jeudi 25 juin 2015

728 Mémoires d'une éducation sévère 19


10.1 Les oiseaux bleus

Petit à petit, l’été et les vacances tendaient vers la fin. Le retour de Camille était prévu pour la semaine suivante. Lucie tardait de revoir son amie. En appliquant soigneusement les consignes de Nadège, elle avait gagné de nombreux privilèges. Il ne manquait plus le droit de sortir. Ce but tant désiré dépendait uniquement de son admission aux « oiseaux bleus ». Elle savait la sélection difficile, mais pas impossible.

Lucie était une fille ambitieuse qui ne croyait pas au hasard. Elle s’exerça sans relâche en tenue sur des musiques entraînantes, révisant ses pas à chaque occasion. Elle avait toujours eu un faible pour la danse et un bon sens de rythme. Rapidement elle se déplaça sur les hauts talons avec aisance et étonna Nadège de jours en jours par ses progrès. Elle réussit à ajouter la marche de parade de la corporation à son répertoire en exécutant les mouvement avec précision et en épousant le rythme par le claquement de ses talons. Deux phrases de Nadège hantaient en permanence ses pensées :

Tu as la chance de devenir un « oiseau bleu » et c’est tout ce qui devrait compter pour toi.

Et :

Si tu arrives à intégrer la troupe, nous réviserons tes privilèges.

Le grand jour venu, elle se sentait prête pour le casting. Malgré une dizaine de prétendantes, elle ne se découragea pas, décidée de donner le meilleur d’elle. Elle se découvrit étrangement émue en quittant la maison en tenue de parade, accompagnée par sa tutrice qui ne cacha pas sa fierté pour son élève.

Lucie possédait un joli corps et un visage harmonieux. Elle ne put nier que l’uniforme la mit en valeur. En arrivant à la salle de sélection, elle remarqua les regards envieux des autres candidates et de leurs tutrices.
Lucie et Nadège formaient un joli couple. Nadège n’était pas seulement l’éducatrice la plus respectée, mais aussi de loin la plus belle femme du village. La concurrence venait de sa propre maison et Lucie le savait trop bien. La ferme intention de défendre la réputation de sa tutrice par une brillante performance, lui fournit le mordant nécessaire pour s’imposer dans cette compétions. Les candidates alignées, l’instructrice et la présidente du club firent une première inspection.

Mesdemoiselles, la discipline est le meilleur moyen pour mettre l’ordre dans le chaos de vos pulsions, émotions et contradictions personnelles,

dit la présidente.

Et elle est de fer ici, croyez-moi. Vous apprendriez chez nous trois choses avant tout : Manier vos baguettes, marcher au pas cadencé et la signification de l’esprit de troupe pour livrer un joli spectacle. Nous ne tolérons aucune manifestation d’individualité. Vous porteriez toutes la même uniforme et nous interviendrons au moindre faux pas de l’une parmi vous dans une représentation publique par une punition collective.
Quand vous porteriez votre uniforme hors de cette maison, nous attentons de vous un comportement irréprochable qui fait honneur à notre corporation. Gare à celle qui enfreint cette consigne. Elle sera corrigée devant la troupe au grand complet.

Nous vous considérons en adultes et non en filles immatures. Par conséquence pour marquer cette différence nous appliquons la cravache qui vous changera du martinet de la maison. Nous allons commencer par une inspection de vos tenues et vos allures.

L’une après l’autre fut convoquée devant le jury pour se présenter. Selon la démarche de la fille, Lucie saisit immédiatement les concurrentes les plus dangereuses. Il n’y avait que trois places disponibles. La bataille allait être rude.

A suivre

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