textes sur la DD à la lettre ou du moins savoir les lire entre les lignes...

20 commentaires:

  1. Bonsoir Isabelle,

    Finalement, la fessée est présente dans l'esprit de chacun de nous mais le ressenti, à son évocation verbale ou par un autre moyen, déclencherait une réaction elle-même sous-tendue par le désir. Après le stade de la douleur, l'individu arrive au carrefour de ses sensations avec d'un côté : le désir/jouissance et de l'autre : la colère de l'humiliation. Je n'oserais parler de tendances masochistes mais la limite entre ces deux sentiments reste tenue.
    Tenez, hier soir, la chaine ARTE diffusait " La Vénus à la fourrure" adaptée du roman éponyme par le comédien Roman Polanski (réalisateur et acteur dans sa parodie réussie intitulée "Le Bal des Vampires" et sa fameuse scène de la fessée Père/Fille - un classique !!).
    Peut-être l'avez-vous parcouru furtivement ?
    La chaine C....+ débute sa soirée du 19 juin avec le film "50 nuances de grey". Bon film !
    Mac-Miche.

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  2. Personnellement je ne verrais pas la fessée dans une registre d'humiliation. Etant adulte, il suffit de dire non dans ce cas. Mais j'aime bien le côté de cacher par de jolis mots l'aspect de la jouissance. C'est élégant et on échappe aux discours à gros mots. Enfin chacun son truc!

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  3. Nous ne considérons pas la fessée conjugale comme une humiliation véritable. Par contre, il y a pour nous un jeu d'humiliation, de régression, d'infantilisation — comme pour d'ailleurs d'autres activités, notamment anales. Mais c'est un jeu.

    Quant à la fessée "punitive", elle joue sur une certaine honte. Si mon épouse me fesse pour un écart d'humeur, c'est en partie pour me rappeler l'incorrection de mon comportement, bien sûr, et pas seulement par jeu.

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  4. Ce ne sont pas les pratiques anales de la sexualité humaine qui sont humiliantes selon moi, mais une éventuelle intention d'un partenaire de vouloir réduire l'autre à un "objet anal". Jolie paraphrase qui veut dire de vouloir le traiter comme une mer... mais là justement nous sommes loin de jeux bon enfant.

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  5. La fessee c'est un retour à une sexualité archaïque qui va plus loin que la sexualité adulte limité par génitalité. Nous trouvons dans la fessee, comment la production n'a pas besoin de rapport à la sexualité, mais ont été érotisé et satisfait

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  6. J'en conviens parfaitement avec vous cher Mariposas. La fessée offre une autre satisfaction que la génitalité.

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  7. Oui, je pense que la sexualité c'est quelque chose plus que la genetalite, la fesse c'est surtout erotisme, perversion et sublimation.

    Pour cela j'adore votre blog.

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    1. Merci pour ce joli compliment, Mariposas. Pour vous dire le fond de ma pensée, j'ai l'impression que pour bien vivre l'érotisme, la perversions, la sublimation et aussi nos tendances névrotiques qui n’accèdent pas au stade de la perversion, il faut jamais oublier la nature qui s'impose sous forme de la primauté de la génialité.Si la génitalité n'est pas satisfaite régulièrement la pré-génitalité se perd dans une quête de l'impossible, une escalade sans fin!

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  8. Bonsoir Isabelle, bonsoir Mariposas,

    En effet, la fessée, et tout ce qui ne participe pas à la pérennité de l'espèce humaine, fut considérée à une certaine époque comme inutile car c'était gaspiller de l'énergie vitale en pure perte. Aussi a t-elle été classée comme une manifestation de la perversion car "déviante" aux dires de certaines autorités supposées compétentes en la matière. Autorités qui recommandait de réserver sa vigueur pour la procréation uniquement.
    Mais contrairement au règne animal, motivé uniquement par la reproduction, l'Homme lui est doué de raison et de pensées et mène une vie sexuelle en dehors de cette
    "nécessité biologique" dictée par des millénaires d'évolution. Peut-être ce bon Dr Freud avait-il élaboré une théorie sur ce sujet ?
    Mac-Miche.

