mercredi 9 juillet 2014

543 La métaphysique du consentement dans la discipline domestique

Petite réflexion en cour d’élaboration !

Mise en évidence pour un faux pas de taille, je suis rarement enthousiaste sur le champ de recevoir ma fessée... bien méritée comme me suggèrent mes fantasmes depuis ma tendre enfance. Le fameux décalage entre la fantaisie qui contient le contexte psychologique et le passage à l'acte qui contient le contexte physique. Et là, évidence, pour apaiser le besoin de punition il faut une certaine douleur qui rend l'acte réel, crédible et... jouissif aussi. Cette étonnante métamorphose se fait chez certaines personnes « sur le coup », chez d'autres dans l'anticipation ou dans le recul. Voila qui montre que le besoin de punition vit en grande partie de sa sexualisation, du fait qu'il prend la place de besoins sexuels en affichant par conséquence un fonctionnement analogue. Certes, on peut essayer d'apprivoiser son besoin de punition, en créant un prétexte propice en rapport avec nos rêveries et une situation s'y rapportant. Sous forme de jeu donc. Mais bon, cela n'est pas toujours satisfaisant, notamment quand s'installe une impression d'avoir dépassé l'âge de jouer. S'offre alors la discipline domestique, sorte d'arrangement entre deux personnes adultes qui prévoit de vraies punitions pour certains actes de la vraie vie. Et pour la mettre en route il faut obligatoirement un consentement.

C'est sur la signification du consentement que j'aimerais m'attarder un peu.

L’ancêtre de ce consentement me semble un conflit intrapsychique, lié à une excitation sexuelle. Pensons à la phase d'accepter ses propres fantasmes. Combien de personnes s'adonnent à leurs voluptueuses rêveries de punition en ayant une mauvaise conscience. Assumer son fantasme pour passer à l'acte nécessite alors d'abord un consentement entre deux instances contradictoires en nous. Ce qui n'est pas un mince affaire. Mais une fois ce travail accompli, le plus gros reste encore à faire.S'accorder à une autre personne qui va intervenir dans la réalisation de notre fantasme. Et même si cette démarche est soigneusement verbalisée et préparée, rien ne dit que notre consentement (dans le sens de sa composante excitante) soit au rendez-vous en cas de « véritable dérapage » que l'on souhaite puni dans nos rêveries.

Mon homme le sait et loin de lui de vouloir m'imposer une punition par un geste de force qui ne me laisse pas le choix de dire non. Il sait parfaitement évaluer l’enjeu qui risque de mettre un couple en péril. Le moment n'est pas encore propice à l'action. Mieux vaut d'abord préparer le terrain. Chercher ce consentement qui tient en quelque sorte place d'un préliminaire. Il est d'ailleurs un peu étonnant combien de fois dans notre famille de fantasmes on mentionne ce consentement. Comme si cela était spécifique à la fessée et non valable pour toutes les autres pratiques sexuelles y compris la vanille. Certes sans cet accord nous serions dans la violence conjugale. Mais comment appelle-t-on la vanille sans accord : Un viol, non ?

C’est le langage qui ouvre le rituel en m'invitant par exemple d'aller chercher le martinet. Acte qui se passe rarement dans une docilité parfaite. Je peux rouspéter bruyamment, voire être insultante envers mon homme. Minimiser ma faute aussi. Essayer d’argumenter. Essayer de vouloir le corrompre en lui promettant des gâteries pas possibles. Et pourtant je me applique. Depuis des années. Au fil du temps j’ai appris que mon homme évalue la situation non pas pour se faire un plaisir coquin (pas besoin de la DD pour cela ; nous ne sommes pas des extraterrestres), mais parce qu’il a saisi qu'il y a un réel besoin de punition de ma part. C’est à dire que mes irrationalités approuvent le sort qu'il me réserve. Que mes irrationalités soient son meilleur allié.

Nous sommes donc dans un consentement on ne peut plus profond qui tient compte de ma réalité psychique.

Ce qui n’évite pas la petite guerre entre ma raison et mes penchants. Voila donc, ce qui est visé réellement par mon emportement. Ce : « est-ce bien raisonnable que je cède à mes fantasmes de me faire punir ». De donner à mon chéri un pouvoir sur moi qui lui permet de juger mes actes et comportements. D'intervenir quand il le juge nécessaire de me rappeler à l'ordre. C'est mon amour propre qui prend une sacré claque. Il est évident que je ne me sens pas fière de moi et que la honte s'en mêle. Et ma réponse personnelle à cette situation passe par la colère. Mon homme ne tient tout simplement pas compte de toutes ces méchancetés que je peux sortir dans un tel contexte.

Je reconnais sans la moindre réticence que ce qui ensuit, me fait beaucoup de bien. Devoir mettre finalement ma fierté de coté, devoir me mettre à nu physiquement (du moins en partie) et psychiquement (et là on ne fait pas dans le détail, c'est du intégral). Après mon châtiment, je m’en veux moins pour ma faute qui l'a motivé, mais pour mon dérapage verbal pendant le rituel punitif. Sans que cela m’empêche de dormir, bien entendu.

