lundi 18 mai 2015

706 De la fessée bon enfant

De quel enfant parle-t-on ?

Dès notre rencontre, j'ai su très vite surprendre mon chéri (émerveiller selon ses propres mots) par mes gaffes et insolences. Non pas qu'il me manque de l'instruction, mais une solide expérience de la vie n'est pas mon fort. Étant été presque toujours secourue au quart de tour dans bon nombre de situations, je n'ai pas développé l'ambition de m’intéresser aux choses « ingrates » de la vie courante. Par exemple je ne saurais ouvrir un capot de voiture ou changer un sac d’aspirateur. Ni même comprendre un mode d'emploi de quoique ce soit. Il faut que l'on me l'explique sans certitude qu'il y ait résultat. Le tout perçu par ma part comme un dû, en me comportant en gamine trop gâtée. Comme dit parfois mon homme exaspère :

Il y a des fessées qui se perdent avec toi, isabelle !

Et bien que mes corrections se passent la plupart du temps de manière ritualisée (va chercher le martinet, isabelle), il arrive à mon chéri d'agir sur le champs. Sur le lieu du crime, à chaud.

J'avoue que j'aie un faible pour le voir vraiment énervé et parfois je pousse le bouchon un peu loin.

J'aime quand je réussis qu'il se défoulé en me penchant sous son bras ou mieux encore en m'allongeant sur ses genoux. Un comble de virilité à mes yeux qui m'évoque la poésie de la discipline domestique caricaturale et très glamour des dessins humoristiques des années 50 dont je suis si friande. Généreux dans ses gestes et dans sa façon de me sermonner pendant ma punition, j'adore prendre pour mon grade. Car au fond cela reste une action sans grand risque, correspondant à un registre de la bonne fessée bienveillante d'antan.

Nous sommes très proche de mes fantasme de jeune fille qui révèlent un jeu de séduction de nature particulière.

Regardons cela d'un peu plus près. La séduction classique sert en fin de compte à procurer une excitation sexuelle chez le monsieur, de préférence facilement visible sous son pantalon. Pour conclure le tout par un joli moment de galipettes. Dans la « séduction particulière à la fessée » ce qui est visé, n'est pas le pantalon tendu (enfin aussi, je suis vicieuse!), mais plutôt l’énervement du monsieur avec d'aussi belles étapes que l'entendre hausser le ton (assez isabelle), mettre en garde (tu te laguis du martinet?), menacer, de préférence sur un mode de langage qui s'adapte à la situation, en faisant tilt dans ma petite tête :

Jeune dame je vais t'apprendre les bonnes manières !

On comprend facilement vu que la situation retrace un fantasme de la dame, datant de son enfance ou adolescence, que le choix des mots est primordial. Certaines dames préfèrent par exemple l’appellation « jeune fille ». Bien entendu notre « jeune fille », n'en est pas une en réalité.

Il ne faut pas confondre un fantasme de longue date avec ce qui devenue la personne.

Tandis que la personnalité continue à évoluer, le fantasme c'est un peu la belle au bois dormant. Il peut rester en sommeil pendant des années pour se réveiller un jour avec la fraîcheur de la jeunesse. Voila qui est très bien compris par l'analyse transactionnelle qui parle significativement de l'enfant en nous.

Cet enfant en moi se présente sous forme d'une vilaine fille qui fait sa crise d'adolescence...

...à l'âge adulte, vu le décalage entre ce que je suis et mon fantasme. Une bonne partie de mon plaisir consiste à déstabiliser mon chéri, à l'agacer par mes exigences et par ma mauvaise fois pour que son énervement soit réel.

Comme si j'étais un vraie ado.

Certes il me connaît et essaye de se soustraire à mon petit ménage. Mais vu qu'il partage mon fantasme de fessée, veut dire que le sien fonctionne en analogie et complémentairement au mien, il en va de soi qu'il y ait rapidement interaction...

20 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    Dans la catégorie "discipline domestique", l'un des meilleurs en la matière reste Bill Ward , comme l'atteste les nombreuses mises en scène tout au long du site en illustration .
    Très intéressante votre analyse transactionnelle. Un éclairage supplémentaire sur notre "for intérieur": au fond, serait-elle un vestige du "syndrome de ... Peter Pan" ? Rires. C'est vrai que notre personnalité se construit tout au long de notre vie : le physique se fixe mais le psychologique se nourrit quotidiennement de nos émotions et de nos désirs. Et quelque fois ceux -ci cognent à la porte de notre conscience. A nous de les faire taire ou leur donner la parole. Eternel jeu du chat et de la souris ?
    Mac-Miche

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    1. Comme vous, je suis une grande fan de Bill Ward cher Monsieur Mac-Miche. Ou disons plutôt de la partie lumineuse de son œuvre. Je n'aime pas du tout ses dessins BDSM.