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    1. La sexualité humaine n'est pas instinctive est pulsionnel, donc perverse.

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  9. Je me joins à vous Monsieur Mariposas et j'ajouterais que Freud parle d'une pulsion indomptée qui rend l'orgasme sur un mode pervers particulièrement savoureux.

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  10. C'est drôle, je pensais que Mariposas était une femme

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    1. Pareil pour moi au début, mais j'ai vérifié sur son blog... rire!

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  11. Pour le plaisir féminin est débranchement très important, la plupart des femmes orgasmes se produisent par des changements de gamme. Voilà pourquoi la grande majorité des femmes est facile à atteindre l'orgasme à la masturbation, car il n'y a aucune pression extérieure. En espagnol on dit, si vous voulez profiter d'une femme masturbe son esprit en premier. Et il est clair que les jeux de fessée aider à atteindre cet effet.

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  12. Excellent votre diction, Mariposas ! Il m'importe beaucoup qu'un monsieur sache avant tout exciter mon esprit. De plus mon papa m'a toujours dit de me méfier des messieurs pressés. J'ai compris la signification vraiment quand j'ai commencé mes premières expériences sexuelles.

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  13. C'est une personne sage son pere...."Las prisas solo son buenas para los ladrones" (Les précipitations sont seulement bon pour les voleurs) on dit en espagnol.

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  14. Chère Isabelle,

    En survolant vos billets, c’est notamment celui-ci ainsi que le précédent (888), qui m’avaient donné envie de mettre mon grain de sel ! Occupée comme je l’étais alors ainsi que je vous l’ai dit, j’ai eu simplement, à mes rares moments de calme, à laisser rouler dans ma tête les pensées que j’avais eues envie d’exprimer. En intervenant seulement maintenant, je crains avec le temps d’être un peu confuse …. et surtout elles ne s’appliquent qu’à moi !

    Ce qui m’apparaît à l’évidence est qu’il y a mille et une façons de pratiquer la « discipline domestique », peut être autant qu’il y a de couples qui en ont adopté le principe ? C’est ainsi que la première fois où j’ai lu que pour certains (et certaines !), elle était qualifiée de ludique, j’ai été abasourdie.

    Car pour moi, elle est tout sauf ludique ! Elle est surtout la matérialisation de ce que dès le premier jour où je me suis donnée (et non pas été prise !) corps et âme à celui qui est devenu mon mari, il me plait d’accepter et même de revendiquer comme il l’exprime qu’il soit « mon Seigneur et Maitre ». J’avais toujours su, et plus le temps passe, plus j’en suis convaincue, que je désirais, que j’avais définitivement besoin, que mon compagnon dans la vie soit pour moi non seulement un protecteur, mais aussi un guide dont j’aurais à suivre les principes et les règles.

    Si on les transgresse, il est si logique, si normal d’être alors sanctionnée !

    Etant punie, j’ai souvent beaucoup pleuré. Oh jamais de douleur ! Rien à voir avec certaines brutalités que j’ai découvertes au travers de vos liens en bas de certains de vos billets, rien à voir avec ces marques parfois même sanguinolentes, et qui me semblent aller au delà d’un masochisme exacerbé. Cela ne veut quand même pas dire que le martinet n’aura pas cinglé et laissé quelques rougeurs certes très temporaires, pour bien prouver qu’il ne doit pas être que symbolique. Mais il est dur d’être grondée, de s’apercevoir que l’on aurait pu s’éviter de fauter et de déplaire, de devoir avouer ses manquements en démontrant par toute son attitude son humilité en attendant l’annonce de l’ampleur de la sanction. Et les premières années, surtout avant notre mariage qui m’a beaucoup rassurée, j’ai aussi souvent pleuré pendant le temps de méditation après le châtiment, par peur que mes manquements lui déplaisent de trop et l’incitent à se détacher de moi, qu’ils l’amènent à me quitter.