Je pense pour bien vivre la DD, il faut faire la distinction entre une faute, telle que la dame la conçoit et telle que le le monsieur la conçoit.

Je suis pas mal de blogs de dames qui vivent en DD. Le plus souvent - à un moment ou autre - la dame va s'engager dans des réflexions sur sa capacité de soumission. Comment faire pour être à la hauteur des exigences de son homme ? C'est là où semblent à mon avis commencer les problèmes.

La DD ne peut marcher à mes yeux que si elle apporte réellement quelque chose de concret... à la dame.

Qu’elle puisse constater objectivement des progrès qui coïncident avec ses intérêts à elle. Il est ô combien plus facile d'être consentante dans une telle constellation...

4 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    Votre billet 543 est par excellence celui qui m’amène à réfléchir, à essayer de me faire, avec mes moyens, de l’introspection, et tenter de comprendre plus ou moins le pourquoi de mes pensées, croyances, et attitudes. Voilà pourquoi il me plait de suivre ce que vous exposez avec une rare constance, et pourquoi je vous sais gré de pouvoir si souvent squatter votre blog.

    Car la question que je me posais de plus en plus, puisque je ne crois pas avoir jamais eu, ainsi que je l’ai écrit à plusieurs reprises, le fantasme de la fessée, est le pourquoi de mon consentement total vis à vis de mon mari pour ce que vous appelez, pour ce que je crois que l’on appelle plus généralement la discipline domestique, avec comme corollaire consenti des châtiments corporels (mais ce corollaire est-il si général, ne peut-il pas y avoir discipline domestique avec uniquement d’autres types de punitions ?).

    Il me semble que dans mon cas personnel, et je me garderais bien de généraliser, c’est la conjonction de plusieurs facteurs :
    - le fait d’avoir été élevée strictement, avec la notion qu’une faute doit entraîner inévitablement une sanction proportionnée à celle-ci, pour apprendre les règles de la vie en société, et que cela devienne un réflexe acquis,
    - le fait d’avoir pu être punie par de vraies fessées, par mon père principalement, tout comme d’avoir pu être privée de sorties ou de dessert. Au risque de bousculer le « politiquement correct », la fessée pour un gamin ne me choque pas, et j’ai en tête le récit récent d’un grand-père qui a remis ainsi un petit-fils, tout surpris de la chose ( !), dans le chemin de la discipline et du respect aux grandes personnes.
    - le fait d’avoir fantasmé durant toute mon adolescence, mais sans doute cela fait partie de ma vraie nature, de mon inconscient, sur un « prince charmant » qui serait fort, qui me guiderait, me dirigerait et me protégerait, et que je respecterais,
    - le fait d’avoir eu la chance de rencontrer ce prince charmant rêvé : peut être le fait qu’il soit nettement plus âgé que moi a facilité ma soumission à son autorité, et que le pli en fut naturellement pris en étant mon patron ?
    - le fait enfin qu’à la suite d’une énorme faute de ma part, il a eu un jour au début de notre vie commune le réflexe d’agir pour la presque gamine que je pouvais sembler être encore par cette faute, comme il avait su le faire pour ses filles adolescentes, et que sans l’avoir prémédité (du moins pour moi, mais je crois aussi pour lui), nous en avons tacitement accepté sa pérennisation comme favorable pour la bonne entente de notre couple.

    Je crois pouvoir affirmer que je ne fantasme jamais sur l’idée d’être punie ! Bien au contraire, à chaque fois, je ressens cela comme un échec, le signe que je n’ai pas été la compagne, la femme, l’épouse, ou la collaboratrice qu’il souhaite, qu’il veut que je sois,
    que je n’ai pas bien agi, ou pas agi ou désobéi, etc. Mais il m’est devenu maintenant aussi nécessaire en un tel cas d’être sanctionnée, de lui avouer ma faute et être grondée. Corollaire dont j’avoue ressentir le besoin, il me convient de subir ensuite cette matérialisation de la sanction, proportionnellement à l’ampleur de la faute, qui fera rougir mon postérieur, de m’y soumettre pour cela avec humilité et sans pruderie pour obtenir le pardon qui m’est indispensable.

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  2. Bonjour Christine,

    je suis ravie que vous appréciez mes sujets de réflexion et surtout que vous partagiez ce que cela vous évoque. Le sujet étant délicat, il faut du courage pour s'exprimer et vous en donnez la preuve. Notamment en considérant tous les détails intimes et anecdotes personnelles que vous dévoilez dans un français d'une grande richesse. En lisant attentivement vos interventions je trouve pour ma part aussi toujours matière à réflexion. Comme j'avais dit sur un de mes premiers blogs, il y a pas mal d'années déjà : Mes réflexions constituent l’état actuel de ma connaissance et compréhension et sont donc susceptibles de modification. Elles sont inspirées par la psychanalyse, philosophie, science ou littérature et surtout par le dialogue avec d’autres personnes.