      Je doute un peu que le syndrome de Peter Pan soit la bonne piste concernant notre sujet, mais l’association est intéressante. Selon ma compréhension ce syndrome concerne plutôt la personnalité dans la vie de tous les jours, tandis que nous nous trouvons dans le domaine de la libido qui fait qu'une personne adulte sur tout point de vue montre dans sa sexualité une attirance pour un contexte qui ne semble pas de son âge. En ce sens pour moi le jeu du chat et de la souris fait partie des préliminaires dans leur sens large.

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    2. Bonjour Isabelle,

      Très intéressante votre interprétation du "syndrome de Pierre le Pan" (d'ailleurs le visage du personnage se rapproche des visages sculptés du dieu / satyre Pan ("Tout " en grec) qui personnifiait la Nature brute dans on ensemble. Bref).
      Sur le plan de la DD inversée, où la Dame porte la culotte dans son ménage, ce "syndrome" pourrait s'appliquer au partenaire masculin qui délègue alors son statut d'homme pour rester confiner dans son monde de gamin. Et ainsi redevenir "le grand gamin" qu'il n'a jamais cessé d'être et laisser sa compagne régenter son existence. D'où parfois le désir "inné" chez certains hommes... de recevoir la fessée ! Enfin, on peut émettre cette hypothèse. A mon avis.
      Mac-Miche.

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    3. Sans en faire une généralité, je suis entièrement d'accord avec votre idée, cher Monsieur Mac-Miche. Une dame énergique et un Peter Pan peuvent à mes yeux former un joli couple. Rien de plus exaspérant pour une dames énergique de découvrir d'avoir un Peter Pan à la maison. Voila qui attise son ambition de parfaire, enfin faire tout court l'éducation de son Peter. Très joli sujet pour une histoire...

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  2. Je me suis pas mal reconnu dans ton post, Isabelle, et pourtant je n'ai pas tout à fait les même goûts. Le côté caricatural est très peu pour moi, je ne suis pas franchement nostalgique (tiens, il faut que je finisse l'article que j'ai commencé là-dessus), et j'aime bien le brouillage des distinctions de genre...Sans parler du fait que je n'ai jamais fait ma crise d'adolescence.
    Mais j'adore les fessées sur le champ! Pour éviter un choix compliqué, elles peuvent très bien être suivies d'une punition plus ritualisée plus tard. D'ailleurs, ma possibilité de prendre une fessée ou d'être envoyé au coin comme ça, sans avertissement, juste parce que j'ai fait une bêtise est l'une des choses qui m'attirent le plus dans la discipline domestique.
    C'est assez fascinant, cette sédimentation des fantasmes qui restent sinon endormis (j'aime bien les réveiller et, au besoin, réarranger) du moins fixés à un moment particulier de la vie. C'est vrai, la personne qu'on est devenue n'y change pas grand chose... Et encore - j'ai toujours comme une angoisse: et si la peau du moi-à-peine-adolescent, que j'étais quand tel fantasme s'est créé, devenait définitivement trop petite pour moi?

    @MacMiche: le rapport avec le "syndrome de Peter Pan" serait à creuser. Mais j'ai l'impression que ce dernier renvoie plutôt à l'immaturité au sens d'incapacité à prendre ses responsabilités dans la vie, dans un registre très moral(isant), plutôt qu'à la sexualité ou aux fantasmes. Mais je me méfie en général des discours à base de "maturité", j'ai toujours l'impression que ce mot peut signifier tout et rien, et qu'il y a toujours moyen de traiter celui qu'on n'aime pas d'immature...

    Simon

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    1. Pour ma part je considère la fessée sur le champs comme la réalisation la plus proche dans un sens large de mes fantasmes d'adolescente. Pas besoin de mise en scène, la situation se crée spontanément par le vécu. Je pense qu'il s'agit du domaine par excellence de la discipline domestique.

      Concernant de la peau du « moi-à-peine-adolescent », cela me rappelle une belle phrase :

      « ...l'impuissance de la raison envers le fantasme ne peut céder qu'à l'expérience vécue et résiste au savoir au nom de sa jouissance »

      Je doute donc que tu risques un désagrément quelconque... rire !

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  3. Isabelle,
    un grand merci pour ce post si subtil.
    A vous lire, la femme-enfant s'envole dans le temps que la femme infantile s'enterre.
    Une merveille que cette femme-enfant. Laquelle EST la Maitresse !

    PS : Quant à l'homme infantile...
    Pour répondre à Giraudoux et ses fameuses dix ou douze femmes à histoire, il y a l'homme à histoire. Pire que tout !...

