mercredi 4 mars 2015

664 Confessions modernes

...ou la psychanalyse romantique

Bien de personnes imaginent en entendant le mot psychanalyse un moelleux canapé sur lequel on s'allonge pour raconter en long et en large ses fantasmes sexuels. De préférence avec un psy voyeur et complice, plus ou moins pervers selon les goûts, ne se privant pas – avec l’œil supposé lubrique dans notre dos - de nous demander encore et encore des précisions et qui n'hésite pas de nous faire cuire par quelques brèves interjections d'un vocabulaire incompréhensible. Et le patient, tremblant devant le verdict, se laisse entraîner dans un interrogatoire qui commence à le stresser de plus en plus. Avant d'oser enfin, quand il ne sait vraiment plus quoi dire, devant un silence insoutenable de notre analyste, à poser la question fatidique :

Est-ce que grave docteur ?

Voila une situation qui ressemble comme une goûte d'eau à un scénario de fessée dans lequel la vilaine fille sort toujours perdante. Ou gagnante selon le point de vue. Bref, elle va se faire déculotter pour prendre pour son grade. Et voilà la fameuse construction d'un transfert. L'analyste pris pour une sorte de père fouettard, que dis-je, sorte de grand maître de cérémonie sadomasochiste cérébrale, censé de nous amputer par les mots de nos vilains penchants, de nous castrer en quelque sorte par un langage aiguisé. Suprême « jouissance de la non-jouissance » (Michel Mongiat ; Les masochismes). Pour préparer notre vœux les plus sage de pouvoir dire à notre entourage :

Depuis que je visite mon psy j'ai une libido de plus en plus fréquentable !

Pour éviter tout malentendu, notons ici avant tout la différence entre un psychiatre, un médecin donc, censé de guérir notre âme et un psychanalyste, qui n'a pas besoin d'être médecin et qui est censé de nous faire découvrir notre « besoin inconscient et de le rendre maniable » (en bas de l'écran).

Retournons maintenant à nos martinets moutons. Ben non ! Notre psy (analyste) n'accomplit pas le même rôle que la gouvernante de nos fantaisies sous la couette. Il ne nous punit pour notre perversité. Celle qui nous fait frissonner rien qu'à l'évoquer son contenu. Rien qu'en apercevant dans notre vie des tous les jours des éléments qui s'y rapportent. Rien qu'en entendant une personne qui fait une allusion dans le sens de notre péché mignon.

Parlez-moi encore de vos envies de mordre dans la saucisse isabelle !

On pourrait voir dans ma petite animation en langage de psy un processus d'identification qui passe par la dévoration fantasmatique de l'attribut viril par la dame. Avec des mots simples une dame qui se verrait bien en garçon dans ces fantasmes. Et parce que cette mignonne scène, transposée dans la réalité, pourrait s’avérer fort dangereuse pour le monsieur, voire mortelle, il y a tout un cortège de culpabilisation qui risque de se coller dans la tête de la dame et qui demande à juste titre châtiment. Alors à chaque fois quand je me glisse sous la table ou ailleurs entre les jambes de mon homme pour lui procurer une belle détente, j'ai mon besoin de punition qui se réveille. Parce mes envies envers son truc ne sont pas que de nature purement sexuelle, mais aussi de nature agressive, niaque avec mes belles dents pour m'emparer l'objet de ma convoitise. Enfin là nous sommes en pleine interprétation.

Bref quand je fais une sucette à mon homme, j'ai souvent envie que l'on me donne après une sonore fessée pour mon audace.

Je me souviens ado à la découverte du monde des princes charmants souhaitant ardemment de solides fessées en rentrant tard à la maison. Malheureusement (sur un niveau fantasmatique) personne ne m'attendait le martinet en main. De l'autre côté quand j'ai reçu une sonore fessée ludique, j'adore que mon homme ouvre sa braguette pour que le remercie duement pour ses efforts. Je me ressens dans un état de comble excitation sans mauvaise conscience. Je ne vais pas m'attarder ici sur le rôle évident de la fessée dans ces deux constellations.

