Nous étions
invités chez un adorable couple d'amis de mon homme. Elle, le début
de la cinquantaine, lui une dizaine d'années de plus. Dans leur
résidence de vacances. Un petit paradis terrestre, une maison
ancienne sur le flanc d'une colline, chemin d’accès quasi pédestre
pour les 100 derniers mètres. Aucun bruit de la civilisation, chants
d'oiseaux et bruissement d'une petite rivière.
Avec une isabelle
qui rouspète à faire taire les oiseaux. Car non
prévenue par son homme sur les aléas topographiques, elle se
balance avec beaucoup de difficulté sur ses sandales à hauts
talons.
Tu
exagères. Pourquoi tu ne m'a pas conseillé d'autres chaussures ?
Et avant que je ne
puisse émettre une petite pique, Monsieur, d'excellente humeur comme
d'hab, soulève sa petite femme et répond façon chevalier galant
d'un autre âge.
Pour
pouvoir te porter dans mes bras, ma chérie !
Waoh ! Il
avance sur une belle pente avec moi sur ses bras sans s'essouffler.
Je sens ses muscles tendus sous sa chemise. Et aussi des petites
envies qui envahissent mon corps.
C'est ainsi que
nous arrivons devant la maison. Nos hôtes que je connais uniquement
de l'ambiance ville, sont méconnaissables. Madame a troqué ses
tailleurs pantalon contre une petite robe indienne. Et son mari
surprend avec un short Beach Boys et chemisette assortie. C'est du
décontracté à l'état pur. Des hippies qui se déguisent la
plupart du temps en citadins et qui dévoilent ainsi devant nous leur
intimité.
Malgré mon faible
pour le moderne qui brille, je suis susceptible au charme qui se
dégage de l’intérieur de la maison. Des boiseries avec leur
patine. L'odeur du cirage, mélangée à celle d'un feu de cheminé
qui sert visiblement pour faire un authentique repas de campagne.
Avec la déco qui déborde d'objets anciens, je me crois un siècle
en arrière.
Ajouté à toutes
ses émotions, il suffit d'un petit surplus du délicieux apéro
maison pour que je sente agréablement pompette. Le verre à la main,
le verbe et le rire facile, je continue avec la dame de la maison une
merveilleuse aventure au travers du temps.
Mais quand je
découvre parmi les innombrables choses des beaux martinets (oui, oui
une jolie petite grappe), très anciens cela va de soi, accrochés
bien en évidence à la porte d'entrée, je marque un temps d’arrêt,
pouffant de rire. C'est plus fort que moi, car j'imagine aussitôt
cette gentille dame sur les genoux de son mari qui lui soulève sa
robe indienne pour la préparer aux festivités.
On
dirait que ça vous rappelle des bons souvenirs isabelle ! C'est
votre papa ou votre maman qui...
Mais
non pas mes parents, c'est mon homme...
Là, c'est notre hôtesse qui rigole de
bon cœur et elle ne se prive pas de communiquer ma réponse à son
mari et à mon homme.
Monsieur plié de rire trouve le bon
mot :
Vous savez, on
aime bien s'amuser !
Et sa réponse passe à la merveille.
On me propose même gentiment de choisir un de ses martinets anciens
pour la prochaine fois quand je fais la vilaine. Je rougis rarement,
mais là, obligée de faire un choix aussi délicat, je me sens comme
une gamine devant des adultes...qui conseillent sans se priver de
moqueries.
J'ai appris plus tard par mon homme que
ce couple affectionnait des penchants proches des nôtres. Pour ma
part, je n'ai rien vu de cela. Il aurait pu s'agir des simples objets
de déco, insolites certes, mais sans rapport avec la chose. Depuis
je méfie des apéros maison...