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  4. Ah, vous avez remarqué que je n'ai pas explicité la piste du garçon dans le monsieur, cher Monsieur Why Not. Peut-être penseriez-vous comme moi que ce garçon se montre de manière particulièrement flagrante chez certains maîtres... exigeant de la satisfaction de la moindre de ses pulsions comme un dû ! Enfin il existe aussi de garçons adorables loin de tout contexte de domination/soumission. Bref un sujet à part entière...

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    1. Je sors de la télévision (que l'on vient de me prêter, car je ne la veux pas chez moi. Je m'empresserai de rendre cet écran de malheur.) et du répugnant "Mort à Venise". J'ai presque envie de dire ouf en regagnant mon bureau malgré l'avalanche qui m'attend. L'écume des p**dophiles, ce film ! Et dire qu'on le présente comme un Himalaya... Heureusement qu'il existe des "garçons adorables", chère Isabelle, et croyez qu'on attend quelques "posts" la dessus. Permettez-moi aussi de maintenir : il n'y a rien pire que la femme à histoires, si ce n'est l'homme à histoires.

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    2. Vous avez bien compris que j'aime m'exprimer sur les grands garçons adorables et non pas sur ceux qui causent chagrin et prises de tête . Cher Monsieur Why Not. Ceci dit , je n'ai jamais laissé une emprise à ce genre de sinistres personnages sur moi dans ma vie.

      Un petit mot sur ma « petite censure ». Il faut savoir que « notre ami » qui guide nos recherches, n'aime pas le mot, peu importe le contenu y associé. Il pénalisera autant une juste cause que l'abus. C'est la stratégie du politiquement correct....

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  5. Nous aimons bien ce terme de "bon enfant". Chez nous, la discipline domestique et la fessée s'exercent avec un certain humour, sans brutalité ou manque de respect. C'est honteux et ça fait un peu mal aux fesses, mais sans excès (moins que des courbatures, par exemple).

    D'autres exemples de bon enfant: la prise de température rectale, ou le suppo en cas de problème médical avéré. Sans danger (on le fait aux bébés! et nous y allons doucement et avec du lubrifiant), mais difficile de se sentir fier un thermomètre dans les fesses en travers des genoux de sa compagne.

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  6. Je suis bien d'accord avec vous Monsieur Pécan. La fessée "bon enfant" se pratique sans excès et j'utilise ce terme pour distinguer cette variante de la pratique de celles qui cherchent de sensations fortes...

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  7. Ah la censure ! ( avec la voix de Marielle )

    Qui a dit qu'elle est le propre de ceux qui haïssent l'art quand ils se croient artistes ?

    PS : par les dieux, un post sur les galettes !
    De votre plume !
    Ah comme il y en a, des sujets...

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  8. Pour ma part, sans me prendre pour une artiste, j'ai la censure facile. N'ayant pas (trop) connu les années 70, j'ai peu de scrupule à ce niveau. Bref je censure comme cela m'arrange, sans méthode ou idéologie.

    Par contre je suis nulle en devinette cher Monsieur Wht Not. C'est quoi cette histoire de galette?

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  9. Le film Les Galettes de Pont Aven. Sorti en 75.
    Jean Pierre Marielle y est éblouissant.
    Scènes d'anthologie qui vous plairont...
    Fabuleux.

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    1. Moi et la culture, cela en fait deux. Merci pour les explications. Je prends bonne note ! Rire

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    2. regardez _le sur you tube...
      je suis sûr qu'il vous enchantera.
      Et puis le timbre de la voix de Marielle !...

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    3. Je n'ai pu trouver que quelques extraits, cher Monsieur Why Not, mais ce que j'ai vu m'a enchantée. Certes le libertinage n'est pas mon truc, mais l’enthousiasme de Monsieur Marielle pour le corps féminin me rappelle agréablement ce que je vis à la maison. J'adore la poésie masculine qui boite et qui vient de quelques centimètre plus bas que les tripes. Je n'ai eu aucun mal pour écrire un texte, publié certainement dimanche soir. Une adaptation très libre, façon isabelle...

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  10. Bonjour Isabelle,

    Coté cinéma, on peut citer cette comédie loufoque, dans l'esprit des années 1970, un comique genre grosse farce, intitulée "Vos gueules, les mouettes" (1974) qui réunissait Pierre Tornade (la voix d'Obélix dans les DA adaptés des BD), Pierre Mondy (Napoléon dans "Austerlitz" - 1960), Colette Brosset et d'autres artistes. La scène de la fessée à la plage donnée par les maris à leurs épouses respectives reste le clou du film.
    A voir ... pour la scène courte de la fessée.
    Mac-Miche

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  11. Zut, encore un film que je ne connais pas. Mais disons que je n'ai pas grandi en France...

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