Psychanalyse réelle ou romantique, de comptoir comme disent certaines mauvaises langues ?

Que chacun se fasse son idée à sa guise. Toutefois gardons le B-moll essentiel pour la fin :

Un psy aussi craquant qu'il soit ne punit pas et donne par conséquence pas de fessée....

6 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    Très intéressant, ce Post. Déjà le titre sonne comme un titre de roman ou d'un essai. La psychanalyse romantique : on s'attend à une évocation lyrique, du style: Installez-vous confortablement... Et maintenant, parlez-moi de vos relations passées avec vos parents...
    Evidement, ça fait un peu théâtral. On imagine alors un vieux monsieur barbichu avec binocles (genre "Dr Knock") assis derrière son bureau et notant scrupuleusement vos impressions. Ce n'est pas évident de déballer d'un coup devant une personne étrangère, même avec l'impartialité toute médicale, ce qui nous titille le plus et nous perturbe coté intimité. Mais, cette distance permet également de parler de problèmes qu'on oserait jamais aborder avec son entourage. Et puis il y a ce sempiternel secret médical... Alors, dans ce cas...
    Comme je l'avais évoqué récemment , j'ai consulté vers les années 2000/2002
    une doctoresse, psychiatre, sur le conseil de mon généraliste, pour lui parler de mes "fantasmes de fessées". Mais sa conclusion (tendances masochistes) me laissèrent sur ma faim sans rien démêler du problème...
    Aurait- elle du me flanquer une fessée "à l'ancienne (mode)" pour me guérir de ce fantasme récurrent ? Rires.
    A défaut, j'ai commencé à mettre en scène sur le papier ces fantasmes (comme vous avez pu le constater , Isabelle) que l'on jugerait de puéril, mais certains problèmes vous rester collés à vous comme une arapelle.
    Chassez le naturel...
    Mac-Miche

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    1. L'expression « psychanalyse romantique » est un hommage à un psy (-chiatre et analyste) que j'ai bien connu, décédé depuis pas mal d'années.
      Il entendait par là, un conception erronée de la psychanalyse qui cherche des explications métaphysiques au lieu de chercher le désir derrière les mots.
      Bien entendu je ne suis ni médecin, ni analyste et loin de moi de rajouter ma graine sur les conclusions de votre psychiatre, cher Monsieur Mac-Miche. Toutefois je trouve le résultat de cette consultation de plus positif. Transformer ses fantasmes en images c'est un beau travail, non ?

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  2. Moi ce qui me donne parfois envie de fesser mon épouse ce n'est pas la "sucette" (parfois en sortie de douche) mais les taquineries et aguicheries.. par exemple me passer discrètement la main sur les fesses ou sur le "devant" en une occasion où elle sait que cela me provoquera une érection dans le pantalon, que je ne pourrai pas satisfaire avant un moment.

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    1. Je me retrouve assez bien dans le comportement de votre dame aussi. J'aime bien activer le joujou de mon homme quand il s'attend le moins et surtout quand il n'a pas envie car il veut travailler...

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  3. Chez nous, la position de la "confession" c'est cul nu allongé sur les genoux du conjoint. C'est une position très sécurisante. On ne croise pas son regard, on peut donc déclarer ses fautes, ses actes manqués, ses petites couardises, ses manques de respect. Mon épouse, à force, sait m'encourager à tout lui dire.

    En même temps on montre ses fesses, le siège de la honte. Il va sans dire qu'après ou même pendant la confession, il y aura la pénitence. Madame me confesse souvent avec une pantoufle voire une brosse à portée de main.

    Lorsque nous donnons la fessée "ludique" nous disons souvent qu'elle punit la "perversion".

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  4. Chez nous aussi, on est à un stade de tout nous dire. Je trouve que c'est une belle réussite en couple. Notons que la nudité aide beaucoup pour se laisser aller en toute confiance...

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