jeudi 4 décembre 2014

615 Un martinet électrique ?

Une invention du début du siècle dernier !

Un article trouvé dans Le Journal Amusant datant de 1906. Je me demande s'il s'agit d'une satire ou d'une information véridique. Toutefois j'aime le style léger de l'auteur ce qui semble montrer que même 100 ans en arrière la fessée était déjà liée à un certain humour. Je vous laisse découvrir :

NOUVELLES D'OUTRE-OCÉAN

La diminution de la main-d’œuvre étant la caractéristique du progrès, il est incontestable que les Yankees surpassent de loin tous leurs rivaux, eux qui sont parvenus à réduire même la main... de hautes œuvres : l'électrocution ne rend-elle pas inutile le concours des aides nombreux sans lesquels ne pourrait opérer noire Deibler national?

Digne compatriote de l'auteur d'une si belle invention, un instituteur de l'Illinois, M. P.-J. Denes, a pensé que, dans un pays où le châtiment suprême n'exige de la part du fonctionnaire chargé de l'administrer aucun effort, nulle peine, même légère, il était urgent que la simple fessée bénéficiât, elle aussi, des derniers perfectionnements de la science moderne. Alors que le bourreau tue un homme sans plus de fatigue que nous n'en éprouvons, vous et moi, à tourner le commutateur d'une ampoule électrique, n'était-il pas scandaleux qu'un maître d'école, pour fustiger un gamin indiscipliné, fût obligé d'ahaner en levant et en abaissant le bras tour à tour comme un homme qui fend du bois ? Poser une question, pour un Yankee, c'est la résoudre : M. P.-J. Denes a donc imagine et fait breveter un martinet électrique, dont les essais, dit-il, lui ont donné toute satisfaction (il en a, naturellement, réservé la primeur à ses élèves; mais on peut douter que ceux-ci se montrent aussi enthousiastes que leur magister de celle découverte!)

Rien de plus pratique que cet ingénieux instrument : le délinquant est couché sur un banc; près de lui, la machine à fouetter; l'instituteur presse un bouton et le courant électrique met en mouvement une série de baguettes qui s'abattent sur le postérieur du coupable.

Il est superflu d'insister sur les avantages du système : outre qu'il supprime pour le maître toute dépense de forces, il lui permet de poursuivre son cours pendant la durée de l'exécution : le doigt appuyé sur le bouton transmetteur place sur son bureau, il continue à répandre les trésors de sa science sur les bons élèves, tandis que les bâtons vengeurs remplissent leur office à l'endroit (ou plutôt à l'envers) du cancre indocile.

Nul doute que toutes les écoles de l'Union ne soient bientôt pourvues de cet appareil si pratique, que tous les collègues de M. Denes réclament à corps et à cris (du coupable châtié); par contre, il n'obtiendrait, je crois, aucun succès chez nous : les châtiments corporels sont proscrits par nos méthodes pédagogiques, et le martinet n'est plus guère usité que par quelques vieux amateurs... Encore ces blâmables spécialistes préféreront-ils aux baguettes de la fouetteuse mécanique le bon vieux martinet traditionnel, — parce que là, comme dit l'auteur, précisément, du Vieux marcheur : « Il y a la lanière! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire