jeudi 5 mars 2015

665 Mémoires d'une éducation sévère 5


3.1 Une fessée de bienvenue


Lucie respira profondément avant de frapper à la porte de Nadège pour se présenter.

L’univers qu’elle avait imaginé à tant de reprises allait enfin s’ouvrir devant ses yeux. Elle ne connaissait Nadège que superficiellement comme une voisine avec laquelle on entretient pas d’autres rapports que ceux du bon voisinage. Elle ne se souvenait pas d’avoir eu une seule discussion avec cette femme. En attendant d’être reçue, son regard survolait le petit jardin qui reflétait un entretien méticuleux et intense qui rendait cet endroit particulièrement attachant. Elle n'avait jamais pris le temps de le contempler à la lueur de jour et ses escapades nocturnes lui parurent si lointaines. Elle réalisa subitement que sa décision n’avait pas été dictée par sa raison. La vraie motivation venait de « plus bas » pour ainsi dire. Elle eut - pendant un bref instant - l’envie de fuir de toute vitesse de peur de commettre la bêtise de sa vie.

Nadège ne se laissa pas attendre. Elle ouvrit grand la porte puis prit un temps qui apparaissait interminable à Lucie, pour la scruter de la tête au pied avant de prononcer le verdict sur un ton désapprouvé et sec.

Je ne partage pas la liberté sur la tenue vestimentaire de ton ancienne tutrice. Je pense qu’un changement radical s’imposera. Je connais bien ta réputation au village. Nous allons profiter de tes vacances pour remettre les pendules à l’heure au plus vite. Tu seras consignée à la maison dans un premier temps jusqu’à ce qu’amélioration se dessine. Nous allons travailler d'arrache-pied sur ton comportement pour acquérir les bases d’une conduite irréprochable qui se doit pour une fille de ton âge.

Te voila prévenue Lucie. Je ne te force pas la main, mais si tu franchis le seuil de cette porte cet accord entre nous deux entre immédiatement en vigueur. Je te laisse encore un peu temps pour y réfléchir, si tu veux.

Lucie, intimidée, baissa les yeux et prit sa valise (ainsi que son courage) en main.

Je ne suis pas une fille qui revient sur sa décision, dit-elle à petite voix, puis-je entrer ? 

Tu marques un bon point avec moi. J’apprécie cet état d’esprit.

Quand la porte se fermait derrière Lucie, l’austérité sur le visage de Nadège se dissipait, laissant place à une chaleureuse expression qui fit du bien à notre héroïne. A sa grande surprise, Nadège la prit dans ses bras en disant :

Sois la bienvenue dans ta nouvelle maison, Lucie. Tu trouveras en moi une confidente toujours à ton écoute quand tu en auras besoin. Tu peux me parler de tout. N’hésite pas au cas où. Par contre évite les coups en douce, si tu ne veux pas t’exposer à des sanctions. Et maintenant suis moi que te familiarise avec les lieux.

Le nouveau décor plaisait beaucoup à Lucie. Elle se vit attribuée une chambre de plus coquette. Apparemment Nadège disposait de moyens confortables. Elle insista que Lucie défasse de suite ses bagages et surveilla le rangement des affaires en donnant des consignes à respecter.

Tu es tenue de garder ta chambre impeccable en permanence. Y compris à l’intérieur des meubles. C’est un coup à prendre et je contrôlerai régulièrement pour que tu ne relâches pas ta vigilance.

Une heure plus tard Lucie se trouva avec Nadège dans la cuisine devant une tisane (elle avait horreur de ce genre de boisson) pour une discussion sérieuse entre femmes. De sa place elle avait une vue imprenable sur un coin de la pièce qui semblait être destiné à de buts éducatifs et où était accroché un vieux martinet qui reflétait un usage fréquent.

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