    Je ne saurais dire s'il existe une discipline domestique avec seulement des punitions autres que les châtiment corporels. A vrai dire, je ne vois rien qui s'y oppose. Sans être représentative, pour part j'ai besoin de la fessée pour apaiser mon besoin de punition, surtout en cas de faute. Peut-être la fessée tient-elle la même place pour moi que votre désir de vous soumettre à votre mari ?

    Je pense, qu'il faut s'éloigner du stéréotype que le besoin de punition s'accompagne systématiquement d'un fantasme de fessée. D'ailleurs à sa base, le concept du besoin punition décrivait une mécanisme inconscient chez une personne qui laisse supposer une recherche de punition. En lisant les différents facteurs que vous évoquez pour arriver à votre forme de discipline domestique personnelle, vous mettez en rapport la faute et la punition, puis la fessée semble s'imposer tout naturellement. Votre acheminement me semble crédible et peut-être plus courant que le mien. J'ai des copines qui à un moment ou un autre de leur vie ont émis le désir de recevoir une fessée pour une faute sans avoir eu des fantasme en ce sens préalablement.

    Ce qui m'interpelle particulièrement dans votre texte c'est la thématique de l'aveu, ce besoin (encore un!) d'avouer sa faute. Il en est de même pour moi et je ne vais pas être tranquille avant que justice soit faite sur mon postérieur. Je n'ai pas encore abordé ce sujet dans un post à part car il est complexe. J'ai une belle documentation et votre intervention me donne envie de m'y pencher un de ces jours. D'autant plus que vous avez écrit une belle introduction pour le présenter !

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  3. Bonjour Isabelle, bonjour Christine,

    Je m'associe à votre compliment, Isabelle. En effet, curieusement, ce n'est pas facile de parler de son quotidien dans l'intimité car cela reste du domaine de la sphère privée Alors, merci pour ces confidences.
    En ce qui concerne, le fantasme de fessée dans le besoin de punition. On a l'impression que cela coule de source quant on évoque le mot "punition". Mais c'est peut-être un vestige, un reliquat de notre éducation, reçue dans notre jeunesse? Et cela dépend aussi de l'éducation même de nos parents, et du niveau de "permissivité autorisée": tolérance, mise en garde, indulgence, o punition (qui couronne presque exclusivement le "cérémonial"). D'autres schémas y place la "confession" qui , pour moi, donne une légère teinte de "sadisme moral" destiné à déstabiliser le/la fautif/ve. Et alourdit le poids de la situation. Mais cela varie selon les personnes concernées.
    Perso, les quelques rares fessées reçues (de ma mère, très "Mère-poule, et en l'absence de mon père, toujours à son travail), quant j'étais adolescent, étaient précédées d'un commentaire et d'un aveu. La réussite scolaire étaient très importantes pour mes parents, surtout pour ma mère qui y voyait un gage de réussite pour la vie d'adulte. Et mes mauvais résultats me valurent quelques "déculottées".
    Et cela remonte pour moi à plus de trente ans en arrière. Mais je ne lui en voulus pas, même des années plus tard. Quant on est jeune , on est parfois inconscient des conséquences de ses actes et ces punitions remettaient "les pendules à l'heure", comme l'on dit. Autres temps, autres habitudes.
    Il n'est pas facile pour un homme de mon âge de parler de ce moment particulier de ma jeunesse. Je ne veux nullement faire ici l'apologie des châtiments corporels vis-à-vis des enfants en parlant de mon expérience. Chaque parent reste juge de la conduite à adopter dans pareils cas. Il est vrai que les générations se succèdent mais ne se ressemblent pas. "Comme les dix doigts de la main" comme le répétait ma grand-mère maternelle. Mais le climat de confiance qui règne sur votre excellent Blog, Isabelle, permet une certaine liberté de la confidence. Alors, encore merci à vous.
    Je vous souhaite un bon double WE. Mac-Miche.

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  4. Concernant la confession, ou plutôt l'aveu, nous sommes dans un phénomène socio-culturel. Notre loi pénale par exemple se base sur l'aveu du coupable qui adoucit souvent la sanction. De plus l'aveu tient place de vengeance en quelque sorte pour les personnes lésées qui veulent des « aveux complets ». La différence avec nous consiste seulement dans le fait que la discipline domestique punit essentiellement d'actions qui ne concernent pas les tribunaux. Comme les incivisme par exemple, les effronteries devant une personne d'autorité etc. Comme vous, cher Monsieur Mac-Miche, j'y vois aussi l'aspect de sadisme moral qui varie selon les rituels appliquées. Je pense que cet élément est aussi importants que la douleur engendrée par la fessée. Indispensable aussi pour éteindre le besoin de punition. Il me semble, concernant le fantasme de la fessée impossible de le dissocier de la thématique de la punition, au risque de perdre la gratification pulsionnelle. Par conséquence parler de son besoin de punition va plus loin qu'un simple exposé sur ses préférences sexuelle. Il y a tout un souterrain qui se dévoile et qui puise ses racines dans le vécu de notre enfance et dans notre appréciation de nos actes de tous les jours...Et là bien évidement il faut du courage pour en parler ouvertement!

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