    Et aussi, ce que n’est surtout pas le temps d’un châtiment, un prélude à des jeux érotiques ! Tout au plus puis je lui offrir un rapport buccal dont l’acceptation qui n’est jamais systématique, loin de là, est le signe espéré que je suis pardonnée ….

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  15. Chère Christine, merci pour cette réponse très intéressante. J'en conviens avec vous que chaque couple avec un péchant pour la DD adopte une version personnalisée, faite sur mesure.
    Voila pourquoi je me abstiens soigneusement d'écrire des « modes emploi » pour la DD et je préféré miser sur des textes qui incitent à réfléchir ou qui aident à comprendre les bases fantasmatiques.

    Et comme vous, je ne qualifierais pas la DD comme ludique. Se faire punir pour de bon n'a rien d'un jeu pour moi. La DD est un mode de vie qui établit des règles et qui sanctionne des écarts aux règles. Sans un sincère regret de ses actes qui mènent à la punition la DD ne semble vaine.

    Ceci dit la citation dans mon texte met l'accent sur le fait que quelque part la punition contribue à l'épanouissement sexuel du couple. Ce mécanisme est bien entendu strictement personnel. Je pense que se sentir pardonnée (sans le dire pour vous en particulier) est pour bien de personnes (dont moi) une étape indispensable et intermédiaire entre la punition et l'accès à la jouissance. Il en va de soi que je ne saurais extrapoler ma pensée sur vous, mais le fait que vous offrez un acte buccal à votre mari m'intrigue. Car dans pareille condition d'offrir un pareil acte à mon homme me procure beaucoup de plaisir.

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    1. Chère Isabelle,

      Des dernières lignes de votre commentaire, il m’apparaît qu’il me faut être un peu plus explicite ! Pour le dire en une seule phrase, un rapport buccal m’est un vrai plaisir, mais quand même incomplet (inachevé ?) s’il est n’est que cela, car seul il ne me donnera pas la petite mort (der kleine Tod) !....

      Comme souvent lorsque je sens chez vous une interrogation, cela me conduit à faire une recherche introspective pour comprendre ce que je suis, ce que je ressens, et pourquoi ! C’est ainsi qu’il me semble que mon plaisir procède essentiellement de trois facteurs, d’importance très variable selon les jours, selon mon humeur, selon le contexte :
      - une admiration pour la virilité (triomphante !) de celui à qui je me suis donnée, et qui me donne envie de l’honorer
      - un plaisir certain à « sucer », ce qui est peut être un reliquat de l’inné des bébés, et que je retrouve aussi lorsqu’il lui arrive dans nos jeux de me faire sucer un ou deux doigts,
      - une joie à lui donner un plaisir que je sais qu’il apprécie beaucoup, et que j’aime amener à sa conclusion naturelle s’il doit en être ainsi.

      Mais j’aime le plus généralement qu’il ne s’agisse le plus souvent que d’un élément de nos jeux amoureux, et qu’une intromission beaucoup plus intime me conduise par la suite à ce paroxysme qui va envahir tout mon corps, qui souvent peut même déclencher une crise de larmes témoignage de mon bonheur (mais qui a les premières fois beaucoup surpris et inquiété mon mari !) et qui me laisse euphorique, apaisée et pleine d’une immense tendresse pour mon « seigneur et maitre »….

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  16. Encore un grand merci pour vos confidence, chère Christine. A vrai dire je ne m'attendais pas à une réponse aussi précise et détaillée. Que vous dire d'autre que je me retrouve parfaitement dans votre réflexions. Seulement je ne pleure pas de bonheur à la fin de nos ébats amoureux. Mais sinon la ressemblance est troublante.

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